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La bougie en mortier, deftinèe à entretenir îa
lumière dans la nuit, fe fait dans des moules qui
ont la forme de mortier; on frotte d’huile ces
moules avant que d’y couler îa cire, & l’on a foin
de tenir la mèche élevée.
On fait de ces mortiers de différentes grandeurs.
On met la bougie en mortier dans un moule d’argent
ou de fer-blanc, & ce .dernier dans un vafe plein
d’eau.
Les petites bougies de nuit ou de veille, font fabriquées
comme celle s d’appartement, de différentes
groffeurs, fuivant îe temps qu’on veut
qu’elles durent. Quand.il s’agit de s’en fervir, on
les plonge perpendiculairement avant de les allumer,
dans- un vafe étroit rempli d’eau.-Ces bougies
s’élèvent à mefure que îa cire fe coniùme ôt que
leur poids diminue.
Les ciriers ont des mefures pour ces fortes de
bougies, depuis 2.0 jufqu’à ço & 60 à la l'ivre..
Les. ao à la livre durent 10 à 11 heures; les
3 2 » 9 heures; les 40, huit heures ; les 50, 6-heures;
les 60 , 4. à <y heures.
On peut également fe fervir , pour conferver de
la lumière pendant la nuit, d’un petit bout de
mèche de cire de 4 à 5 lignes, paffée à fèfpritdev
in , que l’on fait tenir fur un petit rond de carte,
& que Fon allume fur un-peu d’huiledans une
fbucoupe ou dans un petit vafe.
La bougie a lampion fe fait comme la. Bougie
filée , fi ce n’eft que la mèche eft toute de fil,
groffe & entièrement ferrée dans les trous de la
filière. Pour qu’elle foit plus ferme, on charge ces
mèches de peu de cire •: on s’en fert pour les
lampions ôc les bifcuits de cire dans les illuminations.
Les bougies dites- de rat-de-cave, ont une mèche
greffe j faite de fil de Guibrai ; & pour qu’elles
ne s’éteignent pas facilement, on lès paffe en
premier lieu dans de la - térébenthine,* commune ,
fondue avec de la cire , que l’on couvre enfuite
avec de la cire jaune ou blanche.
Les bougies carrées, qu’on nomme auffi bougies
tIhuiJJiers, parce que ce font les huiffiers des appartenons
du roi qui les portent devant fa majefté.y
quand elle paffe d’un appartement à un autre , fe
font différemment des bougies roncles d’appartement
: elles vont en diminuant par le haut.
Pour faire ces bougies carrées , on jette la cire
fur la mèche de haut en bas, jufqu’à ce qu’elles
foient à leur groffeur. Lorfqu’un ouvrier en a
roulé une, un. autre ouvrier la prend, pour y
former avec le gravoir ( qui- eft. un infiniment de
buis, qui fert à tracer les filets fur les cierges ),
quatre cannelures, qui lui donnent la forme dé
quatre cierges foudés enfemble.
Nous ajouterons à cet article quelques procédés
particuliers de bougies, plutôt pour la curio-
fité & la fingularité ? que pour- l’ufage & le fervice
ordinaire.
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Bougie dont la. miche ejl de bois.
Prenez des ofiers dé bois de faille, formez-en
des mèches, après les avoir dépouillés de leur
écorce, & les avoir fait fécher au four ; tremp'ez-
îes- dans de îa cire chaude, & entourez-les de
coton très-fin: retrempez-les une fécondé fois dans
la- cire , & formez-en enfuite des bougies* avec un
fuîf de bonne qualité. Elles éclaireront, à ce qu’on
prétend., quinze à feize heures ,fans avoir befoin
d’être mouchées.
Bougie de blanc de baleine*
Prenez quatre livres de fperma ceti ou blanc de
Baleine, fondez-le dans une marmite de cuivre à
très-petit feu ,,6c fort lentement. Cn fait la mèche
d’un coton bien fin, 8t on la met dans une forme
de verre. Ces bougies éclairent, dit - on , parfaitement^
Bougie de ju if & de cire.
Prenez proportionnément à la quantité de
bougie que vous voulez faire, par exemple, cinq
à fix livres de graiffe de rognon de boeuf, & trois
a quatre livres- de celui de mouton ; faites fondre
ces graiffe s- enfemble dans Nun chaudron de cuivre,,
avec une demi-livre d’eau chaude, pour chaque
livre de graiffe ; fitôt qu’elles feront fondues,
incorporez à part, dans huit onces- d’eaU-de-vie
dé vin, une once de fel de tartre, une once de-
-crème de tartre , une once de fel. ammoniac,
deux onces de potaife blanche- & bien fèche : le-
mélange étant fait, jettez-le dans le chaudron fur
les grailles fondues,, faites-les/bouillir un quart-
d’heure, & laiffez-lës refroidir. Le lendemain retirez
ce fuif qpi- fe trouvera fur la fuperficie de l’eau;, en
forme de gâteau, féparé de toute impureté ; expofez-
lë à l’air fur une toile où vous le laifferez pendant
quelques-jours : il fe blanchira & durcira comme
la ciré. Si vous pouvez profiter de-la rofée , il acquerra
un degré parfait de blancheur ; faites enfuite
des- mèches fines,, de coton1 uni, paffez-les dans de
la cire- fondue ; pofez^- les en forme, faites fondre
votre fuif préparé convenablement ; verfez-le dans
vos moules , & le laiffez-refroidir.. On méconnoîtra
pour ainfi dire ces bougies de celles delà cire pure,
& une pareille de fix à la livre dure conftamment
- quatorze h e u r e s - n e coule jamais..
Bougie de marron d’Inde'.,
Prenez fi»livres de marrons d’indé épluchés, une’-
livre d’huile de lin ou d’olive, quatre onces de blanc
de baleine. Pilez- lès marrons jufqu’à ce qu’ils deviennent
liquides: avec le blanc de baleine ; jettez-y
enfuite la- livre d’huile , que vous remuerez jufqu’à
ce que le tout foit très-liquide ; mettez-le dans une
terrine qui ait un petit gouleau ; prenez des mèches
a chandelles , & après les1- avoir pafTées à travers du
blanc de baleine fondu introduifez - les dans des
J moules de verre ou d’étain fi vous voulez les avoir
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comme des bougies ; finon, fervez-vous de moules
,de fer blanc, dans lefquels on fait couler la matière
jufqu’à ce qu-’ils foient pleins. Lorfque ces chandelles
feront bien raffermies & confolidées , on les retirera,
on les expofera à l’air pendant quelques jours.
On aura de bonnes chandelles , & on aura la fatis-
faftion de rendre le marron d’inde utile à quelque
chofe. '
On trouve communément, dans les magafinsbien
affortis, les fortes Avivantes :
Bougie à la livre.
Des 3
---- 4 ordinaires.
—— 4 couçtes.
—— 4 pour les lanternes de voitureÿ
•— .5 longues. .
—— 5 ordinaires.
---- 5 courtes.
— 5 pour les lanternes de voiture»
—— 6 longues.
---- 6 ordinaires.
—— 6 courtes..
---- 8 ordinaires.
—— 8 courtes.
*— 10 ordinaires.
——10 courtes.
——10 pour travailler fur les métiers à tapifferie.
■— 12 ordinaires.
---- 12 courtes.
---- 16 ordinaires.
—— 16 courtes.
Il y a des bougies filées en pain de 4 onces.
de 2 onces,
d’une Once. ,
d’une demi-once
6t au deffous.
On tient ordinairement de ces bougies filées en
pains longs quand la mèche eft forte , & en ronds
quand elle pft petite. Ces derniers pains font en
couleur jaune , ou blancs , ou. citrons.
Cierge ; chandelle de cire que l’on place fur un
chandelier , £t que l’on brûle fur les autels , aux
enterremens & autres cérémonies religieufes.
On brûle depuis un temps prefque immémorial,
des cierges dans les églifes d’Italie , de France, &
des autres pays chrétiens.
On fait des cierges de différentes grandeurs &
figures. En Italie, ils font cylindriques.; dans la plupart
des autres pays, en France, en Angleterre , & c.
ils font coniques : les cierges de l’une 8t l’autre efpèce
font creux à la partie inférieure ; & ç’eft - là qu’eft
reçue la pointe du chandelier.
L’ufage des cierges dans les cérémonies de religion
eft fort ancien. Nous favons que les Païens fe
lervoient de flambeaux dans leurs facrifices , fur-
tout dans la célébration des myftères de Cérès :
ils mettoient des cierges? devant les ftatues de leurs
dieux.
Quelques-uns croyent que c’eft à l’imitation de
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cette cérémonie païenne , que les cierges ont été
introduits dans l’églife chrétienne ; d’autres foutien-
nent que les chrétiens ont fuivi en cela l’ufage des
Juifs; mais pour en trouver l’origine, il eft inutile
d’avoir recours aux fentimens des uns 6t des autres.
Il n’eft pas douteux que les premiers chrétiens ne
pouvant s’affembler que- dans les lieux fouterrains,
ne fuffent obligés de fe fervir de cierges & de flambeaux
: ils en eurent même befoin depuis qu’on leur
eût permis de bâtir des .églifes ; car elles étoient
conftruites de façon qu’elles ne recevoient que
très-peu de jour, afin d’infpirer plus de refpeét par
l’obfcurité.
C ’eft-là l’origine la plus naturelle qu’on puiffe
donner à l’ufage des cierges dans les églifes. Mais il
y a déjà long-temps que cet ufage , introduit par la
néceflité, eft devenu une pure cérémonie. S. Paulin,
. qui vivoit au commencement du cinquième fiècle ,
obferve que tes Chrétiens de fon temps aimoient fi
fort les cierges , qu’ils en repréfentoient en peinture
dans leurs églifes.
Ceux qui ont écrit des cérémonies de l’Eglife, ont
remarqué que l’ufage d’allumer des cierges même en
plein jour a une fignification myftique , qui eft d’exprimer
la jo ie , la charité , la lumière même de la
vérité, découverte aux hommes par la prédication
de l ’évangile. C ’eft le fentiment de S. Jérôme contre
l’hérétique Vigilance.
11 y a deux manières de faire les cierges ; l’une à
la cuillier , 8t l’autre à la main.
Voici la première. Les brins des mèches, que l’on
fait ordinairement moitié coton & moitié filaffe,
ayant été coupés de la longueur dont on veut faire
les cierges, on en pend une douzaine à diftances
égales, autour d’un cerceau de fer qu’on appelle
romaine, perpendiculairement au deffus d’un grand
baflin de cuivre plein de cire fondue : alors on
prend une cuiller de fer qu’on emplit de cette
cire ; on la verfe doucement fur les mèches, un peu
au deffous de leur extrémité fupérieure , & o n les
arrofe ainfi l’une après l’autre ; de forte que la cire
coulant du haut en bas fur les mèches , elles en
deviennent entièrement couvertes-* 6t le furplus de
la cire retombe dans le baflin, au deffous duquel
eft un brafier pou r tenir la cire en füfion , ou pour
empêcher quelle ne fe fige.
On continue , ainfi d’arrofer les mèches dix ou
douze fois de fuite, jufqu’à ce que les cierges aient
pris l’épaifteur qu’on veut leur donner. Le premier
arrofement ne fait que tremper la mèche ; le. fécond
commence à la couvrir, & les autres lui donnent
la forme & Tépaiffeur. Pour cet effet, on a foin
que chaque arrofement qui fuit le quatrième , fe faffe
de plus bas. en plus bas, afin que le cierge prenne
une figure conique. Si les cierges Font fort longs,
le cirier fe fert d’un gradin pour s’élever 6c faire
les jets de cire.
Les cierges étant formés, on les pofe pendant
qu’ils, font encore chauds dans un lit de plumes
pour les tenir mous : on les en tire l’un après l’autre^
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