doit être formée fur cette largeur. Ces môrceaux
de cuivre drefles & recuits , font pofés l’un après
l’autre fur un tas d’enclume : on applique deffus , à
l ’endroit qui convient , l’extrémité gravée du poinçon
* & d?un ou de pltifieurs coups de marteau ,
on l’y fait entrer à' une profondeur déterminée de-
pùis une demi ligne jufqu’à une ligne & demie.
Par cette opération , le cuivre prend exa&ement
la forme du poinçon , & devient un véritable moule
de corps de lettres femblables à celles du poinçon ;
& c’eft par cette raifon qu’on lui a donné le nom
de matrice. Le nom de moule a été réfervé pour un
affemblage dont la matrice n’eft que la partie principale.
La matrice ainfi frappée nvft pas parfaite y eu
égard à la figure dont elle porte l’empreinte : il faut
foigneufement obferver que fa face, fupérieure, fig.
m , pl. I I I de la fonderie en car aller es , fur laquelle
s?eft faite l’empreinte du poinçon, foit exactement
parallèle à la lettrejrfiprimée fur elle , & que les
deux faces latérales foient bien perpendiculaires à
celle-ci. On remplit la première de ces conditions
en enlevant à la lime la matiète qui excède le plan
parallèle à1 la face de la lettre ; &• la fécondé , en
ufant de. la ime Sc de l’équerre.
- Cela fait,on pratique les entailles a , b , c , qu’on
voitfig. 12 Sc 13. Les deux entailles a , b, placées
l’une en deflus & l’autre en deffous ffig .'1} , à la
même hauteur , fervent à attacher la matrice au
moule : l’autre entaille c reçoit l’extrémité’ de l’arc
ou archet qui appuie la matrice contre le moule,
ainfi que. nous l’allons expliquer.
Du moule. .
Le moule eft l’aflemblage d’un grand nombre de
parties, dont on peut confidérer la fomrrte comme
divifée en deux.
Toutes les pièces de chacune de cés deux moitiés
du moule, font affujéties les unes aux autres par dés*,
vis & par des écrous, & font toutes de f er bien dreffé'
& bien poli, à l’exception dès deux extérieures qui
font de bois , & qu’on appelle par cette raifon le bois
du moule. Ce revêtement garantit les mains de l’ouvrier
de la chaleur, que le métal fondu qu’on jette
continuellement dans le moule ne manque pas de
lui communiquer.
Les deux premières parties qu’on peut confidé-
ter dans le moule , font celles qu’on voit plan-
che / /ƒ , figures 20 & 21. La figure 20 repréfente
la platine vue en dedans , & garnie de toutes fes
pièces ; la figure 21 la même platine , ou fa fem-
blable , mais vue du côté oppofé: c’eft fur les platines
que l’on aflujettit toutes le«, autres pièces; elles
leu • fervent, pour ainfi dire, de point d’appui, cornu
e on va voir. La première pièce qu’on ajufte fur la
platine eft la pièce B . fig. 1 ,2 ,3 ,1 7 ,2 0 ; on l’appelle
longue pièce : elle & fafemblable font en effet les plus
longues du moule. ( On obfervera que les mêmes pièces
dans les différentes figures font marquées des mêmes
lettres. ) Cette longue pièce qui a dix lignes de large,
& qui eft épaifle à drfcrétion, eft fourchue par Vunê
de fes extrémités X , fig. 17 Sc 20 , Sc reçoit par ce
moyen la tête de la potence de l’autre moitié , à laquelle
elle fert de couliffe. Il ne faut pas oublier que
les deux moitiés du moule font preiqu’entièrement
femblables , Sc que toutes les pièces dont nous avons
déjà parlé , font doubles ; chaque moitié du moule a
la fienne.
La longue pièce eft fixée fur la platine par une
vis à tête ronde b, fig. 18, qui après avoir paffé par
le trou b, fig. 21, va s’enviner dans le trou taraudé
fait à la longue pièce à la hauteur de la fourchette
X. Ce trou taraudé ne travërfepas entièrement l’é -
paiffeur de la longue pièce , qui a à fon extrémité
oppofée un trou carré d , fig. 17 Sc 18, qui reçoit le
tenon carré de la potence, fig. p Sc 10.
Avant que de placer la potence D } on applique
1 un1 des blancs C , qu’ on voit fig. 14 Sc i f , affetnblés
avec la potence. Ces blancs ont la même largeur
que. les longues pièces. Leur longueur eft un peu
moindre que la moitié de celle de la longue pièce t
elles , ont la mêmé épaiffeur que celle du corps que
l’on veut fondre dans le moule.
Le blanc appliqué fur la longue pièce , comme
on voit fit. 20. / eft percé d’un trou; carré femblable^
à celui que l’on voit fig. ff. Cé trou carré reçoit le
tenon carré x de la potence, fig. p Sc io. Le tenon'
traverfe le blartc, la longue pièce & la platine, ÔC
, fixe toutes ces pièces emfembie.
Le nez I) de la potence ,’fe jette du côté de l'extrémité
la plus prochaine de là longue pièce. Son
extrémité m faite en v is r e ç o it un écrou qui le con-'
tient. On voit cet écrou en b , fig. '21;.
Ces écrous qui font à pans fe tournent avec une
clef ou un- tourne-écrou. J
Le blanc peut encore être fixé fur la platine par.
une vis A tête perdue, qui traverieroit la platine ; la
longue pièce, entreroit dans l’épaiffeur du blanc, j&.
s’y arrêtèrent : mais cela' n’eft plus d’afagé:1 ”
Au deffus des longues pièces & des blancs ; on
place les jets A , fig. y & 6', comme on les voit
fig.'20. Ces jets font des moitiés d’entonnoirs pyramidaux
, dont les faces extérieures font perpendiculaires
les unes aux autres. Celles de ces faces qui s’ap-
. pliquent fur la platiné. fur le blanc, & fur la longue
pièce , doivent s’y appliquer ejtaâçment. Quand les
deux moitiés du moule font réunies, îl eft évident
que les jets forment une trémie, dont la plus petite
ouverture eft en en-bas- Leurs faces inclinées A ,
fig. 20, doivent un peu excéder les faces de la longue
pièce & du blanc, afin de former un étranglement au
métal fondu qu’on verfera dans le moule, Sc afin de
déterminer en même temps le lieu de la rupture du
fuperflu de matière qu’on y verfera, & faciliter cette
rupture. Voyez les jîg. a, 3 Sc 20,011 cettefaillie des
faces inclinées des jets eft fenfiblement marquée.
Chaque jet porte une v is , qu’on, voit fig. 6 , par le
moyen de laquelle & d’un écrou, on fixe cette pièce
fur la platine , comme on le voit en a , fig. 21. La partie
de cette yis ou tenon viffé qui répond a i’épaiffeur
de la platine, eft carré, & entre dans un trou de
même figure ; ce qui empêche le jet de vaciller : inconvénient
qui eft encore prévenu par l’application
exaâe de l’une de ces faces contre la platine, Sc de
l’autre contre la longue pièce Sc le blanc.
Au deffous du trou carré d de la longue pièce eft
une vis ƒ fixée en queue d’aronde dans cette longue
pièce. Cette v is , au moyen d’un écrou F ,jîg. 20 , aflujettit
la pièce E, fig. ip , qu’on appelle regifire. La
partie de la vis ou du t'enon viflé f qui fe loge dans
l’épaiffeur du regiftre, eft carrée Si entre dans une
mortoife plus longue que large, ce qui donne la commodité
d’avancer ou de reculer le regiftre à diferé-
tion , Sc de laiffer entre fon extrémité E, fig. 20, Sc
l’extrémité ou l’angle faiilant du blanc, tant Sc fi;peii
de diftance que l’on voudra. L’écrou F fert à l’affermir
dans lafituation convenable.
Chaque platine porte à fa partie poftérieure une
vis G , qu’on voit fig. 21 ; elle traverfe unie petite
planche appelée bois, qui a la forme Sc la grandeur
de la platine, au derrière de laquelle on la fixe par le
moyen d’un écrou ; & pour que la platine &. le bois
s’appliquent plus exa&ement l’un contre l’autre, pn
a pratiqué au bois, des cavités propres à recevoir les
yis , é c r ou s& autres parties faillantes qu’on voit à
la partie poftérieure de la platine, fig. 21.
Les deux moitiés- femblables du moule conftruites
comme nous venons de l’expliquer, & comme on les
voit fig. 2 Sc 3 , s’ajuftent exactement, Sc forment
pn tout qu’on \oh fig. 1. La potence de l’une entre
dans l’entaille fourchue de la longue pièce de l’autre
; & comme les entailles ont la même direction que
les potences, elles fe fervent réciproquement de çou-
liffes, : il eft évident qu’ainfi les blancs pourront
s’approcher ou s’éloigner l’un de l’autre, en faifant
mouvoir les deux moitiés du moule l’une fur l’autre.
On voit avec,la même évidence que le vide formé
par les jets aura la forme d’une pyramide tronquée
; & que celui qui eft entre les longues pièces &
les blancs , aura la forme d’un prifme quadrangu-
laire d’environ dix lignes de hauteur, d’une épaiffeur
confiante: celle des blancs eft d’une largeur à diferé-
tion , cette largeur augmentant ou diminuant félon
qu’on tient les blancs plus ou moins près l’un de
l’autre ; ce qui s’exécute par le moyen des regiftres
qu’on avance ou qu’on recule à diferetion, tomme
nous avons dit Le vide du jet & celui du prifme
communiquent enfemble , & ne font proprement
qu’une meme capacité.
Voilà bien-des pièces affembtées : cependant le
moule n’eft pas encore formé ; il y manque la pièce
principale, celle pour laquelle toutes les autres ont
été inventées St difpof es, la matrice. La matrice fe
place entre les deux regiftres en M , comme on la
voit fig. 2; cite appuie d’un bout contre la platirre
de l’autre moitié , Si elle eft liée par fon autre extrémité
à rattache. L’attache eft une petite pièce de
peau de mouton qu’on colle au bois d’une des parties
du moule. L’attache paffe entre le jimblet Si le bois.
■ On appelle jimblet; -une petite fiche de fer plantée
dans le bois de la pièce de deflus, & qui, retenant
l’attache, empêche la matrice de fortir de place.
La matrice ainfi placée entre les regiftres, eft tenue
appliquée aux longues pièces & aux blancs par le
reffort D C E t f ig .i, qu’on appelle Y arc ou archet :
l’extrémité E de ce reffort entre dans l’entaille C de
la matrice, fig, 12 Sc i f , & fait effort pour preffer
la matrice contre la platine oppofée, Si fur le heurtoir
ou la pièce qu’on voit fig. 22 : cette pièce eft
adoffée à celle qu’on voit en m, f ig . 21, rivée à la
partie poftérieure de la platine ; elle fert à monter
ou delcendre à diferétion la matrice vers l’ouverture
intérieure du moule, & à mettre la lettre dans la
place qu’elle doit avoir fur le corps : pour cet effet
on la prend plus ou moins épaiffe.
Pour empêcher’ la matrice de tomber, & de for-
tir d’entre les regiftres, on met entre la platine &
le bois qui porte l’attache , un petit crochet qu’on
voit fig. 23 : ce crochet s’appelle jobet. L’anneau du
jobet s’enfile fur la tige G de la platine, fig. 21, &L
fon crochet defeend au deffous de la matrice, Sc la
foutient, comme on l’apperçoit en x , fig. 2 , en laif-
fant toutefois la place de la matrice qu’il embraffe.
Outre les parties dont nous venons de parler, on
peut remarquer a chaque moitié du moule,fig. 1, 2,
3 , un crochet a b , dont nous expliquerons l’ufage
plus bas.
Il eft à propos , avant que de fermer le moule>
d’obferver à la partie fupérieure de la longue pièce
repréfentée fig. 17 , un demi - cylindre a b , placé à
deux lignes au deffous ou environ de fon arête fu—
périeure : ce demi-cylindre qu’on appelle cran, eft
une pièce de rapport qui traverfe la longue pièce ,
& dont là'partie fàillante eft arrondie : mais comme
cette partie faillante empêcheroit le blanc de l’autre
moitié de s’appliquer exactement à la longue pièce
qui la porte, on a pratiqué à cette moitié un canal
concave dans le b!anc. Ce canal demi-cylindrique
reçoit le demi-cylindre. On voit ce canal en b a 9
I '/•
j Voilà tout ce qui concerne îaftruéïure du moule ^
! qui eft une des machines les plus ingénieufes qu’ont
i pouvoit imaginer, aînft qu’ôn achèvera de s’en conw
vaincre par ce que nous allons dire de la fonte.
Le moule eft compofé de douze pièces principe-
! L-s, dont nous avons fait mention. Toutes ces piè—
ces de fer ont été bien limées, Sc font bien jointes;
; elles forment avec les autres un tout, qui a depuis
deux pouees de long jufqu’à quatre , fuivant la grof- j feur du caraiïère, fur deux pouces environ de large,
1 contenant fur fon plan horizontal au moins quarante
pièces de morceaux diftinéls. Les deux portions pref-
■ que femblables dans lefquelles il fe divife s’appellent
, l’une pièce de deffus, l’autre pièce de deffous:
c’eft celle qui- porte l’archet qu’on appelé pièce de
deffous■.
Préparation de la■ matière des car altères*
La première opération qu’on ait à faire quand on
[ a conftruit« ôt difpofé le moule > eft de préparer la