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Purification de la cire•
i®. On la démielle, foit en faifant tremper pendant
quelques jours dans l’eau claire la pâte qui n a
- as été épuifée de miel à la preffe ; foit en la
rifant en petits morceaux, & l’étendant fur des
draps près des ruches , afin que les abeilles, fuçant
tout le miel qui étoit refté , réduifent toute la
cire en parcelles auffi fines que du fon. Ceux qui
s’en tiennent à cette fécondé pratique, difent que
la cire qui a trempé dans l’eau demeure toujours
plus graffe que l’autre. Peut-être qu’effeâivement
l’eau la prive de cette fubftance fucree 6c mielleufe
que l’efprit'de vin fépare même d un rayon récemment
formé par les abeilles , 6c dans lequel il n y
a pas encore de miel ; car on remarque que la privation
de cette partie étrangère , rend la cire plus
commode à manier.
2°. Ayant empli d’eau jufqu’au tiers une chaudière
de cuivre, on attend que cette eau foit près
de bouillir, pour y jeter peu-à-peu autant de pâte
6e cire qu’il en faut pour que la chaudière ne fe
trouve pleine que julqu’aux deux tiers. On y entretient
un feu modéré ; on remue avec une fpatule
de bois , afin que la cire ne s’attache pas aux bords
de la chaudière, où elle pourroit brûler, & l’eau
bouillante la fait fondre. Quand elle eft entièrement
fondue, on la verfe avec l’eau dans des facs
de toile forte & claire, que l’on met auffi-tôt en
preffe pour exprimer la cire, qui eft reçue dans de
nouvelle eau chaude , afin que la crade fe précipité.
Cette première fonte nejfuffit pas toujours
pour fournir toute la cire que la pâte doit rendre :
on recommence alors le procédé fur le marc,
après l’avoir laiffé quelques jours achever de fe
démieller dans l’eau ; car on a éprouvé que ce
lavage fait que l’on obtient plus de cire ; mais fi
cette dernière fe trouve plus graffe que l’autre,
.il convient de les tenir fêparées. Voyez la planche
de la purification de la cire, planche IV.
Dans les différentes fufions que l’on donne à la
cire, on eft très-attentif à ne lui laiffer prendre que
le degré de cuiffon convenable, au-delà duquel elle
devient trop sèche, caftante, & contraâe une couleur
brune, que le foleil & la rofée n’effacent point :
c ’eft pourquoi les fabricans préfèrent la cire jaune
en gros pains, qui font ordinairement moins cuits
plus onâueux que les petits. Ainfi , à chaque
fonte on diminue le degré de feu ; encore ne réuffit-
on pas à empêcher que la cire ne bruniffe toujours
un peu. Dans quelques blançhifferies, où on fait
de la cire commune , on fe fert volontiers de la cire
trop sèche, parce qu’on l’achete à plus bas prix, &
qu’elle eft plus fufceptible d’alliage de fuif.
On fophiftique quelquefois les gros pains de cfte
jaune avec de la graiffe ou du beurre; telle eft une
bonne partie de la cire de Barbarie. Mais les con-
noiffeurs lavent bien difeerner celle qui eft pure, en
la mâchant ; par exemple, fi èn féparant les dençgx,
après avei-r mordu la cire , on entend un petit bruit
ou craquement fec, on juge qu’elle n’eft pas alliée
de graiffe : d’ailleurs, la graiffe fe fait fentir au goût
dans la cire fophiftiquée. Les connoiffeurs ont encore
d’autres indices que la grande habitude leur
a rendus familiers. On fophiftique auffi la cire jaune
avec de la térébenthine 6c des réfines, mais alors
elle tient aux dents.
La cire pure en pain doit avoir une odeur mielleufe
qui ne foit pas défagréable, être onéfueufe,
fans être graffe ni gluante, & fa couleur eft plus
ou moins jaune, fuivant les plantes où les abeilles
l’ont recueillie. L’odeur des cires varie affez fenfi-
blement, pour que les connoiffeurs puiffent diftin-
guer la province d’où on les a apportées.
Quand une pâte de cire eft très-chargée de cire
brute, elle eft d’un jaune foncé. Le féjôur dans l’eau
fait que la cire prend une teinte plus claire lorfqu’elle
eft fondue.
La fuperficie de la cire jaune en pain devient d’un
blanc fale, en demeurant long-temps à l’air ; mais
cela n’en diminue point le prix.
Les menuifiers & les ébéniftes emploient la cire
jaune pour donner du luftre à leurs ouvrages, aufli-
bien que les frotteurs des planchers d’appartemens.
On en fait de la bougie filée , petite ou groffe; foit
pour la marine, parce que le fuif devient trop coulant
dans les pays chauds; foit pour certains chapitres
d’eccléfiaftiques, & des cierges dont on fe fert
à l’églife dans certains rits. Cette cire eft encore
employée à des fceaux de chancellerie, à des on?
guens, cérats 6c maftics.
Blanchimènt-'de la cire.
Le blanchiment ne fait que ramener la cire à fon
•état primitif ; car les gâteaux nouvellement ■ faits
font blancs, mais ils perdent peu-à-peu leur éclat
en vieilliffant; ils jauniffent & les plus vieux deviennent
d’un noir de fuie , ce qui eft l’effet des vapeurs
qui régnent dans l’intérieur de la ruche.
Les dépouilles des vers & le miel y contribuent
auffi pour quelque chofe ; il eft pourtant vrai de
dire que toutes les abeilles ne font pas de la cire
également blanche ; on ne fait que trop dans les
blançhifferies, qu’il y a des cires qu’on ne peut jamais
rendre d’un beau blanc.
Vers la mi-mai, au retour de la belle faifon, on
commence les travaux du blanchiment des cires;
pour cet effet on rompt la cire en plufieurs morceaux
, afin que la fufion en foit plus facile, 6c que
n’ayant pas befoin d’un grand feu, elle foit moins
expofée à rouffir dans la chaudière A A A , ( PI•
blanchiment des cires. ) Cette chaudière doit être bien
étamée, la cire produifant aifément du verd-de-gris.
On y met enfemble une quantité de cire proportionnée
à la grandeur de la toile où on doit l’arranger
; puis on verfe dans la chaudière quatre à cinq
pintes d’eau par cent pefant de cire, on allume
le feu deffous, & on laiffe fondre la cire dou-r
cernent»
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Dans la plupart des petites fabriques, telles qu’ij
y en a aux environs de Rouen, on mêle avec la
cire dans cette première fonte une certaine quantité
de graiffe, dont la dofe varie fuivant la qualité de
la cire, ou même fuivant la cupidité du fabricant.
Quand on ne règle l’alliage que fur la qualité de la
cire, on en met plus à celle que les payfans Ont
rendue trop sèche à force de la cuire, qu’à celle qui
eft encore on&ueufe. Comme il y a des cires incapables
de jamais devenir bien blanches , telles que
plufieurs des cires du Nord, & prefque toutes celles
des pays de grands vignobles ; en y mêlant du fuif
de mouton, on leur donne un oeil de blanc qui tient
le milieu entre le blanc de la cire 6c du fuif : elles
ont alors fort peu de tranfparence, font graffes au
toucher, fe confument plus vite que les autres,
& répandent une mauvaife odeur ; mais elles font
à meilleur marché, & il en faut de cette efpèce pour
contenter tous les acheteurs.
Ces cires font plus paffables, quand on a l’attention
de ne les allier que de graiffe bien ferme,
telle que celle qui fe trouve autour des rognons de
mouton ou de bouc.
Quand le tout eft prefque fondu, on remue &
fcraffe avec une fpatule de bois, PL I I , fig. 4» juf”
qu’à ce que la cire foit, non-feulement en fufion
parfaite , mais encore fuffifamment chaude 6c affez
fluide pour bien dépofer. Ce degré de chaleur varie,
fuivant les pays ou provinces où la cire a été formée:
il n’y a que la grande habitude qui puiffe le faire
connoître; & on s’en apperçoit moins à l’oeil, qu’à
la réfiftance que la cire fait à la main.
Quand elle eft à ce degré de fluidité 5c de chaleur,
on ouvre un robinet F F , PI. I » placé au bas
de la chaudière : la cire tombe pêle-mêle avec l’eau
dans une cuve que l’on couvre 6c enveloppe bien
d’une épaiffe couverture, afin d’entretenir la fufion Ï»endant tout le temps néceffaire, pour que l’eau 6c
es corps étrangers qui font mêlés avec la cire, fe
précipitent au-deffous de la canelle de la cuve : deux
ou trois heures, plus ou moins félon la capacité
de la cuve, fuffifent pour former ce dépôt 6c bien
clarifier la cire.
Après quoi on la grêle ou rubanne, c’eft-à-dire,
qu’on la laiffe couler par la canelle dans une paffoire,
fous laquelle eft une plaque de cuivre étamé ou de
fer blanc, relevée de bords fur trois de fes côtés ,
& dentelée par l’autre, pour que la cire tombe
par-là en forme de nappe dans un vaiffeau oblong,
nommé grêloir, fig. 8 , PL I I I , que l’on entretient
chaud. La forme de ce vaiffeau eft arbitraire ; mais
fon fond eft toujours percé d’une rangée de petits
trous à un demi pouce les uns des autres , 6c qui
font de calibre à laiffer paffer un grain de froment.
La cire s’en échappe par filets , qui étant reçus à
la furface d’un cylindre, humeâé continuellement
par fa rotation à travers de l’eau froide , s’y con-
denfent 6c s’applatiffent, puis immédiatement fe
çaffemblent eg forme de rubans à U fuperficie
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l’eau d’une grande baignoire D E PL I On conçoit
facilement que la cire ainfi purifiée, ne pré-
fentant enfuite à l’aélion de la rofée & du foleil
qu’une étendue prefque privée de folidité , aura un
grand avantage pour devenir blanche en peu de
temps : mais il y a des blanchiffeurs qui veulent
que les rubans ne foient’que médiocrement minces,
fans quoi, difent-ils le foleil les attendrit & ils mot-
tent. Enfin les cires alliées doivent être rubannées,
&. conftamment plus épaiffes que les autres.
La cuve, en coulant continuellement pendant
environ une heure 6c demie, peut fournir un millier
de cire.
Quand on travaille une cire alliée de beaucoup
de fuif, qui par conféquent n’ayant point de corps ,
fumage en forme de fon greffier , au lieu de fe
mettre en rubans, on la ramaffe avec une pelle percée
de plufieurs trous, ou avec une fourche dont
les branches font garnies d’ofier ; quelquefois même
on eft obligé de fe fervir d’un tamis.
Les rubans de cire, enlevés avec dextérité au
moyen d’une fourche particulière, & dépofés dans»
une manne, font auffi-tôt portés fur la toile, qui
eft tendue fur un châffis folide, & garnie d’üne bordure
haute , bien affujettie ainfi qu’elle , afin que.
le vent ne dérange rien, ou s’il eft trop violent *
on replie les toiles pour enfermer la cire ; mais il eft.
important que cette toile foit abritée des vents du
fud & de l’oueft, par quelque bâtiment élevé , 01*
par des arbres. On étend les rubans le plus éga-‘
lement qu’il eft poffibie. La cire refte ainfi expofée
à l’air plus ou moins de jours, fuivant fa qualité ,
& félon le temps qu’il fait. Au bout de douze,
quinze, vingt jours., ou même davantage, à proportion
que le foleil a paru, & que la cire a de
difpofition à blanchir , on retourne les rubans fens
deffus deffous, afin que le peu de couleur jaune qu?
y refte, fe trouve expofée à l’aâ ’ion de l’air, 6c que
ces endroits blanchiffent comme les autres. Quel-'
qùes jours après on les remue avec la fourche ; oir
examine bien s’il y a encore du jaune, afin de le
mettre en deffus, & on les laiffe trois ou quatre
jours à l’air , ayant l’attention de les remuer plufieurs
fois dans l’intervalle s’il fait très-chaud , pour
empêcher que la cire ne fe gaze ou s’égaye , c’eft--
à-dire, s’échauffe, s’applatiffe, & que les rubans
ne forment des mottes en fe collant les uns aux
autres. Au refte -, on ne peut rien indiquer de fixe
fur la durée de chacune de ces opérations, elle doit
varier félon lés circonftances, La feule règle générale
eft de retourner 6c régaler, c’eft-à-dire, remuer
plus tôt ou plus tard, fuivant le degré de blancheur
que la cire acquiert. Tous ces remuemens 6c réga-
lemens fe font dans le haut du jour, afin que les
rubans ne fe rompent point.
Pour ce qui eft des cires alliées de fuif, on eft
obligé de les arrofer fouvent fur les toiles , afin
de les empêcher de fondre : & on les retourne 8c
régale à la fraîcheur du matin, avant que la-rofé©
foit diifipéc.
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