
d’abord fécher au four les prunelles lorfqu’elles font
mûres, 8c. on les fait enfuite fermenter avec de
l’eau.
Le cidre paie cinq livres par tonneau pour droit
d’entrée, 8c vingt-fix fols de fortie. Il doit encore
d’autres droits qui fe perçoivent à Paris 8c dans les
autres villes du royaume pour la vente en gros & en
détail. Ils font fixés par une ordonnance des aides,
de 1680.
Explication fuivie des deux planches du preffoir à cidre.
Planche ƒ, figure / , vue perfpe&ive & plan du
preffoir.
La vignette repréfente l’endroit où le preffoir 8c
la pile font établis.
A B , la brebis. C D , le mouton. 5 , 6 , 7 , 8 , les
jumelles. 4 , 4 , e e , contrevents. Y , Z , 2 ,1 2 , en-
tretoifes. a b , chapeau. K X , les clés, g , la vis. E , le
barlong. F , marc empilé fur la maie ou l’émoi. 10,
VOCABULAIRE
B éron ; c’eft l’endroit du fommier du preffoir,
par lequel s’écoule le jus des pommes.
Brebis ; gros fommier de bois d’un preffoir à
cidre.
Cappe ; efpèce de croûte qui fe forme à la furface
du cidre vigoureux.
Chapeau ; c’eft la partie de la lie du cidre, qui
fe porte & fe tient à la furface de la liqueur.
Cidre corme ; liqueur faite avec de l’eau & du
jus de cormes fermenté.
Cidre paré ; c’eft un cidre doux, 8c tiré au clair
du jus de pomme fermenté.
C idre poiré ; liqueur faite du jus fermenté^de
dans le commencement de la fermentation.
CidRe pommé; liqueur ouboiffon que l’on tire
poires acerbes.
Cidre ( gros ) ; c’eft la liqueur faite avec le premier
fuc exprimé des pommés.
Cidre ( petit ) ; c’eft la liqueur que l’on tire du
marc de pommes broyé avec de l’eau.
Cidre royal, cidFe compofé , dans lequel on
a mis de l’eau-de-vie 8c du fucre pour imiter le
goût du vin de Canarie.
Clés ; morceaux de bois qui fervent, foit à fup*
porter , foit à faire preffer le mouton ou l’arbre du
preffoir à cidre.
10 , pièces qui fupportent les pièces de maie,
pièces qui foutiennent les couches. H , le hec. R 5
S, Q , auge circulaire delà pile. Q , le rabot. T LV ,
cafés ou féparations à différentes fortës de pommes,
M , la meule. L N , axe de la meule. N , palonnier,
V P , conduéleur du cheval ou-guide.
Fig. 2 , plan du preffoir 8c de la pile. Les mêmes
lettres défignent les mêmes parties.
PL. //, fig. 3 , profil & détail du preffoir à cidre.
Elévation géométrale du preffoir vu de face. Les
mêmes lettres défignent aufli les mêmes parties.
Fig. 4 , élévation des jumelles qui embraffent le
gros bout du mouton 8c de la brebis.
Fig. 3 , élévation des deux jumelles qui font placées
vers le milieu du mouton 8c de la brebis , &
qui fervent à relever le mouton.
Fig. 6 , partie inférieure de la vis qui entre dan*
la brebis.
Fig. 7 , plan & profil d’une des clés,
<2 l’Art de faire le Cidre.
Emoi , ( 1’ ) ou la maie ; eft un fort plancher â i
bois établi entre quatre jumelles fur la brebis ou fom-
mier du preffoir.
Emoi ( rofeaux d’ ) ; ce font quatre pièces de bois
qui forment le rebord de la brebis ou du.fommier du
preffoir à cidre.
Hec ( le ) ; c’eft, dans le preffoir à cidre, la pièce
de bois qui eft appliquée fur le marc des pommes.
Mouton arbre élevé fur le fommier d’un preffoiç
à cidre,
; Pile ; auge circulaire de pièces de bois rapportées
, avec deux meules de bois verticales, où l’on
éçrafe les pommes dont on veut faire le cidre.
Pommes dures ; pommes acerbes 8c encore
vertes , que l’on mêle aux pommes tendres pou?
faire le cidre.
Pommes tendres ; pommes acerbes, mais trèsr
mûres, dont on fait le cidre.
Prunelet ; forte de cidre fait avec des prunelles
féchées au four, & fermentées avec de l’eau.
R a b o t ; efpèce de rateau compofé de deux planches
clouées fur un bâton & difpofées en forme d’V,
qui ramene au fond de 1 auge de la pile, les pommes
que la meule en avoit écartées.
V inaigre de cidre ; cidre dont ©n a excité U
fermentation jufqu’à l’aigre.
CIMENT, le MASTIC, le MORTIER.
( Art de faire le )
T / E ciment eft en général une compofition glati- 1
neufe 8c tènace propre à lier, unir , & faire tenir j
enfemble plufieurs pièces diftin&es.
Ce mot vient du latin ccementum9 dérivé de cotdo ,
couper, hacher, broyer.
Différentes fortes de ciment.
Le mortier, la»foudure f la glue9 font des fortes de
'ciment.
Les anciens font mention de deux efpèces de ci-
mens, le naturel 8c le faétice ; l’un de ces derniers qui
étoit fort en ufagè, étoit compofé de poix , de cire.,
de plâtre 8c de graiffe. Une autre efpèce, dont les
Romains fe fervoient pour plâtrer 8c Blanchir les
murs inférieurs de leurs aqueducs, étoit fait de
chaux éteinte dans du v in , & incorporée avec de
la poix fondue & des figues fraîches.
Le maltha naturel, eft une efpèce de bitume avec
lequel les Afiatiques plâtrent leurs murailles ; lorf-
qu’il a une fois pris feu, l’eau ne peut .plus, dit-
on , l’éteindre.
Le bitume qui vient du Levant , fut, an rapport de
’hiftoire ;*le ciment employé aux murs deBabylone.
Un mélange de quantités égales de verre en
poudre , de fiel marin & de limaille de fer, mêlés &
fermentés enfemble , fournit un très-bon ciment.
M. Perrault affure que du jus d’ail, eft un ciment
excellent pour recoller des verres 8c de la porcelaine
caflee.
On entend particulièrëîïiéut par ciment, une forte
de mortier liant, qu'on emploie pour unir enfemble
des briques ou des pierres, pour faire quelque moulure
, ou pour faire ua bloc de briques pour des
cordons ou des chapiteaux.
Le maftic eft une forte de ciment, dont on fait
principalement ufage dans les conduites de grès.
Il y en a de deux fortes , le chaud qui eft le plus
commun ; il êft fait de réfine, de cire , de brique,
broyée 8c de chaux bouillies enfemble. Ce maftic
employé chaud, eft très-propre à lier lès tuyaux-
de grès, pour la conduite des eaux.
On fait moins d’ufage du maftic à froid; il eft.
compofé de fromage, de lait, de chaux vive 8c
de blancs d’oeufs.
Le ciment ou maftic des orfèvres, des graveurs &
des metteurs en oeuvre, eft pareillement un compofé .
de b tique mife en poudre 6c bien tamifée, de réfine
& de cire ; ils s’en fervent pour tenir en état les
ouvrages qu’ils ont à graver, ou pour remplir ceux
,qu’ils veulent cifeler.
Voici la compofition du maftic du Canada, propre
à toutes fortes de vaiffeaux 8c à l’ufage des vitriers.
Pour faire ce maftic , on prend une demi-livre de
blanc d’Efpagne, un quarteron de cérufe, une once Sc
demie’de litharge 8c une pinte d’huile de lin.
11 faut d’abord réduire en poudre fine 8c tamifer
le blanc d’Efpagne 8c la cérufe que l’on tient prête
dans une table ou dans une terrine, pour l’employer
dans la fuite. On jette la litharge dans 1 huile ; ôc
après avoir Jait bouillir» cette huile, on la retire
du feu 8c on la laiffe refroidir.
Lorfqu’elle eft au point qu’on peut la toucher fans
danger, on la verfe peu-à-peu fur les matières en
poudre que l’on a eu foin de bien mêler, 8c on
en fait une .pâte, à laquelle on donne telle forme
que l’on veut. Cette pâte fe sèche un peu à la fur-
face , en la confervant : mais lorfqu’on veut en
faire ufage, il fuffit de la manier entre fes doigts ;
elle devient aufli molle que du beurre, ayant le
liant de la terre glaife : c’eft alors qu’on peut l'employer
, foit pour les vitres , foit pour enduire les
fentes des vaiffeaux de bois; quelque liqueur qu’ils
contiennent, on ne doit pas craindre, lorfqu’on l’a mife
en oeuvre, qu’elle forte de fa place, ni qu’elle s’écaille
dans les différents mouvemens que l’on veut donner
au vaiffeau, foit en le voiturant, foit en le raclant.
Quand on veut arrêter l’écoulement du vin entre
les douves d’ùn tonneau, on eft dans l’ufage d’enduire
de fuif l’ouverture par laquelle la liqueur
s’échappe, 8c de frotter enfuite ce fuif avec de la
cendre ou de la terre fèche. On maftique folide-
ment des fentes plus confidérables , telles qu’on en
voit dans les nacelles & dans les bateaux, en faisant
fondre le fuif dans un poêlon fur le feu , &
y mêlant de la cendre fine ou tamifée , que l’on
mêlera 8c pétrira avec une petite palette de bois.
Ce maftic durcit auflitôt qu’il eft employé , &
l’on ne doit pas craindre qu’il manque. On obfer-
yera deux chofes ; l’une, de ne le point faire trop
épais , parce qu’on auroit de la peine à le bien employer
; l’autre, de n’en faire que la quantité dont
on aura befoin ; car , comme il sèche très-promptement
, lorfqu’il eft une fois dur, il coûteroit plus
de fuif pour le ramollir, qu’il n’en faudroit pour
en faire de nouveau ; 8c d’ailleurs on auroit trop
de peine à l’arracher du poêlon de terre ou de métal
où on l’auroit préparé.
| M. de Mairan prétend qu’un maftic de limaille
d’acier, de vinaigre, de verre pilé 8c de fe l, fait
une concrétion tout-àffait indiffoluble à l’eau.