
partie du métal proche de l’ouverture de la chambre
pouvoit fouvent arrêter & retenir quelque peu de
feu dans l’intérieur de la chambre. Mais nos nouvelles
petites chambres qui forment un petit canal entièrement
égal & uniforme , ne font point dans le cas
de produire le même accident.
L’adoption que l’artillerie de France en a faite y
eft d’ailleurs une preuve de leur bonté , parce qu il
eft à préfumer qu’elle ne les a adoptées qu apres en
avoir reconnu l’avantage par l’expérience qui, dans
ces fortes de matières , doit l’emporter fur les rai-
fonnemens.
Le fond de l’ame de toutes les pièces eft arrondi
dans toute fa circonférence par de petits arcs dont
le rayon eft d’environ le quart du calibre de la pièce.
Cet arrondiffement donne lieu d’écouvillonner la
pièce plus exactement, & il augmente encore la
force du métal vers la culaffe & vers la lumière.
Dans les pièces de 12 & de 4 , le canal de la lumière
aboutit à 8 lignes du fond de la première ,
à 7 du fond de la fécondé, & à 6 de celui de la
troifième. Traité d'artillerie par M . le Blond. _
40. On diftingue dans, le canon la lumière , qui eft
une ouverture qu’on fait dans 1 epaiffeur du métal
proche la culaffe, & par laquelle on met le feu à
la poudre qui eft dans le canon : elle fe fait dans
une efpèce de coquille qu’on conftruit fur la partie
fupérieure du canon.
Suivant l’ordonnance du 7 octobre 173 2 , la lumière
des pièces de canon, mortiers & . pierriers,
doit être percée dans le milieu d’une~maffe de
cuivre rouge , pure rofette , bien corroyée , &
cette maffe doit avoir la figure d’un cône tronqué
renverfé. Cette maffe fert à conferver la lumière,
parce quelle réfifte davantage à l’effort de la poudre
que le métal ordinaire du canon.
Dans les pièces de 1 1 , le canal de la lumière
aboutit à 8 lignes du fond de l’ame dans celles de
8 , à 7 lignes°, & dans celles de 4 , à 6 lignes : ce
canal va un peu en biaifant delà partie fupérieure
de la pièce à l’intérieur de l’aine , enforte qu’il fait
à peu près un angle de 100 degrés avec la partie
intérieure de la pièce vers la volée. .
La lumière aboutit à 9 lignes du fond des petites
chambres cylindriques dans les pièces de 2.4, & a
8 lignes dans les pièces de 16.
i f a été propofé autrefois differentes inventions
pour diminuer l’aâion de la poudre fur le canal
de la lumière ; mais comme elles n’étoient pas lans
inconvénient, on a confervé la manière de percer
le canal de la lumière comme on vient de le dire.
<-° Les anfes du canon font deux efpèces d’anneaux
de même métal que la pièce, placés vers les
tourillons du coté de la culaffe , auxquels on donne
la figure de dauphins , de ferpens & autres animaux ;
ces anfes fervent à paffer des cordages par le moyen
defquels on élève & on fait mouvoir le canon. Lorf-
quil eft fufpendu à ces cordages , il doit être en
équilibre , c’eft-à-dire , que la culaffe ne doit point
l’emporter fur la bouche.
Les autres parties moindres du canon, & qui appartiennent
à celles que nous venons de décrire, font
la plate-bande & les moulures de la culaffe ; le champ
de la lumière & fon ajlragale ; le premier renfort avec
fa plate-bande & fes moulûtes ; la ceinture ou Vornement
d$ volée 6* fon ajlragale ; la volée ; Vajlragale dû collet ;
le collet avec le bourrelet en tulipe ; la couronne avec
fes moulures ; la bouche.
La plate-bande eft une partie de la pièce de canon
qui a un peu plus d’élévation. que le refte
de la pièce : on peut la confidérer comme une efpèce
de gros ruban de métal qui tourne autour de
l’épaiffeur du canon. Cette pièce précédé toujours
une moulure.
Il y a ordinairement trois plate-bandes fur une
pièce régulière. La plate-bande & moulure de culaffe
; la plate-bande & moulure du premier ren-
fort ; & la plate-bande & moulure du fécond renfort.
•
Le renfort ; c eft , dans une pièce de canon, une
partie ordinairement compofée de trois groffeùrs ou
circonférences.
Le premier renfort qui forme la première circonférence
de la pièce ., fe compte .depuis 1 aftragale
de la lumière jufqu’à la plate-bande &. moulure qui
eft fous les angles. .
Le fécond renfort qui eft la feule circonférence
depuis cette plate-bande & moulure, jufqu a la plate-
bande & moulure que l’on trouve immédiatement
après les tourillons.
Ces deux premiers’ renforts vont toujours en diminuant
enfuite eft la volée , troifième circonférence
qui eft. aufli moindre en groffeur.
La volée eft.la partie du canon depuis les tourillons
jufqu’à la bouche.
Le collet eft la partie du canon comprife entre,
l’aftragale & le bourrelet.
Le bourrelet eft l’extrémité d’une pièce de canon ,
du côté de fon ouverture ou de fa. bouche. La
pièce en cet endroit eft renforcée de métal, & ref-
femble à un bourrelet.
On faifoit autrefois le bourrelet avec différens or-
nemens ou membres d’architeélure ; mais aujourd’hui
on le fait en tulipe , c’eft-à-dire, avec un ar-
rondiffement à peu près femblable à une tulipe.
Cette forme eft la plus avantageufe pour la confer-
vation des, embrâfures.
L'ajlragale eft un ornement compofé de deux
moulures ; l’une ronde, faite d’un demi-cercle ,
l’autre d’un filet. Il y a ordinairement trois de. ces
ornemens fur une pièce de canon ; favoir, l aftragale
de lumière , celui de ceinture , & celui de volée.
L’ordonnance du 7 oélobre 1732 détermine ainfi
les dimenfions du canon, relativement aux cinq
calibres des pièces de 24 , de 16 , de 12 , de 8 ,
de 4. Nous ne devons pas les omettre ici pour le
complément de l’art que nous décrivons, quoique
d’autres dimenfions aient été prefcrites par une ordonnance
poftérieure. que nous aurons foin aufli
j de rapporter.
P iè c e s d e C a n o n d e 24. d e 1 6 d e 12. d e 8. d e 4 .
L o n g u e u r d e
l ’âm e . . .
pii. pou. %•
9 6
pli. pou. U.
9 1
pi.po. û-
8 8
pi-F»' M
7 10
pi.po.H-
6 6
P ro fo n d e u r d e la
p e tite c h am b re .
E p a iffe u r d u m é ta l
à la cula ffe . .
2 6
5 5
1 10
4 9 4 4 3 9 3
L o n g u e u r d u b o u to
n . 10 i l 9 6 ' 8 8 7 7 6 1
D iam è tr e d e s to u rillo
n s . . . . . 5 5 4 9 4 4 3 10 3
S a illie d e s to u r
illo n s .................. î 5 4 9 4 4 3 10 3
C a lib r e d e la
p iè c e . . . 5, 8 4 h 4 6 3 11 3 2
D iam è tr e d u b o u l
e t .......................... 5 6 4 9 4 4 3 9 3
L o n g u e u r to ta le . XI 1 0 6 ï o • 8 10 7 3
P o id s d e la p iè c e . 5 4 0 0 liv . 4 2 0 0 liv . 3 2 0 0 1. 2 1 0 0 1. 11 5 0 1.
La même ordonnance affujettit tous les fondeurs
à fuivre le même profil ou les mêmes moulures dans
les différentes pièces des cinq calibres : on joint ici
la table des dimenfions de ce profil qui accompagne
cette ordonnance. On y fuppofe le calibre de chaque
p iè c ed iv ifé en 3 6 parties égales. Ce font ces
parties, qui fervent à exprimer ou donner les différentes
dimenfions de ce profil général.
T a b l e des dimenfions des moulures d'une pièce de
canon , exprimées en parties de fon calibre divifé
en 36 parties égales.
N om s d e s m o u lu r e s . L a rg e u r . S a illie .
I Plinths ou plate-bande de
la culaffe. . . 'v- V 9.,
2 Tore de la culaffe. . .
3 Liftel inférieur delà gorge. 36 3 - 36
4 Gorge de la culalle. . . 3 6 Les extrémités
finiflent aux angles
des liftels.
5 Liftel fupérieur de la gorge. Tif
6 Rondeau de la culatie. .
7 Liftel du rondeau. . . . Tr
8 Champ de lumière. . . tI Vif de la pièce.
0 Liftel inférieur de l’aftragale
du premier renfort. 3 6 108
10 Aftragale du premier renf
o r t . ............................ ~
1 1 Liftel fupérieur de l’aftragale
du premier renfort. 36' 108
22 Plate-bande du premier
renfort. . . . . . 36 ■ 10
T—î—au plusfaillant.
13 Doucine du renfort. . I 7
36 <-y^-au moyen.
v-T^rau plus bas.
14 Liftel de la doucine dufecond
renfort. . . . Tr
IÇ Plate-bande du fécond
renfort............................ 6 3 6 108
( _L_au plus faillanc.
26 Doucine de la volée. . . 6 36 -<-y^-au moyen,
(.-yj-au plus bas.
N om s d e s m o u lu r e s . L a r g e u r . S a illie .
17 Liftel de la doucine de la
y volée................... ..... . —
18 Ornemens de la volée. . y|
19 Liftel inférieur de l’aftragale
de la volée. . . fz
20 Aftragale de l’ornement de
. la volée. . . . . . ÿf
J os
V if de la volée.
21 Liftel fupérieur de laftragale
de la volée. . .
22 Scotie de l’aftragale du
collet...............................
23 Ceinture de la fcotie. . .
24 Aftragale du collet.
25 Le collet & le bourrelet
en tulipe formés en doucine
renverfée. . -. <
26 Ceinture de la couronne.
27 Couronne. . . . . .
28 Réglet ou ceinture de la
bouche............................
Longueur totale de la pièce y
compris le bouton de la
culaffe............................
36
'__L.au p lu s h a u t.
——au p lu s b a s.
36
36 Tù
TZ T<f
plus haut.
j f è -ÿVailpïus bas,
* JS 3 6 36
4 f - J—au plus haue.
36. ^-A_au plus bas.
Te ~36
2 2 diam
è tr e s .
Manière de faire les moules des canons & de les
fondre.
Avant tout, il eft à propos d’avoir les terres préparées.
La première qu’on emploiera fur la natte ,
ainfi qu’il fera dit ci-après, fera de la terre graffe
détrempée avec de la poudre de brique : la quantité
de la poudre de brique dépend de la bonté de
la terre graffe.
La fécondé terre qui fervira pour le moule fera
pareillement de la terre graffe bien battue , avec
de la-fiente de cheval & de la bourre : la quantité
de fiente de cheval dépend aufli de la qualité de la
terre.
La troifième nommée potée > dont on fe fervira
pour commencer la chape du moule, fera de la
terre graffe très-fine & paffée au tamis , mêlée de
fiente de cheval, d’argile & de bourre. La terre
graffe, l’argile Ôc la fiente de cheval fe mettront
en partiés égales avec un tiers de bourre.
La quatrième qui s’appliquera fur la potée’, fera
de la terre graffe avec fiente de cheval & bourre
dans la proportion ci-deffus.
Il y a une façon de faire une potée qui fera meilleure
que la précédente. Prenez une demi-queue de
terre à four, .deux féaux de fiente de cheval ; mêlez
le tout dans un tonneau avec de l’eau commune
, & l’y laiffez plufieurs jours, au bout defquels
faites des gâteaux de ce mélange ; faites fé-
cher ces gâteaux ; pilez-les bien menu ; mettez cette
poudre à détremper avec de l’eau de fiente de cheval
; broyez-la ainfi détrempéeavec une molette,
j fur une pierre à broyer les couleurs» Quand elle