
groffeur Si le nombre des rangs de ficelle dont on
les coüvre.
Les gros marrons contiennent ordinairement une
livre de poudre, & font un bruit auffi éclatant que
les boîtes de métal que l’on tire dans les réjouiffances
publiques. Quand ces marrons font d’une certaine
groffeur3 on y place, au lieu d’étoupille, un petit
porte-feu de compofition lente, afin d’avoir le temps
de s’en éloigner pour, éviter les éclats, qui en feroient
dangereux.
Les petits marrons peuvent fervir à garnir des
fufées pour faire une belle efcopetterie ou explofion
de feu.
Les marrons luifans fe font avec de petits marrons
dont on couche l’étoupillefur un des côtés, & que l’on
y colle avec de l’amorce. Quand l’amorce eft sèche,
on couvre les marrons de pâte d’étoile, d’environ
deux lignes d’épaiffeur ; & pendant qu’ils font encore
humides on les roule fur du pouflier qui s’y attache
& leur fert d’amorce. On colle deffus deux petites
bandes de papier en croix, afin de retenir cette
pâte, & de l’empêcher de s’écailler en féchant.
On fait de petites balles qu’on appelle grains d'or,
à caufe de la couleur de leur.feu'que donne la compofition
fuivante.
Prenez quatre onces de gomme' adragant ou arabique
, pulvérifée & paffée au tamis, autant de verre
groffièrement pilé , deux onces d’orpiment, autant
de camphre diffous dans de l’eau-de-vie ; une once
& demie de falpêtre, pareille quantité d’ambre blanc,
& une demi-once de foufre. Faites de tous ces in-
grediens une pâte , & formez-en de petites boules
comme de gros pois, qu’il faut rouler , pendant
qu’elles.font fraîches , dans la poudre pilée pour les
amorcer ; on les emploie dans les pots de fufées
quand elles font sèches. Il faut avoir foin d’éviter
l ’odeur de l’orpiment qui eft très-nuifible.
Les fauciffons d’artifice ne diffèrent des marrons
que par la forme. L’effet en eft le même ; on moule
des cartouches de tel calibre que l’on veut ; on leur
donne de hauteur trois à quatre diamètres extérieurs ;
on les fait moins épais que pour la fufée volante,
afin de pouvoir les étrangler lorfqu’ils font chargés;
on les étrangle abord par un bout en s’efforçant
de les fermer entièrement ; on frappe un bon tampon
de papier dedans; on le charge de poudre grainée ;
on met un autre tampon de papier par deffus , qu’il
fuffit de ferrer à la main avec la baguette pour ne
pas écrafer la poudre ; énfuite on l’étrangle, & l’on
rogne ce qui excède la ligaturé dé l’étranglement
comme inutile : après quoi, on le couvre de deux ou
trois rangs de ficelle collée de colle forte , comme
on l’a dit pour les marrons , & lorfqu’il eft fec, on
le perce par l’un des bouts ; on l’amorce de même;
figures 62 S>l 137.
Les fauciffons s’emploient pour terminer, avec
bruit , certains artifices , comme lances.^, jets Si
autres. On en garnit auffi des fufées volantes, &
inêmç on en mêle avec d’autres garnitures. Leur
forme cylindrique les font préférer en certains cas
aux marrons.
Quand on veut avoir des faucijfons volans, on
moule des cartouches de fept lignes de diamètre
intérieur & de cinq pouces de hauteur ; on les
étrangle a trois pouces ; on paffe uné longue étoupille
dans le cartouche à travers le trou de l’étranglement;
on pofe le cartouche du côté le plus fort
fur un culot fait exprès, dont le cylindre, qui n’a
que fix lignes de diamètre , &. qui fe termine en
demi rond , entre jufte dans cette partie de la fufée ,
qui doit avoir affez de longueur pour que l’etran-
glement porte deffus. On charge les fauciffons volans
à petite charge de la compofition en poudre pour les
lardons ; & a chaque charge, on prend l’étoupillè
qui enfile le cartouche , on la tourne en rond fur la
compofition, enforte que le fauciffon étant chargé,
l’étoupille, renfermée dans la compofition, ait une
forme fpirale. On la laiffe déborder d’un demi-pouce,
& l’on amorce le fauciffon fans l’étrangler. Quand
l’amorce eft bien sèche , on remplit l’autre partie de
poudre grainée ; on met un tampon par deffus ; on
ferme le cartouche par un étranglement. L’étoupille
qui paffe dans la gorge Si qui communique a la
poudre, fert à y donner feu ; on couvre enfuite d un
rang de ficelle bien collée avec de la colle forte ,
cette partie qui renferme la poudre.
Les fauciffons étant ainfi chargés, on l'es met dans
des pots proportionnés à leur groffeur, & qui aient
deux fois & demi leur longueur pour le moins-. On
ne met ordinairement'qu’un fauciffon dans chaque
pot fur une chaffe. Ces pots doivent être arrangés
& difpofés fur un brin, qui eft le nom que l’on donne
à une barre ou chevalet de bois defti-né à les porter.
Voyez fig. i2p, des fauciffons fur un brin.
L’effet des fauciffons volans eft de vriller en
montant en l’air, & de terminer leur vol par un
grand coup. Ce mouvement fpiral leur eft donné
par l’étoupille qui eft contournée , & qui brûle
plus vite que la compofition. On peut varier le
fpe&acle, en mettant alternativement un fauciffon
qui vrille, Si un autre qui monte droit, ce dernier
étant chargé fans étoupille. V oyez fig. 42, une
fufée garnie de fauciffons. ‘
Quand on veut former un globe d’artifice propre
à garnir une filfêe volante’, fig. 48 3 on moule fur
une boule de bois, deux hémifphères de pâte de.
papier, de la grandeur proportionnée ‘au pot d’une
greffe fufée, dans lequel le globe doit entrer. On
les remplit de marrons luifans, & l’on mêle parmi,
de la compofition des chaffes des pots à feu, ( dont
nous parlerons ci-après ) tant pour leur donner feu,
que pour faire crever le globe avec fracas. On rejoint
les deux hémifphères avec de ta colle forte;
puis on attache des bandes de papier, avec de la
colle de farine , fur la fciffure ; on y perce un trou
ave£, un poinçon , & l’on y fait, entrer une étoupille
, le plus avant qu’il eft poffible; on couche
le bout de cette étoupille fur le globe, auquel on
l’arrête ayec de l’amorce; on le couvre enfuite de
pâte d’étoiles, de l’épaiffeur de deux lignes'; on colle
deffus deux bandes de papier en croix/pour empêcher
qu’elle ne fe détache ; on la poudre, tandis
qu’elle eft fraîche , d’un peu de pouffier qui lui
fert d’amorce ; Si quand le globe eft bien fe c , on
le met fur une chaffe, dans le pot de la fufée.
Ce globe de feu.fe diffipera avec éclat, & pa-
roîtra fe partager en d’autres petits globes , dont
l’effet fe terminera par une brillante explofion.
On peut encore, fi l’on v eut, enduire le globe
d’artifice avec une pâte , que l’on nomme roche à
feu. C ’eft une compofition fondue, qui s’emploie
avec un pinceau, Si qui devient fort dure lorfqu’elle
eft sèche. Son feu n’eft pas moins lumineux que
celui de la compofition d’étoiles, Si ne s’éteint point
dans l’eau. Voici la manière de préparer cette pâte.
liv r e , o n ces.
Prenez Soufre fondu lentement, x
Salpêtre, ..................................4
Pouffier, . . . . . • . 4
Poudre grainée, . . . . 3 •
Quand le foufre eft fondu, on jette le fajpêtre
dedans, on le remue jufqu’à ce qu’il foit bien incorporé,
Si qu’il faffe une pâte; on ôte enfuite la
matière de deflus le feu ; on y verfe le pouffier ;
on remue bien le tout ; & quand la compofition
commence à fe refroidir, on y ajoute la poudre
grainée.
Les pots à feu font des cartouches de carton,
dont le diamètre Si l’épaiffeur font proportionnés
à la groffeur des fept lardons qu’ils doivent contenir.
C ’eft ordinairement le nombre que l’on emploie
, parce qu’il s’arrange en rond beaucoup mieux
qu’aucun autre , & qu’il remplit l’intérieur du pot.
Sa hauteur doit être de cinq à fix diamètres. Il fe
moule comme les cartouches des fufées volantes ;
mais il eft, à proportion , moins épais; il fuffit qu’il
puiffe réfifter à feffort de la chaffe fans crever. Il
y a quelque différence pour la façon de les étrangler
; on ménage un trou dans la gorge, afin de
pouvoir y paffer le porte-feu; & , au lieu d’une
petite écuelle qui termine la gorge des fufées, on
forme quatre angles ou quatre plis 'avec le carton
qui excède l’étra'nglement ; ils fervent à arrêter la
ligature, tant de l’étranglement que du porte-feu.
Voyez fig. 68, le développement d’un pot à feu;
fig. 122, un pot à feu ordinaire ; Si fig. 128, une
fuite de pots à feu, difpofés- fur une barre ou chevalet
de bois.
Pour faire la chaffe des pots, que l’on nomme auffi
le fac à poudre, on coupe autant de morceaux de
papier que l’on veut faire de chaffes. On prend
les cylindres fur lefquels on a moulé les pots ; on
pofe le carré de papier fur l’un de fes bouts ; Si
en le maniant & preffant deffus, on lui fait prendre
la forme cylindrique.
’ n.3 C(>rnP0^’t'10n dont on fait les chaffes eft fimple;
c eft une livre de relien, mêlée avec quatre onces
ue charbon.
On en met dans chaque papier , à peu près la
hauteur de huit à neuf lignes , fans être roulée,
ou la. feptième partie de ,1a pefanteur de la garniture;
on place au milieu le porte-feu , qui eft un
cartouche formé de deux cartes, roulées par le côté
le plus étroit, fur une petite baguette de fer, de
deux à trois lignes de diamètre. On paffe une
étoupille dedans ; Si on l’y arrêté par les deux bouts
avec de l’amorce. Cette étoupille doit excéder le
cartouche, d’environ huit lignes de chaque-côté.
Le porte-feu étant pofé dans le fac à poudre,
on fait joindre le papier tout autour, en l’appla—
tiffant fur la compofition, de forte qu’il conferve
fa forme ronde , & qu’il ait à peu près celle d’un
champignon. On le lie fur le porte-feu avec du
fil; on rogne le papier qui excède la ligature. On
fait entrer la chaffe dans le p o t, le' porte-feu le
premier ; Si comme elle n’y entre que bien jufte,
on l’enfonce avec une baguette , moins greffe que
celle à rouler, qu’on appelle le repoujfoir. Si lé porte-
feu n’enfiloit pas bien droit le trou de l’étranglement
du pot, il faudroit le redreffer avec un poinçon
; & lorfqu’il eft vis-à-vis, enfoncer la chaffe
jufqu’à ce qu’elle joigne le fond du pot. Après quoi
on lie bien ferme l’étranglement, de manière que
la ficelle en paffant fur chaque; angle du carton,
qui excède l’etranglement, embraffe le porte feu ,
pour le lier Si unir au cartouche. On entortille la
ficelle autour d’un petit bâton que l’on tient dans une
main, afin d’avoir plus de force pour la ferrer, Si
l’on termine la ligature par le noeud de Tartificeir.
Enfuite on prend un poinçon long, menu Si
aigu , que l’on appelle pique-chajfe ; on en perce-
le fac à poudre de fept à huit petits trous ; on
répand deffus un peu de pouffier , & on y place
les fept lardons. On met avec le repouffoîr un tampon
de papier chiffonné deffus, pour les empêcher
de fe déranger ; puis on ferme le pot avec un rend
de papier double, qui doit être collé & bordé d’une
bande. On colle une autre bande -fur la ligature
de l’étranglement.
Les pots en cet état font prêts à être pofés fur
le brin, qui eft la barre de bois préparée pour les;
■ porter. Si cette barre a fix pieds de longueur, on.
lui donne deux pouces Si demi de largeur , fur.
deux pouces d’épaiffeur. On perce des trous de.-
cinq à. fix lignes de diamètre fur la largeur., pour
y placer des pots, en faifant entrer le porte-feu.
dedans , Si l’on ne met que trois à quatre lignes-
d’intervalle entre chaque pot. On donné a,ces trous,
dix lignes de profondeur ; on fait une rainure demi-
circulaire par deffous la barre, telle qu’on puiffe-
coucher dedans un porte-feu de. carte', fans-qu’il déborde
; & l’on perce de petits trous de deux à trois,
lignes de diamètre, qui? communiquent de cette*,
rainure dans les grands trous.
Il y a deux façons de garnir , Time pour faire
partir les pots tout à la fois; l’autre, que l’on appelle
à ordonnance, pour qu’ils ne partent que l’uni
après l’autre^