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d'une opération mal entamée, fouvent attribuée
fans raifon à la mauvaife qualité de la matière, par
le tranfport non raifon né des vidanges dans des
endroits peu convenables ; par l’impoffibilité du
travail dans les anciennes fouilles ; par la fauffe
certitude d’une ancienne extraéHon qui n a point
eu lieu ; par l’encoiabrement d’un terrain précieux
& non fouillé; enfin > par des dépenfes inutiles &
multipliées ; par le peu de favoir & d expérience
des perfonnes coiïimifes a des travaux de cette importance.
Ce n’eft pas tout : l’ouverture d’une carrière ne
devroit pas être une chofe arbitraire, la province
dévroit pofféder un détail exaCt de fës richefles en ce
genre : une carte minéralogique & bien détaillée du
cours de ces carrières devroit indiquer ces mêmes
richefles ; les fouilles anciennes y feroient exactement
conftatéès , le terrain vierge connu , & toute
carrière à ouvrir , approuvée & limitée en con-
noiflance de caufe. On éviteroit de voir des compagnies
fe hafarder à l’entreprife d’une carrière, &
ne s’y livrer qu’imparfaitement, par la crainte continuelle
d’un travail infructueux , obftacle effentiel
. aux progrès de l’induftrie.& aux efforts des artiftes:
■ on afliiteroit la confervation d’une matière précieufe ;
l’émulation redoubleroit d’aCtivité ; le génie feroit
des efforts ; le commerce augmenteroit.
L’explication des planches ci-après fur les ardoi-
fièrôs d’Anjou , donnera une idée fatisfaifante du
travail & dès opérations les plus ordinaires , &
fora mieux fentir ce qui nous refte à dire fur cet
article.
Planche I. La vighette repréfente une carrière
é’ardoife ouverte & en oeuvre ; on voit lès ouvriers
en aCtion au fond de la carrière.
En fùppofant que q fepréfente la furface de la
terre ou de la fécondé coffe ; i , 2 ÿ repréfenteront
la première foncée ; 2 , 3 , k fécondé foncée : ainfi
de fuite.
K , K , petit enfoncement que pratiquent les
ouvriers fur la nef des bancs à quatre, cinq ou fix
pouces du bord. Cette opération «’appelle faire le
chemin ; elle s’exécute à l’aide d’un ihftrumént
appelé pointe, repréfenté par les deux fig. B , b,
au bas de la planche.
K , K , indiquent aufli des coins de fer qu’on enfonce
dans le chemin pour féparer les blocs ; on les
voit détaillés au bas de la planche K i , K 2 , K3.
On fe fort enfuite d’un coin ou quille de for
marquée v.
Quand une quille eft entrée fuffifamment, on
en met une fécondé & même une troiflème , pour
faire partir le bloc.
X , cifoaû de fer, grand de lame & de manche ,
dont on fe fort pour renverfor les blocs , quand
leur inclinaifon n’eft pas dirigée vers le fond de la
'«arrière.
Y , barre de fer nommée lèvre 3 deffinée au même
Triage que le cifoaû.
/ , crochet dont on fe fort pour tirer les blocs
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les uns de deflus les autres. & , double crochet qu’on
nomme tranche , employé au même ufage.
,io , dans la vignette , indique une machine qu’on
nomme le trait, deftinée à enlever les vidanges du
fond de la tranchée ; cette machine eft plus détaillée
ci-après, planche' VI > n°. t&.
A 1 , défigrie une hotte à vidanges*
A 2 , une hotte à quartiers.
A 3 , la même, vue par derrière.
a , cuvette qu’on ménage au pied du principal
chef de la carrière bb, ce, pour y raffembler les
eaux.
a, d , corde qui foutrent un feau, & qui aboutit
à un des engins.
C , pelle dont on fe fort pour mettre en tas les
vidanges; elle eft armée.d’une plaque de tôle ou
d’un for plat.
19 , éft l’enclume du couvreur lorfqu’il emploie
l’ardoife fur les toits.
20, eft le marteau du couvreur ; la tête du marteau
eft arrondie pour frapper les clous , & l’autre
, extrémité, eft pointue , pour percer l’ardoife. 11 fe
' fort auffi du tranchant de cet outil pour la tailler.
X , V , outil appelé doleau , dont l’ouvriër tailleur
fe fort pour couper i’ardoifo.
- T , c’eft le même outil fépâré de fûn manche.
Planche IL La vignette de cette planche repréfente
le travail de l’ardoife hors de la carrière ; on
voit plufieurs ouvriers qui fendent & taillent l’ar-
doife. ‘ . v
La fig. 1 | eft un ouvrier qui :porte les crénons à
l’ouvrier fondeur.
Fig. 2. , ouvrier fondeur qui divife l’ardoife en
repartons ; les morceaux g qu’on voit autour de
lui, paffent à un autre ouvrierqui lespofe de même
entre fos jambes ; & à l’aide du cifoaû moyen C 2 ,
pouffe la divifion des -repartons en contrefendis ;
enfuite, à l’aide du paffe - par - tout ou cifoaû C4,
C 3 , on divife les contrefendis en fendis ou ardoife
brute. ■
Fig. j -, ouvrier tailleur qui façonne le fondis en
ardoife.
a a a , chefs de la carrière.
b b , monticules formées des débris de l’ardoife &
des vidanges.
d', e , ƒ , bâtimens néceffaires pour le fervice de
la carrière, d , eft la forge qui fort à réparer les
outils, e , la maifon du clerc de la carrière, ƒ , un
petit bâtiment appelé vétille, qui feTt de retraite aux
ouvriers.
A B B B , cuirs ou chiffons dont les fondeurs enveloppent
leurs jambes pour retenir plus ferme les
blocs d’ardoife qu’ils doivent féparer ; ces cuirs ou
ces chiffons font arrêtés par les cordons B , B , B.
C i , C 2 , cifoaux de différentes efpèces dont fe
fervent les fondeurs , &. qu’ils enfoncent à l’aide du
maillet F).
£ E F / , crénon dans lequel l’ouvrier fondeur enfonce
le cifeau C pour le partager en deux parties
. égales y E F , EF.
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M , crénon qui ne peut être divifé exa&ement, à
caufe de la fine & des chats qui s’y trouvent.
OPRSQ, chaput, ou billot cylindrique fur lequel
l’ouvrier tailleur pofe l’ardoife pour la façonner à
l’aide du doleau marqué T V , planche I.
7 , planche I I , ouvrier compteur qui arrangé l’ar-
doifo en tas.
Z Z , feuillet d’ardoife qui n’eft point encore
taillé.
6*6», feuillet d’ardoife taillé fur la ligne 6» 6».
1 , ardoife gros noir.
2 , ardoife carrée.
18 y ardoife en écaille.
2 1 ,2 1 , 22, 22, les mêmes clouées.
- 19 , 19 , tue-vent dont fe couvrent les ouvriers
tailleur.
ao , 20 , le même avec fon fupport.
La planche III préfente le plan d’une carrière d’ardoife.
La ligne a* b* défigne les banquettes qu’on
ménage du côté da nord, pour prévenir le devers
ou l’écroulement des couches.
La ligne C* C* défigne les talus vus fuivant l’incli-
naifon des couches du midi en plongeant vers le nord.
d*, engins qui fervent à enlever les matières &
les eaux du fond de la carrière.
c*e* s e* e*, grands délits montant du levant au
couchant.
/ *ƒ% ƒ *ƒ * > autres délits montans, allant du midi
au nord.
3 » 4 » 5» 7,. 8, 9, io , ardoifes gros noir,
taillées & arrangées par tas.
n , 12 , 13 , 14 , 15 , 16 , 1 7 , ardoifes carrées,
taillées & arrangées par tas.
La planche IV offre la coupe fur le principal chef
de la carrière du côté du couchant, élevé à-plomb,
avec retraite de deux pouces à chaque foncée de
neuf pieds.
• ab, banquette qu’on ménage à chaque foncée pour
prévenir l’écroulement des bancs.
c e , talus fuivant l’inclinaifon des couches.
dd, engins ou machines pour enlever les eaux ,
les vidanges & l’ardoife du fond de la carrière.
f f , grands délits montans qui féparent les bancs
ou couches ayant leur direélion du levant au couchant
, & plongeant au nord par un angle de foixante
& dix degrés avec l’horizon.
D D , ouvrage fait.
C C C , ouvrage reftant à faire.
aa, bb, partie d’une foncée vue plus en grand.
aa , cuvette où fe rendent les eaux pour être
enlevées par le feau C.
K K , K K , marque le chemin 011 l’on enfonce les
coins ou fers pour féparer & détacher les blocs.-
LH G E F I , portion d’une foncée vue en hauteur
; les bancs font inclinés à l’horizon de vingt
pouces, fur neuf pieds.
P , échelle dont on fe fort pour monter d’une
foncée à une autre.
Planche V. Coupe du levant au couchant en regardant
au midi.
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ee, délits montans, plongeant vers le nord par
un angle de foixante & dix degrés, & ayant leur
direélion du levant au couchant.
D D , ouvrage fait.
C C , ouvrage reftant à faire.
g g , première coffe.
■ h h y fécondé coffe.
Fig 1 , coupe d’une carrière fuivant l’ufage ordinaire.
Fig. 2 , coupe d’une carrière propofée dans le
mémoire. .
La planche V I repréfente une des machines deftinée
« à enlever les eaux, les crénons, & les vidanges
du fond la carrière.
A X , poutres qui foutiennent la machine arrêtée
par leur extrémité A dans le mur; l’autre extrémité
eft foutenue par une arc-boutant b qui porte fur
le mur.
0 Q , arbre tournant.
R S , tambour fur lequel roulent les cordes P S ,
PR , qui paffent fur les poulies pp.
H E , H E , poteaux fixés perpendiculairement fur
les faillies.
G G , autres.poteaux.
i i , traverfes foutenues par des aiffeliers.
H L , autres traverfes qu’on nomme filières.
1 , 2 , crochets qui arrêtent le feau, & le font
verfer dans l’auge CC.
a a , différens tas d’ardoifes.
1 , petit tombereau dont on fe fort pour porter
les blocs d’ardoife aux ouvriers fondeurs.
2, brouette dont fe fort l’ouvrier compteur pour
porter les ardoifes au tas.
3 , décharge du baflicot que l’on , établit au haut
de l’engin.
4 , panier ou châflis à pierres ou à ardoifes.
5 , brinqueballe, nommé conduâeur des féaux,
6 , chat , ou mafle de pierre dure qui fe trouve
quelquefois dans l’ardoife.
10, détails de la machine appelée le trait. La partie
10 p s’emboîte dans la partie q p , fur laquelle elle
peut tourner ; fur cette partie porte la verve ou
levier s t ; ce levier porte une corde & un crochet
marqué 9 , auquel on attache un panier ou un baflicot
pour enlever les blocs ou les vidanges.
Planche VII. La vignette préfente un autre engira
qui fort à tirer l’eau de la carrière.
aaa, poutres en faillie , portées fur trois fur—
badiers. ab , les furbadiers font arrêtés dans lé
mur D.
h , chapeau fur lequel porte la fufée h f ; l’autre
extrémité porte fur la poutre K .
f i , tambouret forme par deux pièces nommées-
tonnelles,, qui contiennent des fufeaux : .les fufeaux
s’engrainent dans les dents ec du rouet; ces dents
s’appellent alîuchohs.
i , corde qui monte ».tandis que la corde / defeend
au fond de la carrière.
m, feau.
n, auge ou canal ou fe vident les eaux.