
le voit (planche I , f ig . 7 & 8 , & pl. I V , f ig . /. ) , I
d'une grande chaudière montée fur un fourneau
dont on a la coupe, ( même planche f ig.Gf , à côté
eft la- preffe, f ig . 2 . Elle eft compofée de deux jumelles
ou montans , d’un écrou qui fert de traverfe
en haut pour affujettir les deux jumelles ,. d’une vis
qui doit avoir fes pas allez fins pour que la prefïïon
en foit plus forte : dans le carré de la tête de la vis
entre un long levier qui fert à la faire tourner ; on
emploie même, fur la fin du preffage ,. le fecours
d’un cabeftan : enfin, la-tête de la vis porte un fom-
■ mier qui gliffe entre les deux jumelles. On voit dans
les figt A , B , C D , les différens afpeéls de la plateforme
de la preffe ; & dans les f ig . E & F , les ais
ou plateaux qui fervent au collage & au preffage
des différens tas de papiers : fi vous ajoutez à cela
un grand baquet rond, fig. L ; un tamis H , garni
d’une forte toile-de-crin affez claire; unport&tamisl;
une cuiller à coUe, K ; un balai pour brader la cuve,
un balai de crin pour faire paffer la colle par les
jours de la toile du tamis, & qu’on nomm e pince au ;
enfin, une broffe, planche V L , f ig . g , d’un pied de
longueur fur cinq-pouces de largeur , garnie de foies
defenglier, longues de cinq pouces & bien fouples. I
Vous aurez tous les uftenfiles qui garniffent l’âte- j
lier de la colle & du collage.
Pour faire la colle, on fuit plufieurs méthodes
qu’il n’eft pas befoin de détailler ici. Nous n’indiquerons
que celle qui nous paroît adoptée par. les
meilleurs fabriquans. On met dans vingt féaux d’eau
deux boiffeaux de fleur de farine, & trente livres :
d’amidon. Pendant que l’eau chauffe dans la chau- ;
dière , on délaie féparément la farine & l’amidon
avec de l’eau tiède, de manière qu’il ne-refte aucun
pâton, aucun grumeau qui ne fôit bien délayé. Lorf- i
que l’eau de Ta chaudière eft prête à bouillir, on
y verte la farine & l’amidon; & à mefure un ouvrier
braffe avec le balai toute la liqueur, afin-que :
la- farine & l’amidon fe mêlent enfemble, & qu’il
n e s’attache rien au fond de la chaudière qui puiffe
brûler. On entretient ainfi la matière de la colle au
petit bouillon en remuant de temps en temps jtifi*
qu a ce qu’on reconnoiffe à l’odeur qu’elle eft cuite
fufEfamnrent. On effaie aufli avec, les doigts , &
l’on juge de fon degré de cuiffon par la difficulté
qu’on a de féparer les doigts entre lefquels on a
pris une petite quantité de bouillon de colle.
Lorfqn’on s’eft affuré par tous ces lignes que la
colle eft cuite, on la tire de la chaudière & on la
dépofe dans dès baquets où l’on a- fofo de la remuer
de temps en temps avec des fpatulés de bois-,
jufqu’à ce qu’elle foit entièrement refroidie ; de peur,
difent les ouvriers, qu’efle ne s’étouffe & ne tourne
en eau..C ’eft pour cela que, dans les grandes cha- ;
ièurs, on réitère cette opération plus fouvenr que
pendant les temps d’une température modérée.
Le lendemain de la cuiffon de la colle, on larpaffe j
au ta m i s , planche I V , fig- H. En la remuant avec j
un gros pinceau, elleJraverfe la toile du tarais, &
acquiert par-là une plus grande divifion, &, une
plus grande facilité de pénétrer dans les pores du
papier; & d’ailleurs, les impuretés qui peuvent s’y
trouver, reftent fur le tamis.
La colle ainfi cuite & préparée, peut fe garder
quinze jours & même trois femaines pendant l’hiver ,
pourvu qu’on la préferve de la gelée : en été on ne
la conferve guère que huit jours au plus.
Maintenant que tout eft préparé pour le collage ,
nous allons en détailler toutes les manipulations'.
Le colleur eft debout devant une table fur laquelle
eft un ais ou plateau, planche IV , figure F ; à
côté de lui, fur la gauche, eft un tas de feuilles
de. papier mêlées , ainfi que nous l’avons expliqué
ci-devant; à droite eft le baquet de colle, fig. L.
Il commence par prendre la première feuille du tas
& la met fur le p la teau d e manière que le grand
côté de la feuille foit’parallèle au bord de la table ;
enfuite il trempe la broffe dans la-colle & l’applique
au centre de la. feuille,. d?où il la. conduit
à. l’angle, du haut à droite j &. de-là par Ta diagonale
à. l’angle oppofé du bas à gauche. Il ramène fa
broffe au centre, d’où l’ayant menée à l’angle du
haut de la- feuille à gauche , il parcourt l’intervallè
de cet angle à celui du> bas à droite ; & comme il
eft rréceffaire que toute la füperficie de la feuille foit
bien uniformément & également imbibée de colle;
le colleur promène fept à huit fois fa broffe fur la
feuille toujours à peu près dans, le même ordre.
Après que la première feuille eft bien encollée*.,. H
prend, deux feuilles au tas & il les place fur cette
feuille, de manière qu’elles-ne débordent pas ; puis
il encolle la feuille de deffus , & la recouvre de
deux-autres feuilles prifes de fuite dans le tas : par
cet arrangement, il y a fuccefîivement deux fur-r
faces de feuilles contiguës impregéées de colle &
par conféquent collées.,ensemble., pendant que les
deux autres faces aufli contiguës n’ayant point reçu
décollé, ne peuvent contracter aucune union. Tant
que le tas du mêlage fournit, le colleur enlève toujours
deux feuilles qu’ilpofe fur celle qu’il a encollée,
& il finit-le tas en pofant une feule feuille qui refte
toujours.
Il eft aifé de faifir-les raifons de toute cette manoeuvre
qu’on fuit continuellement dans les premiers
collages : on appelle êtreffe deux feuilles collées ainfi
enfemble-Dans les.cartons à quatre feuilles, Yétreffe
eft compofée de deux feuilles de main brune, ou
d’une feuille de main-brune & d’une feuille de papier
au. pot commun. Dans les. cartons à trois feuilles,
l’êtreffe eft le refultat.de la. réunion d’une feuille de
main-brune &. d’une- feuille de carrier, & pour lors
on encolle fucceflivemenri une feuille de main-brune
&L une feuille de papier carder.
Quand on a formé un tas.d’une rame ou d’une
rame & demie, c’eft-à-dire, qu’On a collé 250 ou
375. étreffes, on porte ce tas fous la preffe toujours
fur le plateau où il a été collé. On recouvre ce tas
avec un fort carton , & un plateau femblable à celui
du deffous. Après cela, on fait agir la preffe. Par
fou aérien*, la colle,.dont une des feuilles eft chargée,
pénètre intimement dans la feuille qui Ta touche ,
& le collage devient par-là très-égal & très-folide.
On ne met fous la preffe qu’une rame ou une
rame & demie, parce que la preflion doit être
forte pour faire fortir toute la colle qui n’eft pas
jiéceffaire à l’uriion des deux feuilles, & que cette
union fe faffe fans aucune foufflure.
On a encore une attention qui eft bien effentielle pour
iefuccès de l’effet de la preffe,. c’eft de preffer d’abord
doucement & par intervalle. Car le papier qui eft
mite de colle, pourroit s’ouvrir & s’écrafer fi l’on
ne ménageoit pas l’aérion de la preffe ; mais dès que
la colle commence à fortir par les bordures du. tas,
on preffe fortement & avec le treuïhf & ce qu’il y
a de colle furabondante, eft chaffé au dehors &
fuinte par'toutes les faces du tas.
On laiffe le tas fous la preffe jufqu’à ce que le
colleur ait formé un nouveau tas pareil au premier ,
ce qui exige environ une heure. Alors il retire de
preffe le premier tas, & y fubftitue le fécond : un
ouvrier ne peut guère coller par jour plus de 14 à
15 tas, & il faut pour cela qu’il foit fécondé par un
compagnon qui l’aide à preffer, qui torche, pique
& étende les étreffes. : opérations dont nous allons
parler.
A r t . IV . D e i 'ÉTEN'DJGE & du fichage des étreffes.
A peine les tas font fortis de preffe qu’on les
torche r c’eft-à-dire qu’on enlève les bavures de colle,
que l’aérion delà preffe a fait fortir entre les feuilles :
cette opération s’exécute avec un piceau trempé
dans de l’eau froide. On a reconnu que l’application
de l’eau froide , fait que la colle n’adhère plus’ aux
bordures des fouilles , & qu’elle s’en détache aifé-
ment. On a foin aufli que les poils du pinceau foient
fort doux. : car un frottement trop- rude produiroit
un mauvais effet fur les bords des fouilles, en les
ouvrant. & occafionnant un- décollage. -
Quand-les- étreffes, font torchées , on les pique ;
ce qui s’exécute avec un poinçon (pl.l,fig. 2 ) , dont
la pointe n’a qu’un pouce de longueur, &• ne peut
percer que dix a douze étreffes à-la-fois. Outre cela
le manche eft un cylindre coupé net & plat àfl’ex-
.trémité , au milieu de laquelle la tige du poinçon eft
fixée. Cetfce extrémité venant à porter fur. l’étreffe ,
fait que la pointe ne pénètre que de fa longueur.
,On a l’attention d’enfoncer le poinçon à environ un
travers de doigt du bord des étreffes , pour que
k trou, foit placé convenablement & fans aucun
des inconvéniens qu’on éprouve ,. lorfqu’il eft ou
trop éloigné ou trop près du bord. A mefure qu’on
pique' les- étreffes, on en enlève des paquets de
quatre à. cinq , & l’on paffe dans le trou du poinçon
une épingleplanche VI y fig* r; c’eft un fil de laiton
de la. longueur. & de la greffe ur des épingles.ordinaires
, dont la tête eft garnie d’un morceau de par<-
chemin plié en quatre ou d’un morceau de peau ,
& qu’on courbe vers la moitié de fa longueur ,
de manière qu’il puiffe faire la fon&ion de crochet :
conhne la-garniture de la tête, de Lépingle eft fort
large, elle arrête les feuilles d’étreffe fans les déchirer
; & comme le fil de laiton eft recuit, il fe
plie aifément par le bout en crochet , lorfque le
corps de l’épingle eft introduit dans le trou du paquet
des étreffes. Le piqueur compofe de tous ces
paquets-garnis à-épingles courbées en forme de crochet
& qu’on nomme doubles, un nouveau tas qu’il
porté à Yétendoir, lorfqu’il eft fuffifamment épais.
On -voit, (planché I , fig. /. ). un de ces paquets fuf-
pendus à une corde par fon épingle.
Les carriers choififfent pour étendre les étreffes
les parties des logemens qu’ils occupent les plus
propres à les fécher aufli promptement qu’il eft pof-
fible : ils difpofent pour cela les chambres les plus
aérées ; ils les percent de plufieurs fenêtres, afin
que l’air circule librement tout autour des paquets
d’étreffes. Ils garniffent ces fenêtres de bons volets
pour les fermer au befoin. Enfin, on y tend des
cordes à 18 pouces environ les unes des autres ,
auxquelles on fufpend les étreffes. Souvent les car-
tiers- fe fervent pour étendre leurs étreffes, de galeries
baffes ou de corridors où l’air circule bien ,
& où la chaleur ré eft pas trop vive en été; ce qui
ménage le fichage comme il convient. Mais pendiht
l’hiver ou dans les temps un. peu froids & humides-,
on eft obligé de chauffer, la.falle del'ètendoir particulier
avec des poêles,-parce que les étreffes ne pour-
roient pas fécher fans-cela-, ou feroient trop de
temps à fécher ; ce .qui nuit à la folidité du collage;
D ’un autre côté ; le feu des poêles a fouventl'incon--
vénient de manger la colle & de faire froncer Tes
étreffes» ■
Dans T es beaux temps d’été on etxnd un jour, 6c
le lendemain on rire de l’étendoir les étreffes -, parc^'
qu’elles font fuffifammènt sèches. L’été eft la faifon la
plus favorable pour cette partie du travail des car-
tiers : ceux- qui entendent leurs intérêts & qui font
en état de faire des avances , collent-& font fécher
l’été la quantité de cartons qu’ils doivent fabriquer
en cartes pendant l’hiver ,- fauf à profiter en hiver
des intervalles de beaux temps favorables à la deffi--
cation.
LorfqueTes étreffes font.fuffifamment sèches &'
bien fonores , on les abat, c’eft-à-dire, qu’on les-
détache des cordes de l’étendoir.. Cette opération-
s’exécute facilement & pomptement, au moyen de'
la conftruérion des épingles faites de laiton recuit*.
L’ouvrier faifit les'paquets des étreffos par le bas à
poignée; & en tirant à foi, les épingles fe redreffent,
la courbure du crochet difparoît entièrement : enfuite
il dépinglè : en faififfant la tête des épingles, il les
retire des étreffes & les jette dans une boîte enfin
il forme de nouveaux-tas avec les doubles.
Comme toutes ces étreffes dont on a formé des-
paquets font collées les unes aux autres, par les bor-
dures, il eft Jiéceffaire de les feparer. Pour cela,,
l’ouvrier chargé du détail de l’étendoir, entr’ouvre-
un coin de la bordure en en décliirant^une partie,
& par l’ouverture il introduit un coupoir ou c o a -
, teau de bois (planche V I , figure s ) entre chaque