
vinaigre pour lui ôter Ton poli, afin que la bronze
puiffe s’incorporer dans le fer.
On peut autrement bronzer le fe r , en y appliquant
d’abord un mordant jaune avec une broffe ou pinceau
: lorfque ce mordant eft à moitié fec , on y
répand la bronze avec un pinceau de poil de blaireau
ou de foie de porc , fait en forme de patte
d’oie ; c’eft le procédé ordinaire pour bronzer les
ferrures , les efpagnolettes & toutes les ferrures qui
ne doivent pas être expofées au feu : on broffe en-
fuite la pièce avec une brofle neuve , afin de faire
tomber la bronze qui n’eft point arrêtée par le mordant
, en tenant deffous un papier pour recueillir
le fuperflu ; il n’eft pas néceffaire de paffen un vernis
par-deffus.
La bronze ne fe maintient gu ères en fon état brillant
que dix ans. L’humidité lui eft contraire , 8c
la fait pouffer au verd. Quand on veut rafraîchir cette
couleur , on doit commencer par bien épouffete’r
les ordures ; enfuite il faut mettre deux couches du
vernis de gomme laque , diffoute dans de l’efprit-
de-vin coucher par petites portions du mordant,
6c bronzer à mefure que le mordant fe sèche.
L’ufage eft de bronzer de bas en haut, c’eft-à*
dire, toujours en remontant.
V O C A B U L A I R E de V A n de Br
Au r i p e a u ; cuivre jaune réduit en feuille.
B r o n z e ( la ) ; couleur imitant le bronze métal.
B r o n z e r ; c’eft donner à un métal ou à telle
autre matière,.la couleur du bronze.
B r u n r o u g e d ’A n g l e t e r r e ; efpèce d’ocre
rouge que l’on tire d’Angleterre.
"on^er.
C l i n q u a n t ; feuille de cuivre jaune battue.
O r d ’A l l e m a g n e ; feuille t r è s -m i n c e d u c u i v r é
jaune.
O r e n c o q u i l l e ; or d’Allemagne broyé &
mis en coquille.
S p a l t ; forte de pierre.
CAMPHRE.
E camphre eft une fubftance végétale-concrète ,
inflammable, très-volatile, & qui fe diffout facile'ment
dans l’efprit-de-vin.
Le camphre qui eft dans le commerce , nous vient
-.des Indes & du Japon.
On retire cette efpèce de réfine d’une forte de
laurier qui croit abondamment fur-tout dans les îles
de Bornéo, de Sumatra, de Çeylan, 6c que l’on
nomme, a caufe de fa propriété, laurus camphorifiera}
laurier- camphrier.
On peut tirer aufli du camphre, mais en très-petite
quantité , de certaines plantes aromatiques, telles
que.le thym, le romarin, la lauge, & autres plantes
labiées.
Nous laiflbns aux naturaliftes & aux chimiftes le
foin de nous faire connoître l’hiftoire naturelle &
les propriétés du camphre ; nous ne le confidérons
ici que par rapport à l’art de le raffiner.
Le camphre, après avoir été extrait de l’arbre
qui le fournit abondamment, eft chargé de beaucoup
d’impuretés qui l’altèrent & le faliffent. On le nomme
en cet état camphre brut. Les Hollandois, qui font
un grand commerce du camphre , s’attachent à le
raffiner & à le purifier. On rapporte plufieurs procédés.
.
i° . Suivant Pomet & Lémery, après avoir réduit
en poudre le camphre brut , on le met dans des
niatras bouches légèrement, & remplis à peu près
a moitié. Un feu médiocre fuffit pour fublimer les
parties volatiles du camphre, 6c les attacher aux
( Art de raffiner le )
parois du chapiteau. La fublimation étant faite, ort
en retire un camphre raffiné, blanc , tranfparent,
qui s’agglutine en un ou plufieurs morceaux, fuivant
la quantité du camphre brut qu’on a employé ; en-
fuite on liquéfie par une douce chaleur ce camphre
raffiné, & on le répand dans des moules pour lui
faire prendre la forme qu’on veut lui donner.
2.0.'Selon Gronovius 6c M. Valmont de Eomare,
la méthode des Hollandois eft de prier le camphre
brut, & de le purifier de fes ordures en le paflant
par un crible. On met une certaine quantité de
ce camphre en poudre dans un matras ou vaiffeau
de verre, dont le col eft étroit & le fond plat ; on
place ce matras fur un bain de fable, au deffous
duquel on fait un feu affez vif. Lorfque le camphre
entre en fufion , alors on met fur le matras plufieurs
morceaux d’étoffe coufus enfemble, & percés au
milieu pour laiffer paffer le col du vafe de verre;
on adapte fur ce col un cône de fer blanc, un peu
plus long que celui du matras. Après la fufion du
camphre , on diminue le feu , on ôte l ’étoffe & le
cône de fer blanc, & pour empêcher la fufion de
fe refroidir trop promptement , on fubftitue au
cônë. de fer blanc un autre de papier gris. Il faut
laiffer le camphre ainfi. fondu quelques heures encore
à une chaleur modérée.
Enfuite d’une bonne digeftion de la réfine liquéfiée,
on recommence à faire un feu violent, qui
eft continué jufqu’à ce que le camphre entre en fublimation;
& pour empêcher le col du matras de
s’engorger , 6c même de fe rompre, on a foin d’y
introduire fréquemment une baguette de bois ou
de fer pour le tenir ouvert.
Toute la matière étant fublimée , on l’ôte du
matras, & on la laiffe refroidir. On examine s’il refte
encore des impuretés dans le fond du pain qu’elle
a formé ; il eft facile, s’il y en a , de les enlever
avec le,tranchant d’un couteau, en évitant de.les
racler, afin de ne point altérer la tranfparence ni
la blancheur.
Le camphre eft fi combuftible, qu’il brûle à la fur-
face de l’eau, & qu’il faifoit la principale partie de
la compofition du feu grégeois des anciens. On l’emploie
aujourd’hui dans l’artifice, & dans certains
remèdes 6c topiques de médecine & de chirurgie.
Le camphre artificiel eft un mélange fait avec de
la fândaraqfie 6c du vinaigre blanc diftillé, qu’on
met pendant vingt jours en digeftion dans le fumier
de cheval. Après ce temps, on l’expofe au foleii
pendant un mois ; enfuite on trouve cette matière.
lous la forme d’une croûte de pain blanc. On nomme-
autrement cette fubftance gomme de genièvre, vernis
blanc ou mafiie.
Suivant le tarif de 1664, le camphre paie quinze
francs par cent pefant, pour droits d’entrée.
ART DE LA FABRIQUE ET FONDERIE
D E S
CANONS, MORTIERS, OBUSIERS,
PIERRIERS, BOMBES, GRENADES e t BOULETS.
JL/ e canon eft une arme à feu, de fonte ou de fer,
propre à jeter des boulets de plomb ou de fer.
Son nom vient de l’italien cannone, ou de canna
canne, parce que le canon eft long & creux comme
une canne. On lui a donné auffi les noms de coule-
vrine, de ferpentine, de bafilic, à caufe de la figure
de ces animaux que l’on repréfentoit fur ces fortes
de pièces.
On croit communément que l’on a commencé à
fe fervir des canons dès 1338, 6c en 13 50 fur la
mer Baltique : il eft du moins certain qu’ils furent
employés en 1380, pendant la guerre des Vénitiens
avec les Génois. Six ans après, il paffa des canons en
Angleterre fur deux vaiffeaux François, pris par ces
infulaires. Les Anglois firent des canons de fer au
commencement du feizième fiècle.
Le métal ou la fonte dont on fe fert pour les
canons, eft compofé de rofette ou cuivre rouge,
de laiton ou cuivre jaune , & d’étain.
On n’eft point d’accord chez toutes les nations
fur la-quantité proportionnelle des métaux qui doivent
entrer dans la compofition deftinée à la fonte
des canons. Les étrangers mettent cent livres de
rofette, dix & même vingt livrés d’étain , 6c vingt
livres de laiton.
On prétend que les Keller, habiles fondeurs , mê-
loient a dix milliers de rofette, neuf cents livres
d’étain 6c fix cents livres de laiton.
L’étain eft très-propre à empêcher les chambres ;
mais comme il eft mou, les lumières durent d’autant
moins qu’on en a plus employé.
Le fieur Bereau, fondeur, prétend que quand
on eft obligé d’employer de vieilles pièces de métal
bas, le fondeur doit demander fur cent livres de ce
métal, vingt-cinq livres de bon cuivre 6c cinq livres
d’étain..
D ’autres prennent un tiers de rofette, un quart dé
laiton ou vieux métal, 6c un dix-feptième d’étain.
Il faut à chaque fonte mettre dix livres de vieux
oing , fur cinq mille livres de métal.
On a foin de purifier le cüivre, l’étain 6c le plomb.
Pour, cet effet, on prend une once de cinabre ,
quatre onces de poix noire, une once & demie de
racine de raifort féche, feize onces d’antimoine ,
quatre onces de mercure fublimé, fix onces de bol
d’Arménie, 6c vingt onces de falpêtre. On met tout
en poudre féparément ; puis on mêle. On arrofe
enfuite de deux livres de l’eau forte fuivante. Prenez
deux livres de vitriol, deux onces de fel ammoniac
, douze onces de falpêtre, trois onces de verd-
de-gris, huit onces d’alun: mettez en poudre fépa-r
rément ; mêlez ôc diftillez.
Mettez deux parties de cette ieau-forte, fur trois
parties de la poudre précédente, dans une terrine
fur le feu , remuant bien, & laiffant évaporer l’eau
jufqu’à déification.
Cela préparé, fondez quatre-vingt-dix-fept livres
de rofette avec fix de laiton 6c avec autant d’étain :
laiffez le tout quelque tems en fufion, le remuant
de temps en temps avec un bâton ferré, & entortillé
de haillons trempés dans le vieux oing.
Au bout d’un quart d’heure, fur les cent neuf livres
V v ij