
Les Levantins ont une manière d’étamet* les
cafetières & marabouts en dedans Si en dehors qui
les rend très-lolides ;• étamage dont nous donnerons
ci-après le procédé , & dont ce peuple eft fi jaloux,
que de quelque nation que foit un chrétien il ne peut
exercer à Conftantinople la profeiïkm d’étameur ,
fous peine d’avoir le poing coupé.
Le coquemarc eft un vaiffeau de cuivre à large
ventre, étranglé ou rétréci au deffus de ce ventre
& un peu éyafé à l’ouverture, fermé d’un couvercle
à charnière, auquel on a pratiqué un bec qui dirige
l’eau quand onia verfe. C ’eft un uftenfile domeftique
qui fert ordinairement à faire chauffer de l’eau.
On fe.fert dans les cuifines , de la tourtière qui eft
une pièce de cuivre étamé, ronde, creufe d’environ
trois doigts avec des rebords hauts d’autant , Si qui
vont en talus, quelquefois avec trois pieds, quelquefois
fans pieds , ordinairement avec un couvercle
creux , fur lequel on peut mettre du feu afin
que la chaleur foit égale en deffus comme en
delfous. C ’eft avec cet uftenfile que l’on fait les
tourtes.
L'écumoire eftuneefpèce de poêle de cuivre très-
plate , percée de trous avec un long manche ; on fe
lert de cet uftenfile pour enlever l’écume & les
autres parties excrémentielles qui s’élèvent de deffus
les matières qu’on met en fufion & qu’on clarifie,
ou de deffus celles qu’on cuit ou qu’on fait bouillir.
Une feule pièce très-mince de cuivre fuffit pour
faire l’écumoire, trop connue pour qu’il foit befoin
de plus d’explication. Voyez planche I , fig. 16.
La poiffonnière eft un vaifleau de-cuivre fait en
long, médiocrement creux, avec des rebords & une
anfe, le tout bien étamé. Ce vaiffeau fert à cuire te
poiffon dans fa longueur. Voyez planche I I f i g i
& 2.
Fontaine de cuivre. Il y a plufieurs fortes de fonr
taines domeftiques , dont nous allons décrire les
deux principales. Toutes fe peuvent définir un
vaiffeau qui contient l’eau deftinée à la boiffon, &
aux différens ufages d’une maifon.
Les fontaines fimples font des vafes de cuivre
rofette étamés en dedans. On y diftingue trois parties;
celle d’en bas ou le pied; celle qui s’élève au
deffus ou la cuve de fond , & celle qui eft au deffus
de là cuve de fond à laquelle on adapte le couvercle
qu’on appelle gorge. Ces trois parties font chacune
d’une feule pièce, fans foudure fur la hauteur. Le
chaudronnier qui les travaille les a ambouties- &
retreintes félon la forme qu’elles exigent.
Le pied eft bordé à la partie inférieure d’un ourlet
qui couvre une baguette de cuivre & non de plomb
Ou de fer. ( C ’eft un réglement général' pour toutes
les parties couvertes d’un ouvrage de chaudronnerie).
Le bord fupérieur du pied formé en drageoir,
reçoit la cuve du fond.
La cuve de fond entre dans le drageoir du pied.
Elle eft dune feule pièce, fond 8t parois. Elle a
donc été prife dans une plaque amboutie, retreinte
& réduite par ce travail à la forme d’un cylindre
qui a un peu plus de hauteur que de bafe. A un
pouce & demi plus ou moins du fond , on pratique
une ouverture, on y relève un ornement extérieur
quelconque : cet ornement s’appelle la bojfe ,* &
c’eft à l’ouverture que cet ornement entoure qu’on
adapte le robinet.
On conçoit que la partie flipérieure de la cuve
de fond eft en drageoir , afin de recevoir la gorge.
La gorge peut être regardée comme prife dans
une cuve de fond, dont on auroit percé le fond. Sa
partie inférieure doit entrer jufte dans le drageoir
de la pièce précédente. Cette partie eft amboutie,
retreinte & bordée d’un ourlet femblable à celui du
pied. Cet ourlet eft reçu dans le couvercle.
Le couvercle eft un dôme dont la forme varie
félon le goût de l’ouvrier : il eft bordé par en bas
d’un ourlet, & il porte à fa partie fupérieure ,. une
poignée qu’on appelle pommelle. La pommelle eft au.
centre du dôme, à l’extérieur, Si fert à prendre &
à placer le couvercle.
Aux côtés de la fontaine , vers fa partie fupé-
rieute , proche la gorge à droite Si à gauche, font
rivées à clous deux plaques de cuivre qu’on appelle
porte-mains. Ces plaques retiennent deux anneaux
qu’on appelle mains, & qui fervent à porter la fontaine.
Telle eft la fontaine fimple. Elle eft placée fur un
pied de bois; la cuve de fond eft foudée au pied,
Si. la gorge à la cuve de fond..La foudure eft d’étain;
on fe fert de la même foudure pour fixer à. demeure
le robinet dans le trou de la boffe.
Il y a des fontaines fimples plus petites-en cuivre,
qui s’accrochent à des,clous, avec un ou deux robinets
prefqu’en deffous ; Si. une cuvette auffi en cuivre
pour recevoir les eaux. Voyez planche I I ,
fig. ƒ Si . -
On fent que l’intérieur d’une fontaine pareille
ne peut être étamé avec trop de foin : mais jamais-
l’étamage ne préviendra tout danger, parce que ,
quelque parfait qu’il foit, c’eft: toujours un crible,
dans les petits trous duquel le yerd-de-gris fe forme
imperceptiblement ; & que l’étain lui-même «’eft
pas un métal tout-à-fait innocent. D’ailleurs , fi vous
mettez de l’eau bourbeufe dans ces fontaines,;, elle,
n’en fortira jamais bien claire.
La falubrité a fait imaginer des fon ta in e s , d e cuivre'
fablées, qui clarifiaient l’eau.
Pour fe faire une idée jufte. de la fontaine de cuivre
fablée il faut fe figurer une. fontaine fimple.,
telle.que nous venons-de la décrire, dont l’intérieur
foit partagé en trois efpaces différens par deux diaphragmes.
Ces diaphragmes que le chaudronnier
appelle panaches, font des limbes du diamètre delà
fontaine à l’endroit où ils doivent être fixés ; ils
font percés au centre d’un trou circulaire ; & les
bords de ce trou font relevés & peuvent recevoir
un couvercle. Le premier diaphragme eft foudé un
peu au-deffous de la jonétion de la gorge Si de la.
cuve de fond ; il eft traverfé d’un tuyau placé a
fon bord i ce tuyau eft d’un pouce de diamètre ou
environ ; il eft fondé au premier diaphragme ; il fe
rend au fécond diaphragme ; il le traverfe pareillement
& lui eft foudé comme au premier : ce tuyau
fe nomme ventoufe ; il s’élève jufqu’à l’ourlet de la
gorge où il eft arrêté par une foudure. Son ufage eft de
donner fortie à l’air contenu dans la partie inferieure
de la fontaine, à mefure que cette cavité fe remplit
d’eau filtrée.
Le diaphragme fupérieur doit avoir fon ouverture
plus grande que l’inférieure, afin que le couvercle de
celui-ci p.uiffe paffer par l’ouverture de celui-là.
Le diaphragme ou panache inférieur eft foudé
à la cuve de fond, comme le fupérieur; la diftance
au premier, eft d’environ cinq à fix pouces: il a
auffi fon couvercle.
Il faut que toutes ces pièces, tuyau, panache,,
couvercle, foient bien étamées.
On remplit de fable l’intervalle compris entre
les deux diaphragmes ; l’inférieur eft fermé de fon
couvercle. Le fable placé, on ferme le fupérieur du
fien; on met encore une certaine hauteur de fable
fur celui-ci, & l’eau.réfide fur le fable. ,
L’eau fe filtre à travers le premier fable , s’infinue
entre le joint du couvercle du diaphragme fupérieur
& le rebord de ce diaphragme, defcenddans la cavité
comprife entre les deux diaphragmes ; fe filtre, une
fécondé fois , en paffant à travers le fable qui la
remplit ; s’infinue pareillement entre le couvercle du
diaphragme inférieur & fon rebord ; tombe dans la
partie inférieure de la fontaine ,1a remplit & en chaffe
l’air par le canal appelé ventoufe : l’eau clarifiée fort
de cette partie par le robinet, Si. fert aux ufages dè
la maifon.
On conçoit que le fable fe chargeant de toutes les
impuretés de l’eau , il vient un temps où, il eft telle- ,
ment envafé, que la filtration fe fait lentement Si
mal. Alors il faut laver le fable en plufieurs. .eaux ,.
Si le replacer dans la. fontaine. Voyez planche U ,
fig, y , 8 , 9 , to 4 i i , i2 & i$. ■ -, ,. , , ,
La chaudière eft un uftenfile de cuifine;. elle a une
anfe de fe r , & elle eft faite de cuivre jaune battu, à
peu près de la même profondeur par-tout. Il y a des
chaudières de cuifine de toute grandeur. Voyez planche
II , fig. 2f 3 2Ô , 27 Si 28..
La chaudière du rafiineur de fücre eft un grand
vafe de cuivre rouge ,-creux, élargi.vers les bords ,
compofé de pièces rapportées , dont la grandeur n’eft
déterminée que par l’ufage. Il y en a de trois ou
quatre fortes, à qui, outre le nom général de chaudière
, on ajoute pour les diftinguer celui des matières
a la perfè&ion defqtielles elles fervent.
Le chaudron eft un vaiffeau de cuivre plus petit
que la,chaudière, fouvent d’une feule pièce amboutie
Si retreinte ;. Si quand il eft d’une certaine grandeur
on le fait de deux pièces, dont l’une pour le
fond , &. l’autre pour le corps du cha-udron. On appelle
la carre d’un chaudron , d’un poêlon , d’une
marmite & c , , l’endroit où lè fond dé ces ouvrages
le joint au bord. Faire la carre d’un chaudron , c’eft
Tarrondir avec le maillet, de buis,, fur une efgèçe.
d’enclume ronde , qu’en terme de chaudronnerie on
nommé une boule. Cet uftenfile eft d’un ufage fi ré-,
pandu, qu’il feroit inutile -de s’arrêter à le décrire
davantage. Voyez planche I I , fig. 14 Si. / ƒ.
La bajfinoire eft une efpèce de petit chaudron avec
un couvercle à charnière , Si criblée de trous ; on
Ja remplit de braife, puis l’on fe fert de cet inftru-
ment de cuivre, au moyen d’un long manche de.
bois -, pour la promener entre les draps, d’un lit Sc
les échauffer.
La baignoire eft une cuvede cuivre rouge de quatre
pieds Si demi de longueur, fur deux Si demi de largeur,
arrondie par les angles , Si qui a environ 26
1 pouces de hauteur , fervant à prendre le bain. Ces
baignoires font étamées en dedans pour empêcher
le verd-de-gris, & font fouvent décorées en dehors
d’ôrnemens & dé moulures. Aux extrémités fupé-
■ Heures de ces baignoires >, font placés deux robinets,
à droite & à gauche , l’un pour diftribuer de l’eau-
chaude amenée de l’é tuve, l’autre de l’eau du réfer--
voir. Au fond de la baignoire eft pratiquée une
bonde que l’on lève pour faire écouler l’eau à
mefure qued’on a befoin d’en remettre de la chaude,
ou de la renôuveller félon leyemps qu’on veut refter
au bain. Cette bonde fermée contrent l’eau , &
lorfqu’elle eft levée, elle la précipite dans un ' tuyau
de décharge, qui Fexpulfe dans-les baffes-cours ou
puifards pratiqués exprès.
M. Burette, dans les Mémoires de VAcadémie des
B elles-Lettres,' remarque que dans les thermes des anciens
il y avoit deux fortes de baignoires, les unes-
fixes Si les autres mobiles , Si que parmi çes der~;
niètes, on en trouvoit de faites exprès pour être
fufpendues en l’air, & dans lefquelles ori jpigftoit le'
plaifir de fe baigner a celui d’être balancé & comme-
bercé par le mouvement qu’on imprimoit à la, baignoire.
Les baignoires de cuivre font l’ouvrage des chaudronniers
, qui en font de différentes grandeurs Sc
de différentes formés.
On voit planche I I , fig. 29, une baignoire en long
& en façon de coffre : cés baignoiresxlongues font
lés plus commodes ; il y a un fiège ou une élévation-
intérieure à l’un des bouts, fur laquelle on s’affeoit ; on-
revêtit quequefois ces baignoires en treffesde canne,
& ôn les c,ouvre de même, enfôrtè.qu’elles font un
meuble, & une forte de lit ou dé chaife longue. Om
échauffe l’eau de ces baignoires avec un cyiindrede
cuivre , compofé d’un grand entonnoir au milieu,
avec un grillage au fond,‘ dans lequel on met de la
braife qu’on allume ; ri y a aux côtés de cet entonnoir
deux tuyaux ou deux évents foudés, qui fervent
, à faire circuler l’air , à allumer, à entretenir le feu ,
& à faire évaporer la vapeur dè la braife. On met ce
cylindre dans l’eau on l’en retire quand l’eau eft
au degré dè chaîeur convenable pôur le bain.
On fait auffi des baignoires en cuivre en forme de
fabots, dont elles portent le nom: elles font moins
longues, mais plus hautes que les autres baignoires».-