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On fe fert pour cela de la prefle , qui fait tranf-
pirer pour ainfi dire cette humidité fur l’extérieur
des feuillets, qu’on fait enfuite évaporer en les remuant
à l’air.
T a b l i e r ; c ’e f t l a p e a u c l o u é e à l a t a b l e q u i
e n c h â f f e l a . pierre, & q u e l’o u v r i e r a v a n c e f u r f e s
g e n o u x , p o u r y r e c e v o i r l e s p a r c e l l e s d ’o r q u i s ’é c
h a p p e n t d e d e f f o u s l e m a r t e a u .
B A T
T e n a i l l e s ; c e f o n t l e s pinces d o n t f e f e r v e n t le s
b a t t e u r s d ’o r .
C e s p i n c e s o n l e s m â c h o i r e s p l a t e s & m i n c e s ; &
l ’u n e d e s b r a n c h e s s ’a r r ê t e p a r l’e x t r é m i t é d a n s u n e
p e t i t e p l a q u e d e f e r p e r c é e d e p l u f i e u r s t r o u s .
V i d e r ; c ’e f t ô t e r d u m o u l e l’o r b a t t u , l o r f q u ’il
e f t r é d u i t a u d e g r é d e l é g é r e t é q u ’o n f o u h a i t o i t , p o u r
l e m e t t r e d a n s u n quarteron.
U l m ( o r d ’ ) ; n o m q u e l’o n d o n n e à l’o r b a t t u .
B I M B L O T I E R .
B * I M B L O T I E R ; c’eft le fabricant & le
marchanddes colifichets 8c joujoux d’enfans. Son nom
vient de bïmblot, colifichet.
L art du bimblotier eft , en quelque forte , le diminutif
de plufieurs autres arts. Il fait de petites
commodes & autres petits ouvrages d’ébénifterie,
à l’imitation des ébéniftes ; de petits caroffes, comme
les'fèlliers ; il imite le fculpteur & le mouleur dans
de petites figures ; il les habille comme la marchande
de merdes ou le tailleur ; il fait en petit des uftenfiles
en poterie , en plomb, en bois , comme en en voit
en grand, &'c. ainfi il n’y a aucuns procédés particuliers
à ce petit art.
On diftingue deux fortes de bimblots ; les uns qui
confiftent en ouvrages fondus d’un étain de bas aloi
o-u de plomb ; telles font les petites pièces qu’on
appelle ménage d’enfans t dont les maîtres miroitiers-
lunetiers font le trafic : les autres jouets qui font
en bois 9 en métal, en carton-, linges, étoffes 8c
autres matières , font du reffort des marchands
merciers.
Le commerce de la bimbloterie eft trës-confidé-
rable par la quantité de colifichets de toutes fortes
& de tout prix que l’on envoie dans les provinces
& dans les pays étrangers, 8c que les enfans, 8c
même les modes confomment dans tous les temps
de l’année , principalement pour les étrennes.
La blimbloterie paie comme mercerie trois livres
par cent pour droit de fortie du royaume, à moins
que ce rie foient de ces riches poupées qu’on envoie
pour modèles de modes, 8c qui paient alors par efti-
mation.
Nous parlerons, aux arts du potier d’étain , du
potier de terre 8c autres, des joujoux d’enfans qu’ils
font dans l’ufage de faire.
On nomme aufii bimblotiers les marchands qui
fondent ou qui moulent les dragées deyslomb dont
on fe fert à la chaffe. Nous donnerons |f|| procèdes
de ce travail à l’article de la fonte en plomb.
V O C A B U L A I R E .
B ï m b l o t j c o l i f i c h e t ' o u j o u j o u d ’e n f a t l s . \ B i m b l o t i e r ; f a b r i c a n t p u m a r c h a n d d e c o lif ic h e ts .-
FABRIQUE
L É b l a n c e f t l’u n e d e s c o u l e u r s d e s c o r p s n a t u r e l s .
B LAN C , couleur en peinture. Le plus-commun eft
celui qu’on appelle blanc d’Efpagne ou de Rouen:,
oit le trouve chez les épiciers droguiftes- par gros
pains.- Ce n’eft qu’une terre ou marne blanche qui
fe fond très-facilement dans l’eau ; pour la purifier
& lui ôter, tousles grains qui y font mêlés, on la
fait fondre, ou diffoüdrê dans de l’eau claire , dans
quelque vaiffeau bien net ; ce qui fe fait très-facilement
fans/aucune manipulation.
Quand- elle eft diffoute avec beaucoup d’eau * on
la remue bien, ôc on la laiffe repofer un peu de
DE BLANC.
temps pour que le gravier tombe au fond du vaiffeau
; alors on verfe toute l’eau blanche dans des
vaiffeaux bien nets , 8c on la laiffe repofer jufqu’à
ce que l’eau foit devenue claire , & que tout le blanc
fijif tombé au fond du Vaiffeau. On ôte enfüite toute
l’eau du vaiffeau fans agiter le fond ; & quand elle
eft prefque sèche, onia met en pains qu’on laiffe fécher
à l’air.
Ce blanc eft d’un grand ufage pour la détrempe;
mais il ne peut fervir à l’huile, parce qu’il manque
de corps quand il y eft mêlé.
Le blanc qu’on appelle craie ,eft â peu prés de la
B L A
riiême nature, à la réferve qu’il eft plus dùf > 8e
qu’on s’en fert en quelques lieux pour bâtir ; mais
on peut le réduire comme la marne.
Le blanc de Troyes, qu’on appelle aufii blanc d’Orléans
, blanc d’ÉJpagne , &c» eft pareillement une
préparation de craie que l’ort divife en molécules
fort fines , qu’on met en différentes formes de pains ,
& qu’on epiploie dans les arts : nous rapporterons
ici un excellent mémoire ( de M. Defmarais, de
l’académie des fciences de Paris , ) contenant des détails
inftruétifs fur la nature, la préparation 8c les
ufages du blanc, fur-tout de celui quifefait à Troyes,
& de celui qu’on prépare à Levereau, village à neuf
lieues d’Orléans.
La matière du blanc de Troyes fe trouve en grande
abondance dans un village nommé \ illeloiip , diftant
de Troyes d’environ quatre lieues, du côté de l’oueft.
Le fol dans les environs eft une terré très-maigre 8c
peu profonde^ qui peut à peine porter du feigle. Sous
cette1 couche légère règne un gros maflif dè craie
plein de fentes 8c de gerçures fi fréquentes , qu’on
n’en peut tirer aucune pierre qui ait de la confiftânce
8c de la folidité ; mais cette craie qui n’eft point propre
à bâtir , devient une matière infiniment précieufe
par l’emploi que l’on en fait à Troyes pour la fabriqué
du blanc.
Les habitans de Villeloup commencent par tirer
cette matière en petits moëllons , 8c , après l’avoir
îaiffé effuyer à l’air , ils la battent avec des maillets
armés de clous , 8c la réduifent en une poudre
groffière qu’ils paffent au crible : le blanc brut eft
enfuite voituré à Troyes, où les ouvriers qui l’achètent
exigent, comme une condition très-effentielle , qu’il
leur foit livré parfaitement fèc,8c dégagé de toute cette
humidité dont il peut être imprégné dans la carrière.
Il paroît que dans,cet état requis de parfaite ficcité ,
la matière brute a plus de facilité à fe laiffer pénétrer
plus intimement de l’eau dont on l’arrofe ; qu’elle
fe divife en molécules plus fines par l’aélion d’un
fluide qu’elle boit avec plus d’avidité, 8c qu’en con-
féquence elle fe réduit plus facilement en bouillie.
Les ouvriers emploient , pour détremper leur
craie, l’eau blanche qui a déjà fervi 8c qu’on a tirée
des opérations précédentes. Après qu’on a réduit la
craie en bouillie , ce qui n’eft pas long , vu l’extrême
facilité avec laquelle la craie sèche s’imbibe d’eau,.
on paffe au moulin la bouillie après l’avoir longtemps
braflee. Cette nouvelle manipulation a pour
but de fuppléer à ce que f eau n’a pu faire par rapport
à la 'divifton de la craiè, de la réduire en une
pâte compofée de molécules très-fines , & capables
de former des couches plus .uniformes 8c plus brillantes
lorfqu’on l’étend fur des furfaces unies.; en un
mot, de favorifer tous les effets du blanc.
Le moulin qui fert à cet ufage , eft affez femblable
a celui avec lequel on broie la moutarde, 8c "On le
fait jouer de la même manière. Il eft corripofé de deux
meules de feîzeà dix-fept pouces de diamètre, qui
font des fragmens de vieilles meules do moulins à
bled. La meule fupérieure qui a environ deux pouces
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8c demi d’épaiffeur , a au centre une ouverture d’un
demi-pouce de diamètre , à laquelle eft adaptée une
écuelje percée où l’ouvrier jette de temps en temps
fa bouillie de craie ; la matière defeend peu à peu
.entre les meules , 8c s’écoule après la trituration ,
,£n formant un file t‘continu par une-ouverture latérale
pratiquée dans la cage qui renferme lé tout.
Plus la matière eft fondue 8c réduite, 8c les meules
ferrées , plus le blanc qui paffe eft affiné. Les diffe-
rens degrés d’attention que les ouvriers apportent à
toutes ces préparations , décident, deg la fineffe du
blanc. Un ouvrier peut en faire paffer au moulin
jufqu’à fix cents livres par jour ; mais il en fait paffer
un tiers moins de celui qui a acquis fa dernière perfection.
Les peintres de bâtimefis, ou autres ouvriers qui
veulent ménager la dépenfe de blanc dé cerufe , &
qui n’ont pas befoin de préparations à l’huile , de*-
mandent quelquefois du blanc de la plus grande
fineffe , afin d’avoir, moins de peine à le broyer fur
le marbre, 8c ^u’il faffe un meilleur effer. Lorfqu’il
fera employé dans ces cas , l’ouvrier prévenu , pour
répondre aux intentions du peintre , ou plutôt du
barbouilleur, eft obligé de paffer trois fois la matière
du blanc par le moulin.
On verfe dans des tonneaux la bouillie de craie
qui a éprouvé la trituration du moulin, 8c on la laiffe
repofer pendant fept à huit jours : la matière crayeufe
fe précipite rnfenfiblement au fond du tonneau r 8c
l’eau qui s’en deffaifit fumage . de forte qu’on peut
l’épuifer à mefure avec une éçuelle ; c’eft- cette eau
que l’on emploie à détremper la matière-brute, comme
nous l’avons obfervé plus haut.
Le fédiment crayeux qui fe depofe- au fond dès
tonneaux, ne parvient pas de lui-même- à un état de
confiftânce affez confidérable , pour qu’on puiffe fe
manier aifément 8c le réduire en pain ; quand même
on voudroit former la craie , en cet état d'ans; dès
moules, les pains qui en réfuîteroient, feroi^ffex-
pofés à fe gercer en- féchant. La confiftânce de la
craie eft alors telle à peu près que celle- delà chaux,
lorfqu’eîle eft unrverfellemen-t fondue. Pour parvenir
donc à donner à la craie le degré de confiftânce 8c
de defféchement convenable, l'ouvrier étend fa-matière
qui eft fortmollaffe , fur des treillis qu’il place
au-deffus d’un lit de blanc brut r c’eft ici le point le
plus délicat de fa manipulation , 8c d’un procédé qui
.fuppofe une fagacité bien digne de l’attention des
phyficiens 8c des philofophes. Pour le dire en paffant,
c’eft cette phyfiqùe ufuelle qui mérite le plus notre
étude , fur-tout lorfq.u’èlle préfente le réfultat dès
effais journaliers Sc traditionnels, appliqués aux arts.
Je dis donc que fa pouffière de la craie brute , qui
eft fort sèche , attire puiffamment 8c boit l’humidité
furabondante du fédiment crayeux ; enfer te que
celui-ci parvient en vingt-quatre heures à une confiftançe
de ,pâte très-maniable.
L’ouvrier n’a befoin , pendant tout ce temps,
que de remuer une fois feulement la matière, afin que
toutes les parties foient ex-pofées également à l’ac