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une certaine’ quantité d’eau dans la préparation du
mortier, & que ce n eft qu’à la faveur de fa liquidité
qu’on parvient à l’employer, il s’enfuit que le mortier
ne fauroit par la fuite acquérir de corps ou de
confiftance, que par l’évaporation de la partie aqueufe
qui y a été. incorporée : or , cette évaporation ne
pouvant évidemment avoir lieu, fans opérer des
vuides, des fentes ou des gerçures dans le mortier,
le rend conféquemment peu propre à faire des enduits
allez folides pour des terraffes. —r-En Italie,
on reuffit volontiers à faire des terraffes avec de la
pouzzolane, qui eft un ciment produit par la lave
du Véfuve, & que l’on incorpore avec la chaux, au
lieu de tuileau pulvérifé. On couvre les enduits que
l’on fait avec ce mortier, d’un lit de paille que l’on
entretient mouillée pendant plufieurs jours, de forte
que l’évaporation de fon humidité n’étant pas trop
prompte, il ne s’y fait communément ni fentes ni
gerçures, fur-tout quand ils font placés fur'des
voûtes.—-Il y a environ 18 ans que M. Loriot s’appliqua
à la recherche d’un ciment qui eût la propriété
de ne point opérer de retrait & de gerçures en fé-
ch an tf* ) ; & , après beaucoup d’effais, il découvrit
qu’en introduisant dans du ciment ordinaire ( c’eft-
à-dire , fait avec de la chaux éteinte & mélangé
avec du tuileau, du mâchefer, du fable de rivière,
:ou de la pierre dure pulvérifée), de la chaux vive
nouvellement cuite & réduite en poudre dans une
proportion déterminée par la qualité de cette chaux
v iv e , fuivant qu’elle aurok été fabriquée avec des
pierres plus ou moins dures, ou plus récemment
cuites; âl découvrit, dis-je, qu’il étoit poffible de
réuffir à évaporer promptement la partie aqueufe
d’un enduit, fans former ni lézarde, ni gerçures. Il
réfulte de fes expériences, que cette proportion de
chaux vive peut varier en général, à raifon des di-
verfes qualités fufdites, depuis le quart jufqu’au
fixième delà quantité de ciment ordinaire, tellement
qu’en admettant dans le ciment une plus grande portion
de chaux v iv e , l’évaporation devenant alors
trop forte, trop précipitée, il fe trouve brûlé pu
calciné ; & qu’au contraire, en en admettant une
moindre, le ciment conferve les incpnvéniens ordinaires,
& refte fujet en féchant à former , comme
de coutume, des lézardes & des gerçures. Le fuçcès
avec lequel M. Loriot a opéré de nombreux travaux
, à l’aide de fon mortier, à la terre de Menards,
aux terraffes de l’orangerie du château de Verfailles,
àu bureau de la guerre, du château de Vincennes ,
de l’obfervatoirë à Paris , &c. &c. ne laiffe aucun
doute fur l’efficacité de fa découverte, que l’on fait
lui avoir mérité une récompenfe du feu roi. Outre
le mémoire qui a été publié par ordre de Sa Majefté
en 1774, à ce fujet ,.j’ai décrit particulièrement tous
les détails des diverfes préparations de ce mortier
dans ma continuation du Cours ÆArchitecture de
M. Blondel, t. V 3 pag. ipy, de manière que, fans
.( * ) Il a été queftion de ce ciment dans cet article, & l’on
a- eu (’attention d’en rapporter les procédés dans la façon de
1$, faire & de l’employer.
C ;I M
. auite fecours, chacun peut être en état de l’employer
au befoin. — M. d’Etiènne vient auffi d’annoncer
la découverte d’un ciment impénétrable à
l’eau , dont il a fait l’application à une .terraffe de fa
. maifon, rue de Ménil-Montant. Son procédé con-
fifte à étendre le plus uniment poffible fur un carrelage
en terre cuite , pofé fur des planchers de
charpente , un enduit de ciment d’une ligne , ou
même d’une demi-ligne.d’épaiffeur, compofé à l’ordinaire
, d’une certaine quantité de chaux éteinte ,
mélangée avec du tuileau ou caillou bien broyé &
paffé au tamis, & d’ajouter enfuite dans le ciment
ainfl préparé environ un fixième de chaux v iv e ,
réduite en poudre & nouvellement.cuite.; & enfin,
pour dernière opération , il s’agit d’étendre fur la
.fuperficie dudit enduit une couche d!huile graffe.
Tout le fecret de Mb d’Etienne dépend donc d’introduire
dans une auge., qui contient, par exemple,
fix pouces cubes ,de ciment préparé comme de
coutume , un pouce cube de chaux vive nouvelle;
& c’eft à l’aide de cet agent qu’il parvient à faciliter
l’évaporation de fon eau , fans crainte de retrait ni
de gerçures. Il eft manifte que cette méthode eft
précifément celle de M. Loriot, ou plutôt n’en eft
que l’application. Il eft vrai que M. d’Etienne avoue
dans fon mémoire s’être fervi des effais des artiftes
qui l’ont précédé dans la même carrière, r— Toute
la différence entre leur emploi ne confifte que dans
l’épaiffeur de l’enduit ; M. Loriot obferve de donner
à l’enduit de fes terraffes environ un pouce d’épaiffeur,
& de le placer toujours fur un aire de bon
mortier, avec lequel il puiffe faire corps ; au lieu
que M. d’Etienne fe borne à donner au fien une
ligne ou une demi-ligne d’épaiffeur, & à le placer
fur du carreau, ce qui ne paroîtpas devoir lui procurer
autant de folicfité, vu qu’il ne fauroit s’y attacher
que difficilement. La raifon qu’il allègue pour
juftifier cette minceur,, eft que plus une couche de
ciment eft épaiffe , plus le volume d’eau pour la
former eft confidérable ., & que toute .cette eau
devant s’évaporer pour donner de la confiftance au
ciment, elle y laiffe .des vides , des crevaffes , au
lieu que le fien n’en contenant qu’une très-petite
quantité, ne pouvoit éprouver de changement fen-
fible par la déification. Mais ne pourroit-on pas lui
répondre que , dès qu’il dépend d’une certaine dofe
de chaux vive d’empêcher les gerçures, en fuppo-
fant l’enduit d’un pouce d’épaiffeur ou d’une ligne,
l’évaporation de l’eau ne fauroit qu’être la même,
& proportionnelle à ces agens ; que la minceur du
ciment devoit être regardée plutôt comme un défaut
que comme une perfection, en ce qu’elle peut contribuer
à le trop deffécher , & à lui ôter le gluten
néceffaire pour lier toutes fes parties après l’évaporation
; &.qu’enfm c’eft fans doute pour lui redonner
de l’onétuofité , que M. d?Etienne fe croit obligé
d’étendre après coup une couche d’huile graffe fur
fon enduit. — Au furplus , c’eft à l’examen de fa
terraffe qu’il faut recourir pour apprécier, je ne dis
pas la bonté de fon ciment, puifqu’il eft reconnu
c r m .
être l'é même que lè mortier-Lôriot, mais fa valeur
de foii emploie J’y ai remarqué ainfi que plufieurs
perfoUnes-, nombre de rétabliffemens, de reprifes ,
de lézardés & de gerçures qui annoncent qu’on y a
certainement fait de fréquentes réparations. J’ai
même obfervé qu’en frappant avec le bout de ma
canne en quelques endroits de cet enduit , il ne
paroiffoit pas attaché au carreau, & fonnoit le creux,
comme quand deux corps font pofés l’un fur l’autre
& n’ont pas d’adhérence. Que ces effets, au refte ,
aient été produits par la minceur de ce ciment, ou
parce qu’il ne fait pas corps avec le carreau, toujours
eft-il vrai que le mouvement inévitable delà charpente
des planches qui fupportent cette terraffe, à
raifon des diverfes impreffions de l’air , ne fauroit
V O C A B U L A I R E de l ’A r t de fc
S ATT’ERIE ;’ c’eft lè fond d’un baffiir , ordinairement
pavé de pierres plates & unies,
Cendrée de T ournay ; forte de poudre com-
pofée de petites parcelles d’une pierre bleue &. très-
dure, calcinées.
Ciment'; &eft en général une compofition-dhine
nature glutineufe & tenace.
Ciment ; nom-que l’on donne particulièrement à
l’argile cuite & pulvérifée que Ton emploie avec de
là chaux pour faire le morùèr.
Ciment des distillateurs-d’eau- forte ; on:
nomme ainfl l’argile ferrugineufe qui a fervi dans la
diftillation-de Tefprit-de-mtre.
Malta ; efpèce de bitume.
Mastic ; forte de ciment compofé de matière
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manquer de fé communiquer à fon enduit, & d’y
occafionner quelquefois des fentes & des lézardes,
ainfl que cela arrive aux maftics des dalles pofées"
fur des folives, dont j’ai parlé ci-devant. Après l'exécution
de ces fortes d’ouvrages, on apporte volontiers
dans les commencemens beaucoup de foins à
réparer les fentes , lés gerçures ou les ruptures des
maftics à riïefure qu’elles paroiffent ; mais peu à peu
on néglige ces réparations , l’eau parvient à s’infinuer
dans Tes planchers , faute d’avoir toujours à point
nommé un maftiquetir pour faire les rétabliffemens
convenables ; & à la fin on eft obligé de renoncer
aux terraffes qui ne font pas faites fur des voûtes,
ou de les couvrir en plomb ; & c’eft probablement-
ce qui arrivera auffi à la terraffe de M. d’Etienne.
ire le Ciment , le M a jlic , le M ortier.
réfineufe , ou Kuilëufe , de poudre argileufe , ôè
quelquefois de chaux.
Mortier ; g’eft l’union de la chaux avec le fable
le ciment ou poudre d’argile cuite.
Mortier blanc ; celui qui eft fait avec une
chaux d’une foib'le qualité.
Mortier bâtard ; celui fait avec de la bonne
& mauvaife chaux<
Pouzzolane ; efpèce de gravier ou de poudre
rougeâtre, venant des-- volcans qu’on trouve aux
environs de Pouzzole en Italie,-& des volcans du
Viyarais & autres.
T errasse de Hollande ; poudre grife faite,
d’une-terre qui fe cuit comme le plâtre.
C I R I E
O l R I E R , eft celui qui s’attache particulièrement
au commerce de la cire, à la blanchir, à la
travailler, & à fabriquer des cierges , des bougies
& autres ouvrages de cire.
La cire nous eft fournie par les abeilles, foit'
que ce foit une matière- végétale, élaborée dans
Teftomach de ces mouches , foit que ce- foit une: j
matière animale qui leur vienne par tranfpiration
ou fécrétion. On détruit les cellules des ruches;
pour avoir la cire qui les forme, & l’on a foin d’en
féparer le miel. C ’eft ce que le naturalifte, le chi-
mifte & Téconomifte rapporteront aVèc les détails
convenables -, dans d’autres divifions de cet ouvrage.
Il s’agit ici du travail & de l’emploi de la
cire dans les arts, & pour nous éclairer.
Les anciens fe fervoient de la cire comme d’un
moule pour écrire. Pour cet effet, on dreffoit de
petites planches de bois, à peu près comme les
feuillets de nos tablettes dont les- extrémités tout
R . ( Art du )
à l’entour étôient revêtues d’un bord plus élevé
que le refte, afin que la cire ne pût pas s’écouler.
On répandoit enfuite fur ces tablettes de la cire
fondue , on Tapplaniffoit, on l’égàlifoit, & Ton1
écrivoit deffus avec un poinçon. ils fe fervoient:
auffi de la cire pour cacheter , pour faire des figures,
Les modernes-ont tellement multiplié les ufagès;
de la cire, qu’il feroit difficile de les détailler.
Ils commencent avant toutes chofes , pour s’en=
fèrvir, à la féparer du miel par. exprèffion, à la-
purifier, à la mettre en pains, que vendent les;
droguiftes. Elle eft alors affez folide, un peu gluti-
néuîe au toucher , & de belle couleur jaune,
qu’elle perd un peu en vieilliffant.
Pour la blanchir, on la purifie de nouveau en
la fondant, on la lave, on l’épure à l’air & à la
rofée. Par ces moyens elle acquiert la blancheur,
devient plus dure, plus caffante, &. elle p,er4
prefqqe toute fon odeur»-