
Pour la première manière, on commence par I
pofer une étoupille dans la rainure; on l’arrête fur
chacun des petits trous avec un peu d’amorce. On
colle une bande de papier fur la rainure 6c fur fes
ouvertures dans le bouts, enforte qu’elle foit renfermée
, 6c qu’il faille crever le papier lorfqu il
s’agit d’y donner le feu. On retourne le brin du
côté des grands trous'; on met une pincee de pouffier
dans chacun ; on frappe contre, pour qu’il tombe
dans les petits qui y communiquent. On met un
peu de colle forte fur les portes-feu de ces pots,
& on les place dans les trous où ils doivent entrer
bien jufte ; s’ils réfiftent trop, on ôte un peu de
cette épaifleur avec le petit couteau de Vartificier,
qui eft une efpèce de grand canif. La colle étant
sèche, le brin eft en état d’être tiré.
On place les brins fur le rebord de l’échafaud
du feu, ou bien fur des trétaux, 6c on les y attache
avec des cordés ou avec des clous a chaque
bout. On y donne feu par l’un des bouts, ou par
le milieu, en crevant le papier qui couvre la rainure.
Si l’on veut, fuivant la fécondé manière, ne
faire partir les pots que l’un après l’autre, on prend
des cartouches de lardons à deux cartes, fans être
étranglés ; on les; rogne à la longueur convenable ;
on "les charge de compofition de fufées volantes,
qui brûle lentement, à caufe de la petiteffe du
cartouche ; on les étoupille par les deux bouts ;
on les“ colle avec de la colle forte, dans la rainure
entre chaque trou, fur lequel on arrête leur étoupille
avec de l’amorce. On colle une bande de
papier fur la rainure ; & du refte, on fait comme
il eft dit ci-deflùs.
Quand les pots ont tiré , il faut en avoir
foin, parce qu’ils peuvent fervir encore fouvent.
On les ôte de deflùs le brin : en les tirant un peu
fort, ils fe féparent du porte-feu, qui-refte-collé
dans le trou ; & on l’en retire, en verfant deflùs
de l’eau tiede, qui fond la colle.
Quelques artificiers fe fervent de'portes-feu de
bois, qui durent auflï long-temps que le pot auquel
ils reftent attachés. Lorfqu’on en veut faire
ufage, il faut lier une étoupille dans le fac a poudre,
& lui laifler affez de longueur pour la pafler dans
le pot 8c dans le portê-feu avant la chafle , ,quë
l’on poulie auprès du fond du pot, pour en couper
l’étoupille à huit ou neuf lignes au deflous du porte-
feu.Le pied ou la bafe des pots à aigrettes, eft un
rond de bois , de neuf pouces de diamètre & de
quinze lignes d’épaiffeur dans la partie inférieure ,
& de fix pouces de diamètre & quinze lignes d’é-
paiffeur dans la partie fupérieure ; le tout d une
feule pièce, réduite fur ie tour dans ces proportions.
Moulez fur un cylindre, dont le diamètre eft de
fix pouces , un cartouche de gros carton de huit
feuilles, appelé carte en huit} donnez-lui fix a fept
lignes d’épaiffeur, 8c environ quinze pouces de
hauteur. Quand il eft bien fe e , collez-le de colle
forte, 8c clouez-le fur le rond de bois qui lui fert
de pied ; chargez un jet en brillant, qui, étant placé
dans le pot, en excède le bord de quatre à cinq
pouces.
Enfuite on prend une feuille de papier, on moule
un fac à poudre fur le cylindre de fix pouces, de
même que pour les pots à feu ; on met de la com-
pofition de chafle dans le fac, à peu près la pe-
fanteur de la douzième partie de la garniture, ou
environ l’épaifleur de quatre lignes, fans être foulée,
Pofez le jet au milieu, 8c liez la chafle deflùs, en
confervant fa rondeur ; placez enfuite la chafle au
fond du pot, piquez-la de plufieurs trous, répandez
du pouffier deflùs, 8c arrangez des lardons ou fer-
pentaux brochetés autour du je t , autant qu’il en
peut tenir dans le pot.
Mettez deflùs quelques chiffons de papier pour
les maintenir. Prenez enfuite un morceau de carton;
tracez-y deux ronds, l’un du diamètre extérieur
du je t, l’autre du diamètre extérieur du pot. Rognez
ce qui excède ce dernier, 6c quant au premier,
diyifez-le, avec des cifeaux, en fix parties, qui,
en donnant paflage au je t , fe relèvent contre. Couvrez
le pot avec ce rond de carton, 8c faites-le
joindre deflùs 8c contre le je t, en . y collant des
bandes de papier brouillard : il faut le bonneter,
pour qu’il ne parte que quand on le juge à propos.
Voyez fig. 127, un pot à aigrettes ; 8c un autre
On rend les pots plus forts, en les couvrant d’un
rang de corde bien collée de colle forte.
On a coutume de laifler au pied du pot le rebord
d’un pouce, qui fert à lui donner une bafe
plus large , pour qu’il rifque moins dé fe renverfer.
Il fert auffi à percer des trous , lorfqu’on le tire
fans un plan incliné, ou qui n’a pas la largeur convenable
, pour l’y pouvoir attacher avec des clous.
On nomme trompes un affemblage de plufieurs
pots à feu les uns au deflùs des autres , qui partent
fucceffivement, de manière que le premier, jetant
fa garniture, donne feu à la compofition lente du
porte-feu du fécond : celui-ci, en partant , donne
feu au troifième, & chafle en même temps dehors
le premier pot qui a fait fon effet ; & ainfi de fuite.
On fait peu d’ufage des trompes dans les feux de
terre, fi ce n.!eft pour les tirer à la main, & s’amufer
à diriger leur garniture où l’on veut. Mais on emploie
beaucoup les trompes dans les feux fur l’eau,
foit .pour faire vomir du feu à un monftre marin,
foit pour former ce qu’on nomme des barils de
trompe, qui fe font de la manière fùivante.
Moulez un cartouche de trois à quatre lignes
d’épaiffeur, de deux pouces de diamètre intérieur,
& de vingt pouces de long, qui eft la largeur de la
carte en cinq. Ce cartouche fe nomme le fourreau
de la trompe. Voyez la forme d’un fourreau pour
ajufter le dedans des trompes, fig. 131.
On le monte, fi c’eft pour le tirer à la main, fiir
un pied de bois, fait comme le pifton d’une feringue,
qui entre dedans d’un pouce Ô£ demi9 8t fur lequel
il eft collé ôc cloué.
On moule cinq pots à feu en carton, appelé carte
entrois,roulé fimple, d’un calibre à pouvoir entrer
jufte dans le fourreau, 8c qui , étant étranglés,
n’aient que la hauteur des lardons, .avec lefquels
©n veut les garnir. On moule enfuite quatre cartouches
de carton du même diamètre que les lardons,
& de fept à huit lignes plus long pour fervir
de porte-feux ; il faut encore en mouler un cinquième
pour le même ufage, auquel on donne une
demi-longueur de plus ou environ.
Chargez les quatre premiers cartouches, fans les
étrangler , en feu commun , ou compofition de
fufées volantes, pour que le feu en dure plus longtemps.
Quant au cinquième , on peut J’étrangler
par un bout , & le charger en brillant comme un
jet. On met à toutes de l’étoupille avec de l’amorce
à l’un des bouts , 8c on y attache un pot de la même
manière qu’à une fufée volante. 11 faut excepter le
cartouche le plus long , qui ne doit point avoir
de pot. On met à l’autre bout de chacun des cinq
cartons , une chafle qui doit être liée & qui fera
piquée. On prend enfuite des lardons ; on en arrange
fix en rond fur la chafle, 8c autour de chaque porte-
feu ; on les attache deflùs avec un fil que l’on coupe
en les plaçant dans le pot.
Refte un pot qu’il faut étrangler entièrement fans
y réferver de trou. On le lie ; on coupe ce qui excède
la garniture ; on frappe quelques coups de maillet
deflùs pour l’unir , & pour que rien ne déborde.
Ce pot eft le premier qu’il faut garnir. Mettez dedans
une des cinq pièces qui doivent former la trompe,
compofée comme on vient de le dire, d’un porte-
feu , d’une chafle liée à l’un de fes bouts, d’un pot
lié fur l’autre bout, 8c de fix lardons attachés autour
avec du fil, qui doivent le remplir exaâement. Cou-
vrez-le de papier collé, de manière que le feu du
fécond pot ne puiffe lui être communiqué que par
le porte - feu : l’efpace d’environ un demi-pouce,
qui eft entre deux, eft réfervé pour en donner la
facilité. Couvrez ce même efpace avec une bande
de papier un peu large, qui joigne le premier pot
au fécond , 8c forme une continuité. Répandez un
peu de pouffier dans le fécond pot, fur le bout du
porte-feu qui communique au premier, afin d’en
rendre l’effet plus certain. Po,fez-y la fécondé garniture
, compofée des mêmes pièces que la première
, que vous couvrirez de .même ; & ainfi des
autres, en obfervant que le grand porte-feu doit
être placé le dernier.
La trompe étant sèche, on la place dans le fourreau
, aue l’on ferme avec un rond de carton coupé
dans le milieu pour faire pafler le bout du porte-feu,
comme pour les pots à aigrettes, & on le colle
bien deflùs. La trompe eft alors en état d’être tirée.
L effet en .fera plus beau , fi chaque reprife donne
une garniture différente. On peut y employer les
.DPentaux brochetés | les; lardons , les petits fau-
cillons volans , -la pluie de feu , 8c même les étoiles,
'3 ' donne le développement d’une trompe
artifice , bc h fig. /yj- repréfente cette trompe. Il
I ne faut pas oublier les petites trompes pour les feux
1 d’artifice que l’on fait en petit pour tirer dans une
1 chambre, 8c que l’on entre-mêle quelquefois dans
| un deffert.
On donne à ces petites trompes la forme d’une
bougie en les trempant dans de la cire fondue : un
bout de coton trempé, moitié dans de la poudre
mouillée, & l’autre moitié dans de la cire fondue,
forme la mèche , 8c fert en même temps d’étoupilie
pour allumer le premier porte-feu : on les fert toutes
allumées fur des chandeliers. Elles ne tardent point
à faire leur effet, qui furprend agréablement 8c fans
aucun danger.
Le ballon d'artifice, ( Voyez figures 61, 63., 64 )
eft une imitation de la bombe ; il fe jette de même
avec un mortier , foit de métal comme ceux de
guerre, foit. de bois ou de carton dont nous allons
parler.
Les ballons fe font en bois ou en carton. Ceux
en bois, font compofés de dêüx-hémifphères qui fe
ferment en s’emboîtant l’un dans l’autre.
La partie inférieure du globe qui doit recevoir
l’impulfion de la poudre, fe nomme le culot , 6c
doit avoir d’épaiffeur un douzième de fon diamètre,
8c un dix-huitième à la partie fupérieure.
L’oeil du ballon fe perce,ou dans le culot, où
dans la partie fupérieure , fuivant la pofttiôn qu’il
doit avoir dans le mortier ; c’eft-à-dire , que fi Ton
donne feu à la main à la fufée , elle doit être ’placée
dans la partie fupérieure du ballon ; mais fi l’on veut
que la chafle lui donne feu, il faut alors la placer
dans le culot. Ces ballons de bois ne doivent guère
être employés dans l'artifice, par le danger auquel
leur ehûte, expoferoit les Tpe&ateurs , & par le
danger même qu’il y auroit à les tirer s’ils venoient
à crever à la fortie du mortier."
Les cartouches lé plus en ufage pour les ballons ,
fe font en carton. Nous allons décrire les trois différentes
manières de les former.
Première manière , pour obtenir des cartouches
fphériques. Formez une pelotte de ficelle en la dévidant
fur l’extrémité d’un petit bâton qui ait de diamètre
celui que vous voulez donner à l’oeil du
ballon dont il formera l’ouverture. La pelotte ayant
prefque acquis fa groffeur , achevez de la former
en la couvrant de f i l , afin de la rendre plus unie;
frottez-la enfuite de favon; puis collez .une quantité
fuffifante de morceaux de papiers deflùs , pour en
former un cartouche épais d’une vingt-quatrième
partie de fon diamètre dans fa partie fupérieure , 6c
d’une dix-huitième dans fon inférieure, oppofée à l’oeil
qu’on nomme le culot. Après qu’il a pris en féchant
un peu de confiftance , retirez le petit bâton avec
lequel vous amènerez le premier bout . de la ficelle
qui doit y être attachée; & en continuant de tirer
ce bout, vous viderez le cartouche de la ficelle 6c
du fil qu’il contient.
La fécondé manière confifte à. employer de la
pâte de papier. Pour former cette pâte , faites
tremper dans de l’eau des.rognures de.papier ou