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travées fur lefquelles il paffe {ùcceffiyément. L’é-
. loignement de n à 12 pieds: entre chaque bateau
eft avantageux, relativement à l’ufage des pontons,
qui dans le cas le plus avantageux, font mis tant
pleins que vides. Les rifques qui réfulteroient, foit
des machines qu’on pourroit lâcher contre^ le pont
pour l’emporter , foit des arbres que des rivières déracinent
dans les inondations 8c qu elles çharient,
font beaucoup diminués par de fi grands intervalles:
il nous femble cependant que fi çn conftruifoit ce
pont fur des rivières larges , il fèroit à propos , de
diftance en diftance, de jeter quelques ancres.
Ce fera principalement: fur la manière dont font
faits les tréteaux de l’avant-pont, que nous porterons
nos remarques ; il nous femble difficile de les
battre au mouton ou d’autre manière , fans courir
le rifque de les endommager; les deux fommiers »
des tréteaux qui doivent fervir-a mettre le fommier
fupérieur de niveau au fommier de la t'ravee, {du
premier bateau, font garnis de pièces compliquées
& délicates pour la chofe , telles que les^ deux vis
en bois & les vis de fer qui doivent arrêter parallèlement
le fommier qui portera la travee. Nous
fentons qu’il a été difficile à l’auteur, pour arriver
à la précifion fuperflue qu’il fe propofoit, de trouver
quelque chofe qui fût également folide & fimple,
& qui pût fe mettre promptement de niveau à la
furface de l’eau, 8c parallèlement au fommier fupérieur
des bateaux ; il lui fera toujours poffible de
changer ou re&ifier cette partie à laquelle nous.pre-
fumons que fon intelligence remédiera. M. Guillôte.
n’a point négligé de rendre commodes a charger les
chariots deflinés à porter les bateaux , par des rouleaux
& des crics qu’il y a ajoutés ; il propofe auffi ,
fuivant les différens ufages auxquels on voudroit
employer fon pont, d’y placer des - ornemens &
une baluftrade qui jouent fans fouffrir de dérangement
, comme les parties de la chauffée a laquelle
ils correfpondront. Nous n’entrons point dans le
détail de ces ornemens, parce qu’ils ne font pas de
notre objet. . #
Pour l’habitude à la prompte conftru&ioti de pareils
ponts, l’auteur propofe l’établiffement d’un corps
de pontonniers ; il donne auffi le detail du prix de
ce pont: ces matières n’étant point du reffort de
l’académie , nous nous difpenferons de les examiner
& d’en parler. t
Après avoir examiné toute la partie mécanique
du nouveau projet de conftruétion d’un pont de bateau,
il nous refte, pour fatisfaire aux vues de la
compagnie, à parler du poids de ce pont, afin qu en
le comparant avec celui des ponts ordinaires, & en
mettant fous les yeux les divers avantages & inc&i-
véniens des différentes efpèces de ponts pour le tranf-
p or t, la compagnie fe trouve en état d’en porter fon
jugement.
Nous avons dans le mémoire de l’auteur tout
le détail qu’il falloit pour eftimer avec une précifion
fuffifante le poids total des différentes parties de fa
machine ; mais comme il s’étoit renfermé dans la
defcription du pont qu’il propofe, il avoit négligé
de traiterdes pièces des autres fortes de ponts, dont
cependant nous ne pouvons nous paffer pour la com-
paraifon ; c’eft dans le deffeip d’y fupléer que, conformément
à ce que je propofai à la compagnie , 8c
de l’avis des autres commiffaires, j’ai été chercher
chez M. de Valière les inftruâions qui nous man-
qgoient. Celles que nous y avons prifes, ne font
pas telles que nous pourrions le defirer, afin d’apprécier
le tout avec la dernière exaélitude ; nean-
moins nous avons cru devoir compter fur les con-
noiffances d’un homme auffi confommé dans toutes
les parties qui tiennent direélement ou indire&ement
à l’artillerie, pour en faire jjfage dans notre rapport.
En joignant aux notions qu’il nous a fournies, les
nôtres particulières & celles que nous avons ramaffees
d’ailleurs, nous effaierons de donner uneidee complète
de la chofe ; ce qui, relativement a la matière
dont il eft queftion , ne peut .être qu’intereffant.
Il nous a paru utile, pour ne rien laiffer en arrière,
de parler de toutes les efpèces de grands
ponts à l’ufage des armées : ces ponts fe font de trois
manières ; les uns fe conftruifent par le feçours des
bateaux des rivières, qui trop grands.pour etre tranf-
portés par charrois, ne font conduits .qu au moyen
de la rivière même ; ces ponts font <J® to,us plus
commodes , lorfqu’il eft poflible. de les conftruire ;
ils fe trouvent à l’abri des inconvéniens qui accompagnent
la conflruftion des autres, foit à caufe de
l’intervalle que laiffent entr’eux de fi grands bateaux,
foit à caufe de la commodité de tranfporter fans
frais les pièces , les ancres & les agrêts qui y fervent.
On fent bien qu’il eft inutile d’entrer dans
aucun détail fur ces ponts, puifqu’ils n’ont aucun
rapport avec celui propofe pour le tranfport, relativement
à fon poids ; nous ne devons examiner
fur cette partie que les ponts qui fe transportent :
- ces ponts font de deux fortes ; les uns fe font avec
des pontons de cuivre, nous en rendrons d’abord
compte ; les autres fe font avec des bateaux de bois
tranfportés fur des haquets, & nous en parlerons
enfuite. Ce que nous dirons de la conftruélion de
chacun de ces ponts eft relatif à une largeur de 102
toifes, 8c ce fera pour la même largeur que nous
parlerons du nouveau pont propofé.
Un pont fait de pontons peut fe conftruire pour
une largeur de 102 toifes avec 60 pontons de cuivre
diftribués tant plein que vuide,tous munis de leurs
ancres & agrêts. Tous ces pontons font charges
de fix poutrelles de fapin , pofées parallèlement
entr’elles fur les pontons, autant qu’il eft poflible,
d’un des bords de la rivière à l’autre ; chaque poutrelle
eft de 12 pieds de long fur fix pouces d’écar-
riffage. L’on emploie pour tout le pont 3 66 poutrelles,
à caufe qu’elles ne fe répondent pas bout
à bout, mais qu’il faut environ un pied de chevau*
chement par le côté de part & d’autre. Ces poutrelles
réduites ainfi qu’il vient d’être expliqué, &
fixées fur les bords du ponton par des goujons, ne
font placées que fur un efpacç de 10 pieds » e^es
font couvertes pour cet efpace de 20 madriers de
fapin de 12 pieds de long, 6 pouces de large, 8c
2 pouces d’épais; de forte que l’on compte pour
le revêtement de la chauffée, fur 1.2,20 madriers de
cette dimenfion. Le pont dans cet état n’eft pas propre
à laiffer paffer de l’artillerie il fert pour, les
troupes ; mais pour que le gros canon y paffe , on
eft obligé de gliffer entre chaque intervalle un nouveau
ponton de cuivre, enforte pour lors que le pont
eft tout plein; c’eft dans ce cas qu’il peut être à l’ufage
de l’artillerie. Jufqu’à la dernière guerre de Louis XIV,
on ne s’étoit fervi dans les armées que de ces pontons
de cuivre ; ce fut alors qu’on fe fer vit pour la première
fois des bateaux de bois tranfportés, dont nous allons
parler, après avoir dit un mot de la façon de voitu-
rer les pontons % & avoir auffi eftimé le poids total
des ponts de cuivre. Il faut autant de voitures que
de pontons, 8c les agrêts &. bois, tant poutrelles
que madriers, fe diftribuent fur les voitures ; les
pontons fe portent fur des haquets dans une fituation
renverfée : ce qui rend leur tranfport plus difficile ;
mais l’on n’a point trouvé d’autre moyen pour parer
à un inconvénient qui a paru mériter attention. Chaque
ponton avec fes ancres & agrêts , eft eftimé pour
le poids par M. de Valiere à 2500 livres , & comme
il faut iao pareils pontons pour un pont qui ferve à
l’artillerie, l’on a pour cet article c i. . . 300000, liv.
Chacune des poutrelles ayant 12 pieds de long 8c
6 pouces d’écarriffage, il s’enfuit que chaque poutrelle
a en folidité 3 pieds cubiques, 8c Fon trouve
1098 pieds cubiques pour la folidité de 3 66 poutrelles.
Chaque madrier de 12 pieds de long, de6 pouces
de large , de deux pouces d’épais, a jufte en folidité
un pied cubique ; & comme il faut pour tout le pont
de pareils madriers au nombre de 1220, on aura
pour la folidité de tout le bois néceffaire à la conf-
tru&ion du pont fait avec les pontons de cuivre,
2318 pieds cubiques de bois de fapin, dont il faut
.chercher le poids. . . 2318 pieds cubiques de fapin.
Le bois dont i f eft queftion ici, eft du fapin; je
trouve dans les tables de Muffchenbrock , fur les
pefanteurs fpécifiques des matières ,, que la pefanteur
du pied de chêne eft à 92 7, que celle de la branche
eft 0,870 ; que celle du fapin , dont il ne donne
qu’un feul poids, eft 0,530. Comme les pefanteurs
des bois, même de pareilles efpèces , varient beaucoup
fuivant les circonftances & fuivant les lieux qui
les ont vu naître, en diminuant quelque petite chofe
fur le poids le plus fort du pied du chêne, je fuppo-
lerai que les pefanteurs fpécifiques des bois de chêne
& de fap in font entr’elles comme 0,923.} »
ou comme 37,22 ; en prenant 60 liv. pour la pefanteur
du pied cubique de chêne, je trouve 35 pour
la pefanteur du pied cubique de fapin ; ce qui fait environ
3 5 liv. - ; prenant donc ce nombre pour la
pefanteur du pied cubique de fapin, le nombre 2318
des pieds cubiques employés au pont en étant multiplié,
l’on trouve 81902 liv. & une fraâion de livre
.^egligée, ainfi que quelques autres , car ce fexoit
Arts 6» Métiers. Tome I. / Partie TU
perdre du temps mal-à-propos que de fe rendre pré*'
cis dans ce cas. Ainfi l’on verra que le poids total du
pont conftruit par les pontons de cuivre, en joignant
au dernier nombre 8-1902 l i v
Le poids dès bateaux de 300000
Sera de 381902 liv.
Paffons à la derniere êfpèce de pont qui fe conftruit
avec des bateaux tranfportés fur des haquets.
Ces bateaux ont jufqu’à 3 5 pieds de long fur 10 pieds
de large.: 30 bateaux tous de fapin fuffifent pour conftruire
un pont propre à l’artillerie ; les bateaux affu-
jettis par leurs ancres, le font encore par de fortes
poutrelles de fapin. qui font elles-mêmes couvertes
de madriers de fapin de deux pouces d épais, 8c de
12 pieds de long. Ces ponts ne font guère gardes qu a
Strasbourg dans les foffés de la ville , 8c a Metz, dans
lés magafins ; en cas de befoin, on les prend la pour
les envoyer aux lieux où ils font néceffaires : 4° voitures
fuffifent pour ces ponts; mais M. de Valiere
nous a fait obferver qu’on eft obligé de mettre , dans
les temps 8c les chemins ordinaires, 16 à 20 chevaux
pour chaque bateau ; 8c il obferve auffi que le meme
nombre de chevaux néceffaires à la conduite des pontons
de cuivre , fe trouve néceffaire pour le tranf—
port des ponts de bateaux qui vont fur des haquets.
Ces ponts font beaucoup plus commodes pour 1 ufage
que les pontons de cuivre: l’intervalle entre chaque
bateau eft grand; il faut beaucoup moins d’ancres &
d’agrêts ; mais la néceffité d’attejér à chaque voiture
un fi grand nombre de chevaux, prouve affez qu on.
eft embarrafff à charger & décharger des bateaux de
ces dimenfions. ,
Puifquil faut pour conduire ce pont un nombre de
chevaux égal à celui qui eft néceffaire poiir le pont
de pontons de cuivre, nous n’entrerons dans aucun
détail fur fon poids particulier, faute d’inftruftion fur
les dimenfions de fes pièces, & nous le confondrons
avec celui du pont conftruit par les pontons ; ce fera
au poids de celui-là que nous allons cqmparer le poids
du pont propofé par M. Guillôte.
Le pont de M. Guillôte, ainfi que nous en avons
donné les dimenfions dans le corps au rapport, dimenfions
que nous allons rappeler de même que lès poids
qu’il donne par le mémoire, 8c dont nous avons
vérifié plufieurs articles pris au hafard, que nous avons
trouves conformes pour le poids aux dimenfions
données, eft tout de chêne, 8c lè poids du pied cubique
eft évalué à 6b livres.
Nous diftinguerons en trois le poids de chaque
travée du nouveau pont ; l’un qui fera du ehene
employé; le fécond, le poids du- fer 8c des agrêts
néceffaires ; le troifième , qui fera le poids du fer
8c des matières employées à l’ornement.
Poids du chêne,
Faces latérales du bateau, 75 8 lir.
Faces de pouppe Ôc de proue , 4°8
Fond du bateau ^ 6°7
D d d d