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parce qu’elle imite l’écriture que les écrivains appellent
bâtardey & qu’elle eft fondue fur le corps appelé
trifmégifle. La fécondé qui a l’oeil plus petit, eft
appelé bâtarde-coulée-parangon y parce qu’elle imite
l’écriture libre &. coulée, Si. quelle eft fur le corps
de parangon.
F o n d e r ie en c a r a c t è r e s ; ce terme a plu-
fieurs acceptions : il fe prend 1°. pour un affordment
complet de poinçons & de matrices de tous les caractères
j lignes & figures fervant à l’imprimerie ,
avec les moules, fourneaux, & autres uftenfiies'né-
ceflaires à la fonte des caraâères ; a°. pour le lieu
où l’on fabrique les caraâères; 3° pour l’endroit ou
l’on prépare le métal dont ils font formés ; 4°- P°ur
l’art même de les fondre.
Fonte ; on entend par ce mot un ailortiment
complet de toutes les lettres majufcules, minufcules,
accentuées, points, chiffres, &c. neceffaires a imprimer
un difcours, Si. fondues fur un feul corps.
Voyez C orps.
On dit une fonte de cicéro , de petit-romain ,
lorfque ces fontes font fondues fur le corps de cicéro
ou petit-romain ; & ainfi des autres corps de 1 imprimerie.
. . «
Les fontes font plus ou moins grandes, iuivant le
_ befoin ou le moyen de l’imprimeur , quilles demande
par cent pefant ou par feuilles ; ce qui revient au
même. On dit une fonte de cinq cents r de fix cents,
plus ou moins , c’eft-à-dire qu’on veut que cette fonte
bien affortie de toutes fes lettres, pèle cinq cents ou
fix cents livres, &c.
On dit aufli, une fonte de tant de feuilles, ou de
tant de formes , pour faire entendre que l’on veut
qu’avec cette fonte, on puiffe compofer de fuite tant
de feuilles ou tant de formes, fans être obligé de
diftribuer. En conféquence, le fondeur prend fes mesures
, & compte pour la feuille cent vingt livres
pefant de caractères, y compris les cadrats & efpaces ,
& foixante livres pour la forme, qui n’eft que la moitié
de la feuille. Ce n’eft pas que la feuille pèfe toujours
cent vingt livres, ni la forme foixante,^étant
plus grandes ou plus petites : mais comme il n entre
pas dans toutes les feuilles le même nombre ni les
mêmes fortes de lettres, il faut qu il en refte toujours
dans la café pour fuppléer au befoin. )
- F o r c e d e co r p s ; c’eft le calibre ou l’epaiueur
propre à une forte de caractère d’imprimerie.
F o r te s d e c o r p s ( lettres) ; ce font celles qui
pèchent par un excédent d’épaiffeur.
F o u r n e a u a fo n d r e les c a r a c t è r e s d ’im p
r im e r ie ; il eft fait de la terre dont fe fervent les
fournaliftes pour la fabrique des creufets, mais moins
fine. C ’eft un mélange de ciment de pot-à-beurre caffé
& de terre glaife pétris enfemble ; fa grandeur ou hauteur
du cendrier & des ventoufes pour l’air ; on pofe fur
la partie fupérieure dudit fourneau la cuiller , dans
laquelle eft le métal qui eft toujours en fufion par le
feu continuel qui eft deffous. Depuis la grille jufqu’à
la partie fupérieure , on ménage une ouverture fur
laquelle on met un tuyau de tôle , qui fert de paffage
à la fumée qui s’échappe hors de l’atelier.
eft de 18 à ao pouces, 1 0 a 1 2 de diamètre, fur
deux pieds & demi de longueur. Il eft féparé en deux
dans la hauteur : on met le bois dans la partie fupe-
rieure , au bout de laquelle eft une grille aufli de
terre, qui donne l’air qui eft neceffairej’pour faire
allumer le bois. La partie inférieure eft compofée
F r a p p e ; eft l’affortiffernent complet des matrices
pour fondre les caraâères. On dit une frappe de
nompareille, lorfqu’une boîte renferme toutes les
matrices néceffaires pour faire une fonte de nom-
pareille , ainfi des autres.
Un affortiment de frappes contenant les matrices
néceffaires pour fondre tous les caraâeres, eft la
richeffe & le fonds d’un fondeur. C’eft en tirant l’empreinte
de ces matrices avec un moule, qu’il fond
tous les caraâères néceffaires pour l’impreffion ; on
les appelle frappes , parce que les matrices reçoivent
la figure de la lettre par un poinçon fur lequel
eft gravée la lettre que l’on veut former dans la matrice
; ce qui fe fait en frappant avec un marteau fur
le poinçon, qui s’enfonce & laiffe fon empreinte
dans le morceau de cuivre qui s’appellera matrice :
cette opération s’appelle frappe.
F r o t t e r ; façon que l’on donne aux caraâèrês
d’imprimerie. Les lettres ne fortent pas du moulé
fi unies, qu’il ne refte au corps quelques bavures
qui les empêchent de fe joindre. Pour oter cés fu-
perfluités, on les frotte fur un grès préparé pour
cela ; ce grès , qu’on appelle pierre à frotter, fait la
fonâion d’une lime. Les petits grains qui font deflùs
enlèvent tout ce qu’il y a d’étranger au corps def-
dites lettres, & les unit des deux côtés qu’elles doivent
s’accoller.
G a il l a r d e ; cinquième corps des caraâères d’imprimerie.
Sa proportion eft d’une ligne de trois
points, mefure de l’échelle : fon corps double eft le
gros-romain..
La gaillarde eft un entre-corps , & on emploie
fouvent, pour le faire, l’oeil de petit-romain fur le
corps de gaillarde, qui n’eft que de peu de chofe plus
foible. '
G a l é e ; c’eft une planche avec des rebords, ou
l’on dépofe des paquets de lettres.
G r a v u r e d e c a r a c t è r e s d’im p r im e r ie ;
la gravure des caraâères fe fait en relief fur un; des
deux bouts d’un morceau d’acier , d’environ dreux
pouces géométriques de long, &. de groffeur proportionnée
à la grandeur de l’objet qu’on y veut
former, & qui doit y être taillé dans la dernière
perfeâion avec les règles de l’art, Si fuivant les
proportions relatives à chaque lettre ; car c eft de
la perfeâion du poinçon que . dépendra la perfeâion
de toutes les mêmes lettres qui en feront émanées.
G rosses (les le tt re s ) , lont celles qui font plus
épaiffes que les autres du même corps.
G u id e ; efpèce d’équerre de fer ou de cu iv re ,
limé un peu en talus par deffous.
Ha u s s e s ; font deux petites pièces qui s’ajoutent
au moule à fondre les caraâères d’imprimerie. E lle s
ic
fe pofent entre le jet &. les longues pièces du moule,
fervent à prolonger la longueur du blanc pour
faire les lettres plus hautes en papier qu’elles ne
feroient fans cela. Les caraâères font fixés à dix
lignes & demie géométriques de hauteur ; mais il
arrive que des imprimeurs , fans avoir égard aux
ordonnances, veulent leurs caraâères plus hauts ou 1
plus bas ; & c’eft par le moyen de ces hauffes plus
ou moins épaiffes, qu’on fait fervir un même moule
à fondre ces caraâères plus ou moins hauts.
Hautes en p a p ie r ( lettres ) ; celles qui excèdent
la hauteur des autres lettres du même corps.
Hau t eu r des c a r a c t è r e s d’ im p r im e r ie ; on
entend par la hauteur dite en papier, la diftance fur
lequel ils font fondus , depuis le pied qui fert d’appui
à la lettre , jufqu’à l’autre extrémité où eft l’oeil.
Cette hauteur eft fixée fagement par les édits du
foi & réglemens de la libraire, à dix lignes & demie
géométriquës, pour éviter la confufion que des différentes
hauteurs cauferoient dans l’imprimerie ; cette
hauteur n’eft pas de même par-tout : on dift ngue la
hauteur de Hollande qui a près d’une ligne de plus
qu’à Paris; celles de Francfort, de Flandres, 6c même
de Lyon , ont plus dè dix lignes.
H eu r to ir , eft une petite pièce de fer qui s’ajoute
au moule à fondre les caraâères d’imprimerie. Cette
partie eft le point d’appui à la matrice qui eft poftée
audit moule, & fert à la faire monter ou defcendre
vers l’ouverture intérieure du moule, par où elle
reçoit la matière qui vient prendre la figure de
l’objet repréfenté dans la matrice.
Hors d e l ign e ( lettres) ; celles qui pèchent par
défaut d’égalité.
Jet ; c eft l ’excédent de la matière néceffaire à
former un caraâère.
Jets ; ce font deux pièces du moule à fondre les
caraâères d’imprimerie , qui forment enfemble une :
ouverture carrée, qui va en diminuant depuis fon
entrée jufqu’à l’autre bout oppofé. Ces- jets font
la première chofe qui fe préfente en fondant, &
fervent pour ainfi dire d’entonnoir pour faire' couler
la matière dans le refte du moule , jufqu’à la matrice*
Jeton ; eft un petit inftrument de cuivre ou de
fer mince, à l’ufage des fondeurs de caraélèrês d’imprimerie
, Si fait partie d’un autre inftrument aufli
de fer ou de cuivre, appelé juflification. L’un Sc
l’autre fervent à s’aflurer fi les lettres font bien en
ligne, c’eft-à-dire de niveau les unes avec les autres.,
en pofant le jeton horizontalement fur l’oeil des
lettres. Le jeton qui a un de fes côtés bien dreffé Si
bien droit «n forme de règle, fe pofe aufli perpen:
diculairement fur plufieurs lettres qui font dans la fuf-
tification. Si ce jeton touche également toutes ces
lettres, c’eft une marque qu’elles font égales en
hauteur, Si bien par conféquent. Le contraire fe fait
fentir lorfque ce jeton pofe fur les unes Si non fur
les autres ; on s’aflùre également de la jufteffe du
corps avec le même inftrument.
Jjmçlet ; eft,une petite partie du. mouje à fondre
Arts 6* Métiers, Tome L Partie I ,
les caraâères d’imprimerie ; c’eft lin bout de fil de
fer de fix à huit lignes de longueur , qui fe place au
bois de la partie fupérieure du moule, à l’endroit
où fe met la matrice. A cette matrice, on lie par un
bout un petit morceau de peau de mouton qu’on
appelle attache, & qui s’applique par l’autre bout
fur le bois du moule, 6c paffe entre le bois Si ce
jimblet, qui fert à le contenir en cet endroit, afin que
la matrice ne s’écarte point.
In t erl ign es d e f o n t e ; ce font des lames de
métal juftes 6c égales d’épaiffeur, que l’on emploie
dans l’imprimerie entre les lignes pour leur donner
plus de blanc.
Int erl ignes b r isé e s ; celles qui font compofées
de plufieurs morceaux.
Jo b e t ;- eft un petit morceau de fil de fer plié en
équerre, qui fe met au moule à fondre les caraâères
d’imprimerie, entre le bois de la pièce de deffus Sc
la platine. Ce jobet fait entre lui Si le bois du moule
un petit vide carré dans lequel paffe la matrice«
Cela eft pour empêcher cette matrice de s’éloigner
trop de fa place, lorfque l’ouvrier ouvre fon moule.
It a l iq u e s ( caraâères ) ; ceux dont les lettres
font plus couchées que les rondes.
Ju s t if ic a t io n ; c’eft un petit inftrument de
cuivre ou de fer, de deux pouces environ de long ,
fervant aux fondeurs de caraâères d’imprimerie ,
pour s’affurer fi les lettres font bien en ligne 6c de
hauteur entre elles. Pour cet effet, on met dans
cette juflification deux m qui fervent de modèle ; 8c
entre ces deux m on met la lettre que l’on veut
vérifier; puis avec un autre inftrument qu’on appelle
jeton, on voit fi les traits de la lettre du milieu
n’excèdent point ceux des m, 6c fi elle eft d’égale
hauteur.
On entend aufli par juflification vingt ou trente
lettres qui font deftinées à fervir de modèles pour
apprêter une fonte ; on couche fur un compofteur ces
lettres fur l’à plat, qu’on appelle frotterie, puis on
couche autant de lettres de la fonte que l’on travaille
; il faut que ces dernières fe trouvent juftes
au bout des autres , par ce moyen on eft aflùré que
les nouvelles ont le corps égal à celles qui fervent
de modèle.
Ju st if ier , fe dit des matrices pour fondre les
caraâères d’imprimerie , après qu’elles ont été frappées:
c’eft de les limer proprement, non-feulement
pour ôter les foulures qu’a faites le poinçon en s’enfonçant
dans le cuivre, mais encore pour polir Sc
dreffer le cuivre de la matrice , de façon qu’en la
pofant dans le moule, elle y forme la lettre de ligne,
d’approche , Si de hauteur en papier
Ju st if ie u r ; c’eft la principale partie du cou-
poir avec lequel on coupe Si approprie les caractères
d’imprimerie. Ce jufl fieur eft compofé de deux
pièces principales, de vingt-deux pouces de long.
11 y a à une de ces pièces à chaque bout un tenon dè
fer , qui entre dans une ouverture faite à l’autre
pièce pour le recevoir & joindre ces deu* pièces
enfemble, entre lefquelles on met deux à trois.