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blable opération, & l’on pafferoît le tout enfembla
fous la preffe.
Quant à la manière de gaujfrer le carton avec les
'moules de corne, l’on fait graver de relief ou plutôt
cifeler le deffin le plus proprement qu’il eft poffible :
ayant amolli la corne, on tire avèc cette corne le
creux du deffin qu’on a fait cifeler, donnant environ
demi-pouce d’épaiffeur à ces moules ; puis aux
quatre coins l’on met à force des pointes de laiton ou
de fër, que l’on rive par défions, comme il eft représenté
fig. p, pour fervir de repaires ou de guides à
tenir enrefpeft le carton que l’on voudra gaufrer. Cela
fait, le carton doré ou argenté, coupé & préparé de
la grandeur un peu excédente du moule, on le place
de manière que les pointes du moule le fixent en le
traverfant ; l’endroit eft tourné furie moule, & tout de
fuite avec la dent pointue, emmanchée à pouvoir
être commodément remuée, l'on frotte fermement'
le carton par-tout, appuyant & repaffant fouvent la
dent où l’on voit que le carton fléchit & entre dans
les creux du moule; après quoi on le retire d’entre
les pointes. Si par hafard l’on remarque quelques en-
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droits de la gaujfmre marqués ou peu marqués, ou
replace le carton dans les pointes aux endroits déjà
troués , on le refrotte où il eft néceffaire, on le retire,
& l’on en poulTe un autre fi l’on vent. C’eft
ainfi communément que fe font les couvertures d’almanachs
de carton doré & argenté, qui fe vendent à
Paris, que l’on enjolive j qu’on découpe, & auxquels
on donne des fonds de couleur :fi on les a gaufrés en
blanc , on peut les peindre à volonté , ôc les vernir
enfuite. Pour faire quelque chofe de plus riche,
j’avôis imaginé des couvertures dont le fondjétoit de
velours. Voici comment je les exécutois : j’avois un fer
de relief de même forme que les maffes du deffin des
gauffrures de carton découpé dont je me fervois ; .je
faifois chauffer ce fer aflez pour qu’en le pofant fur le
velours que j’avois collé auparavant avec delà gomme
ou colle-forte fur un carton mincé, je brûlaffe
tout le poil du velours qu’il touchoit ; de forte qu’il
m’étoit facile enfuite de placer deffus ma couverture
de carton doré, argenté & découpé -, & d’y faire
entrer & pour ainfi dire incrufter le deffin. L’effet
en étoit très-joli.
C H A I N E T I E R. ( Art du )
H A IN E T IE R ; ouvrier qui fait faire des
chaînes, & qui a acquis le droit de les vendre.
Les chaînes ne font pas les feuls ouvrages des
Chaînetiers; ils 'font encore, en concurrence avec
les épingliers, des hameçons , des couvres-poêles,
des fouricîères , des inftrumens de pénitence, &
toutes fortes de tiffus de fil de fer & de laiton.
Leur communauté étoit autrefois nombreufes ; elle
avoit des ftatuts avant Charles IX. Ils s’appelloient,
fous le règne de ce prince, Haubergeniers, du haubert
ou de la cotte de mailles, armure très-ufitée
en France autrefois , & qui étoit faite de l’aflem-
blage de plufieurs petites chaînettes-entrelacées les
unes dans les autres. On les nommoit auffi Trefiiers,
d’un ornement en fleurs de trèfle , placé au bas des
demi - ceints ; & demi - Ceintiers , de demi - ceints,
qui étoient des ceintures à pendans , que portaient
autrefois les femmes du peuple. 11 n’y a plus de
chef - d’oeuvre parmi eux ; le confentement des
maîtres fuffit à un afpirant pour être reçu , préfenté
au procureur du roi du châtelet, & muni de lettres.
Il ne leur refte de leur difeipline ancienne, qui con-
fiftoit en une éle&ion annuelle de quatre jurés, un
apprentiffage de quatre années, un chef-d’oeuvre,
le droit de lotiffage dans les affaires communes
avec les maîtres épingliers, & celui de quinze fous
par. botte de fil de fer entrant dans Paris ; que
l’éle&ion <fun juré de deux en deux ans , qui préfente
l’afpirant au procureur du roi du châtelet ,
quand il s’agit d’obtenir des lettres de maîtrife..
Ç ’étoit aux maîtres chaînetiers à qui il appartenoit
de travailler les chaînes & de les vendre ;
mais les orfèvres, metteurs en oeuvre, joailliers,
épingliers & autres , fe font arrbgé le droit d’en
faire ; & la communauté dès chaînetiers , près de
s’éteindre , a été unie à celle dei épingliers par
lettres-patentes du 2 1 feptembre 1 7 6 2 , enregiftrées
au parlement le 21 août 1 7 6 4 . Depuis , par lettres-
patentes du mois d’août 1 7 7 6 , enregiftrées au parlement
le 2 3 août 1 7 7 6 » les chaînetiers , fans être
même nommés , font confondus dans la même communauté
des férailleurs-cloutiêrs-épingliers.
CHAINE ; c’eft unaffemblage de plufieurs pièces
de métal appelées chaînons ou anneaux , engagés les
uns dans les autres , de manière que l’affemblage
entier en eft; flexible dans toute fa longueur, comme*
une corde dont il a les mêmes ufages en plufieurs
occafions, & quelles chaînons qui en forment les
différentes parties, ne peuvent fe féparer que par
la rupture. On fait de ces affemblàges de chaînons,
appelés chaînes , avec l’or , l’argent , l’étain , le
cuivre, &c. On fait plufieurs fortes de chaînes ; il y
en a de ronds, de plats, de carrés, de doubles, de
fimples , &c. Les chaînes prennent différens noms ,
félon les différens ufages auxquels on les emploie*
L’art de faire des chaînes eft allez peu de choie
en lui - même ; mais il fuppofe d’autres arts très-
importans , tels que celui de tirer des métaux en
fils ronds de toute forte, de grofleur. Nous n’exph-
querons pas la manière de fabriquer toutes fortes de
chaînes ; nous en allons feulement parcourir quelques
efpèces, d’après lefquelles on pourra juger du
C H A
travail & du tiffu des autres , & en fabriquer de
toutes les formes.
Entre les différentes efpèces de chaînes , une des
principales & des plus anciennes eft celle qu’on
appelle chaîne à la Catalogne ; elle eft compofée de
différens anneaux ronds ou elliptiques , enfermés
les uns dans les autres , de manière que chaque
anneau en enferme deux , dont les plans font nécessairement
perpendiculaires au fien , fi l’on prend
la portion de chaîne compofée de trois anneaux , &
qu’on la laiffe pendre librement. Ces anneaux font
foudés y & paroiffent d’une feule pièce : ce font
eux qui conftituent la grofleur de la chaîne. On les
appelle mailles ou maillons. On fait ces chaînes plus
ou moins groffes, félon l’ufage auquel on les deftine.
Si les maillons font ronds, la chaîne s’appelle chaîne
à la Catalogne ronde ; s’ils font elliptiques , elle
s’appelle chaîne à la Catalogne. Voyez planche du
chaînetiery fig. 1 & 2.
La chaîne qu’on nomme à la Catalogne, abeaucoup
de rapport aux chaînes à quatre faces , dont les
anneaux font foudés ayant que d’être paffés les uns
dans les autres.
Une autre forte de chaîne compofée auffi d’anneaux
foudés , & dont on s’eft beaucoup fervi
autrefois pour fufpendre les clés des montres à la
boîte, eft un .tiffu auquel on a donné le nom de
chaîne carrée. Les anneaux de cette chaîne ne font
point enlacés les uns dans les autres avant que d’être
loudés> : on commencé par leé former d’une figure
elliptique ; on les ploie en deux ; & dans l’anfe que
fait un anneau ployé en cet état, on en fait paffer un
autre ployé de même, dans ce fécond un troifième,
& ainfi de fuitè, jufqu’à ce qu’on ait donné à la
chaîne la longueur qu’on defire. Voyez même planche y
figure j . ' - .■ ,
On fabrique de cette manière des chaînes à fix &
à huit faces, qu’on appelle cordons, à caufe de leur
rondeur, par laquelle elles ne diffèrent guère d’une
corde : celles qui ont moins de faces , prennent
leurs noms du nombre de leurs faces ; ainfi il y a des
chaînes à trois faces, d’autres à quatre, à cinq, &c.
Il y a des chaînes en S de plufieurs fortes &
grandeurs : les plus fimples font compofées d\S ,
dont les deux bouclettes font dans le même plan.
Après avoir formé, foit au marteau, foit avec la
pince , félon la grofleur de la chaîne , un grand
nombre d’S , on paffe la bouclette de l’une dans
l’autre ; puis avec la pince plate ou le marteau , on
ferme cette bouclette : on paffe la bouclette d’une
fécondé dans une troifième , celle d’une troifième
dans une quatrième , ainfi de fuite ; & on a une
chaîne d’$ toutes attachées les unes aux autres , de
nianière que le plan d’une S quelconque eft perpendiculaire
au plan des deux 5 qui lui font attachées
& contiguës, & ainfi alternativement : ce qui a fait
donner à cette chaîne le nom de chaînes à S plates.
voyez même planche y fig. 4.
Une autre efpèce de chaînes, appelée chaîne à
Quatre faces, ne diffère de cçlle que nous venons de
Ans 6* Métiers. Tome /, Partie II,
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décrire , qu’en ce que les deux bouclettes qui font
pratiquées à l’extrémité de chaque S , font dans des
plans perpendiculaires les uns aux autres ; au lieu
que dans la chaîne précédente les deux bouclettes
étoient dans le même plan. Fig. y.
On fait avec du fil de fer recuit, des chaînes qui
ont une très-grande force : pour cet effet, on ploie
avec la pince le même fil de fer plufieurs fois en
forme de 8 de chiffre , & on ficelle le milieu avec le
même fil de fer contourné plufieurs fois. On nomme
ces chaînes, chaînes en gerbes. Voyez la fig. 6. Pour
ployer le fil de fer en 8 avec plus de célérité , on a
un autre outil qu’on appelle fourchette ; ce font deux
pointes rondes fichées profondément Sc parallèlement
dans le bout d’un manche : il eft évident qu’en
fuppofant le fil' de fer placé entre ces deux pointes,
fi on meut le manche circulairement, le fil de fer
prendra néceffairement la forme d’un 8 , chaque
pointe fe trouvant enfermée dans chaque bouclette
du 8 , & le fil de fer fe croifant entre les deux pointes
a chaque tour du manche fur lui-même. Voy. fig 7,
la fourchette avec le fil de fer croifé en 8 fur les
pointes. A , le manche. B , C , les pointes. D , E,
le fil de fer» On voit encore qu’il faut paffer les
mailles les unes dans les autres à mefure qu’on les
fabrique.
Les chaînes à trois faces font de la même efpèce
que celles qu’on appelle chaînes à quatre faces y dont
elles ne diffèrent qu’en ce que les plans des bouclettes
de VS, au lieu d’être à angles droits , forment en-
femble un angle de 120 degrés ; d’où il s’enfuit que
la chaîne pourrait être inferite à un prifme triangulaire
; d’où lui vient fa dénomination de chaîne à
trois faces. Voyez la fig. 8.
Il y en a de cette dernière efpèce qu’on appelle à
bouts renfoncés ; ce font celles où les extrémités des
bouclettes font recourbées en crochets, de manière
que le bout de la bouslette d’en bas rentre dans la
bouclette d’en haut, & le bout de la bouclette d’en
haut rentre dans la bouclette d’en bas. Vo y. la fig. 9*
Cette chaîne a beaucoup de force.
La chaîne qu’on appelle catalogne double, doit fer
rapporter à l’efpèce des chaînes à quatre faces, compofées
d’anneaux foudés avant que d’être paffés les
uns dans les autres. Voyez la fig. 10.
On voit qu’il eft poffible de taire les maillons de
la fig-3 fi petits qu’on veut, & qu’on en formera
des chaînes très-délicates. L’invention de ce^ fortes
de chaînes qui fervent à pendre des montres, des
étuis d’or & d’autres bijoux, nous vient d’Angleterre
; ce qui les a fait nommer chaînes d'Angleterre*
Nos ouvriers font enfin parvenus à les imiter avec
beaucoup de fuccès. On les fabrique d’or , mais plus
fouvent de cuivre doré. Les maillons ont environ
trois lignes de longueur, fur une ligne de largeur;,
quand ils font repliés & paffés les uns dans les autres,
ils forment un tiffu fi ferré, qu’on les prendrait, non
pour de la toile , mais pour ces ornemens de broderie
qu’on pratique fur de la toile , & qu’on appelle
chaînette. Il y a jufqua quatre mille petits maillons