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Fig. 14, hallebarde.
iX > pique.
Enfin, on peut conclure avec le P. Daniel, auteur
de la milice françoife , duquel ceci eft extrait, que
les chevaliers françois fe font fervis de toutes fortes
d’armes défenfives & offenfives.
Les armes défenfives de la cavalerie font des
plaftrons. à l’épreuve au moins du piftolet. Les officiers
doivent avoir des cuiraffes d’un fer poli ,
dont le devant eft à Pépreuve du moufquet, & le
derrière à "celle du piftolet* A l’égard des armes
offenfives , elles confident dans un moufqueton ,
deux piftolets & un fabre.
Les dragons ont un moufqueton & un fabre
comme les cavaliers; mais ils n’ont qu’un piftolet à
l’arçon de la fellë. A la place du fécond piftolet, ils
portent une bêche , ferpe , hache , ou autres inftru-
mens propres à ouvrir des paffagés. Ils ne font point
plaftronnés , attendu qu’ils combattent quelquefois
à pied comme l’infanterie. Ils ont de plus une baïonnette.
Les armes de l’infanterie font le fufil, la baïonnette
& l’épée. Cette dernière arme eft prefque
inutile aujourd’hui, attendu que l’infanterie ne combat
que la baïonpette au bout du fufil ; ce qui fait
que plufieurs habiles officiers penfent qu’on devroit
la fupprimer, de même quele fabre : «Car, dit M. le
j> maréchal, de Puyfégur , comme on les porte en
m travers , dès que les foldats touchent à ceux qui
» font à leur droite & à leur gauche, en fe remuant
» & en fe tournant, ils s’accrochent toujours. Un
a> homme feul même ne peut aller un peu vite qu’il
« ne porte la main à la poignée de fon épée, de
j» peur qu’elle ne paffe dans fes jambes , & ne le
jj faffe tomber ; à plus forte raifon dans les combats,
jj fur-tout dans des bois, haies ou retranchemens ,
}> les foldats, pour tirer , étant obligés de tenir leurs
» fufils des deux mains. » Cet illuftre maréchal prétend
que les couteaux de chaffe devroient être fubf-
titués aux épées, ÔC qu’ils feroient beaucoup plus
utiles dans les combats. « J’ai obfervé, dit-il, que
» quand on fe joint dans l’aâion, le foldat alonge
» avec le fufil fon coup de baïonnette ; & qu’en le
jj pouffant, il relève fes armes ; enforte que fouvent
w la baïonnette fe rompt ou tombe. De plus, quand
j> on eft joint , il arrive ordinairement que la lon-
jj gueur des armes fait que l’on ne peut plus s’en
» fervir; aufli le foldat , en pareil cas,. ôte-t-il la
j> baïonnette du fufil quand èlle y eft encore , &
jj s’en fert de la main , ce qu’il ne peut plus faire
jj quand elle eft rompue ou tombée : s’il avoit un
jj couteau de chaffe , cela remédieroit à tout, & il
jj ne feroit pas obligé d’ôter fa baïonnette du bout
jj de fon fufil, de forte qu’il auroit en même temps
jj une arme longue & une courte ; reflource qu’il
jj n’a pas avec l’épée, vu fa longueur, jj Art de la
guerre , par. M. le maréchal de Puyfégur.
A l’égard des armes des officiers d’infanterie, il
eft enjoint, par une ordonnance du rer décembre
1710 , aux colonels 3 lieutenans- colonels & capiÀ
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taines de ce corps, d’avoir des efpontons de fèpt à
huit-pieds de longueur, & aux officiers fubalternes,
d’avoir des fufils .'garnis de baïonnettes.
Pour les fergens , ils font armés de hallebardes
de fix pieds & demi enyiroh de longueur, y* compris
le fer.
Selon M. de Puyfégur, les fergens & les officiers
devroient être armés de la même manière que les
foldats. Il prétend qu’il n’y a aucune bonne faifon
pour les armer différemment, dès qu’il eft prouvé
que l’armement du fufil avec la baïonnette à douille,
eft l’arme la meilleure & la plus utile pour toutes
fortes d’aéfiorts. Aufli voit - on plufieurs officiers,
qui, dans les combats, fe fervent de fufils au lieu
d’efpontons ; & parmi ceux qui font détachés pour
aller en partie à la guerre ,• aucun ne fe charge de
cette longue arme , mais d’un bon fufil avec fa
baïonnette.
A r m e a l ’é p r e u v e , eft une cuiraffe de fer poli,
confiftant en*un devant à l’épreuve du moufquet,
le derrière à l’épreuve du piftolet, & un pot en
tête aufli à lepreuve du moufquet ou du fufil. Il y
a aufli des calottes & des chapeaux de fèr de la
même qualité.
A rmure. Nous venons devoir que l’armure con-
fifte dans tout ce qui fert à mettre le corps à couvert
des coups des ennemis. Dans les anciens écrits ,
l’armure eft fouvent nommée hamois. L’ancienne
armure complette étoit compofée d’un cafque ou
heaume, d’une gorgerette ou hauffe-col, de la cui-
raffe, des gantelets, des taffettes, des braflarts, des
cuiflarts & de Yarmure des jambes auxquelles étoient
attachés les éperons, ce qu’on nommoit Y armure de
pied en cap. C ’étoit l’habillement des cavaliers &
des hommes d’armes. L’infanterie ne portoit qu’une
partie de l’àrmure ; (avoir, le pot en tête , la cuiraffe
& les taffettes, mais plus légers que ceux des
cavaliers. Enfin , les chevaux avoient aufli leur
armure qui leur couvroît la tête & le poit&ii. De
toute l’ancienne armure , on ne fe fert guère à pré-
fent que de la cuiraffe ; car le hauffe-col que portent
les officiers , eft plutôt un habillement d’honneur
que de défenfe.
Les François portèrent fi loin la coutume d’aller
au combat à découvert & fans aucune armure défensive
, que Louis XIV fit publier des ordonnances
pour obliger les officiers à fe fervir d'armure : en
conféquence de quoi, les officiers généraux & les
officiers de cavalerie furent enjoints de reprendre
la cuiraffe , & fur le chapeau une calotte de fer
pour parer les coups de tranchant, ou une calotte
de mèche en dedans du chapeau. Le refte de la
cavalerie porte des plaftrons de fer qui s’attachent
derrière le dos avec deux fortes courroies paffees
en fautoir. Les dragons ne portent point de cuiraffe.
ARMURIER , eft celui qui faifoit autrefois les
armes défenfives dont les gens de guerre fe cou-
vrdient, telles que le heaume ou le cafque , le gor-
geron , la.^cuiraffe , les braflarts, les cuiflarts , 1«
morion, le hauffe-col, &c.
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Il ne faut pas confondre Y armurier avec Ydrque-
bujier; ce font deux profeflions bien différentes. La
première fubfiftoit dans toute fa vigueur , quand
l’autre n’étoït pas encore établie. L e s . armuriers
s’appeloient aufli heaumiers, du heaume ou cafque.
Leur communauté étoit nombreufe. Leurs premiers
ftatuts font de 1409, fous le régné de Charles V I ;
ils furent renouvelés èn 1562 , fous Charles IX.
Ces derniers ftàtuts contiennent vingt-dëux articles ,
par lefqueis il leur eft permis de fairè tous harnois
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pour armer hommes , fpécîâlëmënt les côrcéîets ,
corps de cuiraffes, hauffe-cols, taffettes , braflarts ,
gantelets , harnois de jambes, habillement de tete,
vottrguignotes fervànt à hommes d’armés , bourgui-
gnotes & morions fervant à gens de pied, tant à
répreuve qu’à la légère , harnois de jambes, ou tonnelets
à courir eh lice ; enfin , harnois, tonnelets &
baffins fervant à combattre à la barrière.
Les armures étant paffées de mode, la communauté
des armuriers n’a plus lieu.
V O C A B U L A I R E de ! A r t de l'Armurier.
^ V rgoulet ; ancien cavalier armé.
Armures ; armes défenfives deftinées à garantir
les foldats dans le combaf.
Arzégaye ; efpèce de pique dont le cavalier étoit
autrefois armé.
Bar-dé (cheval) ; c’ëft le cheval couvert d’armes
défenfives ou armures qu’on appelle bardes.
Bardes ; armes défenfives, ou armures dont on
garantiffoit le corps du cheval de bataille.
Bonnet De m a i l l e ; armure de tête qui fe met-
toit fous le cafque.
Bouclier ; ancienne armure que l’homme d’armes
tenoit de la main droite pour fe garantir des traits &
des coups de l’ennemi.
Bourguignotes ; on appeloit autrefois ainfi
des cafques de fer dont fe lervoient les hommes
d’armes; aujourd’hui on nomme bourguignotes une
forte de bonnet garni en dedans de plufiéurs tours
de mèche , & revêtu d’étoffe , que l’on porte à
l’armée pour parer les coups de fabre.
Braquemart ; épée courte dont on fe fervoit
autrefois.
Brassarts; ancienne armure des bras,
Cabasset ; efpèce de cafque léger ou d’armure
de tête.
Capeline ; cafque de fer.
Carabin ; ancien cavalier armé.
Chamfrain ; forte d’arme défenfive qui fervoit
à couvrir lé devant de la tête du cheval de
bataille.
Cimiers ;ornemens que les chevaliers mettoient
au deffus de leur heaume ou cafque.
Cuirasse ; corcelet fervant d’armure pour le
corps.
Cuissarts ; ancienne armure des cuiffes.
Epaulières ; ancienne armure des épaules de
l’homme d’armes.
Epee fourrer, ou en bâton ; épée qui avoit
peu ou point de garde à la poignée.
Escopette ; arme à feu,ou carabine.
Estocade ; épée de longueur.
Estradiot ; ancien cavalier armé.
Flancois; armure qui couvroit les flancs du cheval
de bataille.
Gantelets ; ancienne armure de l’avant-bras &
des mains.
Genouillères ; ancienne armure des genoux.
Grèves ; armures des jambes de l’ancien gendarme.
Hallecret ; c’étoit, dans l’ancienne armure des
François, une efpèce de corcelet couvert de lames
de fer.
Hausse- col ; armure en métal pour garantir
le cou
Heaume ; cafque ou armure de tête.
Jacque ; efpèce de jufle-au corps d’ufage dans
l’armure des anciens françois.
Laisches ; c’étoit, dans l’armure des anciensFran-
çois , des lames mincesou des plaques de fer qui
étoient mifes entre la doublure &. l’étoffe pour garantir
des coups.
Morion ; cafque léger fervant d’armure de tête.
Panier de tremble,rou d’autre bois léger ;
étoit, dans l’armure des anciens François, Une efpèce
de bouclier appelé panier , parce qu’il étoit creux
en dedans & fait d’ofier.
Pavois ; grand bouclier.
Pertuisane ; efpèce dépiqué ou de hallebarde.
Rondache , ou rondelle ; ancien bouclier de
forme ronde , & quelquefois ovale.
T allevaS ; grand bouclier.
T arge; bouclier long, ovale ou en Iofange,'quT
fervoit au piéton.
T assettes ; pièces de l’ancienne armure , qui
étoient au bas de fa cuiraffe.
T onnelets ; c’eft la partie baffe en panier de
l’ancien habit à la romaine.