
fimple fans doubles croches ni ligaturés, dite mufique
des huguenots , & ainfi appelée en France, parce
qu’elle étoit , comme elle l’eft encore, principalement
deftinée au chant des pfeaumes dans l’églife
proteftante, & qu’elle ne fert guère qu’à cet ufage.
Cette mufique doit être gravée pour être fondue
fur un feul moule ; le mérite principal de ces forres
d’ouvrages, confifte en ce que les filets fe joignent
& filent droit ; on ajoutera aux poinçons deux &
trois filets de plus que dans le plain-chant, parce
que la mufique porte une barre de plus.
C e caraélère de mufique contient ving - cinq
poinçons portant des figures, & cinq ou fix portant
feulement cinq filets de différentes largeurs.
Ces poinçons doivent être calibrés à une même
épaiffeur, à l’exception des filets, dont le mince eft
d’une demi note d’épaiffeur ; les autres font d’une,
de deux, de trois , de fix ou de huit notes , fuivant
la largeur du moule deftiné à fondre cette mufique.
L’autre forte de caraâères anciens de mufique fe
fait de la même manière que les derniers poinçon^
de plain - chant brifi ; par conféquent les poinçons
portant un, deux, trois , quatre & cinq filets avec
les diverfes figures des notes dièfes , bémoles, &c.
feront affujèttis aux différens corps de moules, toujours
en gardant la plus exa&e diftance entre les
filets , & confervant l’unité d’épaiffeur pour les
figures , à l’exception des filets , qui doivent être
depuis une note de largeur jufqu’à fix ou huit.
La plus grande difficulté qu’il y ait eu à furmonter
dans la façon de cette mufique, a été de faire rencontrer
jufte les traits obliques deftinés à former les
tirades des fimples , doubles & triples croches liées
enfemfcle par ces traits. Malgré les foins & les talens
de nos anciens graveurs, ils n’ont point réuffi parfaitement
dans cette partie , parce qu’à peine les
derniers graveurs avoient ils 'commencé à y faire
quelques progrès, qu’ils n’ont plus eu la liberté de
f exercer.
De la mufique, cara&eres nouveaux.
Les nouveaux cara&ères de mufique furent inventés
& exécutés vers l’an 1755, par M. Breitkof,
célèbre fondeur de caractères, & imprimeur à Leip-
fick. M. Fournier le jeune , fans avoir communication
de fes procédés, fit,en 1756, de ces nouveaux
caractères, dont il a eu la générofité de donner
l’explication. Ils font compofés de façon à être im-
rimés par rentrée , toutes les parties en étant fi
ien combinées, que les notes & autres figures tombent
par une fécondé impreffion à l’endroit des barres
eu lignes qu’elles doivent occuper, ainfi qae fur les
traits obliques deftinés à fermer les croches fimples,
doubles, ou triples.
Dans fon premier effai , M. Fournier partage
toutes les parties pour être fondues fur cinq corps,
relatifs le$ unes aux autres par degrés égaux. C ’eft
fur ces cinq corps qu’il faut régler la grandeur des
pbjets qui doivent y être repréfentés.
O n r è g l e d ’a b o r d l a d i f t a n c e d e s l ig n e s p a r u n
filet que l’on fond fur le premier & plus petit côïp$*
cinq de ces filets liés les uns fur les autres , forment
la totalité des cinq corps , & marquent la diftance
des lignes qui fervent de règle pour le tout ; puis ,
après avoir gravé une note noire ou blanche, on
en fond plufieurs dans X approche qui leur convient :
celles-ci fervent à décider la largeur de tous les objets
qui compofent ces caractères , dont la plus
grande partie font de l’épaiffeur de cette première
note ; les autres font juftes de deux , trois , &c.
Les hauteurs de a , 3 , 4 & 5 filets font prifes 8c
rendues dans autant de calibres , ainfi que la largeur
d’une ou de plufieurs notes» Lefdits calibrés
font deftinés à mefurer la hauteur 8c la largeur des
poinçons.
Ges préparatifs étant faits , on grave les poinçons
à cinq filets fur le cinquième corps : il faut que l’é-
paiffeur de ces filets foit depuis une demi-note jufqu’à
cinq ou fix. On grave auffi fur le même corps
la clef de G-ré-fol, une note noire dont la queue
tient tout le corps, la barre tranfverfale.de mefurey
& la figure de la reprife.
Sur le premier corps on grave des filets fimples
de la largeur de 1 , 2 , 3 8c 4 notes ; puis les fi-*-
gures de dièfes , points , cadences ; la note ronde,
les fyncopes, & les' traits droits & obliques deftinés
à former les tirades de croches fimples , doubles
ou triples , dont voici quelques exemples:
Ces tirades reçoivent les queues des notes à la fécond
e impreffion : les traits font compofés 8c imprimés
d’abord avec les lignes ou filets.
Sur le fécond corps , on grave les noires , les pau*
fes ou foupirs, les bémols, les bécarres, 8c des fyn^
copes plus larges que celles du premier corps.
Sur le troifième corps, on fait la clef de f a 9
des notes noires & blanches , 8c des ports de voix
portant fimple 8c double croche.
Sur le quatrième on fait encore des notes blanches
8c noires , parce qu’il en faut dont les queues
foient à différens degrés de longueur, puis des croches
8c des doubles croches ; & afin de rendre U
compofition plus facile, 8c fimpreffion plus agréable,
on grave encore fur ce quatrième corps des poinçons
portant la figure de plufieurs notes liées enfemble ,
dont l ’ufage eft le plus ordinaire , comme celles-ci :
& autres que l’on peut augmenter à volonté, lesquelles
étant d’épaiffenr égale à 2 , 3 & 4 notes,
fimples , rentrent dans la combinaifon générale. Un
point important eft de tailler ces poinçons de
manière que le rond des notes fe rencontre jufte
fur ou entre les filets. Pour- cela on trace fur la
furface polie de l’acier, avec le calibre pointé, les
filets qu’il peut contenir ; puis fur ou entre ces filets »
on trace la figure des notes que l’on dégage de la
maffe qui les environne, avec la lime ou au contre
poinçon i
trepoînçon ; enfuite on retouche & on repolit le
tout comme on l’a vu ci-devant.
Toutes ces notes & figures font deftinées à monter
8c defcendfe à différens tons par le moyen' des
cadrats fondus de même largeur, que les figures ,
lefquels étant mis deffus ou deffous les notes , leur
font prendre la place que l’on veut. Tel eft le mé-
canifme aftez fimple des premiers caraélères de mu-
que imaginés par M. Fournier le jeune.
Les cara&ères qu’il a imaginés depuis , donnent
une mufique plus nette 8c plus parfaite ; mais ils
font auffi plus compliqués , 8c demandent plus de
poinçons. La gravure en eft difficile , à caufe de
la grande précifion qu’exigent toutes fes parties ;
mais auffi on évite par-là une fécondé impreffion.
Nous allons nous arrêter à cette fécondé opération
plus particulièrement, comme étant la plus ingénieufe
8c la plus utile.
Ce nouveau cara&ère peut contenir jufqu’à 160
poinçons, dont la plupart ne préfentent à la vue rien
qui préfente fenfiblement des caractères de mufique ;
ce n’eft que par la combinaifon des parties qu’on les
forme. L’art de lès graver confifte en ce que les
dimenfioris de toutes ces parties foient fibien prifes ,
que, c'ompofées enfemble, les traitsperpendiculaires,
horizontaux 8c obliques fe rencontrent exactement
& ne fiaffe qu’un tout ; c’eft-là le point difficile 8c
le chef-d’oeuvre de cette gravure.
Les opérations préliminaires qu’on emploie pour
prendre les dimenfions du -premier caraCtè.re dont
je viens de parler , font auffi celles dont on fe fert
pour celui-ci, qui doit être fondu également fur cinq
corps. Les diftances des lignes & des queues des
notes font décidées comme on l’a dit ci-defliis. Quant
à la groffeur de ces caraétères, voici comme elle eft
réglée. Le plus en ufage pour les livres de pupitre
fe fait fur les corps de nompareille , cicéro ., gros romain
, palefline ; le cinquième eft un corps particulier
de trente points typographiques.
Le premier de ces corps contient fix de ces points,
le fécond douze, le troifième dix-huit, le quatrième
vingt-quatre, 8c le cinquième trente : ce qui fait
une gradation égale de fix points typographiques à
chaque corps.
Pour un caraâère plus petit, propre à l’impreffion
des recueils d’air, la gradation des corps n’eft que de
quatre points. Le premier qui en porte quatre eft un
corps particulier, auquel on a donné le nom de
.perle; le fécond eft le petit-texte, qui en a huit; le
troifième, qui eft le cicero, en a douze;le quatrième,
qui eft le gros-texte , en a feize ; 8c le cinquième,
qui en a vingt, eft le petit-parangon. Voilà les gradations
néceffaires pour diriger la groffeur de deux
caraâères de mufique, les plus propres à l’ufags
de l’imprimerie. On diftingue le premier par gros
caraEtere de mufique ; le fécond, par petit cara&ère de
mufique,
Il y a quatre degrés principaux de jufteffe à ob-
ferver dans la taille des poinçons ; favoir, la diftance
des filets tranfverfaux qui forment les cinq lignes,
Arts & Métiers. Tome I . Partie /.
les traitsperpendiculaires pour les queues des notes
les traits obliques pour les tirades des croches, 8c
la largeur réciproque de toutes les figures qui doivent
être égales ou correspondantes les unes aux
autres.
Pour réuffir dans toutes ces parties, on commence
par dreffer les cinq moules dans la proportion qui
leur convient. Get article effentiel étant fini, il faut
fondre fur, le premier cinq filets, exaâement au milieu
dudit corps, comme on l’a expliqué, lefquels
dirigent le premier degré de jufteffe par la féparation
égale des lignes ; de ces filets on forme quatre calibres
taillés dans une feule feuille de laiton, lefquels
portent deux, trois, quatre 8c cinq filets ; on affu-
jettit à ces diftances l’étendue du poinçon,à raifon
du nombre des filets qu’il doit porter ; on taille en-
fuite fur le même laiton cinq autres calibres, qui
contiennent chacun l’étendue d’un des cinq corps,
pour y affujettir les figures qui tiennent toute l’étendue
defdits corps ; puis deux autres calibres fervent
à régler l’ohliquité des traits qui doivent lier lés
notes, 8c en faire des croches fimples, doubles ou
triples.
Ces gros traits obliques portent furie même poinçon
de petits traits perpendiculaires, deftinées à recevoir
les queues des notes ; il faut donc que la diftance
de ces queues foit exaélement prife, & c’eft
le fécond degré de jufteffe. Pour cela on affemble
plufieurs notes à queue, les unes à côté des autres ,
lefquelles font fondues à demeure., & fans pouvoir
varier dans Xapproche qui leur conviènt. On prend
la diftance de ces queues fur une lame d’aeier, à l’un
des bouts de laquelle on taille quatre éminences
pointues, auffi diftantes les unes des autres que'
quatre queues le font entre elles, de même que
l’on taille à l’autre bout cinq éminences également
pointues, qui marquent la diftance des lignes. Cet
acier trempé fert, par le moyen du guide, à tracer
fur les tiges des poinçons polis 8c dreffés carrément,
les traits des lignes, 8c dans un autre fens ceux des
queues : cela forme des carrés fur lefquels on trace
les figures néceffaires.
Les notes à queue qui ont été fondues règlent encore
la largeur réciproque des autres figures qui, dot*
vent être par parties égales, de deux , trois 8c quatre
defdites épaiffeurs ; il faut encore tailler des calibres
pour ces diverfes largeurs, ou mefurer la largeur
des poinçons fur le métal defdites notes , miles à
côté les unes des autres.
Les poinçons qui ont befoin d’être contre-poin-
çonnés, le font d’abord dans l’endroit à peu près oh
le creux doit être formé ; enfuite on en dreffe 8c
polit la furface fur la pierre à l’huile ; on lime. 8c on
écarrit l’extrémité, jufqu’à ce que le poinçon entre
jufte en hauteur 8c en largeur dans les calibres oit
il doit paffer , après toutefois qu’on l’a préfenté
plufieurs fois au guide, pour voir fi les pointes du
calibre d’acier fe rencontrent jufte au défaut du
contre-poinçon,011 les traits doivent marquer; après-
| quoi l’on évide 8c l’on entaille ie poinçon, de 014*3