
milieu de chacune vient aboutir & s'affembler dans
un poinçon central. C ’eft à un charpentier intelligent
quil appartient de les diftribuer à propos, félon
l'exigence des cas*
Des ponts de bois•
Quoique les ponts de bois ne foient pas d'une
suffi parfaite folidité que ceux de pierre , ils ne laîf-
fent pas cependant que d’avoir leur avantage particulier
; i°. en ce qu’ils ne {ont pas longs à conftruire,
a°. en ce qu’ils coûtent peu , fur-tout dans les pays
ouïe bois eftcommun.On les divifeen deux efpèces,
l’une qu’on appelle pont de bois proprement dit, &
l’autre pont de bateau. Les premiers, fondés pour la
plupart comme ceux de pierre, fur des pilotis placés
dans le fond des rivières , font de plufieurs efpèces ;
la première appelée pont dormant, lbnt ceux qui
étant conftruits , ne peuvent changer de fituation
en aucune manière raifon pour laquelle on les appelle
dormans ; la deuxième appelée pont-levis , font
ceux, qui placés à l'entrée d’une ville de guerre ,
château fort, ou autre place, fortifiée, fe lèvent
pendant la nuit, ou à l’approche de l’ennemi ; la
troifième appelée pont à couliffe, font ceux qui placés
aux mêmes endroits que les précédons, & employés
aux mêmes ufages fe gliffent en roulant fur des poulies
; la quatrième appelée pont tournant, font ceux
qui tournent fur pivot en une ou deux parties ; la
cinquième & dernière, appelée pont fufpendü , font
ceux que l'on fufpend entre deux montagnes , où il
eft fouvent impoffible d’en pratiquer d’une autre
manière pour communiquer de l’une à l’autre*
Des ponts dormans.
Les ponts dormans fe font d’une infinité de manières,
grands ou petits, à une ou plufieurs arches,
félon la largeur des rivières ou courans des eaux,
forts ou foibles T félon la rapidité plus ou moins
grande de leur cours, &. les charois qui doivent paffer
deffus.
Lafig. ny,planche F , eft un pont de cétte dernière
efpèce, exécuté en Italie par l’architeâe Palladio,
de i6 à 17 toifes d’ouverture d’arches; appuyé de
part & d’autre fur des piles de pierres a, ayant fix
travées éloignées l’une de l’autre d’environ 16 à
17 pieds, compofées chacune de deux fommiers
inférieurs a , d’environ 12 pouces de groffeur ; un
fupérieur b , & deux autres contrebutans c , affem-
blés par un bout dans le fommier inférieut a , &
moifé en d par l’autre ; les fommiers fupérieurs font
foutenus de poinçons e , contrebutés à leurfommet
de contrefiches f.
La fig. 116 eft un pont que quelques-uns prétendent
avoir été exécuté en Allemagne, fingulièrement
a Nerva en Suède. Palladio allure le contraire, néanmoins
il eft d’une allez bonne conftruâion 9 ayant,
comme le précédent, plufieurs travées appuyées par
leurs extrémités fur des piles de maçonnerie , compofées
chacune de fommiers inférieurs a , fommiers
fupérieurs b , moifes d , contrebutées de contrefiches
f ou croix de faint-André g.
La fig. iiy eft un pont exécuté à Lyon fur la rivière
de Saône, ayant trois arches ; celle du milieu de 1 ç
toifes d’ouverture , & les deux autres de J 2 , avec
plufieurs travées , dont l’extrémité b de celles des
petites eft pofée fur une pile de maçonnerie a , &
l’autre c fur une poutre h , appuyée fur une file de
pieux, faifant partie d’une fécondé palée. Ces travées
font compofées de fommiers inférieurs a , fom?
miers fupérieurs b,, fommiers contrebutans c , moifes
d , contrefiches f & croix de faint-André g. Les pa-
lées font compofées chacune de plufieurs files de
pieux i & k , .recouvertes de plate-formes ou madriers
1 pour les conferver, furmontés d’unfommier
a & de contrefiches d.
La fig. rr8 eft un pont de dix toifes d’ouverture
d’arche , appuyé de part &. d’autre fur plufieurs pièces
de bois à potence m , fcellées dans les piles de
maçonnerie , ayant plufieuis travées compofées
chacune de fommiers inférieurs a , .fommiers Supérieurs
b , fommiers contrebutans c , fur une groffe &
forte moife d , placée au milieu , entretenue de
liens n*
La fig. ijÿ eft un pont d’environ fix à Sept toifes
d’ouverture, appuyé des deux côté fur,des piles de
maçonnerie, & fur des contrefiches f , fcellées dans
la maçonnerie, ayant plufieurs travées compofées
chacune de fommiers inférieui s a, fommiers fupérieurs
& courbes bb , fommiers contrebutans-c r moifes d,
& croix de faint-André g.
La fig. 120 eft tin pont en forme d’arc foçbaiffé,
dont les extrémités font appuyées de part & d autre
fur des contrefiches dd, pofées•&engagées par en-bas
dans une pilé de maçonnerie, avec plufieurs travées
compofées chacune de fommiers inférieurs
courbes aa-, fommiers fupérieurs auffi courbes bb>
poinçons e , tendansà un centre commun, & croix de
faint-André g*
La fig. 121 eft un pont auffi en arc forbaiffé d’environ'fix
à fept toifes d’ouverture d’arche , appuyé
par chacune de fes extrémités, partie fur des piles
de maçonnerie & partie fur un grand poinçon
ev auffi pofé for la même maçonnerie, ayant plufieurs
travées compofées chacune de fommiers inférieurs
a , formant enfemble une courbe ; fommiers
fupérieurs b , fommierg intermédiaires c , entretenus
de moifes d , poinçons e , & croix de faint-André g.
La fig. 122 e ft un pont d’environ 2y toifes -de largeur
d’une pile à l’autre,fur environ 12 d’élévation,
dont les extrémités de part & d’autre font appuyées
for des fommiers faifant l’office de couffinet ( ) æ->
pôles for des piles de maçonnerie , ayant plufieurs
travées moifées & liernées enfemble , félon la force
& la folidité que l’on veut donner au pont, compofées
chacune de plufieurs pièces de bois o , dif-
pofées en pans coupés, retenus enfemble de moifes
d & liens n , affemblés partie for de grands poinçons
e 9 pofés-for des poutres h , & partie fur utt
fommier inférieur a , formonté d’un fommier fupérieur
b , & dé poinçon e , entretenus de croix de
S a in t -A n d r é g . •
La fig, 123 eft l’elevation uun grand pont beaucoup
plus folide que les précédens , fait pour le
paflage de gros charrois, tels que l’on en voit à
Paris & en beaucoup d’autres endroits , ayant plu--
fieurs arches d’environ fix à fept toifes de largeur
chacune, & par conféquent plufieurs piles à plufieurs
£les de pieux , félon la qualité du terrain où l’on
conftruit, & la folidité que l’on veut donner au
pont ; chacune de ces piles eft compofée de fept,
huit, neuf ou dix grands pieux a , fig* 123 & 124 ,
difpofés comme on les voit dans les planches , fig.
izf & 126, d’environ 18 pouces de groffeur, liés
enfemble avec des moifes horizontales b c , ÔL inclinées
d ; les deux inférieures c plus longues que
les fupérieures , & placées à la hauteur des plus
baffes eaux, font liées enfemble avec des calles e ,
& foutenues de chaque côté d’une file de petits
pieux a , fig. 123 , fervant à entretenir un affemblage
de charpente, appelé avant-bec, fig. 124, compofé
de quelques pieux s , for lefquels eft pofée & affem-
blée une pièce de bois * à angle aigu, qu’on appelle
brife-glacé, & qui fert en effet à brifer les glaces. Le
fommet des grands pieux, a eft affemblé à une petite
poutre ƒ qui les lie enfemble, for laquelle eft appuyée
l’extrémité d’autant de gr.offes poutres g , qu’il, y a
de pieux a 9 d’environ22_pouces de groffeur,chacune
foutenues fur leur longueur- de contrefiches h ,
appuyées fur le premier rang de moifes b , foutenues
de taffeaux i ; ces mêmes poutres g font traverfées
de plates-formes, madriers-ou folives de brin h ,
pour porter le pavé /, à l’extrémité defquelles eft
une efpèce de garde fou compofé de fommiers inférieurs
m , fommiers fupérieurs n fervant d’appuis,
poinçon 0, contre-fiches contre-butantes p , liens qv
& croix de Saint-André r.
Si l’on veut augmenter la folidité des piles pour
mieux foutenirle pont, fig. 123 , on peut y ajouter
deux files de pièces de Dois debout aa, furmontées
& àffemblées chacune dans une petite poutre f i qui
traverfe les groffes poutres g s & appuyées par en
bas fur deux contre-moifes c , liées avec les moifes c
qui leur font voifines , foutenues de deux autres files
de petits contre-pieux a a.
Des ponts levis»
Les ponts levis faits pour la sûreté des villes &
places'fortifiées, fe placent quelquefois à l’entrée ou
au milieu d’un foffé on d’un pont pour en défendre
le pa{Tage ; les uns ont leurs extrémités pofées de
part & d’autre fur les bords du foffé , bâtis pour
l’ordinaire en maçonnerie folide , &. les autres fur
deux piles du pont.
, fig' f27 eft l’élévation , & la fig. 128] le plan
d’un pont-levis placé au milieu d’un pont de bois, &
eft compofé d’un plancher appuyé de part & d’autre
fur deux piles a & b ; ce plancher eft compofé de
plufieurs poutrelles c , furmontées de madriers ,
plate-formes ou folives de brin qui ? bien arrêtées
enfemble, forment l’aire du pont ; leurs 'extrémités
e f iont furmontées d’un affemblage de charpente fervant
d’appuis, compofé de fommiers inférieurs g ,
fommiers fupérieurs h , poinçons l , contre-fiches k
& liens L Au deffus de la pile a eft la porte du pont
compofée de quatre poteaux montans m , retenus de
liens en contre-fiches n , furmontés d’un linteau 0 ,
affemblé à tenon & mortaife £ar chaque bout dans
les deux montans du milieu ; leur extrémité fupé-
rieure eft furmontée de chaque côté d’une forte
pièce de bois p q r , appelée fi'eche , portant dans foa
milieu p un tourillon, par une de fes extrémités q
une chaîne attachée au bout du pont ; & par l’autre1,
qui eft beaucoup plus groffe, pour augmenter par-là
le contre-poids, une autre chaîne par laquelle on fe
fofpend pour enlever le pont.
Des ponts à coulijjes.
Les ponts à couliffe diffèrent des précédens, en
ce qu’au lieu de s’enlever , ils fe pouffent ou fe
gliffent fur des poulies , & n’ont par conféquent pas
befoin de flèches.
La' figure 129 eft l’élévation, & la fig. 130 le plan
d’un pont à couliffe, compofé d’un planchera, porté
comme le précédent for des poutrelles c , mais qui,
au lieu de s’enlever, gliffent avec le plancher for
des poulies ou rouleaux pratiqués for la forface des
poutres b , de deux fois la longueur du pont, que
l’on prend foin de gliffer auparavant par deffous.
Des ponts tournans.
Les ponts tournans font , comme nous l’avons
déjà vu , des ponts qui tournent for un pivot, en
tout ou en partie. Ces fortes de ponts ont à la vérité
l’avantage de ne point borner la vue , comme les
autres, mais auffi ont-ils le défavanxage de n’être pas
auffi sûrs*
La fig.-131 eft f élévation , & la fig. 132 le plan
d’un pont tournant, très-folide Ôc fort ingénieux ,
tel qu’on peut le voir exécuté à Paris à l’une des
principales entrées du jardin des Tuileries, inventé
en 1716 par le frère Nicolas, de l’ordre de Saint-
Auguftin. Ce pont s’ouvre en deux parties-, dont
chacune eft compofée d’une forte poutre a , d'environ
i quinze à feize pouces de groffeur, pofée debout,
frettée par les deux bouts, portant par fon extrémité
inférieure un pivot fur lequel roule le pont , &
arrêtée par fon extrémité fupé rieure à un collier de
fer b fcellé dans le mur ; c’eft for cette feule pièce de
bois qu’eft porté tout l’affemblage du pont compofé
d’un châffis, fig. (33 9 garni de longrines c , traver-
fines dy croix de Saint-André e , Ô^pautres pièces f 9
formant la partie circulaire travetlée de plufieurs
plate-formes ou madriers g, fig. 132, pour la facilité
du paffage ; le tout foutenu fur fa longueur de plufieurs
pièces de bois h , fig. 131, en forme de potence.
Les angles i , fig. 132 , de ce pont , néceffairement
arrondis, font recouverts de châffis à charnière &
de même forme , que l’on lève lorfqu’on ferme 1«
pom, & que l ’on baiffe forfqu’on l’ouvre*