
nière que tous les traits marqués deffus reftent dans
la même place. Quand on a atteint les traits marqués,
on paffe de nouveau les poinçons fur la pierre
à l'huile , en la conduifant carrément par Xéquerre à
polir ; pour lors les traits tracés ne paroiflant plus,
on a recours aux modèles de fonte , favoir à ceux
des cinq filets liés les uns fur les autres, '& des quatre
notes réunies j on préfente les filets & ces queues
aux endroits du poinçon, que l'on retouche jufqu’à
ce que les parties foient d’accord.
Un autre moyen qu’on peut mettre en ufage, eft
de noircir ces modèles à la fumée d’une bougie,
& de les imprimer lur une carte. On coupe cette
carte au niveau des filets , & vis-à-vis on préfente
ceux du poinçon ; le noir des uns, le blanc & le
brillant des autres , forment un contraire qui fait
mieux fentir la différence, qu’il pourroit y avoir
entre eux , & par là on peut apprécier davantage
la perfection du poinçon.
11 y a des figures qui ne tiennent que la moitié
du corps qui les porte , d’autres qui* en occupent
la totalité ; enfin il y en a d’autres qui l’excèdent en
partie, en crénant fur leur corps.
Trempe des poinçon?.
Les poinçons étant taillés de façon qu’il n’y ait
plus à y retoucher, il faut leur donner par la trempe
le degré de dureté qui convient, pour qu’ils puiffent
être enfoncés à coups de marteau dans des morceaux
de cuivre, & y laitier leur empreinte fans
s’émouffer ni fe rompre.
Pour faire cette trempe, on fait rougir trois ou
quatre poinçons à-la-fois fur des charbons allumés ;
alors on prend le poinçons avec des pinces longues
& pointues , on les plonge du côté de l’oeil dans
de l’eau froide au quart de leur hauteur , en les promenant
un moment fur la furface de l’eau , pour
donner plus de dureté à cette partie ; puis on les
plonge en entier. Cette opération fe répète tant
qu’on a des .poinçons à tremper, en changeant &
refroidiffant l’eau à mefure qu’elle s’échauffe.
Comme il n’eft guère ppmble de faillr au premier
coup le jufte degré de trempe qui convient
aux poinçons , on leur en donne d’abord un peu plus
qu’il ne faut ; puis on les fait revenir au point où
l’on veut qu’ils foient. Pour cela on nettoie le poinçon
par un fèul côté du talus, proche l’oeil, en le
frottant fur une pierre^ponce ; puis on le préfente
par le gros bout fur un feu ardent, en le tenant
du côté de l’oeil avec.une pince. On a toujours les
yeux fixés fur l’endroit nettoyé ; & , lorfqu’on lui
voit prendre une couleur de pelure d’oignon , on
le fixe à ce point, en le plongeant dans l’eau. L’opération
de faire revenir le poinçon eft indifpenfabîe;
elle le confèrve & l’empêche de fe caffer, n’ayant
que \e degré de dureté qui convient.
Il faut proportionner le degré de dureté de la
trempe,à la difficulté de l’objet que Ton veut fur-
monter : c’eft pourquoi le contre-poinçon qui doit
agir fur l’acier même, en y laiffant fon empreinte,
demande à être plus dur que le poinçon, qui n’agît
que fur le cuivre ; aufli le laiffe-t-on en ce cas dans
la première trempe fans le faire revenir: il vaut mieux
qu’il caffe que de refouler, parce que fouvent fon
empreinte eft faite quand il cafte, au lieu que s’il
refoule il faut recommencer.
La fécondé opération qu’il faut faire au poinçon
après qu’il eft trempé, c’eft de le parer , ce qui
s’exécute ert dégageant la lettre & la tige des feories
que le feu y a produites. Pour cela on paffe &
l’on trotte en tous fens fur une pierre ponce fine
& douce, le bout du poinçon gravé, jufëpfà ce
qu’il foie devenu à peu près aufli clair qu’il étoit
avant d’être trempé; puis, avec la pointe d’une aiguille
, on ôte du creux qu’a fait le contre-poinçon,
la pouflière de la pierre ponce, & les feories qui
peuvent s’y trouver ; enfuite avec une gratte-b.ojfe
de fil de laiton, on nettoie la tige du poinçon.
Après ces opérations , il ne refte plus au graveur
qu’à frapper les matrices de cuivre. Il faut ferrer
les poinçons dans un lieu fec, ayant foin de les enduire
d’une légère couche d’huile d’olive pour les
préferver de la rouille.
Des rhatrices.
Quoique nous devions parler ci-après des matrices
dans b fonderie des caraélères, nous croyons
devoir donner à cet égard quelques obfervations
préliminaires à l'a fuite de la gravure des poinçons,
dont les matrices font le fruit & le réfultat.
Les matrices font compofées de petits morceaux
de cuivre rouge de quinze à dix-huit lignes de
long pour l’ordinaire, fur trois lignes environ d’é-
paiffeur.
Le meilleur cuivre pour cet ufage eft coupé fur des
planches de cuivre rouge , que l’on nomme monnoie
de Suède. On peut fe lervir aufli du cuivre qui eft
en barreaux. Avant de s’en fervir on fait recuire ce
cuivre en le mettant rougir dans le feu , &. le jetant
enfuite dans l’eau. Cette trempe fait fur le
cuivre un effet contraire à celui qu’elle produit fur
l’acier, c’eft-à- dire, qu’elle en dilate les pores &
le rend plus tendre , &. le nettoie en même temps
d’une partie des feories de la forge. Au refte , cette
trempe ne doit avoir lieu que pour les caraélères
un peu gros , & qui fe frappent à froid , afin que
le poinçon trouve moins de r'fiftance ; mais pour
les petits caraétères , jufqu’au cicèro, il eft bon qu’il
foient frappés fur du cuivre non-recuit, parce
qu’alors le cuivre étant plus ferré & plus compare,
la matrice dure davantage.
Il faut enfuite parer le cuivre, c?eft-à-dire , polir
avec des limes & un brunijfoir celle de fes faces qui
. doit recevoir l’empreint«.
Enfuite on trace avec une pointe l’endroit où le
poinçon doit être frappé.
L a frappe du poinçon demande une main exercée
: ce qui fait dire qu'une matrice bien fràppée ejl à
moitié jüfiifiée. Pour les petits caraéfères en a devant
foi' fur un établi un petit tas d’enclume, on met
le morceau de cuivre fur la face du tas, on tient
le poinçon de la main gauche; après,1’avoir paffé
fur une carte à plufieurs reprifes, pour donner plus
de brillant à fon poli, on le préfénte fur le cuivre,
& avec un petit coup de maffe on fait une légère j
empreinte. Si la lettre incline trop d’un côté , on.:
dreffe un peu le poinçon , & l’on effaie une autre;,
empreinte ;& quand la pofition eft bonne oh enfonce
alors fe jpo/mçon à. coups de maffe , jufqu’à ce qu’il
foit à la profondeur d’une ligne ou environ , plus ou
moins , .fuivant la force des caraftères.. .
Les lettres qui portent des accens, comme les
cinq voyelles a,, e , i , o , u , &c.: après .avoir été
frappées feules, le font de nouveau, chacune, avec
ces figures ' ' A " v " Y, qui font des .accens
aigusgraves, circonflexes 1 tréma, titres , brèves ,
longues & dputeules. .
Les mêmes poinçons fervent pour cette opération.
On fait d’abord fur les. poinçons de, ces; cinq
voyélles, même, fur les m & n , à caufe des titres ,
une entaille de cinq à fix lignes de long; puis on
grave féparément fur de petits morceaux d’acier ,
de la longueur exa&e de la t a i l f e la figure jfeule
des divers accens; on les trempe pomme les poinçons,.
& on .le.s pofe. fucceflivemênt fur cette en^.
taille qu’ils rempliffent exactement alors on les. lie.
enfemble- avec un double fil ciré, on les frappe
ainfi dans je cuivre : le point de l’i eft de même
ajouté comme un accent.
.. La frappe des gros cara&ères eft plus pénible ,
& on eft obligé de faire chauffer plus ou moins le-
çuivre jV fuivant la réfiftance qu’il pppofe.
Sur les grandes lettres, dites grojfes Sç moyennes det
fonte.,,on eft obligé'de creufer le, cuivre avec des
cifelets , avant d’y pouvoir frapper l’empreinte des
poinçons.
Junification des matrices.
Les matrices ont befoin d’être juftifiées pour ac-.
quérir.leur perfection. On les lime, on les ajufte,
on les difpofe de façon qu’en entrant les unes après
les autres, dans l’endroit du moule deftiné à les recevoir,
elles rendent chacune leur lettre fur la.fonte
dans le degré de jufteffe où elles doivent fe trouver
pour l’impreffion, ce qu’on appelle juftifier à regifire
arrêté., -
On juftifie d’abord , comme nous le dirons ci-
après , la lettre m dans le degré de profondeur
que l’on veut donner à la lettre, & de la largeur
convenable. Cette première matrice juftifiée, fert
de règle pour les autres. On fond fur cette matrice
trois m , que l’on met fur un petit infiniment nom-
Tnejufiifieation , & entre ces trois m on paffe fuc-
ceflivement toutes les autres .lettres, afin de les
y conformer, tant pour la hauteur en papier, que
pour l ’approche & la ligne.
De la fonderie en caractères.
La fonderie en caractères eft une fuite de la gravure
des poinçons. Le terme fonderie en caractères a
plufieurs acceptions : il fe prend ou pour un aflor-
timent complet de poinçons & dé matrices de tous
les caractères, lignes , figures , &c. fervans à l’imprimerie
, avec les moules, fourneaux * & autres
uftenfiles néçeffaires à la fonte des caractères ; ou
pour fe lieu.o.ùj’on fabrique les caractères ; ou pour
.l’endroit où l’on prépare le métal dont ils font formés.
; ou enfin pour l’art même de les fondre :Tc’eft
Idans ce dernier, fens que nous en allons traiter par- •
ticulièrement.
La fonderie en caractères eft un art libre. Ceux qui
l’exercent ne font point fujets à maitrife, à réception
ou yifites. Ils, jouiffent néanmoins des privilèges,
exemptions Si immunités attribués à fimprimerie
, & lont0 réputés, du corps; des imprimeurs 9
■ par la fimple formalité de fe ; faire enregiftrer fur le-
| liyre -de la communauté .des imprimeurs.
.Cet art eft peu connu %-parce que le vulgaire ne
fait point de diftinCtion entre fonderie & imprimerie ,
& s’imagine que l’impreffion eft l’ouvrage d’un imprimeur
, comme un tableau eft l’ouvrage d’un p.ein-
[ trq. Il y a peu d’endroits où l’on exerce cet art: à
peiné compte-t-on douze fonderies en caractères en
I France : de ces cfeuze. fonderies , il y en a plus de
i la moitié à Paris.
Les premiers fondeursétoient graveurs, fondeurs
&. imprimeurs ; c’eft-à-dire , qu’ils travailioient les
poinçons , frappoient les matrices , tiroient les empreintes
des matrices ,.les difpofoient enfermes, Sc
imprimaient ; mais] l’art s’eft divi-fé en trois branches
, par.la difficulté qu’il y avoit de réûfur également
bien dans toutes.
On peut obferver fur' les ouvriers qui ne font
que fondeurs , ce que nous avons obfervé fur ceux
qui ne fontr qu’imprimeurs , c’eft qu’ils ne font les
uns. &.les autres que prendre' des.empreintes , les
uns fur ie métal, les autres fur le papier. Que les
caractères foient beaux ou laids , ils n’en font ni à
louer .ni à blâmer ; chacun d’eux coopère feulement
; à la .beauté de l’édition , je? imprimeurs par la corn,"
| pofition & le tirage , les fondeurs par le foin qu’ils
doivent avoir que les caractères foient fondus exactement
fuivant les règles de l’art ; c’eft-à^dire , que
. toutes les lettres de chaque corps foient entre elles
d’une épaiffeur & d’une hauteur égale , que tous les
traits de chacune des lettres foient bien de niveau ,
& également diftans les uns des autres ; que toutes
fes lettres des caractères romains; foient droites &.
parfaitement perpendiculaires ; . que celles des itali?
ques foient d’une inclinaifon bien uniforme, & ainfi
des autres caractères , fuivant leur nature; toutes
chofes que nous allons expliquer plus en détail.
Procèdes du fondeur.
Lorfque le fondeur s’eft pourvu des meilleurs
poinçons , il travaille à former des matrices : pour
cet effet il prend le meilleur cuivre de rofette qu’il
peut trouver ; il en forme à fe lime dè petits parallé-
lipipedes longs de quinze à dix-huit lignes, &
d’une bafç & largeur proportionnées à la lettre qift