
t O A I G ■ A I G
épingliers-aiguilliers-alênlers-chaînetiers, par lettres- de métier, dont les ftatuts font communs. Chaque
patentes enregiftrées en parlement le 21 août 1764, maître a la liberté de faire 8c vendre concurremment
pour ne faire enfemble qu’un feul 8c même corps tous les ouvrages de leur profeflion réciproque.
y O C A B U L A 1 R E des Termes employés dans la Fabrique des A ig u illes.
. A ffinage ; c’eft l’a&ion d’empointer les aiguilles
& de les affiner, en faifant rouler la pointe fur une
pierre d’émeri.
Aiguille , petit infiniment d’acier trempé, délié,
p o li, pointu par un b o u t, 8t percé à l’autre bout
d’une petite ouverture longitudinale.
Aiguillettes; ce font des rubans ou cordons
ferrés par les deux bouts, pour mettre fur l’épaule
ou pour attacher quelque chofe.
Bec ; c’eft l’extrémité aiguë 8c recourbée de l’aiguille
du métier à bas,
Bille , petite pièce de bois, carrée & mobile,
que l’on place dans l’étau du perceur d'aiguille.
Blanchir ; c’eft faire chauffer ou recuire dans
le gaufrier la partie qui doit former le bec de l’aiguille
du bonnetier.
Brunir les aiguilles ; c’eft leur donner le
poli.
Canelle ; c’eft la rainure pratiquée, aux deux
cotés du trou de l’aiguille 6c dans fa dire&ion.
Chasse , eft la rainure pratiquée dans le corps
de l’aiguille du bonnetier pour recevoir fon bec ou
fa partie aiguë 8c recourbée.
Cul de l’aiguille ; c’eft le bout où fe fait l’ouverture
pour recevoir le fil.
D étourner les aiguilles ; c’eft les trier , &
les arranger , ayant toutes la pointe du même côté.
D onner le recuit , c’eft détremper l’aiguille
en la faifant chauffer , afin de la rendre moins
caftante.
Dresser l’aiguille ; c’eft former avec la lime
le corps de l’aiguille 8c le polir.
Ebaucher; c’eft dégroffir avec une lime le bout
qui doit former la pointe de l’aiguille.
Empointer les aiguilles ; c’eft la même chofe
que les affiner , en aiguifant leur pointe fur une pierre
.«l’émeri.
Etirer ; c’eft étendre le fil d’acier.
E vider les aiguilles ; c’eft pratiquer à la lime
la petite rainure qui doit être des deux côtés du trou
& dans fa direction.
G aufrier , piaque de tôle longue, étroite 8c
courbée par le bout , fur laquelle on range les
aiguilles pour être mifes fur le feu*
Jauge , plaque de fer percée de trous ronds, &
fendue par les bords de fentes de différentes largeurs,
pour éprouver la groffeur des aiguilles.
Lessiver les aiguilles ; c’eft les jetter dans
une eau de favon lorfqu’elles fortent du poli, pour
en détacher le camboui.
Martinet ; ce terme fe dit dans les forges, d’un
marteau qui eft mu par la force d’un moulin.
<Eil de l’aiguille ; c’eft l’ouverture qui doit
recevoir le fil.
Palmer les aiguilles ; c’eft prendre une certaine
quantité de petits brins d’acier pour en applatir
un bout fur l’enclume.
Pl io ir , inftrument propre à donner à l’aiguille
de métier _à bas , fa courbure néceffaire.
Pointer l’aiguille ; c’eft en former la pointe
avec la lime.
Polir les aiguilles ; c’eft les faire paffer dans
un fac ou bourfe où il y a de l’émeri.
Railure ou rainure ; c’eft la petite partie
évidée de l’aiguille aux deux côtés du trou de l’aiguille
8c dans fa direction.
Recuire les aiguilles ; c’eft faire paffer le«
aiguilles au feu après la trempe, pour les empêcher,
de fe caffer trop facilement.
Redresser les aiguilles au marteau ; c’eft
les façonner avec le marteau lorfque la trempe leur a
donné de la courbure.
T as , petite enclume qui eft fur le billot du perceur.
d’aiguilles.
T réfiler; c’efl: étendre & dégroffir le fil d’acier;
en le faifant paffer fucceflivement par les trous de
la filière.
T reillis , morceau de toilè couvert de poudre
d’émeri, dont on fait une efpèce de bourfe oblongue
en la liant fortement par les deux bouts , & dans
lequel on a placé les aiguilles que l’on vêtit faire
rouler fur une table pour les polir.
T roquer les aiguilles ; c’eft ôter avec un
poinçon, fur un bloc de plomb, le petit morceau
d’acier qui bouche l’oeil ou l’ouverture des aiguilles.
* V anner les aiguilles ; c’eft, après les avoir
couvertes de fon, les mettre dans Une boîte ronde,
fufpendue en l’air, 8c qu’on agite pour les nettoyer*
FABRIQUE ET EXPLOITATION
D’ A L U N.
X -i’ALUN eft un fel criftallifable, compofé d’acide
vitriolique uni à une terre argilleufe.
Sa qualité aftringente le rend d’une grande utilité
dans plufieurs arts, fur-tout dans la teinture.
Les anciens diftinguoient l'alun liquide , & Y alun
fec. Sans doute que Y alun liquide eft celui qu’ils préparaient
fans le faire criftallifer ; 6c Y alun Jec,9 celui
qui étoit criftallifé, foit naturellement, foit par le
travail.
On trouve dans le commerce trois éfpèces d’alun ;
favoir, Y alun de glace ou de roche , qui le prépare en
France, en Angleterre , en Italie 8c en Flandre.
U alun de Rome , qui fe prépare à Civita-Vecchia.
L'alun de Smyrne, qui fe prépare aux environs de
cette ville.
Ydalun de glace ou de roche,, fe tire des matières
minérales pyriteufes. Cet alun eft rarement bien
pur , en ce qu’il retient une quantité plus ou moins
grande de vitriol martial. On le nomme alun de
roche , parce qu’il provient des pierres pyriteufes
en roche, 8c qu’il eft dans le, commerce en grande
maffe comme des pierres ; il eft auflî appellé alun
déglacé, parce que cette maffe eft tranfparente, 6c
affez femblable à de l’eau glacée.
On tire une affez grande quantité de cet alun auprès
de Pouzzole, dans Te voifinage de Naples , dans un
lieu appellé Solfatara.
M. l’abbé Nollet, qui a vifité cet endroit, 6c en
a fuivi l’exploitation, en décrit ainfi le procédé.
La matière dont on tire cet alun fe ramaffe dans
la plaine même, 6c reffemble à la marne par la con-
fiftance 8c par la couleur ; mais elle en diffère très-
effentiellement, en ce qu’elle ne fait point effervef-
cence dans l’acide nitreux.
On a des chaudières de plomb de deux pieds 8c
demi de diamètre 6c de profondeur, qu’on remplit
de cette terre ou pierre jufqu’aux trois quarts environ.
On enfonce ces chaudières prefque jufqu’à
fleur de terre fous un grand hangar, à la diftance de
quatre cents pas des fourneaux à foufre. On remplit
chaque chaudière d’eau , qui doit furnager la terre
de trois a quatre pouces. La chaleur naturelle du
terrein , en cet endroit , fuffit pour échauffer la
matière à 37 degrés 8c demi du thermomètre de
Reaumur, au deffus da terme de la congélation.
Part*e Tjdine Te forme à la fuperfieie, en gros
criftaux ; mais, comme ils font encore chargés de
beaucoup d’impuretés, on les porte à un bâtiment
a l entree de la Solfatara; on les fait diffoudre dans
oe 1 eau'chaude, dans un grand vafede pierre taillé
en torme d’entonnoir. L’alun fe forme de nouveau
en crataux beaucoup plus purs.
L'alun de Rome fe tire du territoire de Civita-
Vecchia, à quatorze lieues de Rome , dans un endroit
qüi fe nomme Yaluminiere délia Tolfa. C’eft
une pierre dure qui n’eft ni pyriteufe, ni calcaire :
on la réduit en morceaux, 6c on la fait enfuite calciner
, comme la pierre à chaux , pendant treize à
quatorze heures. Lorfque la calcination eft faite, on
met la matière en plufieurs tas fur des places environnées
de foffes pleines d’eau ; on l’arrofe avec
cette eau trois à quatre fois par jour, 8c pendant
quarante jours, ou jufqu’à ce que la pierre calcinée
entre en effervefcence 6c fe couvre d’une effloref-
cence de couleur rougeâtre.
Ces pierres font mifes enfuite dans des chaudières ;
on les y fait bouillir pour diffoudre tout l’alun qui
s’eft formé, 6c l’on a foin de faire évaporer l’eau
jufqu’au point de criftaliifation.
L’eau , encore toute chaude , doit être verfée
dans des vaiffeaux de bois de chêne. Alors elle fe
transformé par le refroidiffement en une grande quantité
de criftaux irréguliers qui ont un coup-d’oeil
rouge-pâle, tels qu’on les trouve dans le commerce.
L'alun de Rome n’eft point en maffe comme Y alun
de roche, mais en petits criftaux mêlés d’une pouflière
rougeâtre. Cet alun eft plus pur que tout autre ; il
eft auflî plus cher : il ne contient point de matières
métalliques ou vitrioliques ; ce qui le fait avec raifon
préférer pour certaines teintures , dont la beauté
ferait altérée par la préfence de la moindre matière
métallique.
L'alun dit de Smyrne, fe prépare dans les environs
de Smyrne; il eft trè s -p u r , 6c pour cette
raifon , recherché dans le commerce. On le tire
d’une efpèce de pierre à peu près femblable à celle
qui fournit l’alun dans les environs de Rome ; 6c le
procédé pour fa fabrication, eft le même que celui
que nous venons de rapporter.
L'alun déplumé eft une matière faline qui a la faveur
de l’alun ordinaire, qui fe diffout dans l’eau comme
l’alun, 8c qui fe criftallifé de façon qu’il reffemble
aux barbes d’une plume. Cet alun eft naturel, ÔC
ne demande point les procédés de l’art ; il fe trouve
criftallifé dans des grottes où paffent des eaux minérales
alumineufes. Cet alun ne fe trouve point dans
le commerce, 6c ne fe voit guère que dans les
cabinets d’hiftoire naturelle. Voici ce que M. de
Tournefort rapporte fur les mines de ce fel dans fa
relation d’un voyage du Levant.
« Les principales mines font à une demi-lieue de
»> la ville de Milo, du côté de Saint-Venerande :
» on n’y travaille plus aujourd’hui. Les habitans du
» pays ont renoncé à ce commerce, dans la crainte
B ij.