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VOCABULAIRE de I Art du Chaufournier.
H iscuit Jpaîrtïes dures & pîerreufes qui fe ren-
contrènt quelquefois dans la chaux éteinte. ^ ;
C e n d r é e ; cendre des fours à chaux qui s exploitent
au feu de houille. f
C harbonnêe ; c’eft le fit de charbon,renferme
entre deux lits de pierre à chaux , dans les fours
où le feu fe fait avec du charbon.
C h a r g e ; lit de pierre entre deux charbonnées.
C h au d iè r e ; partie du four au deffus du cendrier.
C h à u f o u r ; four à chaux. On donne encore le
même nom au magafin où l’on ferre la pierre a calciner
, le bois deftine a cette opération, & la chaux
quand elle eft faite.
C h a u fo u r n ie r ; ouvrier qui fait la chaux.
C h a u x ; pierre calcinée par lé f e u , qui s échauffé
avec l’eau, & qui fe lie fortement au fable. *
C h a u x a ig r e ; celle qui ne foifonne pas * &
qui n’eft pas graffe.
C h a u x â p r e , chaux faite avec la pierre noire
& coquifière des environs de Metz , Thionville &
Bitfche en Lorraine : c’eft l’efpèce de chaux qui fe
durcit le plus vite & plus fort ; mais elle n eft pas
de garde : il faut l’employer fept ou huit jours au
plus tard après quelle a été fabriquée.
C h a u x bru lee ; chaux éteinte avec moins d’eau
qu’il ne lui en falloit pour la bien diffoudre.
Les chaufourniers appellent auffi improprement
chaux brûlées les roches du four qu’ils difent ne fe
point éteindre à l’eau ,& y fur nager en morceaux:
préjugés d’ouvriers, comme l’a prouvé M.Fourcroy
de Ramecourt.
C haux coulée , chaux que l’on a éteinte dans
un baflin de bois, & fait couler dans une foffe pour
enféparer les parties non calcinées. Cette préparation
de la chaux eft eftimée des architeâes : mais je ne fais
fi l’abondance d’eau néceffaire pour faire couler la
chaux en lait, & qui excède de beaucoup la portion
que la nature lui a proportionnée, ne pourroit
pas diffoudre une partie de fa vertu , qui enfuite
s’imbiberoit dans les terres de la foffe avec cette
eau furabondante, & feroit autant d’enlevé à la fo-
lidité des mortiers. t t
C h a u x éteinte ; celle qui a été détrempee ou
fondue avec de l’eau.
C h a u x étein te p a r d é f a il l an c e ; celle qui
a été réduite en pouffière par l’humidité & l’action
de l’air. , .
C haux étouffée ; chaux que 1 on a eteinte avec
de l’eau , après l’avoir couverte d’une couche de
fable qui, en laiffant arriver l’eau fur la chaux, empêche
la fumée de la chaux de s’évaporer pendant
fon exrin&ion. Les archite&es font grand cas de cette
façon d’éteindre la chaux.
C h a u x fusée , celle qui , n’ayant point été
éteinte, a été expofée à l’air, ôt dont lç? fels &
efprit5 fe £opt évaporés.
C h a u x g a r d é e ; comme la chaux ne fe gardé
point v i v e , parce qu’elle tombe toujours en pouffière
en peu de temps à l'humidité de l’air, & qu’alors
eile eft,éteinte, la chaux gardée eft de la chaux éteinte
avec de l’eau , & que l’on a confervée en pâte dans
des folles bien recouvertes contre les gelées.
C h a u x g r a s s e ; on appelle ainfi la chaux en
pâ te, qui ne laiffe appercevoir aucuns grains ou
grumeaux, & qui reffemble à du beurre par fa
fineffe.
C h a u x r e tou rné e ; c’eft une préparation particulière
que l’on donne à la chaux âpre de Lorraine
pour remployer.
C h a u x v i v e ; celle qui s’échauffe en lui donnant
de l’eau.
D ressées ; couches de pierres dans les fours c y lindriques
, où l’on brûle du charbon de bois.
Eb r a iso ir ; voûte pratiquée dans toute la largeur
des fours à ch au x,au deffous du niveau du terrain,
pour y mettre le bois ou le charbon.
C ’eft auffi une efpèce de pelle de fer dont on
fe fert pour tirer la brail'e des fourneaux, quand ©n
veut en diminuer le feu , ou conferver la braife qui
s’y confumeroit fans effet : on emploie auffi le
même infiniment à attifer les bois, dont la flamme
fe réveille quand on en détache les charbons.
Ec r e v is s e s ; pierres calcinables qui ont pris au
feu une couleur rouge qu’elles confervent, mais qui,
faute d’affez de f e u , ne fe font pas calcinées.
E mbr asem ent d u f o u r ; premier feu qui fait
fuer le four à chaux & toute la charge.
En to n n o ir ; partie du four à chaux.
Entrée d u f o u r n e au ; voûte pratiquée dans
les fours à chaux.
Esco u p e ; pelle de fer propre aux fours à chaux.
F o isonn ement ; c’eft le renflement du volume
- de la chaux, lorfqu’elle paffe de l’état de chaux-vive
à celle de chaux réduite en pâte.
F o u r s co u l a n s ; on nomme ainfi les fours à
chaux dont le feu ne s’éteiat point tant que dure
la fabrication de la chaux, mais defquels on la tire
par le pied du four à mefure qu’elle fe fabrique, en
rechargeant d’autant le four par fon fommet.
F o y e r ; partie du four à chaux où s’allume le
premier feu.
F u s e r ; ce terme fe dit de la chaux calcifiée qui
fe- réduit en pouffière.
G o u le t t e s ; pierres plates dont on garnit le
fond des fours à chaux où l’on brûle du charbon
de bois.
G ueule ; ouverture du four à chaux par laquelle
on peut communiquer à fon pied.
L a it de c h a u x ; c’eft la chaux détrempée clair,
qui reffemble à du lait, dont on fe fert pour blanchir
les murs & les plafonds.
L ance ; c’eft une barre de fer de fept à huit pieds
de lo n g , avec laquelle le chaufournier plonge entre
les pierres dont le four à chaux eft chargé. Elle eft
pointue par un bout & tournée en anneau par l’autre
bout, que l’on nomme ce.il. de la lance. Il convient
que le chaufournier en ait une autre de quatre à
cinq pieds feulement de longueur , pour s’en fervir
lorfqu’il ne s’agit que de retourner les pierres de la
furface du four.
L it ; ce terme fe dit d’une couche de charbons,
de pierres, &c.
M annes ; paniers d’ofier dont fe fervent les chaufourniers
pour mefurer la chaux, & tranfporter leurs
matériaux.
Ma r r o n s : on appelle ainft les pierres fortant du
four à chaux fans avoir été calcinées, quoique le
pourtour de la pierre-fait été.
N o y a u x ; fe dit de même des pierres mal calcinées.
(Eil de l a lanc e ; anneau qui eft à un bout de
la lance du chaufournier.
P o r t e -feu ; c’eft le canal par lequel on enflamme
le pied de quelques fours à chaux.
R â b le ; outil de la forme d’ un rateau de fer fans
dents, fervant à retirer la braife ou la cendre de
quelques fours à chaux.
R e c u ir e l a p ie r r e ; c’eft la faire fuer & deffé-
cher avant de preffer le feu.
R e cu it s ; ce font des parties pîerreufes qu’on
trouve quelquefois dans la chaux mal calcinée.
R en e îag e ; c’eft le produit journalier d’un fouç
coulant, ou toujours allumé.
R e s s u y e r ; c’eft faire éprouver une chaleur
moyenne à la pierre à chaux pour en ôter toute l’humidité
, avant de la chauffer en règle.
R i g a u x ; efpèce de noyaux caufés dans les
pierres par une mauvaife calcination.
R o c h e ; maffif plus ou moins gros de plufieurs
pierres, qui dans le feu fe font unies les unes avec
les autres.
R olle ; efpèce de fourgon au même ufage que
le rable.
T ir a g e ; ce terme fe dit d’un four qui tire bien
f a i r , & dont le feu eft toujours animé.
Il fe dit encore de l’aftion de tirer la chaux qui
eft faite.
T iso n n ie r ; outil des fours à chaux.
T o u r e l l e ; nom donné dans quelques pays au
four élevé pour cuire la chaux.
C A R T I E R . (AnJu)
D a n s la defcription de cet art, nous croyons
devoir nous borner aux Amples détails de la fabrication
des cartes à jouer. Nous ne nous occuperons
donc point ici des jeux dans lefquels ces cartes font
employées : les règles de ces jeux & l’appréciation des
avantages & des défavantages de chacun d’eux fe
trouveront dans la partie mathématique. Nous
croyons cependant devoir faire précéder l’expofi-
tion des procédés de l’a r t, de quelques anecdotes
hifloriques fur l’origine des jeux de cartes , & fur
l’invention das cartes : c’eft le père Meneftrier , jésuite
, qui nous fournira ces anecdotes, que nous
tirons de fa bibliothèque curieufe & inflruélive.
A n e c d o t e s hifloriques fur l'origine des cartes.
Le père Meneftrier, après avoir remarqué que
les jeux font utiles, foit pour délaffer, foit même
pour inftruire ; que la création du monde a été pour
1 Etre fuprême une efpèce de jeu ; que ceux qui
tnontroient chez les Romains les premiers élémens
s appeloient Ludi Magiflri; que Jéfus-Chrift même n’a
pas dédaigné de parler des jeux des enfans : il distribue
les jeux en jeux de hafard, comme les dés ;
en jeux d’efprit, comme les échecs ; & en jeux de
hafard & d’efprit, comme les c a r t e s . Cependant
ce qui dérange la elaffifleation du père Meneftrier,
eft qu’il y ,a des jeux de cartes qui font de pur
h a fa rd . ■ *
A r t s & M é t ie r s , T om e I , . P a r t i e I I ,
Selon le même auteur, il ne paroît aucun veftige
de cartes à jouer avant l’année 1392, que Charles VI
tomba en phrénéfie. Le jeu de cartes a dû-être peu
commun avant l’invention de la gravure en bois, à
caufe de la dépenfe que la peinture des cartes eût
occaflonnée. Le P. Meneftrier ajoute que les Allemands
, qui eurent les premiers des gravures en
bois, gravèrent auffi les premiers des moules de
cartes , qu’ils chargèrent de figures extravagantes :
d’autres prétendent encore que l’impreffion des cartes
eft un des premiers pas qu’on ait fait vers l’impreffion
en caraâères , gravés fur des planches de
bois, & citent à ce fujet les premiers elîais d'imprimerie
faits à Harlem, & ceux qu’on voit dans la
bibliothèque Bodleyane. Ils penfent que l’on fe feroit
plutôt apperçu de cette ancienne origine de l’imprimerie,
fi l’on eût confidéré que les grandes lettres
de nos manuferits de 900 ans, paroiffent avoir été
faites par des enlumineurs.
On a voulu par le ,jeu de cartes , dit le P. Meneftrier
, donner une image de la vie paifible , ainft
que par le jeu des échecs, beaucoup plus ancien,
on en a voulu donner une de la guerre. On trouve
dans le jeu des cartes les quatre états de la vie ;
le coeur repréfente les gens d’égüfe ou de choeur ,
efpèce de rébus; le pique, les gens de guerre; le
trèfle, les laboureurs ; & les carreaux, les bourgeois, i dont les maifons. font ordinairement carrelées. Voilà
une origine 6c des allufions bien ridicules. On lit
N n n