
ce que l’un & l’autre foient blancs ; dans cet état,
on pofe l’acier fur le fer & on les forge enfemble ;
on les joint, on les incorpore \ enfuite on coupe le
fer de la longueur que doit avoir le poinçon , & on
forge la tige de façon qu’elle foit plus petite par un
bout que du côté de la lettre.
. Ces poinçons étant recuits au feu & refroidis, on
les lime de la grandeur jufte du calibre ; puis on
dreffe la furface d’abord à la lime, enfuite à la pierre
à huile. Quand les furfaces font ainfi polies &
dreffées, on y deffine la lettre capitale en le fervant
de Xéquerre à drejjer ou équerre mobile , qui, étant
mife d’équerre, fert pour les lettres romaines 9 en
guidant les traits perpendiculaires ; &. lorfqu’il s’agit
de lettres italiques, on incline la branche fuivant la
pente qu’on veut lui donner.
Pour faire les traits égaux, il faut tailler fur une
lame d’acier deux pointes diliantes de la largeur jufte
que l’on veut donner aux gros traits de lettres. Ces
deux, pointes trempées & conduites le long de la
branche de l’équerre , laiffent les deux traces fur
l’acier , & l’entre-deux fera l’épaiffeur des gros traits.
Les autres étant tracés de même avec une pointe,
on dégroffit à la lime tout l’extérieur du contour
de la lettre ; enfuite on fait des trous dans l’intérieur
avec un foret par-tout ou il peut pénétrer ; puis avec
une petite mafle & des cifelets, on dégage le refte
jufqu’aux traits intérieurs que l’on approche & décide
avec un burin plat, avec une pointe tranchante plus
forte que pour les petits caraâères, & par des bouts
de limes neuves carrés ou demi-rondes dont on
cafte un peu l’extrémité, afin que la vivacité du grain
de cette lime pénètre plus bas.
Pour évider le milieu avec des cifelets, on aflu-
jettit le poinçon dans un étau , ou dans un billot
avec des vis.
Ces poinçons étant creufés, on unit le fond &
les inégalités produites par les coups de cifelet avec
un petit burin un peu équarri par le bout, que l’on
promène dans le fond, au moyen duquel on applatit les
éminences, en frappant deflus avec une petite mafle.
On pafle & polit de nouveau le poinçon fur la pierre
à huile , on le repare & on l’eflaie comme les
autres.
Les lettres plus petites, mais dont les traits contournés
ne laiffent guère de prife aux contre-poinçons
, comme les capitales & certaines lettres finales
du caraEl'ere de finance, fë font de même en les ci fêlant.
On réduit les poinçons à la grandeur jufte du
calibre ; on unit & polit la furface ; & l’on y deffine
la figure à rebours avec une pointe à tracer, en lui
donnant toute la grâce & tous les contours qu’elle
doit avoir, S’il eft échappé quelques faux traits de
pointe, «n efface le tout en paflant le poinçon fur
la pierre, & on recommence le deffin que l’on évide
à la lime dans tout l’extérieur ; puis on creufe le
dedans. Lorfqu’il y a quelques parties délicates à
creufer au burin , on frappe dans le milieu un poinçon
rond èt pointu, qui y laiffe un petit trou
rond. Le refte fe fait avec le burin qui s’abat dans
ce petit trou , & ne gâte rien au-delà.
Les lettres ornées fe taillent intérieurement partie
par le poinçon, partie par le burin.
Des vignettes.
Les petits ornemens mobiles qu’on nomme vignettes
^ font une partie de l’art qui a été négligée par
nos anciens grave.urs ; ce qu’ils en ont fait mérite peu
de confidération, tant par le nombre que pour la
figure.
La taille des vignettes demande des précautions,
fi l’on veut qu’elles puiffent fervir, par leur combi-
f»n, à la compofition de quelques légers deffins.
Pour cela , il faut qu’elles rempliffent le corps fur
lequel on les deftine , & qu’elles foient faites fur des
largeurs déterminées & correfpondantes à d’autres
corps.
L’acier étant dreffé à la hauteur & largeur que
l’on deftine à la vignette, & poli fur la pierre, on
deffine deflus avec la pointe à tracer la figure que
l’on a imaginée; mais pour ce deffin & cette exécution
, il faut du goût & , de l’adreffe. Le deffin
étant tracé , on. dégroffit l’acier jufqii’aux traits marqués
, puis on évide le dedans avec le burin & le
cifelet, & on le perfe&ionne avec la po.inte tranchante.
Après l’avoir pafle de nouveau fur la pierre
à huile, on en fait l’effai fur une carte par le moyen
du noir de la fumée d’une bougie, & on corrige
jufqu’à ce que le poinçon foit parvenu au point où
on le fouhaite.
Lorfqu’on veut faire le pendant d’une vignette l
c’eft-à-dire , en répéter la figure dans un fens op-
pofé , il faut préparer le fécond morceau d’acier de
même que le premier, auquel on le rend parfaitement
femblable. Après qu’il eft bien p o li, on l’enduit
d’une légère couche de cire blanche que l’on
fait un peu chauffer , on pafle enfuite le poinçon
qui eft fini fur la fumée d’une bougie , & on l’imprime
fur celui auquel on travaille : la cire en reçoit
l’empreinte qui fè trouve dans un fens oppofé : dn
en trace les traits ou contours avec la pointe, &
après en avoir ôté la cire, on fuit les traits que la
pointe y a laifles, comme on a fait pour le premier.
Par-là cette même figure eft répétée sûrement dans
un fens oppofé.
Les vignettes s’évident prefque.toutes au burin &
fe reparent avec la pointe. Comme il faut que le
burin foit trempé fec pour qu’il puiffe mordre fur
l’acier, il arrive fou vent que la pointe fe caffe ; pour
la rétablir promptement, on a une petite meule de
grès montée fur fa cuvette.
Lorfque la figure intérieure de la vignette eft
fufceptible cle contre-poinçon, il faut employer ce
dernier moyen par préférence.
Des fractions.
Les fra&ions font deux chiffres qui, joints à un
filet., font en trois pièces l’épaifleur jufte d’un corps.
Suppofé que l’on veuille faire des fractions de cicéro
qui porte douze points typographiques, on
prend un moule de parifienne qui n’en porte que
cinq ; deux chiffres fondus fur. ce corps & mis l’un
fur l’autre, feront dix points. Reftent deux points
pour le f i l e t & le tout enfemble fera les douze
points ou le corps de cicéro , comme dans cet
exemple, 98
Les chiffres étant fondus, on en prend deux, &
après les avoir frottés légéremment fur le corps , on
les met l’un fur l’autre entre deux rn ou entre deux
chiffres de cicéro, le tout fur une glace ; on ajoute
fur les deux chiffres de parifienne, le petit filet auffi
de parifienne fondu debout comme ceci, ;, mais
couché à plat fur les deux chiffres ; & l’on voit en-
fuite en pofant le jeton fur les deux m9 fi les trois
pièces font de niveau avec le corps.
Du plain-chant.
Les notés du plain-chant font des figures carrées,
lofanges, rhomboïdes, contenues entre ou fur quatre
barres ou filets.
Pour pofer ces figures dans la place qu’elles doivent
occuper, il faut que les poinçons portent 4 ,5 ■> 6
& 7 barres, afin que ces figures puiffent monter ou
defeendre à différentes pofitions. Le nombre des
poinçons eft communément de vingt-neuf ou trente.
On en fait fix ou fept à quatre filets feulement, dits
cadrais de noies ; favoir, le premier d’épaiffeur jufte
d’une demi note, le fécond d’une note , le troifième
d’une note & demie , le.quatrième de deux, le cinquième
de trois ou de quatre, le fixième de cinq
ou de fix. Il y en a huit à cinq.filets, dix à fix, &
deux à fept.
Lorfque l’on veut des dièfes dans le plain-chant,
on fait alors deux poinçons de plus , un à cinq filets ,
le dièfe fur le fécond ; l’autre à fix filets, le dièfe dans
l’intervalle du fécond au troifième.
L’ancienne manière de compofer ces notes la
queue en bas , étoit à - la - fois défagréable à la
vue, embarraffante pour l’impreffion &. compliquée;
mais en retournant ces notes comme l’a imaginé
M. Fournier le jeune, tout rentre dans l’ordre de la
propreté & de .la fimplicité que le graveur doit avoir
toujours en vue.
Le point difficile eft de rendre ces filets fi également
diftans les uns des autres fur le poinçon, qu’en
les employant fucceffivemeut à la fonte pour faire
monter ou defeendre les notes, ils fe trouvent au
nombre de quatre exactement vis-à-vis les.' uns des
autres, de façon qu’ils forment' quatre lignes de
filets droits & égaux dans toute la longeur de la
Paê e-
Un caraCtère de plain-chant doit être fondu fur un
corps qui en porte exactement quatre fois un autre ,
d’où l’on dit une note de quatre points de nompa-
reille, de cicéro, de gros romain, &c. lorfque fa
groffeur répond à quatre corps de chacun de ces
caraCtères ; par conféquent elle doit être gravée relativement
à ces proportions..
On n’a befoin de contre-poinçon que pour les
bémols, pour les béquarres, les dièfes & les clefs ;
le refte fe taille à la lime. Le mérite confifte dans
la précifion de la rencontre des barres. Voilà les
caraCtères de plain-chant les plus commodes pour la
compofition &. les plus ufités.
On en fait d’une autre façon , que l’on nomme
note brifèe, parce qu’on la grave en plus de parties ,
& qu’on la fond fur quatre corps oifférens , afin
d’accoller toutes les pièces en première , deuxième,
troifième &. quatrième lignes.
Du plain-chant, rouge & noir.
Le plain-chant rouge & noir eft ainfi nommé,
parce qu’on imprime d’abord les filets en rouge , &
& les figures de notes en noir par une fécondé
impreffion fur les filets rouges.
il y a deux fortes de ces notes, de pleines deftinées
à être fondues fur un feul moule , & de brifées qui
doivent l’être fur trois. La première forte eft ancienne
; la fécondé eft nouvelle. En général c’eft un
ouvrage facile à graver. Il fuffit de tailler avec la
lime les figures, dont il y a peu qui aient befoin de.
contre-poinçon.
L’ancienne note rouge & noire, eft compofée de
quinze poinçons : le principal eft le cadrat de quatre
filets, dont on règle la diftance par quatre filets mobiles
, fondus dans le milieu d’un corps de cicéro.
Si la note qu’on veut faire eft de quatre points de
cicéro ; ces quatre filets , liés les uns fur les autres ,
font la règle de ceux du poinçon. Ces cadrats à filets
n’étant principalement deftinés qu’à former des lignes
entières à l’impreffion , on doit les faire de la largeur
de fix ou huit épaifleurs de notes. Comme il faut
très-peu d’autres largeurs de ces cadrats, un feul
& même poinçon peut fervir à frapper des matrices
d’une, de deux & de trois notes , en prenant du
cuivre de largeur convenable. C e cadrat étant gravé,
on prend la diftance qu’il y a d’un filet à l’autre,
dont on fait un calibre qui eft' la mefure de la hauteur
& largeur des notes , en obfervant cependant de
faire les lofanges, rhomboïdes , dièfes & bémols
un peu plus hauts , de façon que leurs figures anticipent
un peu fur les filets, fans quoi ils paroîtroient
un peu plus petits à caufe de leurs figure pointue.
La nouvelle note rouge & noire, dite brifée, ne
diffère de l’ancienne que dans la frappe des matrices,
parce que les figures doivent être fondues fur trois
moules différens. A l’imprimerie on fait monter ou
defeendre ces figures entre ou fur les filets qu’elles
doivent occuper, en les compofant avec des cadrats
ordinaires , bas & fans filets, qui font fondus fur
quatre corps , & de largeur relative à différentes
épaifleurs de notes.
Nous parlerons encore, dans l’art de la fonderie ,
de la manière de traiter & d'exécuter les notes &
les filets pour le plain-chant. Paffons à la müfique.
De la mufique , caraElères anciens.
Les anciens caraâères de mufique ont été gravés
de deux façon différentes ; favoir, une petite mufique