
fe rive le clou de cuivre que l’on frappe avec un
marteau.
Étamer le cuivre ; e eft appliquer deffus une lame
légère d’étain. Les chaudronniers le fervent d’un
alliage compofé de deux parties d’étain & d’une
partie de plomb, pour étamer les uftenfiles. de
cuifine qui font de cuivre. Pour cet effet on avive
la pièce qu’on veut étamer , c’eft-à-dire , qu on la
racle avec un racloir ou inftrumsnt de fer tranchant,
arrondi par le bout & arrêté dans un manche de
bois affez long : on fait chauffer la pièce après qu’elle
a été avivé©'; on la frotte avec de la poix réfine ,
& L’on y Verfe en fuite de l’étain fondu que l’on
frotte & étend avec une poignée d’étoupes. Voyez
planche I , fig- 4 de la vignette , un ouvrier éta-
meur. g , cafferole qu’on étame.
Il y a encore une autre façon d’étamer ; c’eft
avec le fel ammoniac. Pour cet effet, on met la
cafferole ou pièce qu’on veut étamer fur le feu.
Lorfqu’elle eft bien chaude, on y jette du fel ammoniac
dont on frotte le dedans de la pièce, ce qui"
nettoie parfaitement le cuivre ; on y verfe promptement
l’étain fondu, & on l’étend en frottant avec
de l’étoupe & du fel ammoniac.
Les Levantins ont une façon d’étamer différente ,
mais plus fûre que la nôtre. Elle confifte à nettoyer
les pièces de cuivre avec du mâche-fer ou du fable ,
à les faire rougir fur un feu de charbon de bois,
18c à jetter fur ces pièces quelques pincées de fel
ammoniac avec des petits morceaux d’étain fin.
Dès qu’on a frotté la place qu’on veut étamer avec
une longue baguette d’étain, on Feffuie tout de fuite
avec une poignée de coton arçonné : la pièce de
cuivre étant toujours fur le fe u , on y rejette une
fécondé fois du fel ammoniac , on y remet de l’étain
qu’on ne ceffe d’étendre jufqu’à ce que le cuivre foit
d’un blanc d’argent & également bien poli par-tout.
Lorfqu’on veut étamer des deux côtés on retourne
la pièce, 8c on répète la même opération, ce qui
étant une fois fait, lé feu ne fauroit l’endommager.
Cette méthode d’étamer préferve d’une infinité
d’accidens , dont celle ufitée par nos chaudronniers
ne peut pas garantir. En effet, l’étamage ordinaire
ne couvre jamais parfaitement & entièrement le
cuivre du vaiffeau qu’on a voulu étamer; pour s’en
affurer il fuffit de regarder au microfcope une pièce
qui vient d’être étamée , & l’on .y remarquera toujours
des parties du cuivre qui n’ont point été recouvertes
par l’étain ; & Fon fait qu’une très-petite
quantité de la rouille du cuivre peut caufer un très-
grand mal.
Dailleurs l’alliage dont on fe fert pour étamer
étant compofé d’étain & de plomb , on fait que les
acides des végétaux font très-difpofés à agir fur ce
dernier métal, & qu’étant mis en diffolution il
devient très-dangereux.
Enfin, quand il n entreroit que de l’étain bien pur
dans l’étamage, on ne feroit point encore exempt de
tout danger,j attendu que l’étain contient toujours
une portion d’arfenic qu’il eft prefque impoffibïe
d’en féparer par la voie sèche.
Joignez à toutes ces confidérations que fbuvent le
degré de feu qu’on emploie pour faire un ragoût eft
plus que fuffifant pour faire fondre l’étamage ; 8c
pour lors le cuivre doit refter à nud, du moins dans
quelques endroits.
Nous parlerons ailleurs de l’effai qu’on a fait
depuis quelque temps de doubler les vaiffeaux de
cuivre avec des lames d’argent très-minces, pour
garantir du verd - de - gris, Si prévenir les dangers
attachés à l’alliage des uftenfiles de cuivre.
Soudure du cuivre. '
On emploie différentes comportions pour la fou-
dure du cuivre; les unes s’appellentfoudures fo r te s ,
les autres foudures tendres. Voici-une manière de
faire la foudure forte qui fe pratique par les ouvriers
en cuivre.
On prend feize parties de cuivre jaune & une
partie de zinc. On commence par faire fondre le
cuivre jaune dans un creufet, 8c Iorfqu’H eft bien
fondu on y joint le zinc que l’on aura préalablement
fait chauffer, afin qu’il ne pétille point, comme il
feroit fi on lemettoit tout d’un coup dans le creufet.
On remue le mélange & l’on recouvre promptement
le creufet; lorfqu’on l’a laiffé entrer parfaitement
en fufion pendant deux minutes, on vide le creufet
fur un balai de bouleau placé au deffus d’une cr.ve
pleine d’eau; par ce moyen le' mélange fondu fe
réduira en grenaille qui eft la foudure defirée. On
la lavera Si on la confervera pour l’ufage. Cette
foudure eft très - bonne pour fouder les greffes
pièces ; elle fouffre très - bien le marteau ; - mais
comme elle eft affez difficile à fondre, quelques-uns
préfèrent de ne prendre que huit parties de cuivre
jaune contre une partie de zinc. Cette foudure eft
très - fufible , & cependant très - malléable.
Un mélange de trois parties de cuivre rouge
& d’une partie de zinc fait encore une très-bonne
foudure.
D’autres ne font que fimplement couper des lames
de cuivre jaune en petits morceaux qu’ils appliquent
fur l’endroit. qu’ils veulent f o u d e r , en y ‘ joignant
du borax,
La foudure tendre pour le cuivre n’eft autre chofe
qu’un mélange de deux parties d’étain 8c d’une partie
de plomb, que l’on fait fondre enfemble ; après
quoi on en forme un lingot dont on fe fert au
befoin.
Quand on veut fouder des pièces de cuivre , on
commence par donner quelques coups de lime fur
les jointures ou fur les endroits que l’on vent
joindre, ou bien on y donne quelques coups de
grattoir ; on échauffe les pièces dans un feu de charbon
; on met enfuite un peu de colophane fur *es
endroits qu’on veut faire prendre ; puis on y met quelques
morceaux de la foudure tendre compofée d e-
tain 8c de plomb. Lorfque cette foudure eft fondue
, on enlève ou l’on effuie la fuperficie de la fou*
dure, tandis qu’elle eft encore fluide , avec de l'étoupe
ou de la filaffe.
On fe fert encore d’une autre méthode pour
fouder les ouvrages en cuivre. Les ouvriers ont des
outils particuliers appellés fers à fouder, qui font de
fer ou de cuivre, que l’on fait rougir fans cependant
que la chaleur aille jufqu’à les blanchir. Quand le
fer à fouder eft d’un rouge de cerife on lui préfente
un lingot de la foudure tendre qui, venant ainfi à fe
fondre , tombe goutte à goutte fur l’endroit qu’on
veut fouder, fur lequel on a d’abord répandu un
peu de colophane; après cela on repaffeavec le
fer à fouder tout chaud fur l’endroit que 1 on veut
faire prendre, par-là on- égalife la foudure ; on enlève
enfuite le fuperflu avec une lime ou un grattoir.
Comme les pièces qui ont été foudées perdent
leur couleur 8c fe noirciffent, on la leur rend en les
trempant dans une liqueur , qui eft de l’urine dans
laquelle on a mis des cendres de bois neuf; on fait
bouillir ce mélange, 8c après avoir fait rougir au
feu les ouvrages , on les éteint dans la'liqueur, ou
bien on les éteint dans une fimple diffolution de fel
marin. Cette opération s’appelle décaper.
• Soudure du laiton ou cuivre jaune.
On emploie auffi une foudure forte 8c une foudure
tendre pour le laiton-'ou cuivre jaune.
La foudure-forte eft la même que pour le cuivre
rouge ; c’eft-à-dir.e, de feize parties de laiton contre
une partie de zinc , que l’on fait fondre 8c que l’on
met en grenaille de la même manière. Cette foudure
eft encore fort bonne en ne mettant que huit parties
4e laiton contre une partie de zinc. : - -
Si on veut que la foudure foit encore plus aifee
à fondre , on ne prend que fix parties de laiton ; on
prend aulfi quelquefois trois parties-de cuivre rouge
que l’on fait fondre avec une partie de zinc : cette
fpudure eft dure 8c folide.
D’autres prennent deux parties de cuivre rouge
contre une partie de zinc.
On peut ainfi varier lès proportions du zinc 8c du
Cuivre; ce qui donne-des foudùres plus ou moins
jaunes , en raifon du plus ou du moins de zinc qu on
y a fait entrer, ce qui les rend aulfi plus fufibles 8c
plus tendres.
La foudure tendre du cuivre japne fe 'fait ordinai-
• rement avec fix parties de laiton , une partie de
zinc & une partie d’étain. On commence d abord
par faire fondre le cuivre jaune ou laiton; lorfqu il
eft fondu on y joint l’étain , 8c aulfi-tôt on y met
le zinc, après avoir eu la précaution de le chauffer;
on remue le tout 8c on le met en grenaille , on
le lave 8c on le conferve pour s’en fervir au befoin.
Dans les petits ouvrages qui ne demandent pas
beaucoup de folidité, on fe fert d’une foudure faite
avec de l’étain 8c du plomb pour les ouvrages en
cuivre jaune. Elle eft compofée ordinairement de
trois parties d’étain fin, 8c d’une partie de plomb.
Pour appliquer cette foudure il faut toujours donner
quelques coups de lime ou de grattoir aux endroits
que Fon veut fouder, 8c y-répandre un peu de colophane
; après quoi on y fait tomber la foudure avec
le fer' à fouder rougi, dont on fe fert enfuite pour
égalifer les jointures foudées.
Les Levantins excellent non-feulement dans l’étamage
, mais aulfi dans la foudure.
Lorfqu’une pièce de cuivre eft trouée, ils la ferment
avec la foudure fuivante, 8c l’étament enfuite par
deffus,de façonjque l’endroit foudé paroît'comme neuf.
La foudure qu’ils emploient eft compofée de deux
livres de laiton, quatre onces de cuivre rouge 8c
fix deniers d’argent. Pour la préparer comme il faut,
on a un fourneau dont l’intérieur eft rond comme la
formejd’un chapeau, 8c dont les bords ont un cordon
de quatre pouces. Demi-heure après que les charbons
font allumés fous ce fourneau, on y met la
quantité de laiton ci - deffus, dix minutes après le
cuivre rouge, 8c cinq minutes après qu’on l’y a mis
on retire les charbons qu’on a foin de bien mouiller
auparavant pour les rendre plus ardens. Une heure
après qu’on a commencé cette opération, on met
dans le fourneau une cloche pefant deux onces fix
deniers ; cinq minutes après on y jette les fix deniers
d’argent. Lorfque tout eft fondu on retire les, charbons
qu’on avoit remis, on remue la matière dont
on prend un peu dans une cuiller pour la verfer dans
de l’eau, afin de voir fi la matière fondue eft en état
d’être bien pulvérifée. Après cet effai on prend le
refte de la matière qu’on met dans de l’eau, on la
pile enfuite dans un mortier jufqu’à ce quelle foit
réduite en poudre. On fe fert de cette, foudure au
befoin , de la manière que nous l’avons rapporté ci-
deffus.
Voyons maintenant quelques uftenfiles en cuivre
que les chaudronniers font dans l’ufage de fabriquer.
'La cafferole eft une uftenfile de cuifine, à queue
en forme de baffin , de cuivre rouge étamé, plus
ou moins profond à proportion de fon diamètre.
On voit qu’un feul morceau de cuivre qui a été
plané , ambouti 8c retreint, fuffit pour former ce
v afe , auquel on attache avec 'des clous rivés un
manche ou queue. Voyez planche I , fig. 6 Si y.
La marmite en cuivre eft un vafe profond, 8c
fermé d’un couvercle. Lorfque la marmite eft d’une
certaine grandeur, les chaudronniers la forment avec
deux pièces ; l’une qui fert pour le fond , 8c l’autre
pour le corps. La pièce du fond eft découpée tout
autour en petits tenons qui s’adaptent dans des creux
ou dans les intervalles d’autres tenons de l’autre
partie de la marmite ; ces petites pièces fe rabattent
alternativement 8c font un tout folide, comme fi le
vafe n’étoit que d’un feul morceau. Voyez planche /,
fig»'n 8c 12.
La marmite de cuivre eft ordinairement fans pieds
8c pofe fur fon fond, à la différence de celles de
fer ou de fonte qui ont communément trois pieds.
La cafetiere eft un vafe d’un ufage . commun ,
fufceptible de différentes formes, que le chaudronnier
fabrique avec des morceaux ou lames de cuivre
pl anès, amboutis. étreints, foudés, rivés 8c étamé*
K k k k ij