
cuit ou brûlé dans le fourneau, conferve de îa qualité
du bois , & donne de la flamme & de la fumée.
Grand haut ; .c’eft le troifième lit d’un fourneau
à charbon.
Habiller un fourneau ; c’eft le revêtir en
deffus d’un enduit de terre, fouvent mêlée de feuilles
pour en boucher les fentes.
Herque; c’eft un rateau de fer.
Petit haut ; nom qu’on donne au quatrième lit
ou rang de petits bois pour un fourneau à charbon.
P ile ; ce terme fe dit des morceaux de bois
arrangés les uns fur les autres.
Place a charbon , endroit oii l’on élève un
fourneau pour faire du charbon.
Plancher ; c’eft un rang de tronçons de bois
dilpofés dans un fourneau pour faire du charbon.
Plumet ; nom donné au charbonnier porteur de
charbon.
Polir le fourneau ; c’eft le recharger de terre
& de frafin, avec la pelle & le rabot.
Poussier; nom que les charbonniers donnent $
tout le menu charbon, ou à la poufîière de charbon
qui demeure au fond d’un bateau.
Rabot; morceau de bois pla t, taillé comme un
fegment de cercle, & emmanché dans le milieu de
la furface d’un long morceau de bois.
t Rafraîchir le fourneau ; c’eft en renouveller
l’enduit extérieur, pour intercepter toute communication
de l’air, & étouffer le charbon.
Sac a charbon ; grand fac qui contient une
mine de charbon ; chaque mine, compofée de deux
minots ou feize boiffeaux.
T ue- vent ou Brise- vent ; ce font des claies
dont on entoure le fourneau dans des temps venteux.
* Vent ; ouverture qui fe fait à un fourneau par la
violence du feu.
Verse ; manne qui contient environ 35 livres
pefant de charbon.
CHARBO N MINÉRAL. ( Art du )
H ARBON MINÉRAL; c’eft une fubftance
inflammable , compofée d’un mélange de terre ou
de pierre, de bitume & de foufre. Elle eft d’un noir
foncé, formée par un affemblage de feuillets ou de
lames minces , étroitement unies les uns aux autres ,
dont la confiftance, les propriétés, les effets & les
accidents, varient fuivantles différens endroits d’où
elle. eft tirée. Quand cette matière eft allumée,
elle conferve le feu plus long-temps & produit une
chaleur plus vive qu’aucune autre fubftance inflammable.
L’a&ion du feu la réduit ou en cendres ou
pn maffe poreufe & fpongieufe, qui reffemble à des
fcories ou à la pierre ponce.
On diftingue ordinairement deux efpèces de
charbon minéral. La première eft graffe, dure &
çompaâe ; fa couleur eft d’un noir luifant, comme
celle du jayet. 11 eft vrai qu’elle ne s’enflamme pas
trop aifément ; mais quand elle eft une fois allumée,
elle donne une flamme claire & brillante, accompagnée
d’une fumée fort épaiffe : c’eft la meilleure
-efpèce.
Les charbons de la deuxième efpèce font tendres,
friables, & fujets à fe décompofer à l’air. Ils s’allument
affez aifément, mais ils ne donnent qu’une
flamme paffagère & de peu de durée ; ils font inférieurs
à ceux de la première efpèce.
C’eft la différence qui fe trouve entre , ces deux
efpèces de charbons fondes, qui femble avoir donné
lieu à la diftin&ion que quelques auteurs font du
çharbon de terre & du charbon de pierre.
Les charbons fofïiles de la première efpèce , fe
trouvent profondément en terre, & ils contiennent
pne portion de bitume plus çonftdérable que ceux
de la fécondé ; en effet, ces derniers fe trouvent
plus près de la furface de la terre , ils font mêlés
& confondus avec elle & avec beaucoup de matières
étrangères, & leur lituatibn eft vraifemblablement
caufe qu’ils ont perdu la partie la plus fubtile du
bitume qui entre dans leur compofttion.
Les fentimens des Naturaliftes font partagés fur la
formation & fur la nature du charbon minéral, aufli
bien que fur celle du fuccin & du jayet. Il y en a
qui croient que Dieu les a créés dès le. commencement
, comme toutes les autres fubftançes minérales;
d’autres veulent qu’ils n’aient pris la forme que nous
y remarquons que par la fuite des temps, & fur-
tout en conféquence du déluge univerfel. Ils croient
que le charbon minéral n’eft autre chofe que du bois
décompofé & changé en limon, qui a été imprégné
de' parties vitrioliques & fulfureufes.
Scheuchzer, fans avoir recours au déluge univerfel
pour expliquer la formation du charbon dt
terre, ne le regarde que comme un affemblage de
limon, de bitume, de pétrole, de foufre, de vitriol
& de bois, qui, après s’être mêlés, fe font durcis
avec le temps,. & n’ont plus formé qu’une feule &
même maffe.
11 y. a d’autres Naturaliftes qui regardent cette
fubftance , comme du bitume qui a été mêlé avec de
la terre qui a été cuite & durcie par l’aélion du feu
fo.uterrain.
Le fentiment de Wallerius, favant minéralogie
Suédois, eft que les charbons’fofîiles font produits
par- une huile de pétrole ou par du naphte, qui»
après-s’être joint avec de la marne ou du limon *
fe font durcis par la fuite des temps, & ont forme
des couches de charbon après qu’une vapeur fulfu-
r reufe paffagère, eft venue à s’y joindre.^
Quoi qu’il en foit de tous ces fentimens, il paroît
très-probable qu’on doit attribuer au charbon minéral,
ainfi qu’aux différens bitumes, au jayet & au fuccin,
une origine végétale ; & il femble qu’en rapprochant
toutes les circonftances, on ne trouvera rien de
f plus plaufiblè que ce fentiment. Les veines &
couches de charbon minéral, font ordinairement-
1 couvertes d’une efpèce de pierres feuilletées &
écailleufes, femblables à l’ardoife, fur lefquelles on
trouve très'-fouvent des empreintes de plantes des
forêts, & fur-tout de fougère & de capillaire, dont
les analogues ne font point de notre continent :
c’eft ce qu’on peut voir dans l’excellent mémoire
que M. de Juffieu a donné fur les empreintes qui
fe trouvent dans certaines pierres des environs de
Saint-Chaumont en Lyonnois. Mém. deVAcad.roy.
des Sciences, année ifiS.
Il arrive très-fouvent qu’on remarque une texture
parfaitement femblable à celle des couches ligneufes
dans les feuilles ou lames dont le charbon minéral
eft compofé ; & Stedler rapporte qu’on a trouvé en
Franconie, près de Grunsbourg, une efpèce de
charbon de terre qui étoit compofé de fibres ou de
filamens parallèles les uns aux autres, comme ceux
du bois : le même auteur ajoute que quand on caffoit
ce charbon , l’endroit de la fraâure étoit luifant
comme de la poix. Un autre auteur dit qu’au duché
de Wirtemberg, près du couvent de Lorch, dans
des lits d’argile vitriolique & grife, on a trouvé du
charbon foflile, qui, par l’arrangement de fes fibres,
prouve qu’il doit fon origine à du bois de hêtre.
Mais ce qui prouve d’une manière plus convaincante
que c eft à du bois que le charbon de terre doit
fon ôrigine, c’eft le bois foflile qui a été trouvé depuis
quelques années en Allemagne, dans le comté
de Naffau : il eft arrangé dans la terre, & y forme
une couche qui a la même direction que celle du
charbon minéral, c’eft-à-dire, qui eft incliné à l’horizon.
A la furface de la terre, on rencontre un vrai
bois réfineux affez femblable à celui du gayac, &
qui n’eft certainement point de notre continent : plus
on enfonce en terre, plus on trouve ce bois décompofé
, c’eft-à-dire , friable , feuilleté &. d’une
confiftance terreufe: enfin, en fouillant plus bas encore,
on trouve un vrai charbon minéral.
Il y a donc tout lieu de croire que, par des révolutions
arrivées à notre globe dans les temps les plus recules,
des forêts entières de bois réfineux ont été englouties
& enfevelies dans le fein de la terre, ou peu
a peu & au bout de plufieurs fiècles, le bois , ' après
avoir fouffert une décompofition,s’eftou changé en un
union ou en une pierre, qui ont été pénétrées par
la matière .réfineufe que le bois lui-même contenoit
avant fa décompofition.
. Mais ce qui femble refoudre laqueftion, & difliper
jufqua l’ombre du doute à cet égard, c’eft la découverte
qu’on fit en 1761, près de Lons-le Saunier,
d une forte de mine de bois fofîiles très-abondante,.
dontM.Ruffey, favant académicien.de Dijon, nous
a donné la defeription. P rem. vol. de l ’Académ. de
Dijon, //dp.
Ce bois fe rapproche beaucoup de la nature des
charbons de pierre. On le trouve à trois pieds de
la furface de la terre dans l’étendue de deux lieues ,
en tirant du côté de la Breffe, & l’épaiffeur de la
couche eft de trois à quatre pieds. Les veines de
cette efpèce de charbon paroiffent autant de piles
de bois placées, tant fur le penchant des collines
que dans la plaine ; & l’on reconnoît encore facile-'
ment les efpèces de ce bois, qui font du chêne, du.
charme, du hêtre & du tremble, efpèces qui font
les feules qui croiffent dans ce canton de la Franche-
Comté.
Une partie de ce bois eft façonnée en] régale, une
autre en bois de corde, & une autre en fagotage.
Chaque forte eft rangée féparément ; toutes les bûches
ont confervé leurs formes ; leur écorce paroît encore ;
on diftingue facilement les cercles de la fève, ôc
jufqu’aux coups de hache donnés pour façonner les
bûches.
La quantité de ce bois eft très-confidérable. Le
charbon dans lequel le bois eft changé , eft excellent
pour fouder le fer.
M. de Ruffey attribue cet amas de bois abandonnés
, à la ceffation du travail des falines de
Montmorot , qui fourniffoient avant le huitième
fiècle tout le fel néceftaire à la province : on a recommencé
à les exploiter depuis quelques années.
Le poids des piles aura affaiffé le terrain, en même
temps que les couches latérales fe feront multipliées
par l’addition des terres que les pluies & les orages
auront fait defeendre des montagnes. L’huile de ces
végétaux, combinée par une digeftion lente avec
leurs parties terreufes &. les acides minéraux , fe fera
convertie en bitume folide : une fucceffion de temps
plus longue aura fait difparoître probablement les
lignes auxquels on reconnoît que ce foflile a été
bois. On trouve du charbon minéral dans prefqué
toutes les parties de l’Europe, & fur-tout en Angleterre
; ceux qui fe tirent aux environs de Newcaftle
font les plus eftimés; aufli fojit - ils une branche
très-confidérable du commerce de la Grande-Bretagne.
Il y en a des mines très-abondantes en Eçoffe,
où l’on en trouve entre autres une efpèce qui a affez
de confiftance pour prendre le poli à un certain
point. Les Anglois le nomment cannel coal. On en
fait des boîtes, des tabatières, des boutons ,-&c*
La Suède l’Allemagne n’en manquent point, non
plus que la France, où il s’en trouve une très-grande
quantité de la meilleure efpèce. Il y en a des mines
en Auvergne , en Normandie , en Hainault , en
Lorraine , dans le Forez & dans le Lyonnois.
Les mines de charbon fe rencontrent ordinairement
dans des pays montueux & inégaux : on a
pour les reconnoître des figues qui leur font communs
avec les autres efpèces de mines métalliques ; mais
ce qui les çara&érife plus particulièrement * c’eft
H