
x v j P R É F A C E .
fecours des maîtres 5c des favans qui nous ont donné des renfeignemens, des avis ou des
mémoires. , . , , , I •
On n’a point négligé de faire connoitre, autant.qu il a ete potable, les petits procédés qui
font regardés comme les fecrets de certaines fabriques. On s’eft attaché '] fur-tout à rendre
fenfibles toutes les opérations de ces arts, & à les développer avec clarté, avec fimplicite,
avec exaâitude, & dans leur progreffion fucceffive. On a quelquefois affeSéde prefenterles
mêmes objets & leur explication fous des faces différentes, lorfque le fens, 1 intelligence ce
l’importance de ces détails ont paru y être intéreffés. Nous avons à parler la langue des arts
& des artifans ; nous voulons les faire comprendre & en être entendus. Il ne falloit point avoir
l’ambition de nous élever, & nous avons dû nous exprimer fans apprêt & fans prétention.
II“. L’autre DiSionnaire, ou plutôt la fécondé divifion du DiSionnaire des Arts & Métiers ,
efl rédigée par un favant qui, par le fuccès de fes ouvrages en ce genre , par afa place d’Inf-
pefteur des Manufa8ures de France, & fur-tout par fes connoiffances & fes etudes particulières
, a acquis le droit de circonfcrire le plan de fon travail , & d’infpirer toute confiance
pour l’exécution. . . . . , . , , - , - I
M. Roland de la Platiere doit donc traiter les Arts qui emploient dans leurs fabriques, le
chanvre, le Un, le coton, la laine, le p o il, h foie. ,
Ces Arts font tous en quelque forte de la même clalïe ; ils fraternuent, ils font dans une
-relation réciproque & continuelle, & ils ne pouvoient guère procéder qu’enfemble, tendant
à un but commun qui eft en général l’habillement.
IIP. Les peaux & cuirs rapprochés des objets précedens par leur emploi, mais donnant
lieu à des procédés différens ; la teinture enfin , applicable fur les peaux & cuirs, & fur
tous les tiffus quelconques, ont offert à M. de la Platiere le fujet d une fubdivifion dans
la partie dont il s’eft chargé. ......................... "
Ainfi il nepeut y avoir d’équivoque ou d’incertitude a l’egard des articles pour lefquels il
faut avoir recours à la première partie de cette fécondé diftribution du Diâionnaire des Arts.
C’eft-là qu’on doit chercher les procédés pour faire les bas, blondes, dentelles , points a•
filets ■ la broderie , chapellerie , draperie , paffementerie ,foierie ; les étoffes de lame, tapis h.,
tapifferies , toiles & toileries ; tous objets bien déterminés, très-diftinSs , & qui néanmoins
ont des opérations relatives & dépendantes.
On doit y trouver tout ce qui concerneles profeffions de hngère , tailleur, tapiffer, mate-
lajjier, couturière, marchand & marchande de modes , agrémens , fleurs artificielles, plumaffer ,
hoütonnier-paffementier, ceinturier, nattier, bourfier. r
On conçoit que le peignage , le cardage & la filature font les préparations des matières 9
que la corderie fait partie de l’art de filer ; que le tiffage eft l’aftion de fabriquer ces
matières , l’art d’en faire des étoffes ; que les canevas , les couvertures , le damas , le
dro«uet le galon , la gaçe , les lacets , le marli, la mouffeline , les velours , &c. ne font que
c e s s âm e s étoffes ; que la calandre, le foulon , h f r if e , le moirage, le glacer des étoffés, font
l’art de préparer ces mêmes étoffes.
C’eft à la fécondé partie que feront rapportés les arts du tanneur, hongroyeur, maroquinier,
corroyeur , chamoifeur , mègijfier, parcheminier, chagrinter ; ainfi que les arts &
métiers du pelletier-fourreur, peauffier-culottier , gantier, boyaudier ,-ceinturonnier, calottier ,
■Cellierr bourrelier, faifeur de fouets , cordonnier & bottier , relieur, &c. L’art d’obtenir les
huiles végétales & animales, fubftances neceffaires a l’appret des peaux ; celui de fabriquer
les /avons, & les procédés de teinture fur les divers objets des deux parties.
On voit après ces détails le partage tres-diftinft des trois corps du Dictionnaire des Arts 8c
Métiers.
Au refte, la nouvelle Encyclopédie méthodique fera terminée par un vocabulaire ümverfel
fervant de table pour tout l’ouvrage , enforte que l’on y verra dans l’inftant l’indication du
DiSionnaire , du tome , de la page , de la colonne où fe trouve non-feulement un article,
mais même un root que l’on voudra confulter, A IG U IL L i L R
A I G U I L L I E R
O U
FABRIQUE DE TOUTES LES ESPÈCES D’AIGUILLES.
A i g U IL L E , petit infiniment d’acier trempé ,
délié , poli , & ordinairement pointu par un bout ,
& percé d’une ouverture longitudinale par l’autre
botlt;
Nous avons dit ordinairement, parce que l’aiguille
n’eftpas toujours percée & pointue. En effet, entre
lesinftrumens qui .portent le nom d’aiguille, & ainfi
appellés à caufe de l’ufage qu’on en fait, il y en a
qui font pointus & non percés , d’autres qui font
percés & non pointus , d’autres encore qui ne font
ni pointus, ni percés.
De toutes les manières d’attacher l’un à l’autre
deux corps flexibles , celle qui fe pratique avec l’aiguille
eft une des plus lyiiverfellement répandues :
aufli diftingue-t-on un grand nombre d’aiguilles différentes.
On a les aiguilles à coudre , ou de tailleur ;
les aiguilles de c h iru rg ie d ’artillerie, de bonnetier
o u faifeur de bas au métier , d’horloger, de cirier,
de drapier, degainier, de perruquier, de cojffeufe,
de faifeur de coiffe à perruques , de piqueur d’étuis,
tabatières, &.autresfemblables ouvrages; de fellier,
d’ouvrier en foie, de brodeur, de tapufler, de chan-
dellier, .aemballeur ; à matelas, à empointer, à tricoter
à enfiler , à preffer , à brocher, à relier, à
^natter.,.'àboufîbîe ou aimantée, & c .& c .
Avant l’invention des aiguilles d’acier, on a dû fe
fervir , à leur défaut , d’épines , ou d’arêtes de
jpoiffons , ou d’os d’animaux; mais depuis l’établiffe-
ment des fociétés., ce petit outil eft devenu d’un
-nfage indifpenfable dans une infinité d’arts & d’oc-
cafions.
Nous allons palier en revue les aiguilles de différentes
efpèces , & en donner un apperçu général.
Nous décrirons , avec quelque détail , la fabrique
des aiguilles ordinaires; & nous renverrons la description
des aiguilles propres à la chirurgie & à cer- ,
tains arts, à leur article particulier.
_ A iguille de tailleur ou a coudre. Cette
aiguille , qui femble avoir donné fon nom à toutes
les autrës fortes, fe fabrique de la manière fuivante.
Ayez du bon acier ; faites palier cet acier , réduit en
f i l , foit au charbon de terre , foit au charbon de
bois,, fuivant l’endroit de la fabrique. Mettez-le
chaud fous le martinet pour lui ôter fes angles ,
Vétirer, ou l’étendre & l’arrondir. .
Lorsqu’il fera fort étiré , & qu’il ne pourra plus
Soutenir le coup du martinet, continuez de Xétirer &
de 1 arrondir au marteau. A yez une filière à différens
î r°rf.} ^a*tes Paffer ce fil par. un des grands trous de
Ja hliere , & tréfile^-le pour l’étendre & l’amincir.
,Ce premier tréfilage s’appelle.dégrojfi.
Arts 6» Métiers. • Tome L Partie I .
Après le premier tréfilage ou dégrojjl, donnez un
fécond tréfilage par un plus petit trou de la filière,
apres avoir fait chauffer le fil ; puis un troifième
tréfilage par un troifième trou plus petit que le
fécond.
Continuez ainfi jufqu’à ce que votre fil foit réduit
, par ces tréfilages fucceflifs, au degré de finefle
qu exige la forte d’aiguille que vous voulez fabri-
. quer.
Il y a deux remarques à faire ; c’eft qu’il femble
que la facilité du tréfilage demande un acier duélile
& doux, & que l’ufage de l’aiguille femble demander
un acier fin, & par conféquent très-caflant.
C eft a l’ouvrier à choifir entre tous les aciers,’
celui où ces deux qualités font combinées de manière
que fon fil fe tire bien, & que les aiguilles puiflent
avoir Ja pointe très-fine fans être caftante. Mais,
comme il y a peu d’ouvriers en général qui entendent
allez bien leurs intérêts pour ne rien épargner
quand il s’agit de rendre leur ouvrage excellent, il
n’y a guère d’aiguilliers qui ne difent que plus on
caftera d’aiguilles, plus ils en vendront ; & qui ne
les faffent de l’acier le plus fin, d’autant plus qu’ils
ont répandu le préjugé que les bonnes aiguilles dévoient
cafter. Les bonnes aiguilles , cependant, ne
doivent être ni molles, ni caftantes.
On graiffe de lard le fil d’acier à chaque tréfilage,
afin de le rendre moins revêche, & plus docile à
paffer par les trous de la filière.
Lorfque l’acier eft fuffifamment tréfilé ou dégrofli,
on le coupe par brins à peu près d’égale longueur.
V * ouvrier prend de ces brins autant qu’il en peut
îenir les uns contre les autres /étendus & parallèles
dans la main gauche,
Y oyez planche I , cet ouvrier aiguillier , nommé
le coupeur,fifr. /, (a). Il eft aflis devant un banc. C e
banc eft armé d’un anneau fixe à fon extrémité (c).
Il^eft échancré circulairement à fon extrémité (i) .
L anneau de l’extrémité (c) reçoit le bout long de
la branche d’une cifaillè ou force (d): A l’échancrure
circulaire (h) , eft ajufté un feau rond; l’ouvrier tient
1 autre branche d's la cifaillè de la main droite (a) ,
& coupe les brins de fil d’acier qui tombent dans le
feau. Cet établi, ou banc du coupeur, eft repréfenté
à part & plus en grand , même planche , fig / 14.
A D C , la cifaillè; E , taffeau qui la fupporte. C ,
anneau qui retient la branche dormante DC . Et B
eft le feau.
Ces bouts de fil d’acier coupés, paffent entre les
mains d’un fécond ouvrier qui les palme.
Paliner les -aiguilles , ç’eft les prendre quatre à
A