
clou eft rarement rond, le plus fouvent 11 eft à face ;
la tête peut auffi avoir différentes .formes, félon les
ufages auxquels on deftine le clou.
La perfection des clous dépend beaucoup de la
qualité du métal qu’on emploie à leur fabrique. Il
faut que le fer foit dur fans être caffant. Un métal
mou ou trop flexible prêteroit & fléchiroit fous les
coups de marteau ; il fe tortueroit fans pouvoir
foutenir l’effort néceffaire pour fe faire jour dans le
corps où l’on veut le faire entrer. Si le fer étoit trop
dur & aigre, chaque partie ne fe refferreroit pas les
unes fur les autres ; il n’aùgmenteroit pas en groffeur ;
& ne rempliflant pas toute l’ouverture que les coups
de marteau donnés fur la tête auront produit, le
clou ne tiendra pas autant] qu’on fe le propofe.
D ’ailleurs un fer trop aigre eft caffant, la tête du clou
fe rompra, fa pointe ne iouffrira pas qu’on le rabatte
fur la planche quelle aura traverfée, & fur laquelle
on ne pourra pas non plus la river. Ce font autant
d’inconvéniens provenans de la qualité d’un fer aigre,
& qu’il faut éviter.
Quoiqu’on général le fer aigre ou caffant faffe de
mauvais clous pour la menuiferie ou la charpente,
parce qu’ils ne peuvent être rivés ; cependant on le
préfère ordinairement & avec raifon pour certains
petits clous de tapiflier & de cordonnier ; parce que
ce fer eft plus ferme, plus vide, & plus dur quand
il eft ferme que celui qui eft doux, 6c qu’étant chaud
il fe forge &. s’appointit mieux 6c plus nettement,
qualités effentielles pour ces petits clous, & que
donne rarement le fer doux qui en rend au contraire
la pointe pailleufe 6c fourchue.
Il faut que le clou ait des proportions qui font
réglées fuivant fa force ou fa groffeur, 6c félon l’ufage
qu’on en doit faire.
Dans les ports de l’Océan où l’on fait beaucoup
de clous 6c les plus grands, on donne la préférence
aux fers de Berry & à ceux de Limoges : & dans
le port de Toulon , on emploie les fers de la Franche-
Comté.
Les fabriquants reçoivent le fer coupé en barres
ou en verges de différentes épaiffeurs 6c dimenfions,
fuivant les clous qu’ils en doivent former.
Les clous de moyenne grandeur & les petits clous
fe font à bras : mais on a fuppléé à ces moyens par des
machines, pour fabriquer les plus grands clous qu’emploie
la marine dans la eonftruétion des vaiffeaux ,
pour retenir les bordages, &c. ; nous commencerons
par donner une idée de cette fabrique.
Les clous dont la marine fait ufage dans la coriftruc-
tion des vaiffeaux, ont depuis un pouce jufqu’à 27
de longueur. Les plus longs de ceux-ci, appelés chevilles,
fiches , ou fie h e n a r d s , font des ouvrages de grandes
forges.
.On conçoit que la forme de ces clous doit varier,
fuivant qu’on fe propofe de les faire fervir à différents
ufages j dans la conftruétion de diverfes parties des
bâtîmens de mer. Les magafins du roî enferment de
toutes les dimenfions propres à la marine.
On fe fert pour fabriquer ces fortes de clous, de
barres de fer de carillon , qui aient depuis 4 à 5
lignes, jufqu’à 8 , 9 & 12 lignes. On choifit dans
ces différents échantillons, celui qui approche le plus
de la groffeur du clou qu’on fe propofe de fabriquer.
On n’emploie ici que des barres forgées , & non des
barres refendues ou qui ont paffé par les fenderies.
Et pour la fabrique de ces grands clous deftinés aux
ouvrages de marine, on fe fert, fi l’on en a la commodité
, d’un courant d’eau pour faire agir une machine
qui meut des foufflets & un ou deux martinets,
comme ou en voit dans les grandes forges.
On diftingue plufieurs parties dans un clou : celle
défignée fous le nom de la tête; c’eft la partie la plus
épaiffe qui eft fouvent rabattue fur celle qui fait le
corps ; la laine, ou la tige du clou. La partie la plus
voifine de la tête du clou fe nomme le collet, 6c la
pointe eft ce qui termine le' clou.
Dans la fabrique des clous à l’ufage de la marine *
on demande une certaine exa&itude pour former les
différentes efpèces de clous.
Les expériences ont appris que pour qu’un clou
maintienne folidement un bordage ou une prècinte
aux membres , il faut lui donner les trois cinquièmes
( j ) de fa longueur dans les membres ; 6c les
deux autres cinquièmes ( f ) dans le bordage. Ainfi
en multipliant fon épaiffeur par cinq & divifant le
produit par deux, on en [conclud la longueur du
clou.
Par exemple, pour favoir quelle longueur doit
avoir un clou pour un bordage de 4 pouces d’épaif-
feur, on multipliera 4 par 5 : on aura 20 ; 6c en
divifant ce produit par 2 , 10 fera le nombre de
pouces que le clou doit avoir de longueur.
Sur cette longueur déjà donnée on établit la groffeur
du clou, & voici par quelle règle elle eft pref-
crite. On extrait la racine cubique du carré de la
longueur du clou, &. l’on prend des pouces pour
des lignes ; en ajoutant un point par pouce, on a la
groffeur prife à chaque hauteur du clou ou de fon
collet.
Pour avoir la groffeur d’un clou de 10 pouces,'
le carré de 10 eft cent, que l’on prend pour des
lignes: la plus proche racine de ce nombre eft 4
lignes 8 points, auxquels on ajoute 10 points; on
aura cinq lignes fix points pour la groffeur d’un
clou de 10 pouces , cette groffeur prife au collet.
On emploie le même moyen pour déterminer la
groffeur de tous les clous ; mais comme l’ouvrier ,
en ne faifant point ces calculs, s’éloigneroit de cette
précifion, on lui a fixé ces mefures dans des tables
dont il doit s’écarter le moins qu’il lui eft poffible.
Nous joignons ici ces tables où l’on a réuni les
dimenfions des clous dont on fait le plus d’ufage dans
les ports.
P r em iè r e
C L O C L 0 729
P R E M 1ÈRE T a b l e , T R 0 1 S I È M E T ab L E.
longueur de la tige. Groffeur du collet. NOMS ; ^ 0 ' P O SB 0- HT £>
F o u te s • * L ig n e s • P o in t s , des Clous. H % - g ! p2. - Qf:
mbier
Livre
2 4 IO 4 çt> » '■ ü H
2 2 9 9 Double Caravelle. 6 4 1 7 2 2 6
2 0 . ' 9 I 5 ï
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3 4 IT II î 7
18 8 5 Demi-Caravelle.. . 3 -f* 7 î 4
17 8 I Liffes. . . . . 3 ? 2 y 3 î 4 S 22
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Demi-Liffes. M H
Tillac............. ...
3 1 1 3 i 2 9
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12 ?
3 356 04O
U ; 19 1 6 0
6
De Maugeres. . . 1 0 , 1 4 10I
10 s De Doublages. . . I ä 2 3 . 4 33
9 5 t A Sabords. . . • . 3 àjpo 3 a 3 - 4,5 à 2 3 *• 6 à 4 20 à 2 4
8 4 s 6 à 8 14 a 5 h » ? 4 à 6 33 à 40
Vom dos Clous. 'J f ’lf 'n p
pouces,
Demî-Caravellei 4
Liffe................ | 4>,
Demi-Liffe. . . 3.
T i l la c . ................m M
■ L h 1
Demi-Tillac. • • 1 7.
S e c o n d e T
Groffeur
au Collet.
dignes» points.
5 » I .
2. 10.
2. 7.
2. 4.
2; -
I . 9.
i . 6.
' a b l e .
•Noms Longueur Groffeur Poids Poids
des. Clous. de la T ige. au Collet. du Cent. du Clou
pouces. ' lignes. ■
24 10
-fc*.
O
SJ
4 4
22 S. 9 i 30? 3 9
20. 9 290 10 1 14
18 2 3 3 7 2 3
»7 ■ 207 IO 2 I
l 6 8 183 12 1 13
Clous I 7 ï 1 5 i 12 I S
fcU poids.\ 14 7 i 132 - i I 3
1 13 7 114 5 i a
fl 12 6 1 91 i 14
f 11 6 72 i 10
10 5 i 54' 4 3
ï 5 i 4 4 9 7
8 5 35 14 5
V 7 4 ï 25 8 4
jfrts & Métiers, Tome L Partie JJ#
. Nous avons dit qu’un clou que l’on chaffoit pro-
duifoit un effet qui peut être comparé à celui d’un
coin ; ainfi fa tige ou fa lame en doit avoir a peu près
la forme 6c différer feulement du coin, en ce que celui-
ci doit fendre & partager la partie dans laquelle on
le fait entrer ; c’eft pour cela qu’on lui donne un»
bafe large 6c peu éloignée de fa pointe ; le clou au
contraire en ouvrant doit fe loger dans 1 ouverture
qu’il aura: formée, mais fans féparer trop le bois ,
6c en ne le fendant.point ; aufîi le clou doit il etre
plus allongé; il doit augmenter en groffeur, mais
fans aucun reffaut & infenfiblement. Enfin fa te te
ne doit pas être trop large par rapport à la longueur*
de fa lame.
La forme de la tige ou de la lame des clous,',
dont 011 vient, dans les tables précédentes, d’indiquer
les dimenfionsvarie. Ordinairement on fait
les lames carrées depuis le milieu de la tige jusqu’au
collet du clou, excepté celle des clous à river»
On conçoit aifément qu’il faut prefque donner une
égalité à ces pans ou côtés de la tige du clou, &
que s’il y en avoit un beaucoup plus grand, il ne
fe trouveroit plus proportionné à l’ouverture de la
vrille ; il fendroit le bois , tandis que le plus petit
ne le forceroit pas allez pour s’y maintenir folidement
; ou même il laifferoit un efpace vide & une
entrée à l’eau.
Cependant on fait fouvent deux côtés oppofés
de la tige du clou un peu plus larges ; on leur donne
plus de furface qu’aux deux autres .. côtés , parce
qu’on veut lui donner îa forme reconnue pour être
la meilleure, & le faire, approcher le plus qu’il eft
poffible de celle propre au coin. Cette forme engage
à faire une remarque. Quand on place cette
efpèce de clou dans le bois , pour éviter de le
fendre , il faut que les deux grands pans de la tige
du clou foient placés dans le fens des fibres du bois
Pqut. les féparer » mais fans l?s fendre ; au lieu que
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