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& qu’elle puiffe être divifée en parties égales. Cette
forme carrée donne auffi l’aifance de compter ce qu’un e
caiffe peut contenir de fùfées , en multipliant un côté
par l’autre. Les groffes caiffes doivent être ferrées aux
angles pour réfifter à la violence du feu qui pourroit
les faire entrouvrir. V o y .fig. $8.
On place les fufées volantes fur cette planche percée
de trous à égale diftance , & proportionnés à la
groffeur des baguettes, comme la caiffe doit l’être à
leur longueur ; enforte que les fufées y foient entièrement
renfermées. On la couvre de papier que l’on
perce avec les baguettes des fufées en les plaçant dedans.
Ce papier fert à retenir du pouffier-, ou quelque
compofition vive que l’on répand deffus, afin que le
feu fe porte en même temps par-tout. Les artificiers
mettent à part les balayures des tables fur lefquelles
ils travaillent, & s’en fervent pour amorcer les caiffes,
en y ajoutant du pouffier, fi ce mélange de diverfes
compofitions n’eft pas affez vif.
On ferme la caiffe après qu’elle eft garnie, avec
un couvercle de bois, de crainte que le feu ne s’y
infinue, & on l’ouvre lorfqu’il s’agit de la tirer. Ce
couvercle peut y refter attaché avec des charnières
ou couplets de fer : il fuffit de fermer les petites
caiffes avec une feuille de papier ou un carton qu’on
lie deffus ou que l’on y colle. Il eft bon de coller
des bandes de papier fur les fentes qui peuvent s’y
trouver , & fur les jointures, pour empêcher que
le feu n’y pénètre.
On appelle caiffe de campagne, une fimple grille
qui n’eft point renfermée dans une caiffe. On cloue
chaque grille fur un pieu planté en terre, & affez
éloignée l’une de l’autre , pour que le feu ne puiffe
pas s’y communiquer.
Une grande caiffe eft toujours ce qu’il y a de plus
beau dans un feu : elle remplit l’air d’une grande quantité
de différentes efpèces de feux. On a tiré dans les
réjouiffances publiques des caiffes qui contenoient
plus de douze cents fufées de différentes groffeurs,
depuis quatorze lignes jufqu’à trente : on place au
milieu les plus groffes fufées , les moyennes^enfuite,
& les petites fur les bords. Cet arrangement donne
à leur affemblage , lorfqu’il a pris feu , la forme d’un
bouquet ; d’où le nom a été donné à ce groupe de
fufées tirées à-la-fois pour terminer un feu.
La plus grande caiffe d’un feu d’artifice s’appelle
auffi la gïrande : c’eft par elle que l’on finit ordinairement
le fpeélacle. On nomme ainfi une caiffe de
huit à dix mille fufées, qui termine le feu de Saint
Pierre à Rome , d’où le nom a paffé à celles deftinées
au même ufage; mais comme on eft obligé détenir
les fufées fort petites à caufe de leur grand nombre,
cette girande ne fait pas, dit-on, plus d’effet que les
nôtres, dont les fufées font en, moindre quantité,
mais plus groffes.
On peut faire une girande en unifiant plufieurs
caiffes., & en mettant une étôupille de communication
de l’une à l’autre, pour qu’elles partent toutes
én même temps.
Pour faire le tourbillon de feu ^ autrement la fufée
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de table , on prend un cartouche de fufée Volante
de quinze lignes, bien étranglé ; on. frappe dedans
un tampon fur un culot fans broche ; on le charge de
compofition de fufées volantes , ou de l’une des compofitions
ci-après ; on le frappe de quinze à vingt
coups de maillet à chaque charge , fuivant fa groffeur ;
on le ferme avec un aqtre tampon ; on dédouble &
onrenverfe deffus une partie du carton,pour avoir
plus de facilité à fermer le càrtouchepar un étranglement
; quand il a été bien étranglé & lié , on retranche
avec des cifeaux ce. qui excède la ligature.
Le cartouche doit avoir en cét état fix diamètres
extérieurs entre les deux étranglemens : divifez fa circonférence
en quatre parties égales, & tirez deffus
quatre lignes parallèles d’un bout à l’autre. Trois de
ces lignes fervent à indiquer la pofition des trous, &
la quatrième fert à en faciliter la divifion. On peut
appeler cette quatrième ligne la fupérieure ; celle op-
pofée , la ligne inférieure ; & les deux autres , les latérales.
Percez un trou dans les latérales près du tampon
qui bouche intérieurement le trou de la gorge
de la fufée ; percez quatre autres trous fur la ligne
inférieure à égale diftance, & qui partagent la longueur
de la fufée entre les deux étranglemens, en cinq
parties égales. Ces fix trous doivent être percés avec
un poinçon à arrêt, ou avec une vrille qui ait la
groffeur d’une fixième, ou au plus d’une cinquième
partie du diamètre-intérieur du cartouche ; il fuffit
que la compofition en foit atteinte.
Empliffez ces fix trous de pouffier fans le fouler ;
placez une étôupille de communication furies quatre
trous de. dejfous; collez y cette étôupille fur chacun
•avec un peu d’atrforce. '
Pofèz une fécondé étôupille qui communique d’un
trou latéral à l’autre, collez-la de même avec un peu
d’amorce, & couvrez ces trous d’une bande de papier
collé.
Le papier étant fec , prenez un petit bâton d’ozier
de la longueur de la fufée; fendez-le en deux ; faites
une entaille au milieu de l’une de ces moitiés ; attachez
la avec un fil de fer ou de laiton en croix fur la
ligne inférieure, au milieu des quatre trous. L’entaille
fert à loger rétoupille qui paffe deffous $ afin
qu’elle n’empêche point la baguette de joindre contre
la fufée : on la lie de fil de fer à caufe du feu qui brû-
leroit une ficelle. Cette baguette fert à maintenir la
fufée dans la fituation où elle doit être pour s’élever
droit.
On donne feu à la fufée par un petit bout d’étou-
pille collé fur celle qui communique aux deux trous
latéraux : il faut une table ou un plan fort uni pour
tirer ces fufées ; c’eft delà qu’elle tire fon nom de
fufée de table. L’effet de cette fufée eft de tourner
en forme de foleil fur la table , jufqu’à ce que le feu
qui a commencé par les trous latéraux, fe foit communiqué
, par l’intérieur de la fufée, aux quatre trous
,,de deffous qui s’élèvent en l’air ; tandis que le feu qui
fort par les trous latéraux continue à lui donner le
mouvement de rotation. C ’eft un foleil qui s’élève
en l’air dans une fituation horizontale. L’effet en eft
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très-beau, fur-tout lorfqu?elle eft chargée en feux
chinois. Voy. fig. 80 tk 108.
On en fait auffi à quatre fufées qui font attachées
fur une croix de bois ; chacune de ces fufées eft percée
d’un trou latéral & de deux trous par deffous,
ou même de trois, fuivant leur longueur. Elles n’ont
pas befoin de baguettes.
Ces fufées peuvent être auffi groffes ou auffi petites
que l’on v eut, en obfervant de diminuer ou
d’augmenter la force de la compofition , félon que
les fufées augmentent ou diminuent de diamètre.
Enfin , pour faire porfer à la fufée de table une
petite garniture , placez dans deux cartouches fort
minces.une égale pefanteur de ferpentaux ou étoiles,
avec affez de pouffier pour les faire crever ; percez
la fufée de chaque côté dans le milieu de fa longueur ;
& en. place de la baguette , collez-y les deux cartouches
: lorfque la fufée fera à fa fin , le feu , en
fortant par ces trous qui répondent à la garniture,
la fera partir.
On peut auffi attacher à une fufée volante une fufée
de table , comme on voit fig. iyp, & fuivant la
méthode rapportée à l’article IX de la fufée volante
avec un tourbillon de feu.
Compofitions pour les fufées de tables de quinze lignes
de diamètre extérieur.
. Matières... -t Feu. ancien. Feu Chinois
rouge.
Feu Chinois
blanc.
liv. one. gr. liv. one. gr. dâv. onc. gr.
Salpêtre.,. . . . I I 2 1
Pouffier.............. 1 4
Soufre................. 3 2 2 8
Charbon. . . . . 6 4 4 1
Sable du 2e. &
du 3 e. ordres . 8 » 10
Des feux qui ont leur effet fur terre.
Les lances à feu fervoient autrefois à éclairer la décoration
des feux d’artifice. On en garniffoit les bordures
& les endroits les plus apparens; mais on s’eft
apperçu qu’elles nuifoient d’abord par une lumière
trop éclatante , enfuite par beaucoup de fumée ; c’eft
pourquoi on a ceffé de les employer à cet ufage:
on s’eft réduit aux petites lances dont on forme des
chiffres ou autres deffins, qui, par leur petit volume
& leur courte durée, & par la blancheur de leur
feu , font une variété & un contrafte agréables avec
les autres artifices. On fe fert auffi des lances pour
donner feu aux artifices. Ces dernières doivent avoir
quatre à cinq lignes de diamètre intérieur, & environ
quinze à dix-huit pouces de longueur ; & les petites
lances, dont on veut former des deffins, doivent
etre de trois lignes de diamètre fur trois à quatre
pouces de longueur.
Les cartouches des lances font faits de papier. Ort
leur donne peu d’épaiffeur pour qu’ils puiflént brûler
en même temps que la compofition ; quatre tours de
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papier fuffifent pour les groffes, Si deux à trois tours
pour les petites.
La manière de les mouler eft la même que nous”
avons 'décrite en parlant- des cartouches , & qu’il
feroit inutile de répéter ici.
Il faut avoir quatre baguettes d’inégale longueur
pour charger les groffes lances. La première doit être
de la longueur du cartouche, & chacune des trois
autres fera d’un quart plus courte que celle qui la
précède.
On charge les cartouches des lances à la main fans
moule'ni culot ; on les frappe de dix coups pour
chaque charge j , avec une palette ; on ne les étrangle
point après qulelles font chargées ; on bouche feulement
l’ouverture du cartouche avec de l’amorce &C
un bout d’étoupille.
La bonté & la propreté d’une lance confident à
etre chargée bien ferme, de forte que le cartouche
ne faffe point de pli.
Si l’on veut former un chiffre , dès fleurs-de-lis,
ou quelqu’autre chofe en petites lances , on perce
dans une planche des trous à un pouce & demi ou
deux pouces de diftance les uns des autres, en fuivant
le contour du deffin qui y eft tracé ; on colle dans
ces trous les petites lances avec de la colle forte,
& l’on tourne un fil de fer ou de laiton autour de
chacune : ou l’on pique dans les mêmes diftances
des clous d’épingles auxquels on.attache les lances:
on place enfuite fur ces lances des porte-feux que
l’on ouvre avec des cifeaux vis-à-vis chaque lance ,
de manière que rétoupille qui y eft renfermée pofe
fur fon amorce : on colle deffus du papier, tant pour
joindre le porte-feu à la lance , que pour couvrir
leur communication.
Si toutefois on vouloit fe fervir des grandes lances
pour en border un feu, il ne faudroit point les remplir
entièrement de compofition, mais réferver environ
un pouce pour les placer & les attacher fur pn pied
de bois : on coupe l’étranglement, & on y met une
amorce ; on cloue ces lances fur des barfes , à la
diftance de quatre à fix pouces , & on met une étou-
pille de communication de l’une à l’autre ; on la colle
fur chaque lance avec un peu d’amorce : les barres
doivent être proportionnées à la longueur de chaque
face du feu. Si cette face a vingt - quatre pieds , il
faut donner aux barres fix ou douze pieds , afin que
deux ou quatre la garniffent. On peut attacher un
fauciffon à ces lances , pour que leur feu fe termine
par un grand coup. A cet effet, rempliffez de pouffier
un petit tuyau de plume ; faites-en entrer un bout
dans le fauciffon percé pour le recevoir, & l’autre
bout dans la lance que l’on placera un peu en deffus
du morceau de bois qui lui fert de pied; joignez-les
bien l’un-à l’autre,& couvrez les jointures de bandes
de papier collé. Vo y. fig. 132 , une lance à fauciffon,
avec le pied de bois pour l’attacher.
On donne une odeur agréable au feu des lances,
en mettant une once de benjoin fur la livre de compofition
; on broie doucement le benjoin avec du
foufre.
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