
que d’ailleurs elles rifquent moins de crever que les
jets, qui y font fujets lorfqu’ils font gros.
Si vous voulez avoir un foleil qui tourne & qui
paroiffe courir en ligne droite fur Veau , placez un foleil
tournant, tel que nous l’avons décrit ci-devant ,
entre deux roues de carton, fur un effieu de bois
qui foit carré , ainfi que les trous faits pour le recevoir
, afin que le tout foit bien fixe fur l’effieu.
Çes roues feront formées chacune avec deux
Son effet eft de décrire un cercle de feu autour da
baril '5 & le foleil quelle emporte décrira auffi- le
fren tout en tournant fur lui-même?
ronds de carton ; & quelques morceaux de bois
collés de colle forte , entre deux , en régleront
l’épaiffeur, en les tenant dans l’écartement necef-
faire ; ils ferviront auflï à les foutenir, & a donner
du corps à la roue. On les fermera avec une bande
de carton collée deflus , & enduite de fuif. Ces *
roues feront affez hautes pour que le foleil ne touche
point l’eau , & allez larges pour quelles fe fou-
tiennent deflus. Elles toucheront immédiatement le
foleil , & feront retenues dans cette fituation par
une clavette de chaque côté , qui traverfera l’effieu ,
enforte que ces trois pièces , ainfi jointes , n’en
faffent plus qu’une.
Cette machine étant pofée fur l’eau , on la verra
tourner & avancer en ligne droite, dès qu’on y aura
mis le feu. Si l’on veut rendre fa direction en ligne
droite plus certaine, on n’a qu’à tailler le rond de
carton du côté extérieur de chaque roue, plus grand
que l’oppofé , enforte qu’il déborde la bande de
quelques pouces. Cette partie , qui entrera dans
l ’eau , empêchera la machine de fe détourner, par
3a réfiflance même qu’elle éprouvera.
Voici le moyen de former un foleil tournant
autour d'un centre dont il paroît détaché.
Prenez un baril de trompes préparé pour l’eau ;
attachez fur le bord de fon extrémité fupérieure un
cube de bois percé d’un trou ; placez & fixez dans
ce trou le bout d’une barre de fapin ; attachez fur
cette barre , à un pied de diftance ou environ de fon
‘extrémité oppofée , une fufée volante non garnie,
qui la croife:; placez enfuite une roue de carton ,
faite comme celle de l’efpèce précédente , fur la
barre qui doit être arrondie dans cette partie, afin
que la roue foit mobile deflus ; puis fur l’extrémité
de la barre qui doit être réduite à fept lignes de
■ diamètre dans la longueur de trois à quatre pouces,
on place un foleil tournant qui fera pareillement
mobile deflus.
La roue & le foleil feront retenus par des clavettes
fur la partie de la, barre où ils doivent tourner :
cette roue fert à foutenir au deflus de l’eau le foleil
& la fufée , tandis qu’ils tournent autour du centre.
Placez une étoupille fur la gorge de la fufée , qui
communiquera- au foleil tournant, pour que le feu
s’y porte en même temps. La fufée , un peu avant
de finir, donnera feu au baril par une étoupille de
communication, qui fera couchée dans une rainure
faite fur la barre, &. couverte de papier collé.
La fiifée étant le mobile qui fait tourner cette
machine , cm doit la proportionner à la groffeur des
pièces qui la compofent, ôc à la longueur de la barre.
On fent que ces artifices d’eau peuvent être variés
à l’infini. On peut par exemple arranger une machine
en forme de pyramide , & la pofer fur une efpèce
de petit bateau o&ogone , dont les bords font peu
élevés. On met le feu à un endroit, d où il fe communique
fucceffivement à toutes les parties corn-
pofées de jets , lances, nappes , pots a feu d air,
pots à aigrettes , garnis de genouillères, &c. On
laiffera flotter cette machine au gré de l’eau.
Pour une autre machine , prenez une caiffe oélo-
gone j plus large en haut qu’en bas , & fermée par
un chapiteau j vous la garnirez en dedans d un rang
de pots à feu , au milieu defquels vous placerez ,
fur une grille, trois douzaines de doubles-marquifes«
Cette caiffe d'artifice fera foutenue fur 1 eau par une
bordure de planches oétogones , qui 1 entoure au
défaut de fa partie la plus groffe. Cette bordure,1
ainfi que le chapiteau , feront garnis de jets en forme
de pyramide , ôc donneront feu, en finiffant, a la
caiffe. ^ r
Il y a une pièce d’artifice nommée la machine
fpirale. C’eft un cône formé par fix légers liteaux de
fapin de cinq pieds de longueur , cloues d un bout
fur une rotule de bois de trois pouces de diamètre,
& de l’autre , fur un cerclé de bois de deux pieds
de diamètre ; le milieu de leur longueur eft foutenu
par un fécond cercle, fur lequel on les cloue auffi.
On contourne en fpirale fur ce cône , une bande
de bois bien mince & bien flexible, depuis le haut
jufqu’en bas, & on la cloue fur les liteaux. On garnit
cette - machine , en fuivant les révolutions de la
fpirale avec de petites lances que l’on attache deflus,
& l’on finit par attacher fur le .cercle d’en bas,
douze fufées de foleil tournant, pour former quatre
reprifes de trois fufées chacune, qui partent à-laffois.
Voyez fig. 96. '
On place cette machine au milieu d’une jatte, fur
une verge de fer qui eft le pivot fur lequel elle
tourne, recevant fon mouvement des fufées attachées
fur le cercle d’en bas ; la première de ces
fufées donne feu à toutes les lances, par une étois*
pille qui y communique.
Hanzelet, qui a donné un Traité des feux d’artifice,
indique cette compofition,, qui, dit-il, s'allume
avec de Veau.
Prenez trois livres d’huile de lin , une livre d’huile
de brique , autant d’huile de jaune d’oeuf, huit livres
de chaux vive récente ; mêlez ces matières ; jetez
deflus un peu d’eau , elles s’enflammeront. Cette
inflammation eft due à la chaux vive qui s’échauffe
avec de l’eau ; & toute autre huile ou effence fpiri-
tueufe, que celles, mentionnées ci-deflus, s’enflam-
meroit également.
Le meme donne le procédé d’une pierre qui s'allume
avec de l'eau. Prenez de -la chaux vive récente,
de la tuthie non préparée, du falpêtre en roche,
de chacun une partie; réduifez le tout en poudre?
pour le mettre dans un fachet rond de toile neuve ;
placez-le entre deux creufets , parmi de la chaux
vive en poudre.; les creufets étant bien liés-avec
du fil de fer recuit, il faut encore les luter^k. les
mettre au four à chaux/Cette mixtion s’y convertit
en une pierre qui s’allume lorfqu’on l’humefte avec
de l’eau.
Manière de tenir les artifices à fleur d'eau.
On a vu que la plupart des artifices pour l’eau
doivent y être enfoncés jufqu’à leur orifice , fans y
être fubmergés, afin que leur gorge foit hors de
l’eau , &. que le refte y foit caché fans couler à
fond.
Comme les matières combuftibles dont on rem- !
plit un cartouche, font plus légères qù’un égal volume
d’eau, les artifices qu’on y jette, flottent communément
trop au-déffus ; c’eft pourquoi' il faut leur
ajouter un poids qui augmente leur pefanteur au point
de la rendre prefque égale à celle de l’eau. La pefanteur
de ce poids peut être trouvée en tâtonnant,
c’eft-à-dire , en effayant dans un feau ou dans un
tonneau plein d’eau, à quelle profondeur un poids
pris au hafard peut le faire enfoncer , pour y en
ajouter un nouveau, fi le premier ne pèle point affez.
Rien n’eft plus commode pour cet effai qu’un petit
fac à mettre du fable, où l’on en ajoute & l’on en
retranche autant & fi peu que l’on veut. Ce moyen
eft le plus propre pour les artifices dont le contrepoids
eft ajouté extérieurement; mais fi l’on vouloit
le mettre intérieurement au fond du cartouche, avant
que de le remplir des matières combuftibles , il fau-
droit s’y prendre autrement.
Après avoir enduit le cartouche, il faut le remplir
d’un poids égal à celui dés matières qui doivent y
entrer , & le plonger dans un pot ou feau d’eau, plein
au raz de fes bords , pofé dans un baffin propre à
recevoir l’eau qui en tombera, lorfqu’on y plongera
l’artifice jufqu’à la gorge ou à l’orifice de l’amorce.
Cette immerfion fera fortir du vafe une' certaine
quantité d’eau qui retombera dans le baffin préparé
pour la recevoir , laquelle fera égale au volume de
l’artifice. ■
On pèfera cette eau ; la différence de fon poids
avec celle du cartouche & des matières qu’il doit
contenir , donnera le poids qu’il faut y ajouter pour
le tenir enfoncé à fleur d’eau, de manière qu’il refte
a flot fans s’enfoncer davantage. On pefera autant
de fable qû’on mettra au fond du cartouche , avant
de commencer à le remplir de matières combuftibles,
qui doivent achever la pefanteur requifè.
Nous avons dit que toutes les matières des artifices
deftinés pour brûler dans l’air à lê c , peuvent être
employées de même fur l’eau , par le moyen des
enduits dont on couvre les cartouches aquatiques
pour les rendre impénétrables à.l'eau. On peut donc
y faire une illumination de. lances à feu, & de tous
les autres artifices qu’on emploie fur les théâtres* en
les âffujettiffant à quelque arrangement, par des tringles
ou fils- de fer cachés dans l’eau : on fait cependant
des artifices exprès pour l’eau , qui diffèrent entre
eux , fuivant l’effet qu’on veut qu’ils produifent. Les
premiers font ces efpèces de fanaux que Semionowitz
appelle globes aquatiques, parce qu’il les faifoit en
forme de globes, quoique cette figuré foit affez arbitraire
, & qu’elle n’ait d’autre avantage fur la cylindrique,
qui eft la plus ordinaire , que celui.de flotter
plus facilement, êt de ne pouvoir fe renverfer ; mais
auffi la figure de leurs cartouches eft plus difficile à
conftruire , & leur feu n’eft pas fi égal du commencement
à la fin ; d’ailleurs les cylindriques étant bien
leftés , peuvent auffi balancer fans fe renverfer. Voici
la conftru&ion de ces globes aquatiques à l’ancienne
mode. ; ‘.; ■ ''' ■ ;
On fait fairepar un tourneur une boule creufe ,
dont l’épaiffeur eft de la neuvième partie de fon diamètre
extérieur. Pour couvrir le trou qui a fervi à
vider le globe , on fait une pièce en forme d’écuelle ,
propre à s’adapter au refte , laquelle eft percée au
miliéu d’un trou, auquel .on donne auffi un neuvième
du grand diamètre pour l’ouverture de la gorge. On
remplit le cartouche par fa grande ouverture, d’une
de ces çompofitions.faites pour brûler dans l’eau ; .&
après l’avoir bien foulée, on le couvre de la pièce
où eft le trou delà gorge par où on achève de remplir
le globe, après.l’avoir bien collée & clouée fur
la première ; enfin on l’amorce avec un peu de
poudre , comme tous les artifices. Il ne refte plus
qu’à couvrir le tout de l’enduit néceffaire, pour empêcher
que l’eau n’y pénètre, & à lui ajouter le contrepoids
de flottage , pour le faire enfoncer jufqu’à
l’amorce.
Un globe fait ainfi ne produit qu’un artifice qui
eft fixe ; mais fi l’on veut lui faire jeter des ferpen-
taux ou des fauciffons, àmefure qu’il brûle, il faut
qu’il foit d’un bois plus épais qu’on ne l’a dit, pour
pratiquer dans fon épaiffeur des trous de la grandeur
néceffaire , afin d’y faire entrer les gorges de ces artifices
poftiches qu’on y veut ajouter.
Ces trous, ne doivent être pouffés que jufqu’à environ
un. demi-pouce près dé la furface intérieure ,
où l’on eh fait un;fort petit qui pénètre jufqu’au
dedans du globe , pour fervir de portè-feu de communication
du dedans au dehors.
Si l’on veut faire tirer des coups , on y met des
fauciffons couverts de toile enduite de cire ou de
goudron. Il eft fenfible que la variation de pofition
de ces trous doit produire des effets différens, &
varier l’artifice.
Voici le procédé que donne l’Encyclopédie in-fol.
pour fe procurer un artifice hydraulique qui rende un
fon de gafouïllement. On fait creufer un cylindre de
bois , dont la hauteur eft d’un tiers plus grande que
fon diamètre, laiffant un fond d’une épaiffeur convenable.
On remplit ce cartouche d’une compofition faite
pour brûler dans l’eau ; on le couvre d’un couvercle