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6c le jugement d’Orefte , fur deux coupes eftimêes
douze fefterces. Les Bacchantes & les Centaures,
cifelés fur deux coupes , étoient l’ouvrage d' Acragas,
6c on les gardoit à Rhodes , dans le temple de Bac-
chus. On confervoit aufli dans le même temple ,
le Cupidon & le Sylène de Mys. Pythïas grava Diomède
6c Ulyffe enlevant, le Palladium de Troie. Ces
figures étoient cifelées fur une petite fiole, avec
une délicateffe achevée. Ledus gravoit des combats
6c des gens armés. Stratonique repréfenta fur une
coupe, un fatyre endormi, mais dans une attitude
fi naturelle , qu’il fembloit que l’artifte n’avoit fait
qu’appliquer cette figure fur le vafe. Mentor fit
quatre coupes d’une cifelure admirable, mais qu’on
ne voyoit plus du temps de Pline. Àcragas avoit un
talent particulier pour repréfenter fur des coupes,
toutes fortes.de chaffes. Pythies grava fur deux petites
aiguières ; toute une batterié decuifine, avec
les cuiliniers occupés à leur travail, d’une manière
fi vive 6c fi naturelleque pour rendre cette pièce
unique en fon efpecej on ne permettoit pas même
d’en tirer aucune copie.
On fe fert pour cifeler , non de burins, mais
de cifelets.
On cifele les pièces de relief, comme celles
qui ne le font point ; fouvent même ces dernières
en acquièrent autant que les autres, parce
qu’on1 repouflé leur champ en dehors aux endroits
qu’on veut cifeler. Cette manière de cifeler eft plus
commune; l’autre demande trop d épaiffeur 6c trop
de matière.
On fe fert encore du. terme cifeler, pour fignifier
l’aéiion de reparer les piècés qui ont été moulées,
mais dont les deflins n’ont pu fortir du moulé parfaitement
marqués ou fuffifamment terminés. C ife le r
une pièce , en ce fens , eft prefque la même chofe
que retoucher au burin en gravure.
Pour cifeler les ouvrages creux ôc de peu d’é-
paiffeur, comme font les boîtes de montres, pommes
de cannés /tabatières', étuis; &c. ôn Commence à
deffiner fur la matière, les fujets qu’on veut*répré-
,,fienter , & on leur donne le relief tel qu’on, le defire ,
en frappant plus ou moins le métal, en lë chaffant
de dedans en dehors, pour relever 8c former je s
figures ou ornemens que l’on veut faire en relief,
fur le plan on'la furfâce extérieure du métal On a
pour cela plufieurs outils ou bigornes de 'différentes
formes, fur- les bouts ou fommets defquels-on
applique l’intérieur du métal, obfervant que les,
bouts ou fommets de ces bigornes , répondent pré-
cifément aux lignes & parties auxquelles on veut
donner du reliefl On bat avec un uetit marteau le
métal que la bigorne foutient : il cède, & la bigorne
fait en dedans une imprelîion en creux qui forme
en dehors une élévation , fur laquelle on cifele les
figures 8c ornemens du deflïn , après qu’on a rempli
tout le creux avec du ciment.
C e c im e n t e f t u n e p â t e e o m p ô f é e d e c i r e , d e
r é f in e & d e b r iq u e m i ( e ,e n p o u d r e Ôc b i e n t a m i f é e . .
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Cette compofition tient ferme l’ouvrage, & le met
en état d’être cifele.
On emploie quelquefois les cifeleurs à reparer les
ouvrages de métal au fortir de la fonte, comme
figures de bronze , mortiers, canons ; toutes fortes
d’ornemens d’églife 8c domeftiques, comme chandeliers,
croix, feux, bras de cheminée, &c.
Les outils dont ils fe fervent, font les cifelets de
toutes groffeurs, les matoirs , les rifloirs de toute
forte de taille, rudes 8c doux ; les différèns burins,
les cifeaux plats ÔC demi-ronds, les marteaux gros
8c petits; le tout fuivant l’ouvrage qu’ils traitent.
Voyeç les figures de tous ces outils, planche du cifer
leur-damafquineur.
Les cifelets font les outils principaux du cifeleur,
8c il eft à propos que nous en faflïons connoître en
particulier la forme & l’emploi. Les cifelets donc
font de petits morceaux d’acier, longs d’environ
cinq ou fix pouces, & de quatre à cinq lignes de
carré , dont un des bouts eft limé carrément ou en
dos d’âne , & l’autre fert de tête.
Leur partie trempée eft quelquefois pointillée,
mais leur ulage en général eft pour cifeler l’ouvrage
en relief. Dans différentes occafions, entr’autres
celles où il s’agit dq faire paroître des côtes cone;ayesa
on fe fert alors d’-un des outils dont nous venons de
parler : fi ces côtes doivent être unies, on fe fert d’un
cifelet uni : fi l’on veut qu’elles foient matées, on fe
fert du cifelet pointillé.
Four pointiiler un cifelet, on prend un petit poinçon,
8c iur la partie qui doit être trempée, on prar
tique de petits trous preffés les uns entre les autres ,
en frappant avec un poinçon. Quand ces trous font
pratiqués, on enlève toutes les/ balèvres que, le
poinçon a faites, 8c le cifelet eft pointillé.
D ’autres fe-fervent pour pointiiler, de petits marteaux
dont la tête; eft fâilléé eh pointe de diamant,
qui font la fon&ion du poinçon. La tête de ces mar-i
teaux a un demi-pouce en carré, 8c les pointes de
diamant y. ont été formées Ji égale diftance , 8t,trè$*
ferrées , par fe moyen d’une petite, lime en tiers-
point, avec laquelle on a partagé la tête du marteau
comme en échiquier ; mais comme la lime -eft en
tiers-point, toutes les petites divifions carrées deviennent
en pointes de diamant. -
Çes outils font aullj à l’ufage djr feprurier, dè
l’ôrfévré, dû grayeur, de Tarquebufier, du bijoutier
, du metteur-en-oeuvre, du damafquineur, &c.
Ils prennent différèns noms, fuivant leurs formes
& leursufages : on les appelle bouges , tracoirs , per-
loirs, planoir s.
Les fourbifleurs, les arquetufiers, les orfèvres, 8c c.
•peuvent tifeler leurs ouvrages.
Les cifeleurs ne forment pas de communauté particulière.
Leur art eft abfolurnent libre.
DAMASQUINER; c’eft’ l’art d’enjoliver le'fer
ou l’acier, &c. en lui donnant une façon qui con-
fifte à le tailler ou graver , puis à remplir les raies
qu’on y fait d’un fil d’or ou d’argent. C ’eft une
eîpèce de mofaïqué : aufli- les Italiens' lui donnent-
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ils le même nom taujîa, qu’à la marqùetteriè. Cette
forte de travail a pris fon nom de la vjlle.de Damas,
où il s’eft fait quantité de beaux ouvrages dans ce
genre, aufli bien qu’en plufieurs autres endroits
du Levant. Les anciens s’y font beaucoup appliqués.
C’eft un affemblage de filets d’or ou d’argent, dont
on fait des ouvrages plats ou des bas-reliefs fur-du
fer. Les ornemens dont on les enrichit font ara-
befques, morefquesou grotefques.il fe trou ve encore
des anneaux antiques d’acier avec des figures 6c
des feuillages travaillés de cette manière ? & qui
font parfaitement beaux. Mais dans ces derniers
temps on a fait des corps de cuiraffe, des cafques
damafquinés, enrichis de morefques & d’arabefques
d’o r , 8c même des étriers, des harnois de chevaux,
des maffes de fer , des poignées 8c des gardes d’épées
, 8c une infinité d’autres chofes d’un travail
très-exquis. Depuis qu’on a commencé à faire en
France de ces fortes d’ouvrages-(c’eft fous le règne
de Henri IV ) , on peut dire qu’on à furpàffé ceux
qui s’en étoient mêlés auparavant. Curfinet fourbif-
feur à Paris , qui eft mort il y a environ cent ans ,
a fait des ouvrages admirables dans cette forte de
travail, tant pour le deflïn que pour la belle manière
d’appliquer fon or 8c de cifeler par deflùs.
Plufieurs fourbifleurs François ne le cèdent point
de nos jours à Curfinet, fi même ils ne le fur-
paffent point par la richeffe, par ^’élégance ôc le
fini de leur travail.
Quand on veut damàfquiner fur le fe r , on le
met au feu pour lui donner le paffe-violet, I qui eft
ce qu’on appelle couleur dleau; puis on deflïne
légèrement deflùs ce qu’on veut figurer , & on le
taille avec un couteau à tailler de petites limes ;
enfuite avec un fil d’or ou d’argent fort délié, on
fuit le deffin , & on remplit de ce fil les endroits
qu’on a marqués pour former quelques figures , le
faifant entrer dans les hachures avec un petit outil
qu’on nomme cifeaü; 8c avec un mattoir on amattit
l’or.
Si l’on veut donner du relief à quelques figures,
on met l’or & l’argent plus épais, 8c avec des cifë-
lets on forme deuus ce qu’on veut.
Mais quand avec la damafquinure on veut mêler
un travail de rapport d’or 8c d’argent, alors on
grave le fer profondément en deffous 8c à queue
d’aronde, puis-avec le marteau ôc le cifelet on fait
entrer l’or dans la gravure; après en avoir taillé
le fond en forme de lime très-déliée, afin que l’or
y entre, 8c y demeure plus fortement attaché. .
Cet or s’emploie aufli par filets, 8c on le tourne
8c manie comme en damafquinant, fuivant le deflïn
qu’on a gravé fur le fer.
Il faut avoir attention, que les filets d’or foient
plus gros que le creux qu’on a gravé $ afin qu’ils
y entrent pat force âvëc le marteau. Quand l’or
ou l’argent eft bien appliqué, on forme les figures
deflùs , foit avec lës burins ou cifélets , foit par
eft amp es avec dès:'poinçons gravés de fleurons,
pu.autres objets qui fervent à imprimer ou eftamper
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ce que l’ont veut. Voye^. planche- I l , la fig. 14 du
cifeleur - damafquineur, qui reprefente une plaque
de métal fur laquelle eft une, feuille taillée 6c da-
mafquinée en partie.
La damafquiherie, comme on vient,de le dire,
a des rapports avec la mofaique ; elle tient en meme
temps de la gravure ôc ,de la cifelure. Comme la
mofaique , elle eft faite de pièces de rapport;
comme dans la gravure ,. on entaille ,1e métal &
l’on y repréfente dïvërfes figures ; 6c comme dans
la cifelure , on travaille l’or 6c l’argent en relief.
Il y a divers artifans à qui , par leurs ftatuts, il
eft permis d’orner leurs ouvrages de damafqumures,
tels que les fourbifleurs, les arquebufiers,,les. épe-
ronniers, les armuriers-haumieps. Au refte la damafquinure
eft un art libre ; 6c les damafquineurs,
non plus que les cifeleurs, neTôrment pojpt de
communauté. .
Explication des deux planches de V Art du Cifeleur 6*.
Damafqkineur.
Planche I. La vignette ou le haut de la planche,
repréfente la boutique d’un cifeleur 6c d un damaf—
quineur. . ,
Fig» 1 , ouvrier qui hache , ou tranche, ou taille.
Fig. 2 , ouvrier qui cisèle la coquille de la garde
d’uné épée.
Fig. 3 6c 4 , ouvrier qui applique le fil d’or fur
l’ouvrage.
Fig. 5 t ouvrier qui pafle au feu.
Fig. 6 , ouvrier qui brunit.
Fig. 7 , ouvrier qui polit. ;
Bas de la planche.
Fig.' 1 , traçoir fin.
Fig. 2 , gros traçoir.
Fig. 3 , traçoir bouge.
Fig. 4 , cifelet à baguette.
Fig. f godronnoir.
Fig. 6 , cifelet à champ.
Fig. 7 , cifelet à .feuille. .
Fig. 8 3 le même cifelet vu par le dos.
Fig. 9 , planoir plat, carré
Fig. 10 , planoir plat , circulaire.
Fig* 11 * planoir carré, méplat.
Fig. 12, planoir méplat , circulaire.
Fig. 13, planoir carré arrondi par le bout.
Fig. 14, planoir rond ôc circulaire par le bout.
Fig. i f , perloir,
Fig. 16, ovoir.
Figi iy , frifoir plat.
Fig. 18, fri foi r rond.
Fig. p p bouge rond.
Fig. 20 , bouge méplat.
. fig . 21, mattoir plat.
Fig* 22, mattoir demi-rond.
Fig. 23, mattoir rond.
Fig. 24, échoppe au marteau.
Fig. z f f burin aù marteau. y VVV ij