
excède ; il a foin de tremper à chaque fois dans
l’eau le morceau de planche que l’on peut ici nommer
forme, pour qu’elle ne s’attache pas au carreau
& qu’elle en rende la furface plus' unie.
La maniéré de faire fécher les carreaux eft la
même que celle dont on fe fert pour les tuiles : on
obferve de laiffer un intervalle entre eux, en les
plaçant diagonalement de champ , & un peu inclines.
Le fourneau deftiné à faire cuire^les tuiles^ & les
carreaux, eft enfermé dans un batiment : il peut
avoir intérieurement feize pieds de long» fur dix
pieds dejarge & autant de hauteur*, ce font quatre
murs de quatre pieds & demi a cinq pieds depaif-
feu r , liés tout autour avec de grottes pièces de
bois, afiemblées pour en former un cadre; ceux
qui ont les plus grandes faces font percés chacun
de quatre trous qui fe correfpondent entre eux ,
comme dans les tours à briques ; mais il diffèrent
beaucoup quant à l’intérieur , puilqu on y a conftruit
des arcades maçonnées en briques, lesquelles forment
les canaux de communication qui fervent de
foyers; ces arcades nous ont paru-avoir deux pieds
& demi de largeur dans le bas, fur quinze pouces
de hauteur, lelquelles dimenfions diminuent infen-
fiblement dans l’épaiffeur des murs, & ne laiffent
d’ouverture extérieure aux foyers que dix pouces,
fur huit à neuf de haut jufqu’au fommet de lare.
A l’égard du refte de l’intérieur du four, on le
concevra aifêment, en confultant la fig. 2 , planche 3
de l’art du tuilier & du briquetier : mais le gril ne
doit pas être carrelé ; on le laitte tel qu il eft repré-
fenté au deffus de B , même figure. Ce four eft ^couvert
au deffus par une voûte de briques, percée de
trous de différentes grandeurs *, cette partie fupé-
rieure reffemble beaucoup à celle des fours de la
manufaéture de terre d’Angleterre du Pont-aux-
Choux, à Paris.
11 réfulte de ce que nous venons de dire, que
les fours de la Hollande ne diffèrent effentiellement
de ceux de France que par les foyers ; on en fen-
tira de refte la conféquence, fi l’on fait attention
aux matières combuftiblës dont on fait ufage dans
l’un & l’autre pays ; la tourbe donne beaucoup 1
moins de fumée & de flamme que le bois : par con-
féquent il vaut mieux multiplier les foyers, & les
faire moins élevés , la chaleur que donne la tourbe
n’ayant de vivacité qu’autant quelle eft bien concentrée.
Au milieu d’un des murs de la largeur du fourneau
, on a pratiqué une porte du haut en bas, qui
fert à y introduire & à en retirer les tuiles & les
carreaux.
Dans le temps que nous avons vilite cette fabrique
, le four étoit rempli de l’un & 1 autre ; les
tuiles étoient placées verticalement dans le four ,
ne laiffant entre elles d’autres intervalles que^ ceux
que forment le crochet & les carreaux , rangés par
deffus diagonalement & de champ les uns fur les
autres. Pour fermer le four, on bouche exactement
}a porte avec plufieurs rangs de briques, que l’on
crépit au dehors. On fait un grand feu de tourbes'
dans les quatre foyers, & on l’entretient fans dif-
continuatiôn quarante heures, temps quil Caür pour
les cuire ; on le laiffe enfuite refroidir , & on en
retire les tuiles &. carreaux trois jours après; fa contenue
eft de quinze à feize milliers ; elles lortent alors
du fourneau comme les tuiles ordinaires j mais lorsqu'on
veut leur donner une couleur d un gris de
fe r , cela fe fait par la fumigation, de la manière
fuivante.
Quand on juge que les unes & les autres font
affez cuites , & qu’elles font encore toutes rouges,
on introduit dans chaque four une quantité de petits
fagots de bois verne ou d’aune vert &. avec
fes feuilles. On en bouche très-exactement les fentes
ou ouvertures avec des briques, de la terre & des
planches pour les foutenir. Quant à la partie fupé-
rieure, c’eft-à-dire la voûte du fourneau, on met un
carreau fur chacun des trous, & l’on en couvre toute
la furface avec quatre à cinq pouces de fable , fur
lequel on jette beaucoup d’eau, afin que la fumee
renfermée dans le four ne pulffe s’échapper par aucun
endroit : c’eft à cette fumée qu’eftdue la couleur
grife que prennent les tuiles- & les carreaux, non-*
feulement à la furface, mais encore dans leur in-^
térieur. . /
On laiffe ainfi le fourneau fermé pendant huit
jours ; après ce temps on ôte tout le fable qui eft
par deffus, & l’on ouvre les foupiraux & la porte;
on débouche âuffi. toutes les ouvertures des foyers »
& l’on retire de deffous le bois des fagots qu’on y
avoit introduits , qui eft pour lors converti en très-
bon charbon. C e n’eft encore qu’au bout de quarante*1
huit heures après , qué le four eft affez froid pour
pouvoir en fortir les tuiles & les carreaux qu il ren-
fermoit, & le charger de nouveau.
Les tuiles doivent avoir après la cuite une couleu?
rouge bien égale, & un bon fon. Lorfqu elles ont
été trempées dans l’eau , elles doivent refter fermes ,
enforte qu’aucune pluie ne puiffe les penetrer. Files
doivent être bien cuites, afin que les plus grands
froids de Thiver ne puiffent pas leur nuire.
L’établiffement d’une tuilerie exige des avances
confidérables , fi l’on veut l’achever tout d’un coup ;
mais il eft peu coûteux en le formant peu à peu.
Si l’on a déjà une briqueterie, il eft facile d’en tirer
; les briques néceffaires pour conftruire un nouveau
! fourneau. Si l’on n’en a pas, après s’être affure par
des effais de la bonne qualité de la terre, on conftruit
d’abord un hangar, dans lequel on fabriqua
trente-deux milliers de briques, que 1 on fait cuire
dans un four crëiifé dans la terre. C eft avec ces
briques que l’on bâtit le fourneau a tuiles avec fes
bouches. On lui donne de part & d’autres fix aunes
de hauteur jufqu’aux barres de fer , laïffant furjes
côtés un redent fur lequel on fera porter la voûte.
Le four eft enfoncé de deux aunes,fur le penchant
d’une colline, pour pouvoir plus commodément
arranger les tuiles. On ferme les bouches d’un côté
avec un mur perdu, & l’on y cuit dix milliers de
briques,
briques, néceffaires. pour les murs fupérieurs &. les
piliers du comble. Sur ces piliers on pofe la charpente,
qui n’eft d’abord couverte que de fimples
planches. On place les crampons dans les murs du
faîte; mais au milieu du fourneau, on fe contente
d’un crochet plus court, avec des trous & des anfes,
dans lefquels on affermit les barres qui foutiennent
la voûte. On peut laiffer le fourneau ouvert pendant
quelque temps , jufqu’à ce qu’on ait regagné
les frais du bâtiment en y faifant de la brique. Cependant
on conftruit le fouloir , & l’on prépare
des planches pour les étagères. Alors il faut conftruire
la grande voûte, qui confumera cinq milliers
de briques. Le fond du fourneau eft difficile à bâtir ;
on peut le laiffer pour la fin , en mettant à la place
un banc d’une aune de large , fait de briques féches
& non liées. Si ce fond s’enfonce par la grande chaleur
, il fera facile de le réparer. On gagne à cette
conftruélion, en ce que le four eft propre à faire
de la brique comme de la tuile. Les planehes dont
le toit étoit couvert, fervent à conftruire les étagères,
quand on a fabriqué affez de tuiles pour cette
première couverture.
On fait des tuiles verniffées, & l’on emploie dif-
férens vernis, félon la couleur qu’on veut leur
donner.
i° . On fe fert de la cendre de plomb, laquelle
fe fait avec du plomb fondu, que l’on remue avec
une fpatule de fe r , jufqu’à..ce qu’il foit réduit en 1
cendres, qui pèfent plus que le plomb qu’on a mis
pour les faire. Cette cendre eft paffée au tamis ; la
partie la plus groffière eft broyée fur une pierre, &
tamifée de nouveau. Les cailloux blancs font calcinés
dans le fourneau oh l’on cuit les tuiles. Cette
préparation les amollit, enforte qu’on peut Jes piler
dans un grand mortier de fer, après quoi on les
tamife.
20. La magnéfie ou manganèfe, eft un minéral
qui donne une couleur d’un brun fumé; le mâchefer
ou limaille de fe r , fait la couleur noire : cette
dernière n’entre dans la compofition que lorfqu elle
a été fondue. Les feories & les cendres de cuivre
font proprement la couleur verte ; on peut aufli les
mêler dans les autres couleurs. Le fafre, qui eft le
produit du cobalt calciné, mêlé avec le caillou en
poudre , fait la couleur bleue.
30. Voici deux compofitions tirées de l’ouvrage
de Kunckel. Prenez cendres de plomb, quatorze
parties ; cailloux pulvérifés, quatorze parties ; magne-
fie , deux parties : cela vous donnera un vernis brun,
que vous pouvez rendre plus foncé avec un peu
de mâche-fer. . \
• Prenez cendres de plomb , huit parties ; limaille
de fer, trois parties ; feories de cuivre, trois parties ;
fafre, trois parties ; vous aurez un vernis d’un brun
foncé. Plus on met de fafre, &. plus la> couleur devient
foncée.
Pour les vernis qui doivent foutenir un feu violent
, il faut plus de caillou que de chaux métalliques.
Qû applique le vernis fec ou mouillé. Dans le prq-
Arts & Tom^ l , Parfit
mier cas , les ingrédiens doivent être tamifes très-
fins & bienmêlés. On arrofe extérieurementles tuiles
avec de l’eau, & l’on étend immédiatement deffus
Je mélange de vernis, au moyen d’un tamis fait
exprès.
Si l?on a à vernir des vafes creux ou l’on né
peut pas procéder ainfi, on mêle te vernis avec
un peu de fon de feigle , & on en répand avec la
main fur le vafe mouillé , autant qu’il,en peut pren-"
dre. En appliquant ce vernis , on tient la tuile par
le crochet fans toucher la furface qu’on veut vernir;
le mieux eft de faire l’opération a la porte du four ,
ôc d’y placer aulfitôt la tuile au-deffus du fourneau*
Le vernis mouillé donne une couleur plus égalé ;
c’eft pour cela- que Kunckel le préfère. Le fin vernis
blanc doit toujours être appliqué mouille ; voici la
manière d’y procéder. La mixture groffiereraent
paffée au tamis eft d’abord brûlée dans 1e four a
tuiles : on fe fert pour cela d’un vafe carré , fait,
d’argile , qui va au feu, 8c enduit de l’épaiffeur de
; deux doigts de poudre de caillou mouillé.
La cuite achevée, on gratte le fable qui s’eft
attaché à la maffe fondue, on la pile , on Hiu-
meéfe, & on la broie fur une pierre a roc bien dure»
On fépare les morceaux qui fe mettent de cote, 8c
011 continue 1e travail julqu’à ce que Je vernis foit
comme une bouillie claire. Cette préparation eft
pénible. Dans tes grandes fabriques , on fe fert
pour broyer, ou plutôt pour moudre ce vernis ,
dlun moulin qui tourne par le moyen d’un cheval»
On remue fans difeontinuation le vernis ; puis tenant
la tuile fur le baquet, on applique le vernis
avec une truelle, 8c on la met incontinent dans 1g.
four» . i - , tî
En Hollande , on vernit tes tuiles apres qu elle»
font cuites. On applique le vernis , 8c on remet la
tuile dans 1e four d’un potier jufqu’a ce qu on voie
couler la compofition. De quelque façon qvi on s y
prenne, ce vernis eft cher à caufe de la cendre de
plomb. Les tuiles verniffées coûtent le double des
autres. M ,
On a une autre manière de rendre les tuiles plus
durables ; on les enduit en-dehors avec du goudron ;
on peut leur donner une fecoridef^couche avec du
goudron mêlé de noir- de fumée. Quand cette couche
eft à moitié sèche , on la repaffe encore avec
du plomb de mer tarnifé. Le toit femble verniffe, oc
coûte moins.
Nous plaçons à la fuite de cette defeription de 1*
briqueterie & tuilerie , plufieurs tableaux que nous
trouvons dans le recueil des arts de Neufchatel ,
& qui peuvent être utiles aux conftructeurs de ba-
timens pour connoître promptement la quantité dç
briques qu de tuiles qu’ils doiv ent employer*
Premier Tableau»
Ce premier tableau préfente la mefure câfrée def
] efpaçç? qu ou yeut couvrir de briques : on y fup-»