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Elles s’échauffent au moyen d’un foyer pratiqué en
deffous.
Les chaudronniers font ufage , comme nous
l’avons dit, d’un tour, pour donner la dernière façon
à quelques-uns de leurs ouvrages. Ils travaillent par
les mêmes procédés , différentes fortes de poc'es 6c
poêlons, des réchaux , des flambeaux, des mouckettes
& pone-mouchsttes & autres uftenfiles en cuivre, dont
la defcription ne feroit que rappeler les opérations
que nous avons décrites, & dont nous aurons encore
occafion de parler ailleurs.
Voilà ce qui concerne en général l’art du chau-
dronnier-groflier ; partons actuellement a celui du
chaudronnier-planeur.
L’art du C haudronnier- planeur a pour objet
de rendre les planches de cuivre très-unies & très-
polies ; ce qui exige plufieurs opérations, qui con-
fiftent à gratter le cuivre, à Xétirer , a le drejfer, a le
planer , à le poncer, à lWo^cir au charbon, à le brunir.
Nous allons parcourir ces différents procédés.
i° . Gratter le cuivre, c’eft en enlever les parties
groffières; c’eft le racler avec des inftrumens d’acier ;
trempés. Ces grattoirs , qu’on nomme auffi paroirs,
font ordinairement à deux bileaux, ou en forme de
couteaux, avec des manches de bois plus ou moins
lon^s. L’effet de cette première façon, eft d’ôter au i
.cuiyre la craffe dont il eft couvert au fortir de la
manufafture. On yoit plancke-LIL, fig. i , un ouvrier
occupé à gratter un cuivre coupe a-peu-ptes de la
grandeur demandée.
a°. Etirer le cuivre , c’eft l’étendre fous un marteau,,
dont un, côté de la tête eft plus.long que l^autre,
& tranchant aigu, pour s’imprimer dans l’epaif-
feur du métal. Voy.planche III., fig. i du bas de la
planche. Le cuivre , dans cette opération » s’étend
& s’élargit prefque d’un cinquième ; les bords de la
planche deviennent alors inégaux ; il faut les rogner
à l’équerre avec la cjfaille ou force.
30. Drejfer, c’eft unir êcégalifer avec un marteau
de bois ou d’un fer uni, planche îU , fig. i , au bas ,
une planche de cuivre qui a été étirée ; c’eft en étendre
les entailles qui y ont été imprimées dans l’opération
précédente; 'c’eft enfin préparer le cuivré a être
plané. On dreffe la: planche de cuivre fur une enclume
, qui eft communément couverte d un parchemin.
Planche I I I , fig• 4 du kas de 1,a planche.^
4°. Planer ,. lorfqüe la planche de cuiyre a été
étirée & drefféê , comme on vient de le, dire, il
faut la planer ou lenter, c’eft-a-dire , egalifer avec un
marteau plat & poli, fur un tas prefque plat' & éga:
lement poli, les planches de cuivre que l’on a précédemment
étendues en tout fehs avec le tranchant
d’un marteau. Planche III ,fig• 3 du bas. L aélion de
planer unit la planche , enlève les creux que peut
y avoir laiffés le’marteau de fer dont on s eft fervi
pour Xétirer ; elle achève d’égalifer l’epaifféur de la
pièce.
L’effet de cette opération eft auffi de rendre le
cuivre plus compare, & d’en abattre & fondre en
quelque forte les grains. Plus le cuivre eft plané ,
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plus il s’étend ; & plus il perd de fon épaiffeur »
plus il acquiert de 'folidité.' La furface en devient
beaucoup plus égale , mais fes bords deviennent
encore inégaux ; c’eft pourquoi, après que la planche
de cuivre a été (uffifamment planée, il faut la rogner
à lequerre avec la cifaille , & la faire enfuite pa(Ter
au ponceur. Voyez planche I I I , fig. 2 de la vignette,
l’ouvrier planeur, ç , billot qui porte le tas. d, planche
de cuivre.
5°. Poncer le cuivre, c’eft frotter une planche de
cuivre avec de la pierre ponce , pour en Ôter les
inégalités que le marteau du planeur y a faites. A
inclure que l’ouvrier ponce, il arrofe fon cuivre avec
de l’eau. Voyez planche I I I , f ig . 3 de la vignette.
Cependant la ponce qui enlève les inégalités du
marteau , fait au cuivre des raies qu’il s’agit d’effacer,
Ç ’eft l’objet de l’opération fuivante.
6°. Adoucir au charbon,o u çharbonner ; c’eft enlever
les raies de la pierre ponce ; ce qui fe fait avec un
morceau de charbon de bois blanc préparé. On tient
la pierre ponce à la main , mais le morceau de charbon
eft enveloppé d’un petit chiffon. L’ouvrier char-
\ bonne fon cuivre fur un baquet plein d’eau, où il y
a une très.-petite quantité d’eau forte. Il en arrofe
fon cuivre , qui eft pofé fur une planche fouténue
par un tafleau fur les bords du baquet , où il eft
arrêté da quatre petites pointes , & un peu incliné,
afin que l’eau redefcende toujours de dertùs le cuivre
dans le baquet. Voyez pi. I I I , fig. 4 de la vignette.
7°. il ne s’agit plus, pour dernière opération,
.qù.e de repajjer, polir &. brunir le cuivre. Repafler,
c’eft faire difparoître fous la plane où le maillet de
bois , tous les coups de marteaux qui peuvent refter
fur le cuivre, On polit le cuivre comme tout autre
métal, non pas .en l’ufant, mais en abattant lès petites
éminences qui font fur fa furface ; ce qui fe fait par
le moyen d’un brunirtoir. Cet inftrument eft un morceau
d’acier fin trempé & fort poli, émoufle par les
côtés & monté, fur un manche de bois. On fe fert
donc du brunirtoir pour donner le dernier poli à une
plancjie de cuivre en la frottant avec, & ayant foin
de mettre de l’huile d’olive pour la lubrifier. On parte
fortement le brunirtoir fur toute la furface de la
planche, d’où l’on voit que cet outil doit être d’une
matière plus dure que la pièce que l’on veut polir,
& par fon moyen on lui donne un éclat que les yeux
ont quelquefois peine à foutenir.
Les planches de cuivre ainfi polies , férvent pour
la gravure, & pour ces beaux ouvrages qui multiplient
les d.effins, & les chefs-d’oeuvre des grands
1 maîtres.
La troifième claffe des chaudronniers eft celle des
faifeurs déinfirumens de mufique & cfacouflique. Nous
allons fuivre leurs opérations dans la fabrique des
divers ouvrages de ce genre.
Le‘ cor eft tin inftrument à vent, deftiné anciennement
pour animer le plaifir de la charte. On l’emploie
depuis quelque temps avec fuccès dans les
ercheftres de mufique. On fait de ces inftrumens
dans tous les tons,,depuis le B fa f i , qui eft le plus
haut ; jnfqu’au C fol ut, qui eft le plus bas. On les
accorde même fur le ton qu’on defire , en infinuànt
dans leur embouchure des cercles de laiton creux-,
qui augmentent ou diminuent l’étendue du fon.
Le cor eft d’une forme circulaire, & va en s’éva-
fant infenfiblement depuis fon embouchure jufqu à
fon pavillon. •
• L’art du faifeur de cors-de-chaffe confifte principalement,
■ ;
i° . A rendre cet inftrument le plus leger qu il eft
poffible , en battant le laiton avec un marteau jufqu’à
ce qu’il foit prefque aufti mince qu’une feuille de
papier. Voyez planche IV , fig. 1 de la vignette , un
ouvrier qui donne la première forme à un morceau
de cuivre deftiné pour un cor - de - charte , ce qu’il
exécute fur un mandrin de fer long & rond fixé à
la muraille, ab , le mandrin.
a0. A ménager imperceptiblement l’ouverture de
cet inftrument, de manière qu’à commencer de l’embouchure
, où il ne doit avoir que deux lignes de
diamètre tout au plus, il s’en trouve a la fin deux
_ pouces près du pavillon ou grand entonnoir.
■ 3°. A fonder les endroits qui exigent de l’être, avec
de l’argent fin, & à contdurnerle cor. Voyez pl. IV ,
fig. a de la vignette, un ouvrier qui foude les différentes
pièces qui forment le cor-de-chaffe. Fig. 3 ,
un ouvrier qui verfe du plomb fondu dans le cor,
pour pouvoir le courber fans lui faire perdre fa
rondeur.
\FW. 4 , .ouvrier qui contourne le cor rempli de
plomb. Quand le cor à la forme qui lui convient,
on le met chauffer pour le vider du plomb dont il
eft rempli.
4°. Enfin.à donner la jufte proportion à la grandeur
du pavillon , relativement au ton dans lequel
le cor-dë-chafle eft fait. On voit, fig. 5 , la bigorne
à faite les pavillons.-
On voit-au bas de la planche IV , fig. '7 > un grand
mandrin fur-lequel on forge le tube du cor. Fig* 18,
un petit mandrin. Fig. 19 , a b , développement du
cor-de-chaffe. Fig. 20, développement du pavillon.
Fig. 21, cor-de-charte achevé, a, l’embouchüre. b ,
le pavillon. * * ' .
On fait des concerts à plufieurs cors ; alors il faut
■ qü’il y-ait un-certain rapport entre ces inftrumens.
Si le' plus grand cor a fix pieds de longueur , il fera
-la quinte eri bas de celui qui n’aura que quatre pieds ;
& fi l’on en a un troifième,qui n’ait que trois pieds
de longueur , il fonnera la quarte du fécond. ILy a
des.cors à plus oiv moins de tours ; il y en a meme
qui, ont comme un retour ou efpece; d anneau dans
leur milieu. Nous aurons occafion de parler plus en
détail du cor, relativement à la mufique , à X Arï des
infirumens de mufique. -
Les principes pour la fabrique' des' trompettes né
font pas les mênves. que ceux du cor. En effet, on
leur donne le double dé l’épaifteur du métal d^.leur
diamètre eft prefque tô'tïjoùr^é'gàl d’un bout à 1 autre
’excepté à la fin où il Vélargit 'en forme de1 pavillon
eu d’entonnoir, de même que le co r , mais le paj
villon de la trompette n?eft pas fi grand. La trompette
eft comppfée de trois tuyaux longs d.environ
deux pieds quatre pouces. Ces .tuyaux font joints
par des demi-cercles creux, foudés dans l’inftru-
ment. On fait des trompettes d’argent, mais-dies
ne Tonnent pas mieux que celles de laiton. Vo yez
planche IV -, fig.' 23 , deux trompettes. , l’embouchure.
b, le pavillon.
L’embouchure de la trompette eft un bocal large
d’environ un pouce, quoique le fond, n ait qu un
tiers de-cette largeur. Les deux canaux qui portent
le vent s’appellent les branches, les deux endroits
par où elle fe recourbe & fe replie, fe nomment potences;
& le canal qui eft depuis la feconde courbure
jufqu’à fon extrémité , s’appelle le- pavillon ; les-
•endroits où les branches fe peüvent' brifer Sc fe-
parer, bu fouder, s’appellent les noeuds, qui font
au nombre de cinq , & qui en couvrent les jointures.
Nous parlerons encore ailleurs de la trompette ,
comme inftrument de mufique. Ce que nous avons
dit ci-deffus de la manière de forger, de fouder, de
plomber-, de Contourner, de vider le cor, doit s appliquer
également à la fabrique de la trompette. 1
Les 'tymballes; autre inftrument, font aufti du
reflort du chaudronnier. ' 1
Les tymballes font deux efpèces de grands, baffins
de cuivre rouge ou d’airain , rondes pair le fond, &
couvertes par dertùs d’une peau de bouc qu’on fait
tenir par le moyen d’un cercle de fer & de plufieurs
écrous attachés au corps de la t-ymbâlle , & d un
'pareil nombre de vis que l’on monte & démonté
avec une clé. Le chaudronnier doit avoir foin de
donner au cerclé de fer qui entoure la tymballe une
jufteffe parfaite, pour que la peau puiffe être tendue
également.
On fait anflr des tymballes de cuivre jaune, &
même dVrgent, ornées de cifelures.
Les tymballes fe tiennent enfemble par le moyen
d’une courroie que l’on fait paffer par deux anneaux
. j qui font attachés , l’un devant, l’autre derrière le
pommeau de la Telle du tymballier : ou elles font
• élevées fur trois pointes de fer , quand on doit s en
! fëfvir'q terré. - •' ’
Le tymballier bat- avec des baguettes de bois de
cormier ou de buis, longues chacune de B à 9 pouces.
Elles ont chacune au bout une petite rofette de la
grandeur d’un écut G’eft de l’extrémité de ces petites
rofettes que l’on frappe la tymballe ; ce qui
lui fait rèndré un fon plus agréable que fi elle etoit
'frappée d’une baguette de tambour. Nous aurons
occafion d’en parler aux inftruméns de mufique.
Voyez planche I V , f ig . 2 6 , une tymballe.
' 0 00 , cercle pour monter la peau de la tymballe,
& la tendre par le moyen des vis p q.
F ig . ':2 7 , la vis p q , féparée;
: ’• Fig: 'sB:9 lh..)çlé‘ri
Les chaudronniers font suffi le porte-voix qui eft:
• Une èfpëce de trompette parlante, & qui fe fabrique
' : dè la même manière que la trompette. Le Chevalier.
Moriand s’eft attaché à.pérfeélionner le porte-voix,