
T erouliæ ; fe mot fe dit-d*utie terre légère ,
tendre , noire , ou tirant fur cette coùle\ir , qu e Ton
a coutume de ranger parmi les indices de charbon
de terre.
T o i t d e v e in e ; c’en eft la partie fupérieure.
1 T o ü f fe , ou m o u fe t te ; vapeur & exhalaîfon
des mines.
T o u r b il lo n s ; efnbarras caufés par des pierres
1 dans les veines d’une mine.
C H A R P E N
V->HARP ENTIER, ouvrier qui a le droit de
faire exécuter tous les ouvrages en gros bois qui entrent
dans la conftruâion des édifices & les grandes
’machines.
De la Charpenterie en général.
Par-le mot de charpenterie l’on entend l’art détailler
& affembler avec jufteffe & folidité des bois de différente
groffeur pour la conftruâion des grands ouvrages,
comme dans les bâtimens les combles ,
planchers , pans de bois , cloifons , efcaliers, lucarnes
; les ponts de bois, de bateau, & ceintres ;
pour ceux de pierre, les batardeaux, fondemens de
piles & culées, les échafaudages ; les vaiffeaux , navires,
& toutes fortes de bateaux , grands & petits,
les moulins à vent & à l’eau, les preffes & preffoirs,
& prefque tous les ouvrages mécaniques ; mais encore
celui de conduire , tranlpôrter & élever toute
forte de fardeaux, pour lefquels la connoiffance de
la géométrie , & fur-tout des mécaniques , eft ab-
folument néceffaire. Ce mot vient du latin carpejnta-
rius ou carpentum, un char, à caufe du rapport qu’il y
•a des ouvrages de charron avec ceux du charpentier.
Anciennement, tous ceux qui travaillent le bois
ne formoient qu’une feule & unique profeffion , &
étoient^ appelés charpentiers. Il y en avoit de deux
fortes : les uns étoient appelés charpentiers de la grande
coignée ( nom d’un des principaux inftrumens de cette
profeffion ) , qui employoient les gros bois pour les
gros ouvrages de charpenterie : les autres au contraire
étoient appelés charpentiers de la petite coignée,
qui employoient les menus bois à toute .forte de petits
ouvrages. Vers la fin du quinzième fiècle , ceux-
ci , à caufe des menus bois qu’ils employoient, prirent
le nom de menuifiers, c eft-à-dire, ouvriers en
menus ; de-là vinrent les différentes fortes de me-
nuiferie, comme menuifiers d’affemblage', menuisiers
de placage ou ébéniftes, & plufieurs autres.
Quelque temps , après on divifa la charpenterie
en deux efpèces : l’une, le charronage. dont les ouvrages
font les charrettes, équipages , & toutes fortes
de voitures; & l’autre , la.charpenterie proprement
dite, qui eft celle dont nous allons traiter
dans cet article.
Origine de la Charpenterie.
Il par oit allez vraifemblable que l’art de charpenterie
eft le premier & le plus ancien de tous. Le bois
dit Vitruye, ayant fçryi d’abord aux premières ha-
T I E R. (Art du)
bitations des hommes accoutumés alors a vivre
comme les bêtes dans le fond des forêts, ils n’avoient
comme elles qu’une nourriture fauvage. Il arriva un
jour qu’un feu allumé tout-à-coup par le frottement
violent de plufieurs arbres, caufé par la force du
vent, les raffembla tous en un même lieu, & donna
matière à une differtation fur ce nouveau phénomène
, dont ils tirèrent par la fuite de très-grands
avantages : affemblés ainfi, ils fe parloient par lignes,
articuloient des mots dont ils convenoient de la lignification
, & peu à peu ils formèrent fociété : enfin,
pour être plus à la portée, ils fe firent des demeures
près les unes des autres , & à l’abri des injures du
temps. Leurs premières idées furent de faire des toits
en croupe, efpèce de comble dont nous parlerons
dans la.fuite , qui n’étoient que des pieux dreffés debout,
& appuyés l’un contre l’autre par leurs extrémités
fupérieures pour foutenir des branches d’arbre
, des joncs , de la paille, ou des branches d’ofier
entrelacées , garnies de terre, & cela pour fe garantir
des ardeurs du foleil pendant le jour , du ferein
pendant la nuit, des rigueurs du froid pendant l’hiver
, & des pluies & mauvais temps. Ce qui fe pré-
fenta de plus favorable à cet ufage , fut le bois qui
venoit de foi-même dans les forêts. Devenant peu-
à peu induftrieux, ils s’en firent des cabanes , en-
fuite des maifons , & enfin dès édifices plus impor-
tans , félon les matériaux des pays & la richeffe des
peuples. Ils font parvenus à écârrir le bois au lieu de
l’employer brut ; les mortaifes ont fuccédé aux
trous , les tenons aux chevilles ; enfin l’art de charpenterie
s’eft perfeâionné à un tel point que nous
verrons par la fuite des chefs-d’oeuvre de cet art.
La fcience du trait eft fur-tôut néceffaire à un
charpentier. En effet, lorfque les pièces de charpente
ont été taillées fur les traits d’un homme peu
habile , elles ne font point à-plomb , portent toujours
à faux , & laiffent voir un enfemble dont le
coup-d’oeil eft défagréable, au lieu que lorfqu’elles
font tracées par un ouvrier qui fait bien fon métier,
elles réunifient la propreté avec la folidité.
On ne peut consulter à cet égard un meilleur ouvrage
que celui du fieur Fourneau , charpentier de
Rouen, Cet habile homme enfeigne comment, en
faifant un trait carré à l’endroit où la ligne cfu milieu
vient rencontrer la face d’un arctier ou principale
pièce de bois qui en forme Y arête ou l’angle faillant,
on s’y prend pour bien faire l’à-bout ou rextrépoit®
d’une pièce de charpente coupée à l’équerre , & la
gorge du démaigriffement, ou entaillement fait à angle
aigu; il fait voir comment on a la coupe d’un em-
panon ou chevron qui ne va pas jufqu’au haut du
faite , mais qui eft affemblé dans l’arêtier du côté
des croupes , ou parties des bâtimens & pavillons
ordinaires qui ne font point taillées en pignon , mais
qui font coupées obliquement; il apprend comment
en rapportant les diftances à l’élévation de la ligne,
elle défigne la place où l’on doit faire les mortaifes.
On remarque encore dans fon Traité la façon de
conftruire les courbes alongées qui reffemblent à la
partie d’une ellipfe ; on y voit comment il faut mettre
des lignes dans le ceintre ou affemblage des pièces
de bois fur lefquelles on conftruit une voûte : l’auteur
y démontre l’art de defeendre les lignes à-plomb,
de faire l’élévation des lignes de retombée , de les rapporter
dans le milieu où les mêmes hauteurs des
lignes qui fe correfpondent fe coupent & forment
une courbe ralongée ; il explique comment on tire
les lignes tranfverfales qui viennent croifer les lignes
du milieu pour tracer l’affemblage des noues ( endroits
où deux combles fe joignent en angle rentrant
) ; il expofe l’affemblage des arêtiers ; il dit
de quelle manière on forme les herfes de la croupe ,
ou quel eft l’arrangement des pièces de bois qui fe
croifent dans la charpente d’un pavillon carré ; &
il fait voir le développement de la furface du comble
fur lequel porte la latte.
Après avoir montré à faire toutes fortes de traits ,
le fieur Fourneau en fait l’application fur divers efpèces
de nolets , ou enfoncemens formés par la rencontre
de deux combles de pavillons & d’efcaliers :
mais de cette théorie , paffons à la pratiqee de l’art
de la charpenterie, & aux détails de fes principales
opérations.
La charpenterie fe divife en quatre efpèces différentes
; la première eft la connoiffance des bois propres
à cet art ; la fécondé eft la manière de les écar-
rir ; la troifième en eft i’affemblage & la quatrième
eft celui de les joindre enfemble pour en fabriquer
tqutes fortes d’ouvrages.
Des Bois en général.
De tous les bois que l’on emploie dans la charpenterie
, il en eft qui ne peuvent fe conferver à
l’air, parce qu’ils fe fendent, fe dé jettent & fe tourmentent
, foit par les grandes chaleurs de l’été ou
les grands froids de l’hiver , ce qui caufe quelquefois
des interruptions & des dommages dans les ouvrages
qui en font faits ; d’autres qui ne peuvent fe
conferver dans l’eau parce qu’ils fe pourriffent ; d’autres
encore qui ne peuvent fe conferver expofés
tantôt aux ardeurs du foleil, & tantôt à l’humidité ;
raifon pour laquelle il eft abfolument néceffaire à un
charpentier d’en connoître la nature & la qualité ,
afin de pouvoir faire un bon choix , & prévenir
par-là une infinité d’inconvéniens. Pour parvenir à
cette connoiffance, il faut examiner la fituation des
forêts, & comment les bois y font venus ; fi le
terrain eft graveleux, fablonneux & pierreux , ex-
pofé aux rayons du foleil. Que les arbres foient
éloignés les uns des autres & à découvert , les
bois en feront durs , francs, fecs , nets , & très-bons
pour la charpenterie ; mais les menuifiers, fculpteurs
& autres ne pourront s’en fervir à caufe de leur
durèté : fi au contraire le terrain eft humide,, que
les arbres foient preffés & couverts , les bois en
feront trop tendres pour la charpenterie, mais en
récompenfe feront très-propres pour la nu nuiferie
& la fculpture; auffi l’expérience nous a-t-elle toujours
montré que les bois expofés au nord & au levant
font préférables à ceux qui font expofés au midi
& au couchant, à caufe des vents humides qui viennent
de ces côtés-là.
Les bois dont on fe fert dans la charpenterie nous
viennent principalement des provinces de Lorraine *
de Champagne , de Bourgogne, de Brie , de Picardie
, de Normandie, & quelques autres ; les uns
par charrois, les autres par bateaux , & d’autres encore
par flottes, félon la commodité des rivière»
qui les amènent , quelquefois à fort peu de frais : ils:
arrivent ordinairement à Paris tout débités , de différons
calibres, c eft-à-dire , en pièces carrées , en
planches , en voliges mairrains , lattes , échalas
& autres. Le Bourbonnois & le Nivernois en four-
niffent auffi , mais non en groffes pièces , parce
que les rivières de ces endroits - là ne peuvent
en permettre la navigation. La province d’Auvergne
& fes environs fourniffoient autrefois beaucoup-
de fapins pour la charpenterie ; mais depuis que l’on
n’en emploie plus, le commerce en eft ceffé.
Le chêne eft de tous les bois celui qui eft le plus
en ufage dans cet art : on employoit beaucoup autrefois
le fapin & .le châtaignier ; on fe fert encore
quelquefois , mais fort rarement, de bois d’orme r
de frêne, de hêtre , de charme , de tilleul, de peuplier
, de tremble , d’aune , de noyer , de poirier ,
de cormier, neffliers , fauvageons , alifiers & autres.
Tous ces bois fe réduifent à trois efpèces différentest
la première font les bois taillis ; la fécondé, les
bois baliveaux ; & la troifième , les bois de futaie.
Les bois taillis font ceux qui ne paffent point l’âge
de quarante ans , & que l’on coupe pour mettre ert
vente. Les baliveaux font ceux qu’on a laiffés fur pied
après la coupe, dont les principaux ou maîtres brin»
fe nomment baliveaux fur Jouche ; on appelle encore
baliveaux fur taillis, ceux qui ont depuis cinquante
jufqu’à quatre-vingts ans. Les bois de futaie font de
trois fortes : la première , que l’on appelle jeune oiï
baffe -futaie , dont les arbres font de quarante k
foixante ans ; la fécondé, que l’on appelle moyenne
ou demi-futaie , dont les arbres font de foixante à
cent vingt ans ; & la troifième , que l’on appelle
grande ou haute-futaie , dont les arbres font de cenfi
vingt ou deux cents ans ; après ce temps , on les
appelle bois de vieille-futaie, parce qu’alors les bois
ne pouvant plus profiter , & commençant à dépérir
par leur trop grande vieilleffe , ils ne font plus propres
à rien. .