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Ceux de la haute Andaloufie paffent pour les
meilleurs ; ils font feulement fujets à avoir la tête
un peu trop longue. Les chevaux d’Efpagne ont
plus de fouplçffe que les barbes.
Les chevaux turcs font d’un bon tempérament,
peu fujets aux maladies $ ils ont l’encolure effilée ,
le corps long, les jambes trop menues; cependant
ils font forts , grands travailleurs, & de longue
"haleine.
. Les chevaux napolitains ont pour la plupart l’encolure
épaiffe, la tête longue & greffe ; ils font
indociles & difficiles à drefler, mais' ils ont les mou-
vemens beaux, ils font fiers, & de belle taille.
Lorfqu’ils font bien choifis, on en fait de trèsffieaux
attelages* Ils ont de la difpofition à piaffer.
Les chevaux danois font d’une belle taille, & fi
étoffés, qu’on les préfère à tous les autres pour
l’attelage ; il y en a de parfaitement moulés ; mais
ils font rares , & ont ordinairement la conformation
irrégulière , l’encolure épaiffe j les épaules groffes,
les reins un peu longs & bas, la croupe trop étroite
pour l’épaiffeur du devant ; mais ils ont les mouve-
mens beaux ; ils font de tous poils, pie, tigre, &c.
Ils font auffi bons pour l’appareil & la guerre.
Quelques haras d’Allemagne donnent des chevaux
qui font exceîlens pour la guerre, & pour
le carroffe ; mais qui ne font point bons pour la
chaffe ni pour les courfes de vîteffe, étant en général
pefans , & ayant peu d’haleine, quoique def-
•cendans de chevaux turcs & barbes.
Les chevaux tranjilvains Sc hongrois, font au contraire
bons coureurs. Les houfards & les hongrois
fendent les nafeaux de leurs chevaux , pour leur
donner, dit-on , plus d’haleine, & les empêcher de
hennir à la guerre. Les chevaux hongrois , cravates &
polonais font fujets à être béguts.
Les chevaux hollandois font bons pour le carroffe :
les meilleurs viennent de la province de Frife. Les
flamands leur font fort inférieurs ; ils ont prefque
tous la taille groffe, les pieds plats, & les jambes
fujettes aux eaux.
Par les foins que l’on prend en Angleterre de tirer
les plus beaux étalons de l’Afrique , les Anglois ont
une race de chevaux qui reffemblent beaucoup aux
arabes & aux barbes. Ils ont cependant la tête plus
grande, mais bien faite & moutonnée, les oreilles
plus longues , mais bien placées.
Par les oreilles feules, on pourroit bien diftinguer
un anglois d’avec un barbe.
La grande différence eft dans la taille. Les chevaux
anglois font bien étoffés & beaucoup plus
grands ; on entrouve-communément de quatre pieds
dix pouces, & même de cinq pieds.
Ces chevaux font vigoureux , hardis , capables
d’une grande fatigue, exceîlens pour la chaffe & la
courfe ; ils franchiffént aifément les haies & les
foffés. Si on les affoupliffoit par l’a r t, on rendroit
leurs refforts plus doux, & on leur donneroit une
allure plus commode ; car en général ils font durs ,
& ont peu de liberté dans les épaules.
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On tire auffi de plufieurs provinces de France de
très-bons chevaux. Les meilleurs chevaux de felle
nous viennent du Limofln : ils reffemblent affez aux
barbes, font exceîlens pour la chaffe ; mais ils font
lents dans leur accroiffement : on ne peut guère s’en
fervir qu’à huit ans.
Les normands ne font pas fi bons coureurs que
les limofins; mais ils font meilleurs pour la guerre. 11
vient du Cotentin de très-beaux & très-bons chevaux
de carroffe ; du Boulonnois &c de la Franche-Comté,
de bons chevaux de tirage. En général, les chevaux
de France ont le défaut contraire aux barbes : ceux-ci
ont les épaules trop ferrées ; les chevaux françois
les ont trop groffes.
Le pays Cotentin , fur-tout, fournit d’excellens
chevaux pour la guerre & pour le carroffe.
Nous dirons à l’Art du Maréchal-Ferrant, la manière
de ferrer les chevaux , de faire la caflration,
pour modérer le feu & l’impétuofité de ces animaux.
Nous décrirons les fignes & les caraftères de leurs
vices & de leurs maladies ;.enfin, nous rapporterons
les traitemens ufités & qui leur conviennent pour
les corriger & les guérir.
ProfeJJion des marchands de chevaux.
La profeffion des marchands de chevaux eft libre
en France, ces fortes de marchands n’ayant point
été jufqu’ici érigés en communauté.
Dans ce commerce on diftingue deux fortes de
chevaux, ceux de portage & ceux de tirage;; on
les diftingue encore en chevaux du pays, ou chevaux
François, ou chevaux étrangers.
A l’extrémité du fauxbourg S. Vi&or à Paris, il
fe tient tous les mercredis & famedis de chaque
femaine un marché aux chevaux, depuis trois heures
après midi jufqu’au jour fermé. Quoique l’on y
voie affez fouvent des chevaux neufs, cependant
le commerce le plus grand &. le plus ordinaire eft
celui de ceux qui ont fervi.
Il y a deux fortes de courtiers pour ce commerce
, ceux qui font vendre & acheter lès chevaux,
que les marchands & maquignons tiennent dans leurs
écuries, & ceux dont les bourgeois veulent fe défaire
, fans les envoyer au marché. Aucuns de ces
courtiers ne font en titre d’office.
Les maîtres marchands fe mêlent auffi le plus
fouvent de ce courtage.
Ce marché eft entièrement franc, & les marchands
n’y font tenus d’aucun droit, quel qu’il
puiffe être.
Dans ce commerce on n’a égard qu’aux vices
cachés, qui ne fe connoiffent pas à voir & vifiter
un cheval, comme font les trois vices dont le vendeur
eft garant, la pouffe, la morve & la courbature ;
dans ces trois cas, il faut que Paâion foit intentée
dans les neuf jours , fuivant l’ufage de Paris.
Quoique les marchands de chevaux ne faffent
ni corps, ni communauté, il y en a à Paris q°i
le font de père en fils.
Par lettres patentes du 30 avril 1613 9 fuivies
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d’une ordonnance du 28 mars 1724, il eft déclaré
qu’auffitôt l’arrivée dans Paris , des chevaux v e nant
des pays étrangers , ou des^ provinces du
royaume ; les marchands font tenus à peine de con-
fifcation defdits chevaux & de fix cens livres d’amende
, d’avertir également & en même temps
le grand écuyer de France & le premier écuyer
du Roi ou gens prépofés, de l’arrivée des coureurs
ou des chevaux de felle, pour être choifis par le
premier des deux qui fe trouvera, ou concurremment
s’ils s’y trouvent enfemble , conformément
-au réglement du 14 février 1724.
Quant aux chevaux de caroffe, ils ne font tenus
d’avertir que le premier écuyer de fa majefté ; dé-
fenfes fous les mêmes peines auxdits marchands ,
d’expofer en vente aucun defdits chevaux, que trois
jours après ledit avertiffement. ,
A préfent les marchands s’adreffent pour remplir
les ordres du roi à cet égard, aux écuyers-courtiers
de la grande & de la petite écurie; il y en a un
dans chaque écurie.^
Comme il y avoit des conteftations journalières
avec la ferme, pour l’évaluation des chevaux &
poulains qui venoient des provinces de Flandres,
V O C A B U L A I R E de l\
A - ine; c’eft le pli de la cuiffè, vers le bafîin;
cette partie du cheval doit être bien évidée.
Allures ; marches particulières au cheval, telles
<\we \e pas, le trot, le galop, &c.
Alzan ou alezan; couleur du poil d’un cheval,
tirant fur le roux; on diftingue l’alzan clair,
bai, v i f f obfcur, brûlé, &c.
Amble ; allure du cheval, dans laquelle il a toujours
à la fois deux jambes levées.
Ardent ( poil ) , ou qui tire fur la couleur
de feu.
Arqué ( cheval) ; dont les tendons des jambes
de devant fe font retirées par fatigue, de façon
que les genoux avancent tro p , & que les jambes
font pliées en deffous.
Arrière- m a in ; partie du corps du cheval,
qui comprend la croupe, la queuè , les hanches ,
les feffes, les jambes de derrière, &c.
Arzel (cheval) ; qui a une marque blanche
au pied de derrière, hors du montoir.
Avalure ; c’eft le bourrelet ou cercle de corne,
qui fe forme au fabot d’un cheval, & qui vient
de la nouvelle corne, laquelle pouffe l’ancienne
devant elle.
Avant-bras ( 1’) , s’étend depuis la partie inférieure
de la poitrine , jufqu’à la première jointure.
Avant-main; c’eft la partie du cheval, qui renferme
la tê te , le co u , le devant du poitrail, le
garot, les jambes de devant.
Auber ou aubere; cheval dont le poil eft couleur
de fleur de pêcher, ou poil de mille-fleur*,
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du Hainault, Cambrefis & Artois 9 il a été réglé
par la déclaration de 16 9 1, confirmée par l’arrêt
du confeil du 18 août 1722, qu’à l’avenir les chevaux
& poulains , indiftin&ement de quelque valeur
qu’ils puiffent être , ne paieroient que neuf liv.
par chacun de droit d’entrée, au moyen de quoi il
feroit permis à tous marchands de chevaux & autres
, de les faire entrer par tels bureaux qu’ils
jugeroient à propos; fa majefté dérogeant quant
à c e , à l’article 3 de l’ordonnance des fermes de
1687; que les chevaux venant de Bretagne, Auvergne
, Limoufin & autres provinces, ou il n’y
a point de bureaux établis , paieroient quatre liv.
par chaque cheval, conformément à l’arrêt du confeil
du 10 mai 1733 , au lieu du tarif de 1661, qui
percevoit trois différents droits de fix , quatre, &
trois livres ; que les chevaux Anglois , Allemands
& autres des pays étrangers, dont le prix excéde-
roit la fomme de 90 livres , paieroient 20 livres
pour droit d’entrée, & ceux qui feroient d’un prix
inférieur , paieroient 10 livres, fuivant l’arrêt du
confeil du 6 feptembre 1701.'
On comDte à Paris environ cent marchands ds
chevaux, qui ont un fond ftable & permanent.
irt des Marchands ds Chevaux♦
c’eft - à - dire, qui a le poil blanc mélangé de poil
alezan & de bai.
A ubin ; allure qui tient de l’amble & du galop.
A uge ; c’éft la partie inférieure au deffous de
la-ganache du cheval.
A vives ; glandeé fituées entre les oreilles & le
gofier près le haut de la ganache ; on dit qu’un
cheval a les avives y quand ces glandes font gonflées.
A urillas ; cheval qui agite beaucoup les oreilles.
Ba i (p o il) ; dont la couleur tire fur le rouge;
on diftingue le bai clair y doré, brun-chatain, cerife,
miroité ou à miroir.
Baillet ; cheval qui a le poil roux , tirant fur
le blanc.
Balzane ; c’eft la marque de poils blancs , qui
vient aux pieds de certains chevaux depuis le boulet
jufqu’au fabot, devant & derrière.
Balzan (chev al); celui qui a des balzanes.
Barbe ( cheval ) ; ou de race de chevaux de Barbarie,
il a la taille menue & les jambes déchargées.
Barres; ce font les parties les plus hautes de
la gencive du cheval, où il n’y a jamais de dents ;
elles font fituées entre les dents mâehelières & les
crochets ; de part & d’autre de la bouche ; c’eft
où fe fait l’appui du mors de la bride, qui fert à
conduire le cheval.
Begu (chev al); celui qui depuis l’âge de cinq
ans-jufqu’à fa vieilleffe, marque naturellement &
fans artifice à toutes les dents de devant.
Bid e t ; cheval d’uné petite taille, qui ne paffe
guère trois pieds & demi de haut.
Double bidet ; cheval dont la taille eft entre