
qu’on trouve dans le voifmage des m*nes de charbon,
des pierres chargées d’empreintes de plantes , telles
que font les fougères, les capillaires. L’air eft fouvent
rempli de vapeurs & d’exhalaifons fulfureufes, &
fur-tout pendant les fortes chaleurs de l’été. Les
racines des végétaux qui croiflent dans la terre qui
couvre une pareille mine , font imprégnées de
bitume , comme on peut remarquer à l’odeur forte
qu’elles répandent lorfqu’on les brûle ; odeur qui eft
précifement la même qùe celle du charbon de terre.
Les endroits d’où l’on tire de la terre alumineufe
& de l’alun , qu’on nomme alun feuilleté -, indiquent
auffi le voifmage d’une mine de charbon. M.Triewald,
qui a fourni à l’Académie des Sciences de Stockolm
des mémoires très-détaillés fur les mines de charbon
de terre, donne deux manières de s’aflùrer de leur
préfence : la première confifte à faire l’examen des
eaux qui fortent des montagnes & des endroits
où l’on foupçonne qu’il peut y avoir du charbon ; fi
cette eau eft fort chargée d’ocre jaune, qui après
avoir été féchée & calcinée , ne foit prefque point
attirablepar l’aimant, on aura raifonde fouiller dans
ces endroits. La fécondé manière, que les mineurs
Anglois regardent comme la plus certains, & dont
ils font un très - grand mÿftère, eft fondée fur ce
qu’en Angleterre il fe trouve très - fouvent de la
mine de fer mêlée avec le charbon de terre. On prend
donc une ou plufieurs pintes de l’eau qui eft chargée
d’ocre jaune , on la met dans un vaifleau de,terre
neuf verniflee, & on la fait évaporer peu à peu à
un feu très-modéré ; filé fédiment qui refte au fond
du vaifleau après l’évaporation eft d’une, couleur
noire, il y aura toute apparence , fuivant M. Trie-
wald, que l’eau vient d’un endroit où il y a une
mine de charbon.
Outre les différentes manières que nous venons
de dire, on fe fort encore de la'fonde ou tarrière ;
c’eft vraifemblablement la méthode la plus fûre.
Le charbon minéral fe trouve , ou par couches,
©u par veines dans le fein de la terre : ces couches
Varient dans leur épaifleur , qui n’eft quelquefois
que de deux ou trois pouces ; pour lors elles ne
-valent point la peine d’être exploitées: d’autresaü
contraire, ont une épaifleur très-confidérable. On
dit qu’en Scanie , près de Helfingbourg , il y a des
couches de charbon de terre qui ont jufqu’à quarante-
cinq pieds d’épaiffeur. Ces couches ou ces filons
fuivent toujours une direéfion parallèle aux différens
lits des pierres, ou des différentes efpèces-de terre
qui les- accompagnent : cette direction eft toujours
inclinée à l’horizon ; mais cette inclinaison varie au
point de ne pouvoir être déterminée. Voyez pl. I
du charbon minéral, aux figures i , 2 , y, 4, ƒ, 6, 7, p,
les différentes inclinaifons &. directions que Ton a
remarquées dans les-mines de charbons de..terre.
Le charbon qui fe trouve plus proche de la fur-
face , eft d’une confiftance tendre , friable r & fe
confond avec la terre ; au lieu que plus la mine
s’enfonce profondéVient en; terre , plus elle eft riche
& épaiffe , & le charbon qu-’on en tire eft' gras,
inflammable, & propre à faire de bon chauffage;
auffi arrive-t*il ordinairement qu’on eft forcé d’abandonner
les mines de charbon lorfqu’elles font les
plus abondantes ; parce que, quand on eft parvenu
à une certaine profondeur , les eaux viennent avec
tant de force & en fi grande quantité, qu’il eft im-
poffible de continuer le travail.
Le charbon foffile fe rencontre entre plufieurs lits
de terres & de pierres de différentes efpèces*; telles
que l’ardoife, les grès , des pierres plus dures, que
les Anglois nomment whin, des pierres à aiguifer,
des pierres à chaux , entremêlées d’argile , de fable,
de marne , &c. Ces différens lits ont différentes
épaifleurs qu’on ne peut point déterminer, parce que
cela varie dans tous les pays. Ces lits ont la même
direction & la même inclinaifon que les couches ou
filons de charbon, à moins que quelque obftacle ne
vienne à interrompre leur dire&ion ou leur paral-
lélifme ; ces obftacles font ordinairement des roches
formées après coup, qui viennent couper à angles
droits ou obliquement, ou en tout feras, non-feulement
les couches de charbon de terres mais encore
tous les lits de terre ôt de pierre qui font au deflùs
ou en deflous. On peut voir dans la planche 1 y.fig. 8.
& /0, les différentes directions que. ces roches font
prendre' aux couches ou filons : c’eft donc un des
plus grands obftacles qui s’oppofent. à l’exploitation
des mines de charbon. Ces roches ne fuivent aucun
cours déterminé , & font fouvent fi. dures, qu’elles
réfiftent aux outils des ouvriers qui font obligés de
renoncer à vouloir les percer. Le plus court eft de
chercher de l’autre côté de la roche ce que le filon
& la couche de charbon peuvent être devenus.:
fouvent on ne les retrouve qu’à cinq cents pas au*
delà. Cette recherche demande beaucoup d’habitude
& d’expérience. Quelquefois la roche, fans couper
la couche de charbon, lui fait prendre la forme d’un
chevron. Voyez la fig. 10.
M. Triewald nous apprend qu’on connoît la
proximité d’une pareille roche ou digue, lorfque le
charbon eft d’une couleur de gorge de pigeon-, ou
orné des différentes couleurs de l’arc-en-cieL
' Par ce qui précède on voit que rien n’eft plus
avantageux pour les propriétaires d’une mine de
charbon de terre, que lorfqu’elle fuit une pente douce,
& n’eft que peu inclinée par rapport à l’horizon ; pour
lors on n’eft point obligé de faire des puits fi pror
fonds ; ces mines, ne font point fi expofées aux eaux,
& on peut les travailler plus long-temps. Celle qui
eft marquée fig. 1, planche //, eft de cette efpèce.
Les- mines dont les couches de oharbon de terre
defcendent prefque.perpendiculairement à l’horizon,
fourniflent ordinairement un charbon plus gras, plus
dur & plus compare que les autres ; mais on ne peut
pas- les travailler fort long - temps, parce qu’il eâ
très - difficile de fe garantir des eaux lorfqu’on eft
parvenu à. une certaine profondeur. La fig.. y, pl> f
préfente une mine de cette efpèce.
Il arrive fouvent qu’il y a plufieurs couches de
charb.on, les unes, fur les. autres; ; cependant elles.fon*
fcparées par des lits de terre & de pierre intèrmé- I
diaires : c’eft ordinairement la principale couche qui
eft la plus enfoncée en terre ; on néglige celles qui
font au deflùs, parce qu’elles n’ont quelquefois que
cinq ou fix pbuces, attendu qu’elles ne dédomma*-
geroient point des frais ; & l’on continue à defcendre
jufqu’à ce qu’on foit parvenu à la couche principale,
comme on peut voir dans la fig. 2 ae la planche I ,
& fig. 1 de lu planche 11.
On nomme plateur, dans les mines de charbon de
terre, la partie ou la couche de ce minéral, laquelle,
après s’êtré enfoncée, foit perpendiculairement,foit
obliquement, commence à marcher horizontalement,
ôt enfuite à remonter horizontalement vers la fur-
face de la terre. Suivant M. de Tilly, les plateurs
fe trouvent ordinairement à trois ou quatre cents
pieds de profondeur ; quelques couches les- ont
jufqu’à fept cents pieds ; celles qui font le plus perpendiculaires,
ont leurs-plateurs à une très-grande
profondeur. C’eft dans cet état que les mines de
charbon font plus avanqgeufes ôc plus faciles à
exploiter.
Quand on s’eft aflùré de la préfence d’une mine
de charbon; pour la travailler on commence par faire j
à la furface de la terre une ouverture que l’on nomme j
puits , ou bure. On fait pafler ce puits perpendiculairement
au travers de tous les lits de terre ou de
pierre qui couvrent le charbon de terre ; il eft ordinairement
entre deux couches de roc ou de pierre ;
dont celle qui eft en deflùs s’appelle le toit de la
mine, 6c celle qui eft en deflous , le fol. La roche
fupérieure eft feuilletée comme de l’ardoife r ôc d’une
couleur claire ; l’inférieure eft d’une couleur plus
foncée.
La profondeur des bures varie à proportion du
plus ou moins d’inclinaifon de la mine. Ordinairement
on en perce deux ; l’une fert à enlever les
eaux , 6c l’autre le charbon ; elles fervent auffi à
donner de l’air aux ouvriers , 6c à fournir une iflùe
aux vapeurs ôc exhalaifons dangereufes qui ont coutume
d’infeCter ces fortes de mines.
La bure qui fert à tirer le charbon , fe nomme
bure à charbon j; l’autre fe nomme bure à pompa
Cette dernière eft ordinairemenï-étayée depuis le
haut jufqu’en bas,. de poutres pu de madriers qui
empêchent les terres de s’ébouler. On peut quelquefois
fupplèer à cette dernière efpèce de bure,
d’une façon moins coûteufe 6c beaucoup plus avan-
tageüfe ; c’eft en conduifant une galerie fouterraine
qui aille en pente depuis l’endroit le plus bas de la
couche de charbon; c’eft ce qifon. appelle un perce-
ment. On lui donne pour, lors: une iflùe au pied de
la montagne où l’on a creufé : cette galerie eft garnie
en maçonnerie ; c’eft par - là que les eaux ont la
facilité de s’écouler ; cela épargne les pompes-, le
travail des hommes , beaucoup de machines.. Mais
fouvent „les circonftances rendent, la chofe impraticable
, 6c alors on eft obligé d’avoir recours aux
pompes, dont les tuyaux doivent être de plomb .,
©.u ce qui vaut encore, mieux, de bois d’aune, que
l’on a foin de bien goudronner, ou d’enduire avec
de l’huile cuite , fans quoi les eaux , qui font très-ù
corrofives &T très-vitrioliques , les détruiroient en
très-peu de temps.
Le principal inconvénient auquel les mines de
charbon font fujettes , eft celui qui eft caufé par des
vapeurs 6c exhalaifons pernicieufes Sc fuffocantes-
qui y régnent très-fréquemment, fur-tout pendant
les grandes chaïeürs de l’été ; elles font pour lors fi
abondantes, qu’elles obligènt quelquefois les ouvriers-
de cefîer entièrement leurs travaux.
Ces vapeurs font de deux efpèces-: la première,-
qu’on appelle moufette , reflemble à un brouillard’
épais. Ces vapeurs ont la propriété d’éteindre peu-
à peu les lampes 6c les charbons ardens que l’on y
expofe , de la même manière qu’il arrive dans le*
récipient de la machine pneumatique lorfqu’on en a
pompé l’air : c’eft par ces effets que les mineurs-
reconnoiffent la préfence de cette vapeur ; auffi c’eft'
une maxime parmi eux , qu’il' faut avoir l’oeil autant"
à la lumière qu’à fon ouvrage. Lorfqu’ils s’appereçoivent
que la lumière de leur lampe s’affoiblit, le
parti le plus sûr pour eux , eft de fe faire tirer
promptement hors des fouterrains quand ils peuvent
en avoir le temps.
La façon d’agir de cette vapeur, eft d’appefantir &
d’éndormir ; mais cet effet eft quelquefois fi prompt ,
que des ouvriers qui en ont été atteints, font tombés
de l’échelle en defcendant dans la mine, fans avoir
le temps de crier à l’aide. Quand on les fecourt fàL
temps , ils, peuvent en réchapper , fi on les porte
au grand air. Au commencement on ne leur voit
donner aucun figne de vie. Un remède efficace ,
dit-on, c’eft d’enlever avec une bêche un morceau
de gazon ; on couche le malade fur le ventre , de
façon que fa bouche porte fur le trou qu’on a fait
en terre,-ôc l’on pofe fur fa tête le morceau de gazon1
qu’on a levé. Par - là, il revient peu à peu , & fe
réveil e comme d’un fommeil doux & tranquille,
pourvu cependant qu’il n’ait pas été trop longtemps
expofé à la vapeur dangereufe. C’eft, fuivant
M.Triewald, un remède certain, dont il dit avoir
fait l’expérience avec fuccès. Cependant il refte
pendant plufieurs jours des pefanteurs. de tête au
malade.
Une-autre manière de fécounr ceux qui ont été*
frappés de cette exhalaifon. dangereufe , c’eft de leur
faire avaler promptement de l’eau tiède, mêlée avec
de l’eforit - de - vin. Ce mélange leur, procure un
vomiflement très-abondant de matières noires; mais
ce remède ne guérit pas toujours, radicalement. Il
refte fouvent aux malades une toux convulfive pour
| le refte de leurs jours.-
L’alkali volatil étendu dans de l’eau, lë vinaigre,
fur-tout le remède connu & employé avec tant de
fuecès pour les noyés , font d’un fecours prompt ôt
efficace;
Il y a une autre forte de vapeurs qui préfente
des phénomènes auffi terribles que finguliers. On
donne à. ces vapeurs différens noms ,, fuivant les