
r,Æ-<r ou à l’oeil, une forme plus ou moins voifine
du car ré que les autres.
Il feroit a deiirer que quelque habile graveur de
poinçons ou fondeur en caractères donnât la table
des proportions des caractères entre eux dans chaque
corps. Elle eft bien auffi importante pour la perfection
de Fart de la gravure en caractères, que la
table des rapports des corps entre eux, dont on eft
redevable à M. Fournier le jeune.
On pourra, pour cet effet, confulter les règles que
les grands écrivains a la main fe font prefcrites , Si
celles que les plus habiles graveurs ont fuivies par
goût. .
Une obfervation qui fe prefente naturellement &
<ju’on ne fera pas fâché de trouver ic i, c’eft qu’il y
a quelque rapport entre l’impreffion & le génie d’une
langue ; par exemple, l’allemand eft extraordinairement
diffus, auffi n’y a-t-il prefque point de blanc
entre les lignes, & les caractères font-ils extrêmement
ferrés fur chaque ligne : les Allemands tâchent de
regagner par-là, l’efpace que la prolixité de leur
diction exigeront.
Les exprefîions oei/, corps, blancscaractère fondu
fur un corps d'un autre car altère, &c. ne doivent plus
avoir rien d’obfcur.
On difoit corps fbible & corps fort, dans le temps
qu’on ignqroit la proportion que l'oeil des. caractères
devoir avoir avec leurs corps, & celle que
les corps & les caractères devoientavoir àvec d’autres
corps & caractères. Cette ignorance a duré parmi
nous jufqu en 1742, que M. Fournier le jeune, graveur
& fondeur de caractères, propofa fa table des
rapports des differens corps de caractères d’imprimerie.
Nous ne tarderons pas à en faire mention. Nous ob-
ferverons en attendant, qu’avant cette table on n’a-
voit aucune règle sûre pour l’exécution des caractères :
chaque imprimeur commandoit des caractères fuivant
les modèles qu’il en trouvoit chez lui, ou qu’il ima-
ginoit. Aucun n’ayant l’idée foit du corps, foit de
foe il, par exemple, d’un véritable cicéro , ce caractère
avoit autant de hauteurs de corps Si d’oeil différentes
qu’il y avoit d’imprimeries, & s’appelloit ici
foible, là fort ; ici petit oeil, là gros oeil.
On dit une fonte de cicéro, de petit romain, &c.
lorfque ces caractères ont été fondus fur les corps de
leurs noms. Les fontes font plus ou moins grandes ,
fuivant le befoin ou le moyen de l’imprimeur qui les
commande par cent pefant ou par feuilles. Quand
un imprimeur demande une fonte de cinq cents, il
veut que cette fonte bien affortie de toutes fes lettres
, pèfe cinq cents. Quand il la demande de dix
feuilles, il entend qu’avec cette fonte on puiffe com-
pofer dix feuilles, ou vingt formes, fans être obligé
de difiribuer. Le fondeur prend alors fes mefures ; il
compte cent-vingt livres pefant pour la feuille, y
compris les quadrats & efpaces, ou foixante pour la
forme , qui n’eft que la demi-feuille. Ce n’eft pas que
la feuille pèfe toujours cent-vingt livres, ni la forme
foixante ; tout cela dépend de la grandeur de la forme,
& on fuppofe toujours qu’il en refte dans les cafés.
S’il n’entre pas dans toutes les feuilles le même
nombre de lettres, ni les mêmes fortes de lettres, il
eft bon de remarquer que , comme il y a dans une
langue des fons plus fréquens que d’autres, & par
conféquent des fignes qui doivent revenir plus fréquemment
que d’autres dans l’ufage qu’on en fait en
imprimant , une fonte ne contient pas autant d’a
que de b , autant de b que de c , Si ainfi de fuite. La
détermination des rapports en nombre , qu’il faut
mettre entre les differentes fortes de caractères qui forment
une fonte, s’appelle la police. 11 eft évident que
la police peut varier d’une langue à une autre, mais
qu’elle eft la même pour toutes fortes de caractères em-
ployés dans la même langue. Pour donner une idée
de la police dans notre François ; foit, par exemple,
demandée une fonte de cent mille lettres. Pour remplir
ce nombre de cent mille caractères ^ on prendra les
nombres fuivans de chacun. L ’expérience a réfolu
chez les fondeurs un problème, dont on auroit trouvé
difficilement ailleurs une folution exa&e. J’efpère
que les Philofophes & les Grammairiens jetteront
les yeux avec quelque fatisfaâion fur cette table , &
en délireront de femblables du latin, du grec , de
l’anglois , de l’italien, & de la plupart des langues
connues. Pour-fe les procurer, ils n’ont qu’à s’adref-
fer aux fondeurs en caractères dès différens pays où
ces langues font en ufage.
Police pour cent mille lettres defiinées à une imprejfion
françoife ordinaire.
Le leéleur s’appercevra facilement qu’elle ne contient
que les fignes grammaticaux, & qu’il ne s’agit
ici que de ceux-là ; Si que par conféquent cette police
n’eft pas particulière à un livre ou d’algèbre, ou
d’arithmétique , ou de chimie , mais quelle convient
feulement à un difcours oratoire, à la poéfie, &c.
B a s d e c a f e . f » . 1 8 0 0 f f l . . 5° A c c e n t .
t . . 4 6 0 0 f l ï . . IOO
a . 5 0 0 0 U
000 f ■ ■ 5 0 à 5 3
b . 800 V . . 1 5 0 0 i . . 5° é 1 5 0 0
c . 3 0 0 0 X . . 4 0 0 i 5° ç • 1 0 0 y . . 3 0 0 P o n c tu a t io n s . 6 5°
d . 3 0 0 0 Z . . 4 0 0 û 5°
e . I IO O O 2 2 0 0 à 4 0 0
9 0 0 9 * • 2 0 0 0 e 1 3 0
g • 8 0 0 æ . . IOO 4 0 0 i *50
h . 8 0 0 c e . . 10 0 9 ! • 4 0 0 6 5 0
i , 5 4 0 0 w • • 5° i . . IOOO ù IOO
i • 4 0 0 & . . 5 0 0 - . . 1O0O â IOO
IOO a . . 2 0 0 ! IOO * 3OO
1 . 4 0 0 0 a , . 5OO ? IOO IOO
m . 2 8 0 0 a • 4 0 0 v . . IOO ô 10 0
n . 500.0 ft • . 5OO i p ■ IOO û IOO
0 . 4 8 0 0 fl . . IOO p j IOO ~ë IOO
p • 2 4 0 0 a . . 50 s • ■ 5° 1 1 5 0
q • 1 2 0 0 ff . 4 0 0 t • ■ 50 u 1 0 0
r . 5OOO ff . 3 0 0 T • • 5 0 a 5 0
s . 3 5 0 0 fh • 1 0 0 • • 5° é 5°
I . . . 50 L . . . 3OO C . . I40| *T , . . 150
ô . . • 5° M. . . 3OO ç . . M V . . . 150
a . . . 5° N . . . 3OO D . . 150 V . . . 150
in . . . ' 5« O . . . 250 E . . 250 X . . . 50
S . . . . 5° P . . . 30O É . i 25 Y . . . 50
Q. . . I5.0- È . . 25 Z . . . .50
Gmffes cap.’ R . . . 3OO E . . p Æ . . . 15
S . . . 35° F . . 8 b OE . . . 15
A . . . 35° T . . . 300 G . . 80 W . . . ï ;
B . . . 15°
U . . .
C . . . 250
V . . .
ô 0
H . .
I . r
80
180 Chtf i r e s .
Ç . . . 50 X . . . IOO J . . 100 J . . . 250
D . . . 30® Y . . . IOO K . . 20 2 . . . 250
E . . . 45° Z . . . IOO L . . I 5° 3 » ; . 200
É . . . 5° Æ. . . 25 M . . 150 4 . . .• 200
F . . . 15® (E. . . 25- N . . 150 5 . . . 200-
G . . . 13® W. . . 25 O . . 150 6
00
H . . . i^ o
P e t i t e s c a p . - P . . 120 7 . . . 200
I . . v t 3-5° Q • • IOO 8 . . . 200
J . . . 200 A . . . 150 R . . 150 9 . . . 200
K . . . 50- B . . 80 S . . 15° l ° . . . 200
S’il eft évident que la même police ne convient
pas à toute langue, il ne l’eft pas-moins qu’elle convient
à tout caractère, de quelque corps que ce foit
dans une même langue.
Des différentes fortes de caractères. .
Il y a dans l’imprimerie, ou plutôt dans la fonderie
en caractères , vingt corps différens.
Chacun de ces corps a fon nom particulier & dif-
tinâif, propre aux caraCtèresiondus fur ces corps. Le
plus petit fe nomme Parifienne ; & en defcendant de
la Parifienne jiifqu’aux caractères les plus gros, on a
laNompareille , la Mignone, le Petit-Texte, la Gaillarde
, le Petit-Romain , la Philofophie , le Cicéro ,
le Saint-Auguftin, le Gros-Texte, le Gros-Romain ,
le Petit-Parangon, le Gros-Parangon, la Paleftine,
le Petit-Canon , le Trifmégifte, le Gros-Canon , le
Double-Canon, le Triple-Canon, la Groffe-Nom-
pareille. Voyeç les articles de ces caraétères à leurs
noms particuliers, & ci-après les modèles de ces
caractères dans les planches placées à la fin de cet article.
Ces planches ont été compofées fur les caractères
de M. Fournier le jeune, de qui nous ^tenons auffi
tous les matériaux qui forment cet article & les autres
articles de la fonderie en caractères. Nous pourrions
bien affurer que notre ouvrage ne laifferoit rien
a délirer d’important fur les arts, fi nous avions toujours
rencontré des gens auffi attachés au progrès de
lçur art, auffi-éclairés, & auffi communicatifs que M.
Fournier le jeune. Une obfervation que nous avons
ete cent fois dans le cas de faire, c’eft qu’entre les
ouvriers qui s’occupent d’un même art, les ignorans,
& entre les ouvriers qui s’occupent de différens arts,
ceux dont les métiers étoient les moins entendus &
les plus vils, fe font toujours montrés les plus myfté-
neux, comme de raifon.
. ^ es corps fe fuivent par degrés ; les uns fe trouvent
jufte , le double, le tiers, le quart, bc. des autres,
de manière que deux ou plufieurs combinés enfem-
b le , rempliffent tojours exa élément le corps majeur
qui eft en tête de la combinaifon; régularité bien
effentielle à l’imprimerie.
Mais pour établir entre les corps la correfpondànce
dont nous venons de par l er& qui fe remarquera
bien dans la table des rapports ci-jointe, M. Fournier
a été obligé de créer un corps exprès appelé le
Gros-Texte, qui équivaut a deux corps de Petit-Texte
, & d’en faire revivre deux autres qui n’étoient
point connus ou qui l’étoient peu, la Paleftine Si le
Trifmégifte. Le premier fait les deux corps de Cicéro ,
le caractère le pluçen ufage dans l’imprimerie ; Si le
fécond fait les deux points du Gros-Romain.
Sans ces trois corps la correfpondànce eft interrompue,
On a placé dans la table qui fuit, dans la
première colonne, les noms de ces corps, & dans
celle du milieu, les corps auxquels ils équivalent.
Quand on rencontre le ligne || dans un des articles
de la colonne du milieu, il faut entendre que le
nombre des corps qui rempliraient celui qui eft en
marge va changer, Si que ce font d’autres corps-qui
vont fuivre, oc dont la fomme feroit équivalente au
feul corps qui- eft dans la première colonne.
Mais ce n’était pas allez d’avoir fixé le nombre des
corps des caractères à. ving t, & d’avoir établi les rapports
que ces vingt corps dévoient avoir entre eux:
il Falloir encore donner la grandeur abfolue d’un de
ces corps, n’importe lequel. Pour cet effet, M. Fournier
le jeune s?eft fait une échelle, d’après le confeil
des perfonnes les plus expérimentées dans l’art.
Table des rapports ou échelle de proportions entre les
différens corps de caractères.
Cette échelle eft compofée de deux parties qu’il
appelle pouces ; ces deux pouces ne font pas de U
même longueur que les deux pouces de pied de Roi.
Nous dirons plus bas quel eft le rapport du pouce de
fon échelle, avec le pouce de pied de Roi. Il a divifé
fon pouce en trois lignes, Si fa ligne en trois points.
On voit cette échelle au haut de la table qui fuit.
Cette table eft divifée en quatre colonnes :
La première marque en chiffres l’ordre des caractères
;
La fécondé, les noms de.ces caractères Si leur équivalence
en autres caractères ;
La troifième & quatrième, leurs hauteurs en par-,
ties de l’échelle.
Proportions des différens corps de caraétères de l'imprU
merle , fuivant. S. P. Fournier.
Echelle de deux pouces.
lig. pot.
1 Parifienne . . . . . . . . «O 5
2 Nompdreïlle . . . . . . . . . I O
3 Mignone . . . * * . . . . . 1 1
4 Petit-Texte . . 1 2
DU d ij