
A deux ans, les dents de lait font rafées, & les
premières dents molaires tombent.
A deux ans & demi ou trois ans , les pinces
tombent.
A trois ans & .demi les fécondés molaires tombent
, ainfi que les mitoyennes.
A quatre ans , le cheval a fix dents molaires, cinq
de cheval & une de lait.
A quatre ans & demi les coins tombent.
A cinq ans, les crochets percent.
A cinq ans & demi le crochet eft prefque' dehors.
A fix ans, les pinces font rafées, ou peu s’en faut,
les coins font formés, & la muraille externe un peu
ufée.
A fix ans & demi les pinces fon entièrement rafées,
la muraille des coins l’eft auffi un peu, & le crochet
émouffé.
A fept ans, les mitoyennes font rafées ou peu
s’en faut, & le crochet ufé de deux lignes.
A fept ans & demi les coins font prefque rafés, &
le crochet ufé d’un tiers.
A huit ans, le cheval a rafé entièrement & le crochet
eft arrondi.
A neuf ans , les chevaux n’ont prefque pas de
crochet, & les pinces font plus rondes.
A dix ans, les crochets n’ont prefque plus de
crenelures & font plus arrondis.
A douze ans, les crochets font totalement arrondis,
les pinces font moins larges & augmentent en
épaiffeur.
A quinze ans , les pinces font triangulaires &
plongent en avant.
A vingt ans, les deu;x inçifiyes font plates &
écartées.
A vingt-un ans ou à vingt-deux, les deux prer
mieres dents molaires tombent.
A vingt-trois, les fécondés.
A vingt-quatre, les quatrièmes.
A vingt-cinq, les troifièmes.
A vingt-fix, les cinquièmes, & la fixième quelquefois
à vingt-fept% mais ce terme n’eft pas fixé,
il recule quelquefois' jufqu’à trente.
A l’égard des autres fignes auxquels plufieurs auteurs
ont attribué la connoiffance de l’âge du cheval,
ils font incertains ; on ne peut abfolument l’avoir
que par l’infpeâion de la bouche.
Voilà ce qu’il y a de plus certain & déplus exaâ
dans les fignes de l’âge que l’on peut titer de l’examen
des dents. Dans le commerce, on a une autre manière
de voir & de raifonner , quoiqu’elle fe rapr
proche des mêmes principes. Il n’eft pas inutile de
la rapporter ici, d’après îe Dittionnaire des Arts &
Métiers, quoique cela exige quelques répétitions.
Jufqu’à quatre ans & demi on juge de l’âge des
die vaux par les dents de lait, .jufqu’à fept ou fept
& demi par les coins , & au-delà par les crocs.
On appelle vulgairement dents de lait, toutes les
dents qui viennent au cheval depuis fa naiffance,
Sc qui doivent leur tomber en avançant en âge pour
faire place à d’autres dents plus fortes & plus affu.-
rees. Celles cependant auxquelles on donne propre-
ment ce nom, font les douze de devant, fix en haut
& fix en bas , qui leur reftent bien long-temps après
que les autres font tombées.
Les chevaux né confervent toutes ces douze dents de
lait que jufqu’à trente mois, ou au plus jufqu’à trois
ans. Alors il en tombe quatre , deux de deffus &
deux de deffous, à la place defquelles paroiffent les
pinces, qu’on diftingue aifément, foit parce qu’elles
naiffent toujours au milieu des autres , foit parce
qu’elles font plus grandes , plus larges & plus fortes
que les dents de lait. Tout cheval qui a les pinces,
doit avoir plus de trente mois,
_A trois ans & demi , de huit dents de lait qui
lui reftoient, il en tombe encore quatre , qui font
celles qui , tant en haut qu’en bas , font les plus
proches des pinces. Ces quatre dents font remplacées
par quatre autres qu’on nomme dents mitoyennes,
prefque aufli larges que les pinces. Par ces dents
mitoyennes, on juge que le cheval paffe trois ans
& demi, mais qu’il n’en a pas encore quatre & demi,
qui eft l’âge où les chevaux jettent le plus ordinairement
le refte de leurs dents de lait.
Ç Les dents qui viennent à la place des quatre dernières
dents de lait p s’appellent les coins ; & c’eft
par ces coins qu’on juge de l’âge des chevaux jufqu’à
près de huit ans , comme on va l’expliquer.
Lorfque le cheval a nouvellement pouffé les coins,
la dent ne fait feulement que border la gencive par
dehors, le dedans xeftant rempli de chair, ce qu’il
co.nferve jufqu’à cinq ans. Vers ce temps la dent fe
creufe , & n’a plus de chair , d’où l’on peut juger
qu’il a cinq ans & demi.
Lorfqu’ijî^ient à fix ans, les dents du coin font
auffi hautes pat dedans que par le dehors, en demeur
rant néanmoins-toujours çreufes & marquées de noir
en dedans.
A fix ans complets les coins s^élèvent au deffus de
la gencive du travers du petit doigt, Si le creux commence
à fe remplir.
A fept ans le creux eft déjà fort ufé, & les coins
fefont encore alongés.
Enfin à fept ans & demi ou huit su plus, les coins
qui fe font toujours hauffés paroiffent tout unis &
n’ont plus rien de ce creux noir dont on a parlé ci*
deffus, & qu’omappelle germe de fève, enforte que
les chevaux rafent, c’eft-à-dire qu’ils ne marquent
plus, & qu’on ne peut plus juger de leur âge par
l’infpeélion des coins.
Au défaut des coins & lorqu’ils ceffent de marquer
, il y a encore dans plufieurs chevaux ce qu’on
nomme les crocs, c’eft-à-dire les quatre dents qui
féparent par en haut & par en bas les dents mâche-
lières d’avec les'dents des coins, dont on peut tirer
quelqu’indice pour l’âge.
Si le creux qui eft dans le milieu de ces crocs eft
raifonnablement profond, & qu’il foit raboteux &
comme cannelé, le cheval n’a guère au delà de huit
ans ; fi au contraire il fe remplit, & que les cannelures
s’aplatiffent, il eft plus vieux,fa yieilleffe s?eftimanî
timant à proportion que le dedans des crocs eft plus
ou moins rempli de ces cannelures.
Il y a des maquignons qui pouffent la fuperche-
rie jufqu’à creufer avec un burin les dents d’un cheval
qui ne marque plus ; ils impriment fur la dent
une fauffe marque ; & en noirciffent le creux avec
de l’encre, ou avec un grain de feigle qu’ils mettent
dans le .creux , & qu’ils brûlent enfuite avec un
fer rouge. Ou ils rempliffent la cavité de poix réfine,
ou de réfine noire, ou de foufre , après quoi ils
infinuent un fer chaud dans la dent & réitèrent l’in-
fertion de la poix réfine, ou du foufre, jufqu’à ce
qu’ils aient imité la nature: c’eft ce qu’ils appellent
contre-marquer, Mais il eft aifé de diftinguer le creux
artificiel, de celui naturel aux chevaux qui marquent
encore ; car on trouve ordinairement la dent rayée
à côté de ce creux, parce que fouvent le cheval
remue pendant l’opération, & fait gliffer le burin fur
la dent. On trouve auffile noir imprimé fur la dent,
plus noir que le naturel: puis Timpreffion du feu
forme toujours un petit cercle jaunâtre qui environne
ces trous. C’eft ce que les maquignons
cherchent à cacher, en excitant l’écume avec une
légère quantité de mie de pain feche pilée avec du
fel qu’ils favent gliffer à propos.; mais en nettoyant
la dent, la fraude reparoît : d’ailleurs , on a recours
aux crochets, & on examine de plus s’il n’y a pas
d’autres marques de vieilkffe. D’autres ont encore
une autre méthode plus pernicieufe pour tromper :
ils arrachent à un cheval les dents de lait vers les
trois ans , ce qui donne lieu aux autres dents de
pouffer à leur place : par ce moyen ils font paffer
un cheval pour plus âgé qu’il n’eft : on croit acheter
un cheval de quatre à cinq ans qui a toute fa force,
& on en achète un qui fouvent n’a pas trois ans ,
6ç qui eft expofé à jetter fa gourme, & à plufieürs
autres inconvéniens.
Quelques-uns croient qu’aux chevaux qui rafent
ou qui n’ont point de crocs, comme cela arrive quelquefois
, on peut juger de l’âge par ce qu’on appelle
falières ; & ils prétendent que des falières enfoncées
font une marque de Vieilleffe, fupputent les années
fuivant le plus ou moins de profondeur qu’elles ont ;
mais nous avons obfervé que ce ligne, eft équivoque,
& ce jugement très-incertain.
Lorfqu’un cheval ne marque plus ni par les dents,
ni. par les crocs, on obferve s’il n’eft point cillé,
c’eft-à-dire s’il n’a point de poils blancs fur les four-
cils ; les chevaux en ont d’autant plus qu’ils font plus
âgés , & çeux de dix-huit à vingt ans ont ordinairement
les fourcils tout blancs. Cette diftinftion d âge
par lçs fourcils , ne peut avoir lieu pour les chevaux
à poils blancs , & pour les chevaux gris qui naiffent
avec des poils blancs femés fur diyerfes parties du
corps.
On dit qu’un cheval ne cille point avant l’âge de
quatorze ans, mais toujours avant l’âge de feîze. Les
chevaux quj tirent fur l’alzan & ceux qui font noirs
cillent plutôt que les autres.
Lçs maquignons arrachent quelquefois ces poils
Arts 6* Métiers. Tome I. Partie IL
blancs avec des pincettes; mais quand il y en aune
fi grande quantité qu’on ne peut les arracher fans
rendreles chevaux laids & chauves, alors ils leur peignent
les fourcils , afin qu’ils ne paroiffent pas vieux.
G’eft à quoi il eft bon de faire attention-
La durée de la vie des chevaux ainfi que des autres
animaux, eft proportionnée à la durée de l’accroiffe-
ment. Le cheval dont l’accroiffement fe fait en
quatre ans, peut vivre fix ou fept fois autant, c’eft-
à-dire vingt - cinq à trente ans. Les gros chevaux
vivent moins que les fins, auffi croiffent-ils plus vite.
Les chevaux , de quelque poil qu’ils foient ,
muent une fois l’an, ordinairement au printemps,
quelquefois en automne. Il faut alors les ménager. Il
y en a qui muent de corne.
Le cheval lèche, mais rarement; il dort moins que
l’homme quand il fe porte bien ; il ne demeure guère
que trois heures de fuite couché fans fe relever ; il
y en a qui ne fe couchent point. En général, les
chevaux ne dorment que trois ou quatre heures fur.
vingt-quatre. Ils boivent, par le feul mouvement de
déglutition, en enfonçant profondément le nez dans
l’eau.
Il y a des auteurs qui penfent que la morve quLar
fon fiège dans la membrane pitutaire, eft la fuite d uit
rhume occafionné par la fraîcheur de l’eau.
Des foins & de la nourriture propres aux chevaux
Le climat & la nourriture influent beaucoup fur,
la nature des chevaux dans leur jeuneffe.
L’efpèce de nourriture qu’on leur donne lorfqu on.
les emploi© , foit pour des travaux pénibles, foit
pour la courfe ou le voyage, foit pour la chaffe, eft
fur-tout très-effentielle pour former & fortifier leur;
tempérament.
Les alimens propres au cheval font le foin, la
paille de froment, & l’avoine.
Le foin ne doit être pas trop féché ; il fe brife-
roit, fe mettroit en pouffière ; d’ailleurs il feroit privé
d’un grand nombre de parties nutritives. Il ne
doit pas non plus être trop frais ou trop verd ; car ,.
lorfqu’il feroit mis en tas, il fubiroit une fermentation
qui le rendroit incapable d’être mangé. Le foin
qui n’a point effuyé de pluie dans le temps de la
fenaifon,eft meilleur que celui quiauroitété mouillé ;
la pluie, en le lavant le blanchit, & lui enlève fon odeur,
aromatique. Le foin dont on fe propofe de faire 1*
nourriture des chevaux, doit être verd , d une odeur
agréable, aromatique & forte ( fur-tout lorfqu il
eft nouveau ) , fin,c’efl>à-dire , compofe de plantes
qui n’aient point de groffes tiges, dures ou ligneufes,
ni de feuilles amples, larges & épaiffes. Ces gros foins
ne font propres qu’au bétail: il doit etre fec fans etre
caffant, fans aucune moiteur, fi ce n’eft lorfqu il jette
: fon feu. Une qualité qui n’eft pas moins effentielle
au foin ? eft la netteté ; ainfi. tout foin blanc , jaune
ou noir, gros & ligneux, mou , frais , humide, de
mauvaife odeur ou boueux, doit être rejette comme
de mauvaife efpèce.
L e s p ra ir ie s - f o n t a u f f i d e f t in é e s à l a n o u r r i tu r e ?
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