
cire au fond de l’ame , lorfque l’épaiffeur de derrière
de la culaffe n eft pas allez confldérable. On
met fur cette cire du fable un peu moite ; on le
frappe avec un refouloir jufqu’à la hauteur des an-
fes ; on fait chauffer la pièce ; on place au deffus
un écheno de terre ; la pièce eft à deux pieds au
•deffous de l’écheno qui y conduit le métal. Il y a
dans le fourneau à peu près 800 livres-de métal. On
pratique un gros jet pour la lumière : elle s’abreuve
de métal par ce jet ; on la laiffe refroidir ; on em
lève ce qu’il y a de trop , 6c on fore une nouvelle
lumière.
Un fondeur Polonois , nommé Banii , indique
un autre procédé : il creufe la lumière en écrou avant
que d’y couler le métal ; le métal s’engage fi bien-
dans ces tours ou pas d’écrou , qu’il n’en peut être
chaffé. ’ t
On apropofé d’autres moyens que les précédées,
pour mettre des grains , mais qui ont tous leurs in-
convéniens. On dit que M. G o r , commiffaire des
fontes de Perpignan , propofa en 1736 le moyen
de mettre le grain à une pièce en moins de quatre
heures fans la démonter.
Quand on veut .refondre des pièces de canon, il
faut les mettre en tronçons , 8c les jetter dans le
fourneau ; pour cela , on fait une rainure à la pièce
dans l’endroit oh l’on doit la couper avec une tranche
6c le marteau ; puis on fait une maçonnerie
sèche de quatre briques d’épaiffeur ; on y place la
pièce en équilibre ; on remplit de charbon allumé
la maçonnerie ; on fait chauffer la pièce jufqu’à lui
donner la couleur de cerife ; piuis on élève un gros
poids avec la chèvre qu’on laiffe retomber à-plômb
fur la pièce qui en eft brifée.
Des lavures.
Dans les lieux ou l’on fond 8c oh on alèfe les
canons , il refte des grains, des fciures 6c autres
pièces de métal mêlées avec les ordures. Il en refte
auffi dans les fourneaux attaché au fond de Pâtre
qu’on appelle gâteau. La manière de féparer ces
portions métalliques , s’appelle laver ; 6c ces portions
métalliques féparées fe nomment lavures. Pour
la v e r , on fait paffer le ramas de matières hétérogènes
tirées de l’atelier de l’aléfoir 6c des terres de
la fonderie par plufieurs eaux. On met au moulin
ce qui fort des eaux. Il y a deux fortes de moulins ;
la première n’a rien de particulier, elle reffemble
aux moulins à cidre: c’eft une.meule de fer coulé
d’environ trois pieds de diamètre fur quinze pouces
d’épaiffeur , pofée verticalement fur une cuvette
coulée auffi de fer , 6c aflife fur une maçonnerie.
Les rebords de la cuvette ont fix pouces de
haut: un levier paffe au centre de la meule, la
traverfe 6c fe rend dans un arbre vertical mobile
fur lui - même , & foutenu par en-haut dans une
folive oh entre fon tourillon * 6c par en-bas fur
une crapaudine placée au centre de la cuvette. Deux
hommes s’appliquent au levier, 6c font tourner avec
l’arbre la meule qui écrafe les lavures : quand elles
font bien écrafées j on les relave , puis on les fond
pour les mettre en faumon.
Voici d’après les Mémoires <£artillerie de Saint-Remi,
le tableau des prix accordés par le gouvernement
pour les façons des pièces de canon fabriquées dans
les fonderies du roi. Si ces prix ont changé depuis,
on y verra du moins les proportions qui étoient
obfervées dans la valeur , relativement aux diffé-,
rens calibres des pièces.
Table du prix des façons des pièces de canon.
Fonderies
d u .
R o i .
J Pièce de 24.
Pièce de 16 .
J Pièce de 12.
1 Piè ce de 8. --
J . P iè c e ‘de 4.
Pièce de 4, de brancard !
& à dos d e mulet. |
Pièce de deux, longu e ,
pefant 6 à 700.
J Pièce de 2 , courte. |
| Prix des Lumières. |
liv. liv. f. liv. liv. liv. liv. liv. liv. liv.
Paris. . . . 800 700 600 450 350
D o u a y . . . 7 5 ° 7 1 2 10 fOO 400 500 200 IOO
Strasbourg. 1000 950. 650 550 400 IOO
L y o n . . . . 900 850 600 <00 350 IOO
Perpignan. 800 750 550,450 300 220 300 200 IOO
Les métaux étoient fournis par le roi aux com-
miffaires des fontes ; il leur étoit accordé; dix pour
cent de déchet fur tous les métaux livrés en ouvrages
neufs faits ,' parfaits 6c reçus.
Le roi fourniffoit auffi les outils 6c uftenfiles de
fonderie ; mais les commiffaires des fontes étoient
chargés de pourvoir à leurs frais au radoub 8c à l’entretien
des outils 8c uftenfiles qui leur étoient remis
en bon état, 6c dont on les chargeoit par un inventaire
en bonne forme.
Le roi payoit àDouay 6c à Perpignan trois fous , à
Lyon 6c à Strasbourg trois fous fix deniers de
façon pour chaque livre de métal pefant pour les
petits ouvrages , comme poulies, boîtes à rouage,
mortiers 6c pilons pour compofitions , boîtes à
fignaux , 6c autres petits ouvrages à l’ufage de l’artillerie.
Les pièces de canon, mortiers 6c pierriers, étoient
portés aux lieux deftinés pour leur épreuve, 6c rapportés
dans les fonderies aux dépens du roi, à l’exception
des pièces rebutées, que les commiffaires
des fontes étoient obligés de faire rapporter à leurs
frais 6c dépens.
Dans les cas preffans, 8c lorfqu’il étoit ordonné
aux commiffaires des fontes de ne point réparer les
pièces, ils étoient tenus de les livrer bruts ; alors
on leur rabattoit 50 livres par pièce de 24 , de 16 8c
de 1 2 ,6c 25 livres par chacune pièce de calibre inférieur
, ainfi que pour les mortiers 6c pierriers.
Canons de la nàuvelle invention, ou àVefpagnole.
On appeloit ainli des pièces imaginées vers la
fin du fiècle dernier, qui avoient une chambre au
fond de l’ame en forme -de fphère un peu applatie.
Ces canons étoient donc plus courts que les autres.
L’objet qu’on s’étoit propofé dans cette invention,
étoit de chaffer le boulet dans un canon plus court,
moins pefant, 6c par conféquent plus aifé à tranfpor-
ter que les anciens, avec la même force que dans les
canons ordinaires.
Pour cela on faifoit aboutir la lumière à peu près
vers le milieu de la chambre fphérique, afin qu’il
s’enflammât une plus grande quantité de poudre à
la fois, que lorfque Yame du canon, étoit partout
uniforme.
L’expérience a prouvé la réuffite de ce qu’on
s’etoit propofé dans la conftruftion de ces fortes
de pièces ; car , quoique beaucoup plus courtes que
les anciennes, 8c avec une moindre quantité de poudre
, elles produifent les mêmes effets ; mais comme
il étoit difficile de nettoyer leur capacité intérieure ,
après que la pièce avoit tiré » il y reftoit fouvent
du feu qui produifoit de fâcheux accidens aux ca-
noniers chargés du fervice de ces pièces, fur-tout
lorfqu’il étoient obligés de tirer promptement. D ’ailleurs,
la poudre avant de fortir de la chambre , agif-
foit de tous côtés avec une fl grande impétuofité
qu’elle brifoit les affûts, ou du moins qu’elle les met-
toit en très-peu de temps hors de fervice ; elles
avoient auffi, par une fuite néceffaire de ce grand
mouvement, beaucoup de recul 6c très-peu de juf-
teffé dans leurs coups. Toutes ces confldérations
font abandonner l’ufage de ces pièces, malgré leurs
avantages particuliers ; 6c l’on a même fait refondre
la plupart de celles qui fe trouvoient dans les ar-
fenaux 6c dans les places.
Nous,dirons à cette occaflon , que le recul d’une
pièce de canon 6c de toute arme à feu, eft caufé
par l’aâion de la poudre , qui en s’enflammant agit
d’abord également fur foutes les parties intérieures,
de la chambre, ce qu’elle ne peut faire fans donner
tin petit mouvement à la pièce en tout fens ; comme
fa réflftance des côtés dirige l’a&ion de la poudre
lelon la direction de l’ame du canon, lorfqu’elle agit
fur le boulet pour le pouffer ou chaffer en avant,
elle agit auffi vers la partie de l’ame oppofée à l’ouverture
de la pièce, c’eft-à-dire, vers la culaffe, à
laquelle elle donne ce mouvement en arrière, qu’on
appelle recul. Le recul diminue une partie de l’action
de la poudre fur le boulet, mais on ne peut
éviter cet inconvénient. Si l’on vouloit empêcher
l’affut de s’y prêter, l’aâion de la poudre le briferoit
en très-peu de temps.
Canon à la Suèdoife.
C ’eft une pièce de quatre livres de balle, de nouvelle
invention. Dans l’épreuve de deux de ces
pièces , fondues à l’arfenal de Paris en 1740, on
a aifément tiré dix coups par minute. Ces pièces ne
pèfent qu’environ 600 ou 625 livres, ce qui les
rend d’un tranfport très-aifé dans toutes forte»
de terrains.
Canon de campagne ou de bataille.
Il n’eft queftion ici que des pièces de canon de’s
calibres de 12 ,8 & 4 livres de balles, qu’on appelle
communément pièces de campagne ou de bataille, dont
on a totalement changé les dimenflons depuis la
paix de 1762, à l’exemple des puiffances étrangères,
qui ont fenflblement diminué la longueur 6c l’épaif-
feur de leurs bouches à feu, 6c qui en ont prodi—
gieufement augmenté le nombre.
Les deffins 6c les coupes des pièces■ de campagne
ont été déterminés, comme on l'a déjà obfervé, par
une ordonnance du roi en 1732 : nous ne devions
pas négliger de les conflgner dans cet article, malgré*
les changemens apportés dans les pièces de 12 6c
de 4 , telles qu’elles font aujourd’hui employées à
la guerre, 6c que nous allons auffi faire connoître.-
La longueur de l’ame de ces dernières 6c nouvelles
pièces de campagne, eft pour les trois calibres
de dix-fept fois le diamètre de leurs boulets y
6c leur longueur , prife extérieurement depuis la
plate-bande de culaffe jufqu’à la bouche ,.eft de dix-
huit fois le diamètre de leurs boulets, parce qu’on
donne un diamètre du boulet d’épaiffeur au fond de-
l’ame.
La pièce de 12 ancienne, a vingt-quatre diamètres
de fon boulet de longueur d’ame ; la pièce
de 8 en a vingt-cinq, 6c celle de 4 en a vingt-flx..
Voici une table des dimenflons des anciennes
pièces. 6c des nouvelles , oh l’on verra en quoi,
celles-ci différent des autres.
On a Supprimé dans cette table, les fraétions de
points dans les dimenflons des pièces anciennes 6c
nouvelles, parce qu’on eft perfuadé qu’il eft impof-
ftble de s’y affujettir dans la fabrique. Quel, eft le*
fondeur , en effet, qui pourroit s’aftreindre à des
fraâions de points fur la longueur 6c les épaiffeur*.
d’une pièce de canon?