
i6o ART
théâtre de la comédie italienne a Paris , 1 art avec lequel
ils faifoient communiquer fucceffivement & a
temps le feu d’un foleil tournant a un foleil fixe , &
de fuite à plufieurs autres pièces mobiles & fixes
placées fur un même axe de fer.
O r , voici le tableau plus précis des procédés principaux
de cet art. ,
Fig. 124. On fuppofe un foleil fixe placé entre,
deux foleils tournans fur un axe de fer. Le premier
eft fixé deffus par une cheville qui traverfe fon moyeu
& Taxe ; les deux autres font retenus par des écrous
vîffés fur l’axe , au moyen defquels on leur donne
pour tourner autant ou fi peu de jeu que i on veut.
L’efpace entre le premier foleil tournant & le loleil
fixe , eft de fix pouces quatre lignes. On le remplit
par deux cylindres de chacun trois pouces de largeur,
& de deux pouces de diamètre , auffi enfilés fur
laxe : ils font collés de colle forte , l’un fur le moyeu
du foleil fixe , & l’autre fur le moyeu du foleil j
tournant. , - „
Entre ces deux cylindres, doit etre enfile lur 1 axe
un bouton de quatre lignes d’épaiffeur fur un pouce
de diamètre: il fert à les tenir dans un écartement de
quatre lignes l’un de l’autre ; & pour ne pas multiplier
les pièces , on prend ordinairement ce bouton
fur l’un des cylindres dont il fait partie, ou bien
on l’y ajoute en le collant deffus.
Sur la furface plane de chaque cylindre, un peu
au-deflus du bouton , doit être creufée une ramure
circulaire de deux lignes & demie de largeur & d’au-
tant de profondeur , dans laquelle on colle une
étoupille avec de l’amorce , fig. 121 , 127. C eft par
ces étoupilles que fe doit faire la communication du
fe u , celle d’un cylindre ne pouvant brûler qu’elle
ne donne feu à celle de -l’autre vis-à-vis' , n y ayant
que quatre lignes de diftance entre el es. >
Le feu eft apporté à l’une par une étoupille qui ^
partant de l’extrémité du dernier des jets du foleil
tournant, vient rendre à l’étoupille de ladite rainure
circulaire , y étant conduite dans une rainure creufee
fur le rayon qui porte le jet d ou elle part, fur le .
moyeu & fur le cylindre ; d’où , s’étant communique
par fon extenfion à l’étoupille de la rainure circulaire
oppofée , il eft conduit delà a la gorge de 1 un
des jets du foleil fixe par une étoupille couchee dans
une rainure faite fur fon cylindre & fur fon m oyeu,
jufqu’au pied du je t, d’où elle va fe rendre a fa gorge.
Ces étoupilles doivent être bien couvertes avec
du papier collé deffus, excepté celles qui font placées
dans les rainures circulaires : on les garantit des étincelles
de fou avec un tuyau de carton ou de , laiton
bien mince . dans lequel on place les deux cylindres :
ce tuyau doit les couvrir prefque en entier ; & pour
qu’il ne gêne pas leur mouvement, on lui donne de
diamètre deux lignes de plus qu’aux cylindres.
La longueur qu’on donne aux cylindres a deux
objets ; le premier eft d’éloigner les étoupilles circulaires
des bords du tuyau qui les couvre , par ou
les étincelles pourroient s’introduire ; le fécond eft de
tenir les foleils fixes &. tournans dans un ecartement
A R T
affez grand pour que le feu ne puiffe fe communiquer
de l’un à l’autre ; ce qui arriveroit s’ils étoient plus
proche , quoique les communications foient bien
couvertes. v
L’efpace entre le foleil fixe & le fécond foleil tournant
étant garni d’une pareille communication entre
deux cylindres ’, le feu fe portera a,u fécond foleil
par une étoupille qui tirera fon feu du pied de 1 un
des jets du foleil fixe : on y percera un trou pour y
faire communiquer l’étoupille ,a laquelle il donnera
v fou en naiffant. A
De ce fécond foleil tournant, le fou peut de meme
être conduit à un fécond fixe, & ainfi fucceffivement
à plufieurs pièces.
Cette pièce d’artifice, qu’on nomme machinepyricjue,
fe termine ordinairement par une etoile ; elle eft formée
par fix barres de trois à quatre pieds de longueur ;
on les viffe fur un moyeu pareil à celui d’un foleil
fixe : il y a deux jets attachés au bout de-chacune ,
fur une traverfe qui croife la barre; leurs gorges fefl
croifent, & l’ouverture de 1 angle qu on leur donne
eft mefurée pour former une étoile ure étoupille
couchée dans une rainure fur chacune des barres , qui
communique d’un bout à la gorge des jets , & de
l’autre à une étoupille circulaire qui entoure le moyeu
au pied des barres, leur communique à tous le fou
en même temps.
En place des jets qui forment -l’étoile , on peut
garnir les barres de fix foleils tournans : ils doivent
être cpmpoiés , quoique plus petits, comme ceux
décrits ci - deffus ; favoir , d’une communication de
fou entre deux cylindres féparés par fln bouton, &
couverts d’un tuyau de laiton ; le tout ne doit avoir
au plus que quatre pouces de longueur.; laxe fur
lequel ils doivent tourner , eft une cheville de fer
qui traverfe la roue & les deux cylindres. Elle eft
viffée par le bout, & affez longue'pour traverfer la
barre fur laquelle on veut la placêr ; on l’arrête avec
un écrou derrière la barre qui eft percee pour y donner
paffage; il reçoit le fou par l’étoupille couchée
fur la barre, à laquelle on joint celle1 du cylindre qui
eft appliquée deffus. Fig. 113,114 > "7 > "8 »121 » 12 f
C ’eft avec de pareils foleils que l’on éclaire les décorations
en découpures & les berceaux en treillages :
on les fait ordinairement à trois jets qui prennent fou
fucceffivement.
Véclair ou jet de flamme.
Quand on veut faire paroître un éclair fur un
| théâtre d’artifice , on jette avec une feringue, par
j deffus les lances à feu , une bouffée d’eau-de-vie ou
d’efprit-de-vin , ou d'eau ardente.
Pour faire cette eau ardente , on met dans une
cornue ou dans un vafe bien luté , deux pintes de
bon vinaigre avec une poignée de tartre & autant
de fol commun, & l’on fait diftiller ce-mélange pour
en tirer,l’eau ardente : quelques-uns y ajoutent du
falpêtre. On peut diverfifier & colorer la flamme
de l’eau ardente, en mêlant dans fa compofition de
l’ambre, de la colophane, 6v. Cette
Cette eau étant jetée de loin avec une feringue
fur des lumières, s’enflamme en fillonnant dans l’air,
& difparoît comme un éclair.
Le père d’Incarville, Jéfuite , nous a fait connoître
la pâte dont les Chinois fe fervent pour reprèfenter enfeu
des figures d'animaux & des devïfes.
Elle eft faite de foufre en poudre impalpable &
de colle de farine, dont on couvre des figures d’ofier,
de carton ou de bois. Ces figures doivent être premièrement
enduites d’argile ou terre graffe , pour
les empêcher de brûler ; après que la couche de pâte
de foufre eftpofée, & pendant quelle eft encore humide
, on la poudre de pouffier qui s’y attache ;
lorfqu’elle eft bien foche, on colle des étoupilles fur
fes principales parties , pour que le fou fe porte partout
en même temps , & on la couvre en entier de
papier collé ; les Chinois peignent ces figures de la
couleur des animaux quelles repréfentent ; leur durée
en fou eft proportionnée à l’épaiffeur de la couche
de pâte qui les couvre.
Lorfque les figures font petites, on peut les mouler
ou les modeler maffives: comme cette pâte ne coule
point en brûlant, elles confervent leurs formés juf-
qu’à ce qu’elles foient entièrement confumées.
On peut auffi fe fervir de cette pâte pour former
des devifes & autres deffins.
Les Chinois en font encore ufage pouf reprèfenter
des raifins : ils leur donnent la couleur pourprée,
en fubftituant à la colle de farine de la chair de jujubes
; ils les font cuire & en féparent la peau &. le
noyau.
Artifice pour brûler fur te au 6» dans teau.
On faifoit autrefois un myftère des procédés pour
les artifices qui doivent brûler fur l'eau & dans Veau :
on laiffoit croire qu’il y entroit des drogues fort chères,
comme de. l’ambre jaune , du camphre, des huiles
de foufre , de falpêtre , de pétrole , des fciures
d’ivoire & de .différens bois, &c. Mais ces compo-
fitions inventées par la charlatanerie ou par l’ignorance
,. loin d’être utiles , ne font propres qu’à ralentir
l’a&ion du feu & à donner beaucoup de fumée.
Toutes les fufées d’air & de terre brûlent dans l’eau ;
il ne s’agit que de les mettre en état de fe foutenir
deffus & d’en diverfifier les effets.
On emploie pour l’artifice d’eau les genouillères,
comme les lardons pour l’artifice d’airT Ces genouillères
fervent à garnir les barils de trompe, les pots
à feu , les ballons aquatiques : on les nomme auffi
dauphins &. canards , parce qu’ils femblent fe jouer
dans l’eau. Leur effet eft de ferpenter fur l’eau, de
s’élancer à plufieurs reprifes en l’air , & de finir par
éclater avec bruit.
Pour faire les genouillères \ on moule des cartouches
de la longueur de neuf diamètres intérieurs , non
compris la gorge, & on les charge fur une pointe
de culot qui ait d’épaiffeur le quart du même diamètre
: on les charge comme les jets, en brillans ou
en compofition de fufées volantes ; & après trois
.charges de compofitibn, on y met une demi-charge
Arts 6* Métiers. ' Tome /. Partie /,
de pouffier , & ainfi en continuant de trois charges
en trois, charges. Lorfqu’on a atteint la hauteur du
feptième diamètre, on frappe un tampon fur la compofition
; on le perce avec le poinçon à arrêt ; on
met un peu de pouffier dans le trou , & on y verfe
de la poudre grainée , en réfervantde la place pour
l’étranglement ou pour un autre tampon , que l’on
perce , fi l’on veut, pour donner feu à un petit marron
que l’on colle deffus : on moule enfuite un cartouche
vide, fort mince , de même groffeur que la
fufée : ce cartouche que l’on nomme le fourreau 3 s’attache
fur le bout de la fufée où eft l’étranglement ;
il doit être fermé à une extrémité , foit par un étranglement
, foit par un rond de carton collé deffus.
L ’autre bout du fourreau fera découpé en plufieurs
languettes ; on fera entrer la fufée dans cette partie
découpée qui fert à donner au fourreau une coudure
formant un angle d’environ cinquante degrés ; on
le lie deffus avec de gros f il, ôc on colle une bande
de papier fur la ligature. Le'fourreau , non compris
la ligature , doit avoir de longueur la moitié de celle
du cartouche : on les engorge & onles amorce comme
les jets. Voyez flg. 74 & 106.
La fig. 74 , n°. 2 , repréfente la nageoire de genouillère.
Tout artifice deftiné à aller dans l’eau , doit être
extérieurement enduit de fuif pour empêcher l’eau
d’agir fur le papier & le carton qui le couvrent, ou
de ramollir la col)e qui en joint les parties , enfin dç
pénétrer dans la compofition dont elle ralentiroit
l’effet, fi même elle ne l’empêchoit point. On fait
fondre du fuif, & avec un gros pinceau de poil de
porc, on en couvre entièrement les genouillères, k
l’exception de l’amorce. Elles font alors en état d’être
tirées à la main , ou d’être employées en garniture.
Le fourreau que l’on donne à la fufée fert à la
foutenir fur l’eau , en rendant la partie oppofée à la
gorge, plus légère qu’un pareil volume d’eau. Quant
à la gorge, elle eft foutenue par le vide qui fe fait
dans la fufée, à mefure que la matière enflammée en
fort. La coudure du tuyau lui donne un mouvement
inégal & tortueux ; & le pouffier dont on a mis une
demi-charge après trois charges de compofition, fait
fauter la fufée en l’air, lorfque le fou parvient à cette
matière.
On compofe encore dans le même principe des.
fufées d'eau à ailerons. Voyez fig. dp.
Des fufées d'eau en globe, fig. 70.
Des fufées d'eau en cône, fig. 72.
Des fufées d'eau en nageoire , fig. 76.
Des fufées d'eau avec une rotule de bois pour les faire
furnager, ƒ$•. 107.
On fait de très-petites genouillères, dont le cartouche
eft de papier , que l’on peut tirer dans un
grand baffin plein d’eau , fur une table au deffert :
il faut les charger de la compofition de petits fer-
pentaux en papier , & n’y point mettre de pétard,
crainte d’accident»