
miner fon mémoire fans parler d’une tentative quil
a faite pour améliorer l’ardoife trop tendre qu’on
tire de plufieurs carrières des bords de la Meufe.
11 en réfulte que l’ardoife, cuite dans un four à briques
ordinaire, ( ce qui ne coûte que trente fols par mille)
devient d’un rouge pâle, & acquiert une dureté qui
la fait durer au moins le double de la crue. Celle ,
dit-il, que j’ai fait verniffer de la même manière
qu’on vernit les poteries de terre eft tout-à-fait impénétrable
à l’eau , & ne.peutpar conféquent jamais
prendre la moufle ; mais la dépenfe va environ à
huit francs de plus par mille. La dureté que l’ardoife
acquiert à la cuiflon n’eft point aigre ; de forte qu’elle
n’en devient pas plus caflante, mais il n’eft plus
poffible de la tailler ni de la percer ; c’eft pour cela
qu’il faut avoir attention de la reparer & de faire les
trous pour les clous, avant que de là mettre au four.
On doit par la même raifon faire cuire des moitiés
& des quarts pour former les rangées dont la longueur
ne s’accorde pas précifément avec la largeur
des ardoifes ; il faut auffi en faire cuire de tranchées
en biais fur 3 5 ,4 5 & 60 degrés, pour les noues &
les arrêtiers. Cela fuffit dans tous les cas, fur-tout
à Paris oh l’ufage eft de couvrir les arrêtiers en
plomb, & où il eft par conféquent inutile que les
ardoifes qui les forment joignent fi parfaitement.
■ Second mémoire fur les ardoifères qui fe travaillent à
' ciel ouvert.
Les carrières d’ardoife d’Ânjou font fituées fur
une côte qui règne du côté du levant, depuis Angers
jufqu’à Trelazé ; du côté du couchant il eft interrompu
par la rivière de Mayenne ; il n’eft point
efcarpé, fe perd fouvent dans la plaine, & fa pente
n’eft fenfible que du côté de la rivière. Sa dire&ion
depuis Avrillé paflant par Angers & traverfant la
Mayenne jufqu’à Trelazé, fur deux lieues de -dif
tance , eft telle que les huit différentes carrières ouvertes
fur cette étendue, & toutes les anciennes
fouilles , font une ligne continue du levant au couchant.
Toutesles ardoiferies fonttraverfées de grands
délits ou fils féparant les couches ou bancs d’ardoife
qui ont tous leur direction du levant au couchant ,
& qui étant paralèlles font inclinés à l’horizon, en
feplongeant vers le nord; c’eft-à-dire,, que le fom-
met de la couche fe retire du côté du midi d’environ
vingt degrés. .
Quand on veut ouvrir une carrière,, on choifit
un terrain à peu près carré, que l’on fouille jufqu’à
quinze pieds environ de profondeur oir fe trouve
communément le vrai banc ou franc quartier propre
à fournir l’ardoife ; alors on forme dans le milieu
dç l’emplacement une tranchée de neuf pieds de
profondeur, d’après laquelle on enlève tout le rocher
dans l’efpace déterminé pour la fuperficie de
la carrière.
Cette première épaiffeur de rocher ainfi déblayée
fur neuf pieds de profondeur , fe nomme foncée ;
le travail fe continue fuivant le même ordre, Si
toujours par foncée, obfervant eflentiellement que
la paroi du côté du nord oh toutes les couches fe
trouvent dans leur plus grand défavantage par leur
inclinaifon naturelle du pied vers le nord , & du
fommet vers le midi, fo.it formée par gradins ou
banquettes, pour prévenir le devers ou écroulement
defdites couches ; que l’autre paroi du midi foit
taillée en talus, fuivant l’inclinaifon des couches
qui par conféquent n’ont pas befoin d’être garanties
par aucune banquette , comme étant dans leur pofi-
tion naturelle ; & que les deux côtés du levant Si
du couchant, qu’on nomme les chefs de la carrière,
foient prefque à-plomb , ou du moins n’aient fur
toute leur hauteur que des retraites d’environ deux
pouces de neuf pieds en neuf pieds , lefquelles
annoncent chaque foncée.
Sur l'a paroi élevée à-plomb du côté du couchant
qui eft le principal chef de la carrière, on conftruit
un mur à pierre feche jufqu’au niveau du terrain
fupérieur, fur lequel on établit les machines à
moulette,qui fervent à faire les épuifemens des eaux
Si l’extraéfion des matières.
Les carrières font plus ou moins profondes ; cela
dépend de la qualité du rocher ou des évènemens
qui peuvent en caufer la ruine ; les plus profondes
s’exploitent jufqu’à vingt-quatre foncées, ou deux
cents feize pieds de profondeur , & jamais au-delà
de trente foncées ou de deux cents foixante-dix pieds :
c’eft alors que l’abondance des eaux qui fe réunifient
facilement dans le fond de ces carrières, & la
crainte de l’éboulement des parois-verticales, & de
celui en banquette, les dépenfes qui augmentent
à proportion des forces redoublées qu’il faut employer
"pour l’enlèvement des eaux & des matières
, paffent pour des obftacles infurmontables
pour defcendre à une plus grande profondeur. L’expérience
nous apprend néanmoins que plus.ces carrières
font profondes , plus l’ardoife eft abondante,
& plus elle augmente de beauté Si de qualité.
D ’après ce principe fondé fur 1-expérien.ce, il eft
aifé de conclure qu’on ne peut apporter trop de
foins, de travail Si d'intelligence à k perfeâion des
manoeuvres qu’exige l’extraélion. d’une matière fi
belle & fi néceffaire.
Je pofe pour principes que Y exploitation ordinaire
des carrières d’ardoife eft fufceptible, dans fa forme
& dans fon état aéfuel, de plufieurs avantages qu’il
eft de l’intérêt public de ne pas négliger , & qu’en
s’écartant de l’ufage ordinaire, on peut fe flatter de
les rendre plus belles , plus fûres &. plus avanta-
geufes.
Quoiqu’il foit démontré par l’expérience que plus
onjapprofondit une carrière, & plus la matière qu’elle
produit eft abondante belle ; fuppofons un inftant
qu’on regarde la profondeur de trente foncées ,
comme le nec plus ultra, on doit au moins en ce cas
s’occuper des moyens d’y parvenir avec le plus
davantage poffible. Il eft donc effentiel de déterminer
avec intelligence les premières opérations Si jes premières
fouilles d’une carrière, qui décident pour l’ordinaire
de fa réuffite. Le cube à enlever étant un
prifme qijadrartgulaire, dont deux cotés font cenfés|
parallèles, & les deux autres ont la même inclinaifon
; on en doit aifément connoître la bafe fupé-
rieure, pyifque l’axe Si les angles font connus.
O r , fi J’on corifidère la coupe de la carrière du
couchant pu du principal chef, on remarquera que
les parois du midi Si du nord étant taillées fuivant
un même angle d’inclinaifon en fens contraire, ils
doivent fe réunir ou fe couper à une profondeur
qui fera déterminée par leur inclinaifon commune
Si la largeur de la bafe fupérieure. Ils forment alors
un triangle ifocèle dont les angles fur la bafe,. qui
eft l’ouverture du haut de la carrière , font chacun
de foixante - dix degrés , & dont la pointe ou le
fommet eft à la feéfion des plans des parois du nord
& du midi qui en font l.ës. côtés..
L’exploitation ordinaire des carrières, exigeant de.
jae point réunir les ferions des parois du nord &
du midi, Si de réferver une partie rectangulaire à
la profondeur des trente foncées , oh l’on a pour
but de defcendre ; il eft évident que l’axe du prifme
quadrangulaire fupérieure fera exprimé par deux
cents foirante-dix pieds, hauteur des foncées ; Si
que fi l’on fuppofe que de part Si d’autre de cet
axe, il refte dans le bas vingt pieds de largeur jufqu’au
pied des parois du nord Si du midi, on parviendra
facilement à connoître la ligne horizontale
du haut de la carrière , qui exprime la moitié de
Ibn ouverture depuis l’axe jufqu’au fommet de la
couche ; car en fuppofant que l’on prolonge les deux
parois du nord & d u midi jufqu’à leur feétion, l’angle
que formeront ces deux plans au fommet du triangle,
fera de quarante degrés , puifque les deux de la bafe
font chacun de foixante-dix ; ce qui fera vingt degrés
pour la moitié de l’angle de la pointe du priîme
triangulaire & idéal qui reftera en terre fous le quadrangulaire,
O r , ce prifme triangulaire étant coupé
en deux parties par l’axe, chacun des triangles fera
facilement connu, tant pour les angles, que pour les
côtés ; car i’angle du fommet eft de vingt degrés,
celui joignant l’axe de quatre-vingt-dix, le troiiième
fera de foixante-dix degrés ; & puifque la bafe de
ce triangle eft de vingt pieds, ainfi qu’on l’a déterminé
ci-deffus par un fimple calcul des finus , on
aura la hauteur de l’axe du prifme triangulaire inférieure
, & conféquemment celle du prifme‘ total
triangulaire réunifiant les deux autres: d’oh l’on voit
que par une proportion très-fimple des triangles fem-
blables, on connoîtra la bafe du grand triangle fupé-
neur, qui eft l’ouverture totale de la carrière.
Il réfulte dè ce qui vient d’être dit 1 que l’axe du
prifme quadrangulaire qui exprime la profondeur oh
l’on veut defcendre- étant de deux cents foixante-dix
pieds , l’axe du petit prifme triangulaire inférieur
fera de cinquante - quatre pieds, la hauteur totale
des axes réunis de trois cents vingt-quatre pieds,
& la bafe du triangle ou la largeur de l’ouverture
de la carrière , de deux cents quarante-deux pieds ;
ce qui fait connoître que cette ouverture doit être
a la profondeur à laquelle on fe proppfo de dçfcendre,
comme vingt-quatre eft à vingt-fept. Mais
fi l’on fait attention que tous les accidens qu’on
éprouve d’ordinaire dans ces fortes de travaux proviennent
prefque toujours de l’écoulement de la
paroi du nord., oh toutes les couches font coupées
dans leur plus grand défavantaee par leur inclinaifon
naturelle , on Tentira la nécemté en laiffant fubfifter
le talus de la paroi du midi qui doit être invariable,
puifqu’elle fuit l’inclinaifon des couches elles-mêmes ,
de donner plus de talus à celui du nord , pour rendre
par ce moyen la charge fupérieure des banquettes
beaucoup moins confidérable. L’expérience même
confirme que les déblais deviennent toujours né-
ceffaires dans cette partie pendant le travail ; mais
que fouvent, par des manoeuvres précédentes & non
raifonnées, on fe trouve dans l ’impoffibilité de les
faire avec fùccès.
Il eft donc queftion de déterminer quel eft l’angle-
qu’il conviendroit de donner à cette paroi du nord
pour lui affurer l’inclinaifon la plus avantageufe ; il
n’eft pas douteux que la défunion confiante des couches.
par les matières étrangères qui les pénètrent,
& les fils accidentels qui les divifent en tout fens,
doivent, les faire regarder, comme tendantes continuellement
à s’écrouler, & que par cette raifon ,
l’angle le plus avantageux qu’on pourroit fixer à la
paroi du nord, feroit celui des grands talus des terres
rapportées qu’on fait être de cinquante-cinq degrés :
ce feroit fans contredit fe mettre au deffus des accidens
, mais augmenter confidérablement la dépenfe
fans une néceflité abfolue , au lieu qu’en fe fixant à
quarante - cinq degrés , talus ordinaire des terr-es
moins coulantes, lés opérations pratiquées deviennent
plus aifées, , &. l’inquiétude des accidens doit
ceffer également.
On peut donc conclure avec certitude de ce qui
vient d’être dit, que toutes les fois qu’il fera queftion
de former une carrière d’ardoife, la largeur de l’ouverture
fur le principal chef, doit être à fa profondeur
telle qu’elle foit dans le rapport de quarante-un
à vingt-fept, c’eft-à-dire, pour plus grande facilité
dans la pratique, que le point de l’axe fera aux deux
tiers de la largeur de la bafe de la carrière , dont
deux tiers jufqu’au fommet de la paroi du nord, Si
un tiers jufqu’à celui de la paroi du midi, en fe reçu?
lant, s’il eu béfoin , jufqu’à l’inclinaifon favorable
de quelque couche ; je joins , pour plus grande in-*
telligence, vin exemple au precepte.
Si l’on veut defcendre à trois cents pieds de profondeur
, on dira; deux cents foixante-dix pieds de
profondeur d’une carrière, exigent pour la largeur
de fon ouverture quatre cents onze pieds : combien
trois cents pieds exigeront-ils ? Le réfultat fera de
quatre cents cinquante-çinq pieds, dont cent quatre-
vingt-cinq pour la diftance de l’axe aux parois du
midi, Si deux çents foixante-dix à celui du nord.
On doit d’autant plus fentir la néceffi.té d’agir
: en pareil ,cas avec intelligence Si avec réflexion
que nous avons vu des entreprifes confidé^
\ tablés £n ce genre ç.chpuer par k foule caufe
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