bombes. Les citoyens en voulurent donner le fpec-
tacle au duc de Clèves qui étoit venu chez eux ;
mais une bombe ayant enfoncé une maifon y mit le
feu , & fut la caufe d’un incendie qui brûla les deux
tiers de la ville. Le duc fe fervit de cette funefte invention
au fiège de Wùchtendonch quil entreprit
peu de temps après. Ce fut feulement au fiege de la
M otte, en 1634, qu’on vit le premier ufage des
bombes en France. ^
Nous donnerons dans l’explication des planches
ci-après, les procédés avec les exemples pour jeter
les bombes en moule & en fonte. Contentons-nous
jen ce moment de quelques obfervations generales. ^
La bombe qui eft jetée par un mortier de dix-huit
pouces quatre lignes de diamètre, qui contient douze
livres de poudre dans fa chambre concave en forme
de poire, appelée de la nouvelle invention, a dix-
fept pouces dix lignes de diamètre. Elle a deux pouces
d’épaiffeur par-tout , excepte au culot qui a deux
pouces dix lignes. Sa lumière a vingt lignes d ouverture
dehors, & dedans elle contient quarante-huit
livres de poudre, & pèfe fans fa charge quatre cents
quatre-vingt-dix livres & un peu plus. Elle a deux
anfes coulées auprès de la lumière.
Le mortier qui a douze pouces fix lignes de diamètre
, contient dans fa chambre 18 liv. de poudre.
Sa bombe a onze pouces huit lignes de diamètre ; un
pouce quatre lignes d’épaiffeur par-tout, hors le
culot qui a un pouce huit lignes ; fa lumière a feize
lignes d’ouverture par deffus & par dedans ; elle
contient quinze livres de poudre ; elfe' a deux anfes
coulées auprès de fa lumière , & elle pèfe fans fa
charge environ 130 livres.
Les bombes qui font jetées par des mortiers de
douze pouces , trois, quatre & jufqùà fix lignes de
diamètre, & qui ont dans leur chambre concaves'
douze & huit livres de poudre, ont les mêmes proportions
que la précédente.
C ’eft auffi la même chofé pour la bombe qui fért
au mortier ordinaire de douze pouces, qui contient
dans fa chambre cinq à fix livres de poudre.
La bombe jetée par un mortier de huit pouces
quatre lignes de diamètre, & qui porte une livre & .
1 de poudre dans fa chambre, a huit pouces-de diamètre,
dix lignes d’épaiffeur par-tout, hors le culot
qui en a treize. Sa lumière a-un pouce de diamètre
par deffus & par dedans. Elle contient quatre livres
de poudre : elle a des anfes de fer battu coulées
avec la bombe ; & elle pèfe, fans la charge, trente-
cinq livres.
La bombe jetée par un mortier de fix pouces j de
diamètre, qui porte dans fa chambre une livre &
un peu plus de poudre, a fix pouces de diamètre
huit lignes par-tout, hors par le culot où elle a onze
à douze lignes: fa lumière a dix lignes d’ouverture
par deffus & par dedans. Elle contient trois livres
& demie de poudre , & elle pèfe, fans fa charge,
2.0 livres ou environ. Ces fortes de bombes n ont
point d’anfes ordinairement.
dont la bombe eft chargée, c’eft-a-diré, loffqu’ots
n’emploie les bombes que pour.ruiner les édifices ,
fans vouloir y mettre le feu, ou pour tirer fur les
troupes ; car alors l’objet de la charge n’eft que de
faire creve.r la bombe; par conféquent il ne Faut que
la quantité de poudre néceffaire pour produire cet
effet. O r , fuivant ce qui eft rapporté dans le traité
des armes & machines en ufage à la guerre ’depuis
l’invention de la poudre, M. Belidor a.trouvé que
trois livres de poudre étoit tout ce qu’il falioit pour
faire crever les 'bombes de douze- pouces , & une livre
pour celle de huit; ce qui doit faire préfumer que
huit ou dix livres fuffir oient pour charger les bombes
de dix-huit pouces , au lieu de quarante-huit dont on
les charge ordinairement.
Il y a des cas où l’on peut diminuer la poudre
On coule une bombe au moyen d’un noyau de
terre fur lequel fe moule le métal formant l’épaiffeur
de la bombe, & remplaçant la terre douce qui étoit
entre le noyau & la chape. Cette terre douce fe
tire aifément, parce que la chape eft de deux pièces.
La chape eft faite de terre fort dure & recuite. Une
lance paffe au travers du noyau, & le fufpend en
l’air pour laiffer couler le métal entre le noyau &
la chape. Enfin, on coule la bombe par des ouvertures
où font placées les anfes. C ’eft ce que les
figures des planches ci-après rendront plus fenfible.
Pour qu’une bombe foit bien conditionnée, il faut
qu’elle foit de bonne fonte & d’une matière douce
éc liante pour éviter les foufflures , les çhambres &
les évents, enforte qu’elle foit à toute forte d’épreuve.
Elle doit être bien nette en dedans, & il
faut que le morceau de fer qui tient toujours ali
culot après la fonte, & que l’on appelle lance, fort
rompu*
La bombe doit être- encore bien coupée, bien
ébarbée par le dehors & bien ronde, avoir fa lumière
bien faine & les anfes entières, afin de la
pîaeer plus aifément dans le mortier.
Pour charger les bombes, il faut les emplir dù
poudre avec un èntonnoir , y mettre enfuite la füfée
qu’on frappe où enfonce dans la lumière de la bombe
avec un maillet de bois, & jamais dé fer crainte
d’accident.
G r e n a d e . La grenade eft une efpèce de petite
bombe du même diamètre ou calibre qu’un boulet
de quatre-livres, laquelle pèfe environ deux livres ,
& qui eft chargée dé quatre ou cinq onces de poudré.
Les grenades fe jettent avec la main par des fol-
dats nommés à cet effet grenadiers. Elles ont une lumière
comme là bombe ÿ & 1 une fufée de même
compofition. Le foldat met avec une mèche le feu
à-la fufée, & il jette la grenade dans lé lieu qui lui eft
indiqué. Lé feu prenant à la poudre de la grenade ,
fon effort la brife & la rompt en éclats- qui tuent
oueftropient ceux qui en font atteints. Le foldat ne
peut guère jeter des grenades qu’à la diftance de
quinze ou feize toifes au plus. Il y a d’autres grenades
qui ne fe jettent point à la main , majs qui fe roulent
dans les foffés & dans les autres endroits où l’on veut
en faire ufage ; ce font proprement dés efpèçes de
bombes qui ont de diamètre depuis trois poUces juf-
qu’à fix.
BOULET. Lé boulet eft une gtoffe balle de fer
'dont on charge le canon.
Il y a des boulets de tous les calibres. Ils fe mettent
dans le cânort fur la poudre , ou du moins fur lé
foutage ou le tampon dont on couvre la poudre,
Cé que l’on cherche dans les boulets , eft qu’ils
(oient bien ronds, bien ébarbés, & fans foufflures.
Bien ronds & bien ébarbés, afin qu’ils faffent leur
chemin droit dans la pièce, fans l’érafler ni l’écorcher.
Sans foufflures, afin qu’ils ne pirouettent point en
l’air, & que lèvent ne s’y engouffre point.
..Enfin, qu’ils foient du poids dont ils. doivent être ,
ces fortes de cavités étant quelquefois caufe que les
boulets pèfent moins que leur calibre ne porte; à quoi
il faut prendre garde. Il feroit à defirer que les boulets
ne fuffent pas de fer aigre , car alors en les remuant
ils fe caffent facilement.
Voici la différence qu’il y a entre le calibre des
pièces, & celui que doivent avoir les boulets defli-
nés pour y fervir : cette différence vient du vent
qü’il faut donner pour que les boulets puiffent avoir
plus de jeu dans la pièce.
Table du calibre des pièces & du diamètre des boulets.
Calibre des boulets, Diamètre & pieds des boulets
0 ne. pùuc. lig- fracl. '■ onc. polie. ligi fracl.
I 9
;i-S'
I 6 I 9
2 i i -f- 2 11 T*
3 1 1 T t 3 I 1
4 I 2 . “4" . 4 I 2 JT'
5 I 4 5 I 3 T .
6 I 4 -f- 6 I 4 ■ V
7 1 5 - -jy 7 I 5
8 I 6 H -f- ' • 8 I 6
10 I 8 Ü 10 I 7 3S
12 I 9 •■ ' , 12 I 8 . 7:
14 I 10 jjfej M 1 9 TJ
ih. poiic. tig. fracl. - livr pouc. lig< fracl.
Z 1 1 1 S 4- I I 10 ËÜm 2 2 $
19
î 2
2 . 2 4 TJ
3 3 9 IJ 3 2 8
4 3 1 fPÉ 4 3 0
5 3 4 ~6~ 5 3 2
6 3 6 6 3 5 TJ
1 $ 8 ir 7 3 7 T-
8 3 11 8 1 9 3S
„ 9 4 T 9 3 11 •Tg
ÏO 4 2 2 i° 4 0 Tf 1Z 4 4 ii 4 2 TJ
1 i 4 5 12 4 3 1 5 - id
§P 4 7 "ÏJ 1 3 4 5
14 4 8 916 14 ' 4 6 s
m 4 9 Y P 4 7 10 4 1 1 ' -T
V- 1 6 4 9 "T"' *7 5 TJ m 4 1 0
18 3 X 9
- 16 18 4 i i T"
liv. P hUC. itg.- fmS, Un, -polie. lïg. fracl.
"9 5 2 , »9 ,
9 | 5 O -r
20 5 3 2p., 5 I br
21 5 4 _3_ 21 5 2 ■ %.
22 5 5 1 I 22 5 3 br
n m 6 ..>3
. ;i 6 23 5 4 ■ m
24 5 .7 -1- 24 i 5 \ -JT
25 5 8 25 5 6 TT
26. 5 9 26, 5 7 - f
B a 5 JO Y . . *7 . î . ‘ .8 . . IJ
28 5 11 7T . 28 5 8
*9 6 . ~6~ 5 9 ~T
30 6 1 TT 3 9 5 10 Y
m 6 , 1 i l 5 1 I r a 5 11 ■ ~
3l - 6' 2 . 3 2 6 0 33 <5 TT
3 -Ijt . 33 ,6 0 î ‘ i3l 72..
34. 6 4 34 6 1 . ~b
35 6 4 35 6 ; 2
6 5 3
Z6, '■ TT I , 3.â 6 2 37 1 6 6 37 6 T%
38 1 3 6 TJ 38 6 4 37 «
39 6 7 JT ‘ 39; 6 S
40 6 8 . .JT . 40 6 5 .. TÏ
4» 6 9 41 6 . 6 JT
42 6 9 42 ' 6 6
43 . 6 10 4- ' 43 6 I 7 , 4 -
44 6 10 HggH ■ Y- 44 6 8 - : TT
45 ' '6, 11 16 6 8
46 7 0 ;-4 ■ 45 .. 4<S 6 ^ 9 i‘t 61
47. . 7 0 . 3T 47 6 * 9 TT
48 7“ 1 48 6 10 ■ 3~
M s .
49 1 / 1 , 12. . 49 6 10 14
m
5° 7 2 TJ ■ Ü , 6 11 9
1 6'
55 B 5 -b m 7 2 T J
60. 7 7 29
' 3 3- M 60 7 4 3
64 7 10 64 : 7 6 -JIl
eft rare fans doute de rencontrer bien jufteles
proportions donton vient deparler , parce que la pièce
fera, quelquefois trop évafée , ou le boulet ne fera
pas rond, ou l’inftrument dont on fe fervira ne fera
point fait dans toute la régularité qui eft à defirer,
ou l’officier n’aura pas toute l’intelligence néceffaire
pour prendre fes mefures ; enfin , deux officiers fou-
vent calibreront la même pièce différemment; mais
tout cela riedoit pas occafionner une différence con-
fidérable.
Il y a des Boulets auxquels on- donne des noms
particuliers;. & quoique la plupart ne foient plus
d’ufage, il èft à propos de les faire au moins con-
noître. .
Boulets creux. On nomme ainfi certaines boîtes
de fer longues , dont le diamètre eft du calibre d’uné
pièce telle que l’on veut , & longues de deux calibres
& demi ou environ. Ges boites font véritablement
creufes , & renferment de l’artifice & des
balles de plomb , des clous & de la mitraille de fer.
On faifoit entrer dans ces boîtes, par le bout qui
toucboit à la poudre dans l’ame de la pièce, uné
fufée de cuivre entrant avis dans un écrou, chargée