
feuille, dont on colle^feulement les bords. On peut
arranger plufieurs de ces petits papiers fur une table,
en les faisant déborder de huit à dix lignes les uns
furies autres , 8c d’un feul coup de broffe mettre
fur leurs extrémités autant de colle qu’il eft né-
çeflaire. *
Les cartouches des lances à feu font faits fui van t la
longueur dont on a befoin , d’une demi-feuille ou d un
carré de papier gris , roulée dans fa largeur. Mais il
faut encore dire comment s’y prendre pour les bien
faire.
Pofez la baguette à rouler fur le papier, au tiers
.environ de fa largeur ; renverfez ce tiers fur la baguette,
faites-le bien joindre, roulez un tour fans colle ;
.enfuite collez , tant la partie -double formée par le
tiers de la feuille renverfée , que la partie fimple :
achevez de rouler tout le cartouche.
On moule de même les porte-feux, dont les cartouches
font comme ceux des lances ; on les emploie
à communiquer le feu d’une pièce d artifice aune autre,
par le moyen d’une étoupille qui y eft renfermee.
On fait l’étranglement des cartouches lorfqu’ils
font encore humides. On voit fig-12 , un chevalet tres-
commode pour étrangler des fufées avec le pied. Cet
étranglement fe feroit mal, 8c feroit meme impoflible
pour les gros cartouches , s’ils étoient fecs.
Ayez delabonne ficelle pointtrop retorfe, dont la
groffeur foit proportionnée à celle des cartouches :
attachez un bout à quelque çhofe de fixe 8c de folide,
comme un piton ou un gond fçelle dans le mur, ou
viffé dans du bois ; attachez-en l’autre bout au milieu
d’un bâton que vous retiendrez avec lescuiffes,
ou avec une fangle dont vous vous ferez une ceinture.
Frottez la ficelle de favon pour empêcher que le
carton étant encore humide, ne s y attache 8c ne
fe déchire dans l’étranglement. Ayant pofe le cartouche
fur la ficelle , faites-lui faire deux tours bien
juftes dans l’endroit oh vous voulez faire l’étran-
glement , qui^doit être à un demi-diametre environ
de l’extrémité du cartouche ; enfoncez dans cet endroit
une baguette que vous tenez de la main droite ,
ferrez la ficelle en penchant le corps en arrière , &
tournez le cartouche à chaque fois pour en arrondir
l’étranglement, jufqu’a ce qu il ne refte qu un trou
à pouvoir paffer la broche avec peine car alors
l’étranglement eft fuffifant.
On peut fe fervir fi l’on veut de deux baguettes ,
dont une dans le corps du cartouche, & l’autre dans
la gorge. Ce qui rend l’opération un peu plus longue,
mais auffi plus sûre : le carton fait moins de plis,
8c l’étranglement a plus de rondeur.
Quand on a étranglé un certain nombre de fufées,
il ne faut pas différer de les lier * de peur que l’étranglement
ne fe relâche.
Il y 3 un certain noeud particulier à l’artificier,
qui eft très-commode 8c lie très-bien ; il confifte a
paffer trois boucles dans la gorge de la fufée, en ferrant
chaque fois fans faire de noeud. On attache ainfi
plufieurs cartouches enfemble ; après quoi on prend
Je premier attaché 8c le dernier , on les tire avec
force, ce qui fait ferrer la ligature de tous. On les
refferre encore avant de les feparer pour les charger.
On lie de même les pots de fufées, les baguettes,
6c prefque tout ce qui doit être lié dans l’artifice.
Compofitions pour les fufées volantes.
Voici un choix des compofitions reconnues pour
les fufées volantes, telles que les bons artificiers les
emploient ordinairement. Cependant il eft à propos
de faire des effais des matières qui entrent dans ces
compofitions, dont les dofes peuvent varier en
quelque chofe, fuivant les circonftances du temps ,
de là faifon 8c de la qualité des matières.
des Fufées.
I.
Feu Chinois
rouge
brillant.
Matières,
!''Salpêtre. •—
Soufre.— —
Charbon.-••
Sable du 3 e.
ordre.*—
Fufées de
12 à ij li.
liv. on. gr.
I "i***—•
.....3""
...... 4.
......7**”
Fufées de Fufées de
18 a it li. 2.4 a36li,
liv. on. gr. liv. on. gr.
I ....§w? I — *....
3..4 ......44.
~ - 5-" - - 6 -
......7..4 ......8....
Salpêtre.
.Soufre.-
Pouffier...... F ju Chinois
blanc très- .
clair brillant. iSable du y,
f ordre. —
Salpêtre.
Soufre......
Charbon.—
m.
Jî
Feu ancciieenn.. 0
IV. fPouffier...“-
Feu commun. \ Charbon.—•
w f Sa.Salpêtre.r -----
••
Feu nouveau < >-,r1 ,
très-rouge. |Charbon.~
......7..4
— 1 2 —
• II*'
m
— I l '4
....II..4
-6-4
.... 6
"g..4
" 7"4
Ces cinq compofitions donnent des feux varies 8c
contraftés en blanç, rouge, 8c brillant.
Matières.
Fufées de
6lig,&au
deffous,
Fufées de
jà g l ig .
liv. on. gr. liv. on, gr.
_ f Pouflier.— I
Feu commun, j C h a r b o lv . — .* 2 — .......3 "
Pour mélanger les matières qui doivent entrer
dans les compofitions ci-deffus, on les paffe enferrlble
jufqu’à trois ou quatre fois dans le tamis de crin le
plus clafr. A
La compofition des fufées volantes ne peut etre
employée trop sèche, pour qu’elles aient tout leur
effet. Cependant on doit excepter la compofition
du feu chinois, dont il faut un peu mouiller le fable,
afin que le foufre s’y attache.
Les petites fufées de 5 lignes 8c au deffous n ont
pas befoin d’être percées pour monter. On les charge
fur un culot qui n’a point de broche. Si ces fufees
étoient
étoient percées, elles monteroient fi rapidement, à
caufe de leur légéreté 6c de la forée de leur compofition
, qu’on auroit peine à les fuivre de la vue.
Ces fufées ne font autre chofe que des lardons auxquels
on ajoute des baguettes. A trois lignes 6c au
deffous , on fait le cartpuche de papier, 6c on les
charge dans un moule.
Ces fufelettes ne fervent que pour des feux d’artifice
en petit. On peut même les réduire au point
d’être tirées dans une falle.
Pour charger les fufées volantes, obfervez ce qui
fuit.
i° . Rognez le cartouche à la hauteur du moule.
20. Frottez la broche de favon pour qu’elle entre
facilement dans l’ouverture de l’étranglement, qui
doit être plus petite que la partie la plus groffe de
la broche, afin qu’en y entrant un?peu à force, elle
le forme bien en rond.
Quand les cartouches font gros, on fe fert d’une
fcie pour les rogner.
30. Ayant mis le cartouche fur la broche , prenez
un bout de corde, faites-en deux tours, 6c nouez-le
dans l’étranglement pour en conferver la forme 6c
foutenir le cartouche, que les coups de maillet af-
faifferoient 6c affoibliroient dans cette partie qui gra-
veroit; ce qui même arriveront encore malgré la
corde , fi on refouloit la compofition plus fort qu’il
ne convient.
40. Placez le culot fur un billot uni 6c folide, après
avoir étendu deffus une grande feuille de papier
pour recevoir la compofition qui peut fe répandre.
50. Mettez la première baguette à charger dans le
cartouche vide, 6c frappez deffus dix à douze coups
pour en unir le fond 6c applanir les plis de l’étran-
glement, lefquels, s’ils reuoient, pourroient occa-
fionner quelque vide , ou l’air venant à fe dilater ,
feroit graver ou crever le cartouche.
6°. Verfez enfuite une cornée de compofition ,
frappez quelques petits coups avec la baguette contre
le cartouche pour faire tomber tout ce qui s’y eft attaché;
introduifez doucement la baguette, appuyez-
la ferme fur la compofition, frappez dix à douze
petits coups de maillet pour l’affeoir, 6c de temps
en temps retirez un peu la baguette , 6c la frappez
pour faire tomber la compofition qui a pu entrer
dans fa cavité.
Si c’eft une fufée de 15 lignes que vous chargez,
il faut frapper quarante coups égaux, 6c ayant retiré
la baguette , faites-en fortir la compofition en frappant
contre avec une autre baguette, fans quoi elle
s’engorgeroit 6c rifqueroit de fe fendre à la fécondé
charge. On juge qu’elle eft vide au fon qu’elle,
rend;
70. Agitez de temps en temps avec la cornée la
compofition dans la febille, afin de mêler les matières
que l’ébranlement des coups de maillet pour-
roit féparer. Le foufre qui eft le plus lourd iroit
au fond, 6c le charbon s’éleveroit en deffus. C ’eft
pourquoi il faut éviter de tenir la febille fur le billot ;
6c c’eft par la même raifon que les compofitions
Arts & Métiers• Tome I, Partie I,
' gardées long-temps doivent être repaffées par le gros
tamis, lorfqu’on veut les employer.
8°. L’opération de la ^fécondé & troifième baguettes
fe fait de même, excepté qu’à chaque changement
de baguette, ori diminue de cinq le nombre
des quarante coups-égaux que nous avons prefcrits
pour la première baguette à charger.
Le mafjîf ne/doit être frappé que de vingt coups,
parce que la matière qui augmente d’épaiffëur à me-
fure que la broche diminue, préfentant au feu moins
de furface 6c plus de réfiftance, a moins befoin d’être
refoulée.
90. On charge trois fois de chaque baguette ,
lorfqu’il n’y en a que trois. Mais lorfqu’il y a quatre
baguettes, on charge trois fois de la première , 6c
deux fois des trois autres ; fi cela ne fuffit point,
on fe fert une fois de plus de l’une des baguettes.
io°. Une fufée doit être chagée en onze ou douze
charges, neuf à dix pour couvrir la broche, 6c deux
pour le maflif. On fent avec le doigt quand la broche
eft prefque couverte, 8c pour lors on fe fert de la baguette
à charger le maflif.
i i ° . 11 faut avoir foin de donner jufte ce qu’il con-
. vient pour le bel effet de la fufée , 8c de ne pas
excéder la dofe des compofitions relativement au
calibre des fufées: car fi l’on en emploie trop, la fufée
ne jette la garniture qu’en retombant ; 6c fi l’on n’en
met pas allez, la fufée défonce : c’eft-à- dire que le
maflif qui n’a pas affez d’épaiffeur pour réfifter à
l’effort du feu, lui cède 6c eft auflitôt confumé; la
chaffe prend feu, 6c jette la garniture avant que la
fufée foit montée.
12. Les fufées au deffus des doubles-marquifes ,
fe chargent de cinquante coups avec la première
baguette, 6c l’on diminue les ,coups de cinq en cinq
avec les autres baguettes, comme il a été dit.
130. Les fufées de trois pouces 8c au deffus, doivent
être chargées fous un mouton , n’y ayant point
d’homme affez fort pour remuer affez long-temps
un maillet d’une groffeur proportionnée. Cependant,
fi l’on n’en a qu’un petit nombre à charger, en ne
mettant qu’une demi-cornée de compofition à chaque
charge, on pourra,à défaut de mouton , fe fervir
d’un maillet d’une groffeur à pouvoir être manié
commodément.
14°* On connoît que le majjîf eft chargé à la hauteur
convenable, lorfque la compofition eft à la hauteur
du moule ; ou, fi l’on ne fe fert point de moule,
on le connoît par la baguette à charger le maflif, à
laquelle on fait une marque qui en règle la hauteur,
lorfqu’on a rogné les cartouches à la même longueur.
Le maflif étant chargé, on met deffus un tampon de
papier chiffonné, 6c on le frappe d’une douzaine de
coups. On prend enfuite un poinçon dont la pointe
foit un peu émouffée, 6c l’on s’en fert pour dédoubler
la partie du cartouche qui eft reftée vide au deffus
du moule ou du maflif. Cette partie ayant été dédoublée
jufqu’à la moitié de fon épaiffeur, on la
replie fur le tampon de papier que l’on frappe d’une
I vingtaine de coups de maillet, en pofant deffus la