
reau eft uiïé enveloppe de plufieurs Feuillets de parchemin
appliqués les uns fur les autres , & collés
par les deux bouts, de manière qu’ils forment une
efpèce de fac ouvert. On a donc deux de ces fourreaux.
Quand on a mis le caûcher dans un, on fait
entrer le caucher, Si ce premier fourreau dans le
fécond, mais en fens contraire; d’oii il arrive que,
quoique les fourreaux foient tous les deux ouverts,
cependant ils couvrent par-tout le caucher.
Mettre les fourreaux au caucher ; cela s’appelle
enfourrerlV oyez fig .6 , un caucher ; &' figures 7 & 8
les fourreaux.
Les feuillets de vélin Si de parchemin font des
carrés dont le côté à quatre pouces.
Le caucher étant ainfi arrangé, on le bat fur un
marbre, comme on voit figure 2. Ce marbre eft noir ;
il a un pied en carré, & un pied & demi de haut.
On ajufte à fa partie fupérieùre une efpèce de
boîte f ouverte du côté de l’ouvrier ; cette boîte
s’appelle la coiffe ; elle eft faite de lapin, & revêtue
en dedans de parchemin collé : le parchemin collé
qui s’étend jufque fur le marbre , n’en laiffe apper-
cevoir au milieu de la caiffe que la portion e.
La caiffe eft embraffée du côté de l’ouvrier par
une peau h , que l’ouvrier relève fur lui , & dont il
fe fait un tablier. Quand il travaille , cette peau ou
tablier reçoit les lavures. On entend par les lavures ,
les parties de matière qui fe détachent d’elles-mêmes,
ou qu’on détache des cauchers.
On fe fert, pour battre l’o r , d’un bloc de marbre,
ordinairement noir, d’un pied en carré , & élevé de
terre d’environ trois pieds. .
Comme l’aétion continuelle d’un marteau de douze
à quinze livres fur une maffe de pierre , d’un poids
énorme , ne manqueroit pas d’ébranler à la longue
les voûtes d’une cave , s’il s’en trouvoit une immédiatement
deffous ; dans ce cas , il eft prudent de
l'étayer , foit par une forte pièce de bois , foit par
un maffif de pierre placé fous l’endroit qui corref-
pond au marbre du batteur d’or.
11 faut que la furface du marbre & du marteau
foit fort unie , fans quoi les cauchers ou outils &
les feuilles d’or feraient maculés.
On bat le premier caucher -pendant une demi-
heure en chaflant du centre à la circonférence, le
retournant de temps en temps , & appliquant au
marbre la furface fur laquelle on frappoit , &
frappant fur l’autre. Le marteau dont on fe fert dans
cette opération , s’appelle marteau f i a t , ou à dègrofiir:
il pèle quatorze à quinze livres ; fa tête eft ronde &
tant foit peu convexe ; il a fix pouces de haut, &
va depuis fa tête jufqu’à fon autre extrémité un peu
en diminuant, ce qui le fait paroître cône'tronqué ;
fa tête a cinq pouces de diamètre , ou environ.
L’ouvrier a l’attention de défourrer de temps en
temps fon caucher , & d’examiner en quel état font
les quartiers. Il ne faut pas efpérer qu’ils s’étendent
tous également : il en trouvera qui n’occùpçront
qu’une partie de l’étendue du feuillet de vélin ; d’autres
qui l’occuperont toute entière ; d’autres qui
déborderont : il pourra, s’ il le veut, ôter les avants-
derniers , & il fera bien d’ôter les derniers. Il eft
évident qu’après cette fouftraélion, le caucher fera
moins épais ; mais on empêchera les fourreaux d’être
lâches, en inférant de petits morceaux de bois dans
les côtés, entre eux & le caucher.
On continuera de battre jufqu’à ce qu’on ait amené
les quartiers reftans , à l’étendue ou environ des
feuillets de vélin qui les féparent : cela, fait, la première
opération de la batte fera finie. Si on laiftoit
dèfa fleurer les quartiers au-delà des outils , ceux-ci
pourroient en être gâtés.
Au fortir du premier caucher , les quartiers font
partagés en quatre parties égales avec lp cifeau : on.
a donc deux cents vingt-quatre nouveaux quartiers,
dont on forme un fécond caucher de la manière
fuivante.
On met deux feuillets de parchemin , une douzaine
de feuillets de vélin vides ou d’emplures ; un
quartier, un feuillet de vélin ; un quartier, un feuillet
de vélin ; Si ainfi de fuite jufqu’à cent douze inclu-
fivement : une douzaine d’emplures, deux feuillets
de parchemin ; deux autres feuillets de parchemin ,
une douzaine d’emplures ; un quartier, un feuillet
de vélin ; un quartier , un feuillet de vélin ; Si ainfi
de fuite jufqu’à cent douze inclufivement, douze
emplures & deux feuillets de vélin.
D ’où l’on voit que le' fetond caucher eft double
du premier, & qu’il eft féparé par le milieu en deux
parts diftinguées par quatre feuillets de parchemin ,
dont deux finiftent la première part, & lui appartiennent;
& deux appartiennent à la fécondé part,
& là commencent : en un m ot, il y a dans le milieu
du fécond caucher , quatre feuillets de parchemin
entre vingt-quatre emplures de vélin, douze d’un
côté & douze de l’autre. Au refte, il n’y a pas d’autre
différence entre le premier caucher Si le fécond : il
a fes deux fourreaux auffi ; il ne s’enfoürre pas
différemment , & les feuillets de vélin font de la
même forme & de la même grandeur.
Ce fécond caucher, enfourré comme le premier,
on le bat de la même manière , avec'le même marteau
, & pendant le même temps que le premier;
obfervant non - feulement d’oppofer tantôt une des
faces, tantôt l’autre au marteau & au marbre ; au
marbre, celle qui vient d’être oppofée au marteau ;
au marteau, celle qui vient d’être oppofée au marbre;
mais encore de défourrer de temps en temps, de
féparer les deux parts du caucher, afin de mettre
en dedans la face de l’une & de l’autre part qui étoit
en dehors, & en dehors celle qui étoit en dedans,
& d’examiner attentivement quand les quartiers dé-
fafleurent les outils : lorfque les quartiers défafleurent
les outils, alors la fécondé opération fera finie.
On défemplit le fécond caucher : pour cet effet,
on a à côté de foi le caucher même ; on écarte les
deux parchemins & les emplures ; on prend fa première
feuille d’or qu’on rencontre , & on l’étend
fur un couffin ; on enlève le fécond feuillet de vélin,
Si l’on prend la fécondé feuille d’or qu’on pofe fur
la première ; mais de manière que la fécondé foit
plus reculée vers la gauche que la première ; on
ôte un autre feuillet de vélin, Si l'on prend une
troifième feuille d’or que l’on étend fur la fécondé, de
manière que cette troifième foit plus avancée vers la
droite que la fécondé: en un mot, on range les feuilles
en échèlle ; on fait en forte qu’elles ne le débordent
point en haut, mais qu’elles fe débordent toutes, à
droite Si à gauche d’un demi-pouce ou environ ;
puis avec un couteau d’acier émouffé par le bout.,
Si à l’aide d’une pièce de bois qu’on voitfig. 10 , on
les prend toutes quatre à quatre, Si on les coupe
en quatre parties égales ; ce qui donne huit cents
quatre-vingt feize feuilles.
Quand cette divifion eft faite , voici comment on
arrange cés huit cents quatre-vingt-feize feuilles :
on laiffe là les feuillets de vélin ; on en prend d’une
autre matière , qu’on appelle baudruche , & dont
nous parlerons plus bas. On met deux feuillets de
parchemin , quinze emplures de baudruche , une
feuille d’or , un feuillet de baudruche; une feuille
d’or , un feuillet de baudruche ; Si ainfi de fuite
jufqu’à quatre cents quarante - huit inclufivement;
puis quinze emplures , puis deux feuillets de parchemin
, puis encore deux feuillets de parchemin,
puis quinze emplures , puis une feuille d’or ; puis
un feuillet de baudruche, puis une feuille d’or ; puis
.un feuillet de baudruche , & ainfi de fuite jufqu a
quatre cents quarante-huit inclufivement, puis quinze
emplures de baudruche , Si enfin deux feuillets de
parchemin : cet affemblage s’appelle chaudret.
D’où l’on voit que le chaudret, ainfi que le fécond
caucher, eft divifé en deux parts au milieu, dans
l’endroit où il fe rencontre quatre feuillets de parchemin
, dont deux appartiennent à la première part
du chaudret, Si la finiftent, Si deux à la fécondé
part, Si la commencent.
Le feuillet du chaudret a environ cinq pouces en
carré ; il eft de baudruche , matière bien plus délié'e
Si bien plus fine que le vélin. C ’eft une pellicule
que les bouchers ou les boyaudiers enlèvent de deffus
le boyau du boeuf : deux de ces pellicules minces,
collées l’unè^ fur l’autre, forment ce qu’on appelle
le feuillet de baudruche ; & ces feuillets de baudruche
& de parchemin, difpofés comme nous venons de
le prelcrire, forment le chaudret. Le chaudret s’en-
fourre comme les cauchers.
On bat environ deux heures le chaudret : le marteau
eft le même que celui pour les cauchers ; on
obferve en le battant , tout ce qu’on a obfervé eu ;
battant le fécond caucher ; je ve'ux dire de défourrer j
de temps en temps, d’examiner fi les feuilles d’or
défafleurent ou non ; de mettre en dedans les faces
des deux parts qui font en dehors , & celles qui font
en dehors de les mettre en dedans ; de battre félon
l’art, en chaffant du centre à la circonférençe , &c.
Lorfq u’on s’apperçoit que toutes jes'feuilles défa-
neurent, la troifième opération eft finie. •
Alors on prend le chaudret défourré avec une
tenaille, voyez f i g. 9 , a, b , ç .On ferre le chaudret
par un de fes angles, entre les extrémités a de la
tenaille; on empêche la tenaille de fe defferrer, en
contraignant une de fes bra'nches c , d’entrer dans
un des trous delà plaque x , attachée à l’autre branche
b. On a à côté de foi un couffin d’un pied de
large ; fur deux pieds & demi à trois pieds de long,
couvert de peau de veau , comme on le voit en 1 , 2 ,
fig. 3. On lève les feuillets, de baudruche de la main
gauche, Si de la droite on enlève, avec une pince
de bois qu’on voit fig. 10 , les feuilles d’or : on les
rogne avec un couteau d’acier , & on les range
par échelle fur le couffin ; on les divife en quatre
parties égales ; ce qui donne quatre fois huit cens
quatre-vingt feize feuilles d’or : on divife cenombrç
« de quatre fois huit cents quatre-vingt-feize feuilles,
en quatre portions d’environ huit cents feuilles chacune
, & l’on arrange ces huit cents feuilles dor dp
la manière fuivante, afin de continuer le travail.
Qn prend deux feuillets de parchemin, vingt-cinq
emplures de baudruche, line feuille d’o r . un feuille^
c’e baudruche; une feuille d’or , un feuillet de baudruche
, & ainfi de fuite jufqu’à huit cents inclufivement
; puis vingt-cinq emplures , Si enfin.deux
feuilles de parchemin. Cet aftemblage forme ce qu’on
appelle une m ou le : les divifions du chaudret en
quatre, donnent de quoi former, quatre moules , qui
fe travaillent l’une après l’autre & féparément.
La feuille de la moule a fix pouces en carré,
comme difent les ouvriers très-improprement; c’eft-
a-dire la forme d’un carré, dont le côté a fix pouces :
on l’enfourre & on la bat plus ou moins de temps ;
cela dépend de plufieurs eau fes : i°. de la difpofition
des outils ; z°. de la température de l’air ; 30. de la
diligence de l’ouvrier. Il y a des ouvriers qui battent
jufqu’à deux moules par jour.
Chaque moule ne contient que huit cents feuilles
d’or, quoiqu’il dût y en avoir quatre fois huit cents
quatre-vingt-feize pour les quatre ; ce qui devroit
faire plus de huit cens pour chacune ; mais partie
de cet excédent s’eft brifé dans la batte, quand il
eft arrivé que la matière étoit aigre, ou qu’elle
n’étoit pas affez épaiffe pour fournir à l’extenfion ;
partie a été employée à étouper les autres. On appelle
étouper une feuille, appliquer une pièce à
l’endroit foible où elle manque d’étoffe.
Les rognures des feuilles d’o r, fe nomment bac-
tréoles ; on lés emploie à faire l’or en coquille.
C’ eft ici le lieu d’obferver qu’il importoit affez peu
que les cinquante-fix premiers quartiers qui ont fourni
un fi grand nombre de feuilles , fuffent un peu plus
forts ou un peu plus foibles les uns que les autres ;
la batte les réduit néceffairement à la même épaiffeur :
la feule différence qu’il y a it , c’eft que, dans le cours
des opérations, les forts défafleurent beaucoup plus
que les foibles.
On commence à battre la moule avec le marteau
rond qui pèfe fix à fept livres , qui porte quatre
pouces de diamètre à la tête, & qui eft un peu plus
convexe qu’aucun de ceux dont on s’eft fervi pour
les cauchers Ôrles chaudrets : il s’appelle marteau à