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Bas de la planche. u u ,y y s baflicot; les planches
quile forment font arrêtées par les tenons uu, yy,
y Si y , cordes appelées bartos , portées par 1«
crochet 6».
Z Z , planche mobile appelée lucet, qui eft arrêtée
par deux tenons.
1 5 , 1 5 , 16 , 16 , auge dans laquelle fe vident les
féaux. 13, 14 , crochets deftinés à arrêter les féaux.
On voit un crochet ^entier & féparé dans les fig.
iB y ip.
1 7 , ouverture par oh s’écoule l’eau de l’auge.
3 , 5 , 6 , 6 , feau qui fert à élever l’eau. 4 , 4 , 5 , 5,
enferrures qui fervent à retenir les pièces qui le
compofent ; 6 , 6 , 6 , 6 , cerceau de fer ou chapeau
arrêté au feau par des tenons ; c’eft ce chapeau qu’arrêtent
les crochets qu’on voit fur le devant de l’auge,
pour forcer le feau de fe renvcrfer. 20, anfe qui
fufpend le feau aux trois quarts de fa hauteur , arrêtée
par deux tourillons 3 , & attachée à une corde
~par le moyen d’un crochet 20, appelé havet.
8 , 9 , 9 , le chapeau vu avec fes treilles Si fes
ailerons.
7 , le même féparé de fes treilles & de fes ailerons.
1 o , oreille qui eft arrêtée à la partie intérieure du
feau.
j i , aileron qui eft arrêté à la partie extérieure.
12 , bure vue féparément.
M. de Vauglie, auteur du mémoire que nous
rapportons fur les ardoifières d’Anjou, oblerve que
ces carrières dans leur état aéluel font fufceptible de
perfeéfion, & qu’en s’écartant de l'ufage ordinaire,
elles peuvent devenir plus belles & plus avanta-
geufes. En effet, fi l’on eft convaincu par l’expérience
que la matière augmente en beauté & qualité
, à proportion de la profondeur de la carrière ;
& fi l’on ne doute pas que les plus grandes dépenfes
qui fe font pour fon exploitation, eonfiftent dans
le tranfport Si la fouille des coffes Si matières étrangères
jufqu’à la rencontre du franc-quartier, & en-
luite dans l’enlèvement de ce franc-quartier lui-
même, des eaux pluviales, de celles de fources ,
Si des vidanges , il faut conclure que plus on approfondira
une carrière, plus on aura d’avantage en
tout genre, pourvu que l’on parvienne à des moyens
plus fimples d’extra&ion, puifqu’un des plus grands
inconvéniens qui eft celui du déblai premier ne fub-
fiftera plus, Si que l’autre diminuera en raifoir de la
bonté de ces nouveaux moyens d’extra&ion. Il
propofe d’adapter à l’exploitation des ardoifières,
«des machines telles qu’on en emploie dans plufieurs
carrières de charbon , & dans les mines, qui font
des modèles en ce genre, Si qui ne laiffent rien à
defirer.
Les carrières d’ardoife font plus ou moins profondes
; cela dépend de la qualité du rocher ou des
pvénemens qui peuvent en caufer la ruine.
On n’a' jamais trouvé le fond d’une carrière près
d’Angers ; on eft feulement convaincu que plus les
ardoifières font profondes, plus la matière en eft belle.
Cependant, on né creufe guère au-delà de 27O pieds,
par les difficultés, les dangers Si les dépenfes d’une
exploitation à une plus grande profondeur.
L’ardoife fupérieure diffère en couleur Si en fo-
lidité de celle qui fe tire à une certaine profondeur ,
qui. eft alors plus folide , fonore, & communément
d’une couleur bleuâtre que l’on dit noire. La plus
parfaite étant fabriquée doit être unie Si fans tache ;
elle fe nomme dans le pays carrée forte ; elle provient
des francs quartiers qui font affez bas dans la
carrière, Si affez denfes pour ne recevoir aucune
impreffion de l’eau des pluies ou des fucs des matières
étrangères qui forment les taches de la différence
de la couleur.
Les blocs on francs-quartiers font durs & fo-
nores en fortant de la carrière. Les ouvriers affeâent
de les annoncer pour flatter les entrepreneurs, en
la frappant avec leur marteau fitôt qu’ils les ont
fendus.
La gelée produit un effet ftngulier fur l’ardoife«
La furface des bancs gèle dans le fond des carrières
par un grand froid ; celle des blocs fortis des carrières
, gèle fur l’atelier par un froid médiocre :
tant que ces blocs reftent dans un état de gelée ,
ils fe fendent bien plus facilement que dans leur
état naturel ; ceux même qui font aigres ou mêlés
de corps étrangers, & qui dans le travail ordinaire
offrent plus de difficultés, fe fendent aifément pendant
la gelée.
Si le loleil ou quelque vent auftral paffe fur ces
blocs , ils font dégelés à l’inftant, & perdent non-
feulement la nouvelle propriété qu’ils avoient ac-
quife, mais encore celle qui leur étoit naturelle ;
le franc-quartier ne peut plus fe fendre ; l’ardoife aigre
eft tout-à-fait intraitable ; l’un & l’autre réfiftent au
cifeau , & ne forment plus qu’un feul corps non
divifible.
Si la gelée continue, ces blocs ne font pas perdus
; l’ouvrier les expofe au plus grand froid de la
nuit, il les reprend au matin ; ils ont alors les qualités
qu’ils fembloient avoir perdues par le dégel ;
mais s’ils ont été gelés & dégelés pendant quatre
ou cinq jours fans interruption!, ils perdent abfo-
lument toute leur qualité, Si l’on eft enfin obligé
de les rebuter.
Les blocs d’ardoife fe deffèchent étant trop longtemps
expofés à l’air & au foleil ; & lorfqu’ils ont
totalement perdu leurs eaux, ( en terme de carrière )
il n’eft plus poffible de les fendre.
Les bancs de matières étrangères qui divifent les
bancs d’ardoifes, font les feuilletis, les chats, & les
torreins : on y remarque aufli de petites couches
d’argile mêlées de graviers & de parties métalliques,
ainnque des filons d’une terre noire femblable au
charbon de terre. Toutes les couches de ces matières
font parallèles aux bancs d’ardoife, dont elles fuivent
l’inclinaifon Si la dire&ipn.
Les feuilletis font de la nature du franc-quartier,
mais ils n’ont ni foüdité , ni qualité effentielle ; le
feuillet qui les compofe eft fi friable , qu’il fe fé?
;! il!!1
pare fans peine Si febrife en tombant': fes couches
font parallèles & dâns la même direction que celles
du franc-quartier ; elles ont depuis un pied jufqulà
quatre pieds d’épaiffeur, Si les divifent accidentellement.
,
Les chats font un amas de petits corps durs liés
enfemble & de la nature du caillou blanc , dans lesquels
fe rencontrent des parties de criftal de roche
ou de quartz; ils forment des couches ou efpèces
de cordes parallèles aux bancs d’ardoife , dont les
plus gros ayant environ deux pieds d’épaiffeur ,
nOurriffent des rameaux qui pénètrent & divifent
l’ardoife en tous fens, Si la rendent aigre Si intraitable.
Les torreins font bien moins communs que les
feuilletis Si les chats, mais ils font beaucoup plus
étendus Si conftans ; ils fuivent la direéfion des
bancs d’ardoife & leur inclinaifon; ils font compofés
d’un amas de matières étrangères, dont la bafe eft
une efpèce de gros fable ou gravier très-fortement
lié avec toutes les autres matières étrangères , telles
que des parties de chats, de feuilletis, d’argile &
d’ardoife qui, jetés comme au hafard, perdent dans cet
affemblage leur pofitiôn première , Si n’ont plus
entre elles la mêrne direction qu’elles ont dans les
carrières, lorfqu’elles y font pofées féparément. Les
petites couches d’ardoife accidentelles y deviennent,
par exemple, quelquefois horizontales.
Les couches d’argile du de terre mêlées de gravier
Si différentes parties métalliques , forment une
efpèce de lit à l’ardoife ; elles n’ont communément
que huit à dix pouces d’épaiffeur, & fuivent la direction
des bancs dont elles rempliffent les délits; confé-
quemmentavec la même inclinaifon au nord, elles
ne produifent d’autre inconvénient que d’humeéfer
les parties qui les refferrent, Si de leur imprimer une
couleur rougeâtre. Quelquefois on rencontre dans
l’intérieur des blocs, des cavités d’un pied environ
de diamètre, remplies d’une glaife pure & légère ,
que l’on juge n’être qu’un fédiment des eaux Si l’effet
des filtrations.
Les filons de terre noire femblable au charbon de
terre, ont à peu près les mêmes qualités & polirions
que les couches d’argile dont on vient de
parler ; mais on n’y reconnoît aucune qualité relative
au charbon de terre.
Les pyrites font très-communes dans les ardoifières;
elles y font quelquefois parfemées en forme
de gros grains de fable fur des couches très-étendues
d’ardoife, 011 elles font adhérentes & retenues par
une matière pierreufe & fort dure , bien différente
de celle de l’ardoife ; d’autres fois elles forment des
nodus toujours empreints fur cette matière pier-
reufe.
On rencontre aufli des marcaflites par petites
couçhes ou filons mélangés de fable & d’argile, Si
dans lefquels on remarque la même matière pier-
reufe des couches d’ardoife auxquelles les pyrites
font adhérentes. Les chats, les pyrites Si les mar-
ca[jites y forment également des nodus ; l’ardoife
même produit, cet effet : c’eft*çe que les ouvriers
appellent moelles ou moujfes.
On trouve quelquefois fur l’ardoife des impreflions
de feuilles , d’herbes , de moufles, ou plantes de
différentes efpèces, de coquilles, &c.
Quoique l’ardoife foit compofée d’une infinité de
couches divifibles à l’infini, on ne remarque cependant
aucunes diftinétions dans les coupes tranfver-
fales des feuillets , ni dans les joints des blocs , foit
avant que la pierre foit détachée de la maffe de la
carrière, foit avant qu’èlle en ait été tirée.
L’ouvrier qui fend l’ardoife ', n’obferve aucun
ordre dans fon travail pour la divifion des blocs Si
des feuillets. Sur fon cifeau pofé au hafard fur les
fils de l’ardoife qu’il ne peut diftinguer, il donne
un coup de marteau Si divife le bloc en deux ; il
recommence ainfi toujours la même opération , Si
pourroit le réduire en feuillets aufli minces qu’une
feuille de papier lorfqu’il eft franc : car, s’il eft aigre ,
trop dur, ou mêlé de corps étrangers, les feuillets
ne peuvent être réduits qu’à une certaine épaiffeur :
- ce qui fait que l’ardoife qui provient du quartier
même le plus franc, ne peut jamais avoir une épaiffeur
régulière , comme fi ces feuillets étoient bien
di&inéls.
Il nous refte à rapprocher les différentes opérations
propres à former l’ardoife hors de la carrière.
Quand on a déchargé les crenons en ôtant le
lucet du baflicot, il y a des ouvriers tout prêts qui
les emportent avec des hottes qu’on appelle hottes
à quartier, pour les diftinguer de celles dont on fe
fert dans la carrière, & qu’on appelle hottes à vidanges.
Les hottes ont leur doflier rembourré de
paille. Le panier des hottes à vidanges eft plus
grand que celui des hottes à quartier; & ces dernières
ont le doflier plus haut que les autres. Les-
hottiers vont dépofer ces crenons autour de ceux
qui fabriquent l’ardoife.
Pour répartir les crenons, les ouvriers fe fervent
du cifeau à crenerSi ils en font des repartons qui
paffent à un ouvrier, lequel avec le cifeau moyen ,
divife les repartons en contre- fendis ; Si avec le cifeau
nommé pajfe-partout, il fait une nouvelle divifion en>
fendis ou ardoife brute. L’ouvrier fendeur commence:
par divifer le bloc qu’il appuie contre la cuiffe gauche-
Il tient de la main gauche ua cifeau, Si frappant avec
un maillet de fa main droite , il le réduit en plufieurs-
parties plus maniables. Il donne au bloc la longueur
que doit avoir une ardoifè de grand échantillon. Il
le partage en faifant une petite rainure Si en frappant
avec le cifeau fur le bloc;-ce qu’on appelle,,
comme nous venons de le voir , faire les repartons.
Le même ouvrier abat le bifeau qui fé trouve ordinairement
furl’épaiffeur du bloc, afin de donner au
fendeur plus dé facilité pour lè divifer : cette opér
ration fe nomme faire la prife.
Les fendis paffententre les mains d’autres ouvriers
qui font aflis à. terre derrière des paillaffons fou.7