
Nanking , fi on excepte les villes de Songkiang ;
Tchingkiang & Fongyang , la prononciation ell
douce & agréable comme celle des Italiens : enfin,
les habitans des provinces de Péking, Chantong ,
Chanfi & Chenu afpirent beaucoup , comme les
Allemands, mais fur-tout ceux de Peking, qui infèrent
fréquemment dans leurs difcours la particule
conjonCtive eull.
Outre cette variété de prononciation qui ne regarde
que la langue kouon-hoa ,-*c eft - a - dire, la
langue commune à toute là Chine ; il exifte dans cet
empire , & fur-tout dans les provinces du midi, un
grand nombre de dialeCtes. Chaque province , &
même chaque ville du premier ordre ont la leur ,
qui n’eft prefque pas entendue dans les autres villes
du même ordre. Et quoique dans les villes du fécond
& du troifième ordre , on parle allez fouvent Je
dialeCte qui eft en ufage dans la ville du premier
ordre dont elles relèvent, il y a toujours cependant J
un accent différent, qui l’eft tellement dans certaines
provinces , que ce dîalèCtè- pourroit paffer pour
une langue particulière.
Les hiftoires de la Chine nous apprennent qu’ayant
l’invention de ces caraCtères , les Chinois avoient
imaginé de tranfmettre leurs penfées par le moyen
de cordelettes nouées qui leur tenoient lieu d’écriture.
Tels étoient les quipos dont fe fervoient les
Péruviens , avant que les Efpagnols-euffent fait la
conquête de leur pays. L’ufage du papier s intro-
duifit à la Chine environ 160 ans avant Jéfus-Chrift :
avant cette époque, on écrivoit avec un ftylet de
fer fur l’écorce ou fur de petites planches de bam -
bon , comme font encore à préfent la plupart des
Indiens.
L’Imprimerie a commencé à la Chine l’an 92.7 de
Jéfus-Chrift, fous le règne de Ming-tcoung, fécond
empereur delà dynaftie des Heou-Thang, ou féconds
Thang.
La langue chinoife , nonobftant plufieurs defec-
tuofités qu’on peut y remarquer , eft belle & très-
expreflive ; fa beauté confifte principalement dans
un laconifme qui , à la vérité , n’eft pas peu embar-
raffant pour un étranger ; mais elle mérite d’être
apprife, & fon étude même eft amufante pour un
philo fophe qui cherche à approfondir la manière
dont les choies ont été perçues par des hommes fé-
parés de nous , de tout l’hémifphère. Elle le mérite
encore davantage par lé nombre d excellens
ouvrages en tout genre qu’elle peut nous procurer,
8c dont nous avons déjà un affez grand nombre
à la bibliothèque du roi. Cette langue , par la
manière dont elle eft conftruite , pourroit etre adoptée
pour une langue univerfelle ; 8c fans doute que
M. Leibnitz n’en eût pas cherché d’autre , s’il l’eût
connue.
Un Chinois , nommé Hoang-ge, par ordre de
Louis XIV , avoit commencé une grammaire & un
dictionnaire de cette langue \ mais ces travaux demeurèrent
imparfaits par fa mort arrivée en 1716.
Feu M. Fourmont l’aîné , chargé de les continuer,
publia en 1737 les Meditationcs Sirric&, 8c en *742 »
une grammaire chinoifefort ample. Refte le dictionnaire
qui eft plus effentiel encore pour 1 intelligence
de cette langue ; la gravure de plus de 100000 ca?
raCtères , exécutée fous les yeux de M. Fourmont,
eft plus que fuffifante pour parvenir à fa publication.
C ’eft à M. des Hauterayes que l’on eft redevable
de ces explications, & de la plus grande partielles
alphabets contenus dans ces planches. lia veille meme
à' la gravure des planches ; & ceux, qui ont quelque
idée de ce travail, favent combien il eft pénible*
M. des Hauterayes s’eft impofé l’obligation de n enfler
ce recueil d’aucun alphabet particulier , fiCtif ou
hafardé ; & cependant cette collection eft plus riche
qu’aucune de ce genre publiée en aucun pays du
monde.
Les fondeurs de caraCtères d’imprimerie qui ne
font guères que cinq ou fix dans Paris, font du
corps des imprimeurs & libraires.
Les maîtres ne peuvent prendre ni retirer les apprentis
, compagnons fondeurs & ouvriers l un de
Vautre , fous peine de cinquante livres d’amende &
des dommages & interers du maître que 1 apprenti
ou compagnon aura quitté.
Les caraétères à imprimer paient en France les
droits de fortie comme mercerie , à raifon de trois
livres du cent pefant.
VO C A B ULA1 RE des Arts de la Gravure des Poinçons & de ta Fänderte
des Caractères d’Imprimerie,
jA l p p R e t e r ; c’eft donner aux caraCtères la
dernière façon, qui confifte à polir avec un couteau
fait exprès les deux côtés des lettres qui forment le
corps , pour fixer & arrêter ce corps fuivant les
modèles qu’on aura donné a fuivre, ou fuivant la
proportion qui lui eft propre ; ce qui fe fait a deux,
trois ou quatre cent lettres à la fois, qui font arrangées
les unes à côté des autres, fur un morceau
de bois long qu’on appelle' compofleur. Etant ainfi
arrangées, on les ratifie avec le couteau, plus ou
moins, jufqu’à ce qu’elles foient polies & arrivées
au degré précis d’épaiffeur qu’elles doivent avoir.
A pproche ; terme par lequel on entend la diftance
que doivent avoir les lettres d’imprimerie à côté les
unes des autres : un a , un b , qui dans un mot
feroient trop diftans des autres lettres, feroient trop
gros & mal approchés.
On appelle un caraCtère approché, quand toutes
les lettres font fort prefféesles unes contre les autres.
Les imprimeurs font quelquefois faire des-caraCtères
de cette fa çon , pour qu’il tienne plus de mots dans
une ligne &. dans une page qu’il n’en auroit tenu
fans cela. Les lettres ainfi approchées ménagent le papier
, mais ne font jamais des impreflions élégantes.
A r c h e t ; eft un inftrument faifant partie du
moule qui fert à fondre les caraCtères de l'imprimerie.
C ’eft un bout de fil de fer long de douze à quatorze
pouces géométriques , plié en cercle oblong.
Des deux bouts qui fe rejoignent, l’un eft arrêté dans
le bois inférieur dii moule , & l’autre refte mobile
faifant un réffor(: que l’on met fur le talon de la
matrice , pour l’arrêter au moule à chaque lettre j
que l’on fond.
A t t a c h e ; eft un petit morceau de peau de
mouton de douze ou quinze lignes de long , dont
fe fervent les fondeurs de caractères d'imprimerie
pour attacher la matrice au bois de la pièce de defius
du moule. On met cette attache d’un bout à la matrice
qu’on lie a v ec du f i l , 8c de l’autre on l’applique
avec la falive fur le bois du moule. Cette attache
n’empêche pas la matrice d’être un peu mobile
; mais comme elle eft arrêtée par le jobet &
le jimblet, elle reprend fa place fitôt.que l’ouvrier
referme fon moule.
B anc ; eft une efpèce de table oblongue d’environ
deux pieds & demi, à hauteur d’appui , fermée à
l’entour par un reb o rd , excepté vis-à-visTouvriér
où ce rebord finit : ce banc fert à recevoir les lettres
à mefure qu’on les fond , & de décharge pour plufieurs
chofes néceffaires à l’ouvrier.
Be u v e a u ; c’eft une faüffe équerre qui a une
branche plate & mobile , retenue par üne vis dans
un montant plus épais qui fait rebord.
Bl an c ; les blancs font partie du moule à fondre
les caractères d’imprimerie , & en font les deux
principales pièces ; elles forment le corps du caractère
: par exemple , fi c’eft un moule à fondre du
cicero , les blancs font juftes de l’épaiffeur du corps
de cicero. Voyeç C o r p s . Cés blancs font égaux entre
eux & arrêtés fur la longue pièce d’un bout par
une v i s , & de l’ autre par une pièce qu’on nomme
potence, qui traverfe ce blanc-, la longue piece & la
platine par un trou carré , pratiqué égal dans ces
trois pièces ? dont cette potence remplit les vides,
& eft fortement arrêtée par deflbüs la platine avec
une vis 8c un écrou qui les unit enfemble ; toutes
ces parties font de fer.
Blanc a encore une autre acception chez les mê'-
mes ouvriers : on dit des lettres en fonte, qu’elles
ont blanc defius, deffous, où defius & deflous : une
m , par exemple , a blanc defius & deflous , 8c le
corps de cette lettre doit être coupé de ces deux
côtés ; un b n’a blanc que deflous , parce que le
trait s’élève au defius de ceux de l'm ; on ne le
coupe par conféquent que deffous : le q dont le
trait occupe la partie inférieure du corps , a blanc
defius , & fe coupe de ce c ô t é , ainfi des autres lettres
dont les traits occupent les parties fupérteüres
ou inférieures, du co rp s ; les.places vides s’appellent
blancs , 8c fe coupent pour laiffer I’ceil ifolé, & que
rien ne nuife à l’imprefiion.
On appelle encore blanc, des réglettes minces de
fonte ou de bois , que l’on met à l’imprimerie entre
chaque ligne de caractère , pour les éloigner un peu
les unes des autres , & laiffer par-là plus de blanc
entre elles ; ce qui fe fait ordinairement pour la
poéfie.
On-dit une fonteportant fon blanc , lorfqu’un caractère
eft fondu fur un corps plus fort qu’il n’a coutume
d’être , comme lorfqu’on fond le caraCtère de
petit-romain fur le corps de cicero. Cet oeil de petit
romain qui fé trouve par-là fur un corps plus fort
qu’il n’a coutume d’être, laiffe entre les lignes plus
de blanc que s’il étoit fondu fur fon corps naturel :
cela évite d’ajouter des chofes étrangères pour écarter
les lignes , & eft beaucoup plus propre & plus
sûr.B
ois de moule , fervant à fondre les caraCtères
d’imprimerie : ce font deux morceaux de bois taillés
fuivant la figure du moule , dont l’un eft à la pièce
de defius , 8c l’autre à la pièce de deffous. Us fervent
à tenir le moule , l’ouvrir & le fermer fans fe
brûler au fer qui eft échauffé par le métal fondu
que l’on jette continuellement dedans. Voye£ A &
S fig. 1 y planche I I du fondeur de caraCtères d’imprimerie
, 8c les fig-2 & y de la même planche. .
C adrats de notés ; ce font des morceaux de
fonte ponant quatre filets feulement pour les notes
de plain-chant.
C a l ib r e ; terme de graveur en poinçons de caractères
: c’eft un petit morceau de laiton , de tôle
ou de fer-blanc carré , de l’épaifleur au plus d’une
carte , fur lequel le graveur taille la hauteur que
doivent avoir les lettres.
C alibre de pente ; c’eft un morceau de laitorr
coupé fuivant l’inclinai fan que l’on veut donner à
Y italique.
C an o n (petit) ; quinzième corps des caraCtères
d’imprimerie ; fa proportion eft de quatre lignes-
quatre points , mefure de l’échelle.
C an o n ( g r o s ) .; dix-feptième corps des caractères
d’imprimerie ; fa proportion- eft de fept lignes
deux points , mefure de.J’échelle;
C an o n ( double ) ; dix-hukième corps des caraCtères
d’imprimerie ; fa proportion eft de neuf
lignes deux points-. mefure de l’échelle.
C an o n (triple ) ; . dix neuvième corps des caraCtères
d’imprimerie , ; fa proportion, eft de douze
lignes , mefure -de l’échelle..'
C h a p e ; c’eft un petit calibre d'e tô le , taillé à-
l’extérieur comme une matrice ; lequel eft fermé
par un b o u t , & a par en bas un petit rebord.
C ic e r o ; huitième des corps fur lefquels-on fond1
les caractères d’imprimerie ; fa proportion eft de
deux lignes , mefure de l’échelle: Son corps double
eft la paleftine , & il eft le double de la norrvpa-
reille , c’eft-à-dire qu’il eft une fois plus grand que
ce: caraCtère > 8c une fois plus petit que la paleftine*