
une ouverture vers la pointe , dont les deux tiers
font occupés par une languette cylindrique quife termine
en pointe. Cette languette doit être dans le
même plan que l’aiguille qui eft plate : on attache
à l’extrémité de la languette un bout de la ficelle
dont on veut garnir l’aiguille. Cette ficelle , ainfi
attachée, eft conduite-dans la fourchette, & revient
par l’autre côté de l’aiguille embraffer la languette ;
elle retourne enfuite dans la fourchette, d’où elle
revient encore embraffer la languette, mais du côté
oppofé à ion premier tour ; ainfi de fuite jufqu’à ce
que l’aiguille en foit fuffifamment garnie.
Aiguille des piqueurs d’étuis , ôcc. eft une
efpèce de petit poinçon dont on fe fert pour ferrer
les pièces qu’on veut piquer : elle eft trop petite
pour être tenue entre les doigts ; c’eft pour cela
quelle eft montée fur une efpèce de manche ou
porte-aiguille. Si la matière à piquer eft dure , on
îupplée à l’aiguille par le foret ou le perçoir.
Aiguille a sellier. C ’eft une aiguille à quatre
carrés dont les felliers fe fervent pour coudre leurs
ouvrages ; on l’appelle aufli carrelet , à caufe de
fa figure qui eft carrée ; il y en a de groffes , de
moyennes ôc de fines, fuivant la délicateffe de l’ouvrage
auquel on veut les employer.
Aiguille de châsse des métiers a draps.
Morceau de fer ouvert d’un côté d’un pied de longueur
, & taraudé de l’autre de la même longueur,
lervant à foutenir la châffe ou le battant des métiers
de draps, à la hauffer ou baiffer, avancer ou rouler
félon le befoin. Les lames des châffes font inférées
dans l’ouverture de l’aiguille, & arrêtées avec deux
ou trois vis à écrou. La partie taraudée de l’aiguille
paffe dans une ouverture de la traverfe du métier
qui arrête le pied de devant ôc celui de derrière. Il y
a dans cette traverfe une ouverture de la longueur
d’un pied & de dix-huit lignes de largeur, & fur cette
traverfe font attachées deux tringles de fer dentelées,
de même longueur, ôcpofées chacune le long de
l’ouverture. Une pièce de fer, faite en couteau ôc
ouverte dans le milieu, reçoit par fon ouverture la
partie taraudée de l’aiguille ; eft pofée fur les deux
tringles appellées cramaillières , ôc forme avec l’aiguille
une efpèce de croix. Au deffus de la pièce eft
un écrou à oreilles , appellé le poulet, qui reçoit la
partie taraudée de l’aiguille. Le poulet fert à hauffer
ou baiffer la châffe; ôc la pièce de fer qui forme la
croix, ôc qui foutient la châffe , a encore la liberté
d’avancer ou reculer fur les cramaillières, ôc d’entraîner
avec elles la châffe qui avance ou recule en
même temps.
Aiguille a mèche. C ’eft, dans la fabrique des
chandelles moulées , un fil de fer long d’un pied ,
recourbé par un b ou t, & en anneau par l’autre
* bout. On le fait entrer dans le moule par l’ouverture
d’en haut, le crochet ou bout recourbé tourné
vers l’ouverture d’en bas ; on paffe dans le crochet
la boucle d’un noeud coulant qui tient à la mèche ,
Ôc qui par cette raifon s’appelle)?/ à mèche. En tirant
l ’aiguilie, on entraîne la mèche qui fuit le fil à mèche#
on attache le fil à mèche au culot du moule ; cela
fait, on prend l’autre extrémité de la mèche qui eft
reftée hors du moule, ôc qui excède l’ouverture
d’en bas : on la tire ferme avec les doigts, afin de
tenir la mèche droite , tendue, & au centre du
moule.
Les chandeliers ont encore une autre aiguille qu’ils
appellent aiguille à enfiler ; elle eft longue d’un pied
ou environ : ils s’en fervent pour mettre la chandelle
par livres : ils enfilent le nombre de chandelles
qui doit former ce poids ; puis avec un morceau de
f il, dont l’aiguille à enfiler eft garnie, ils attachent
enfemble ces chandelles. On appelle pennes , les
anneaux de fil qui font employés à cet ufage par les
chandeliers : ils les achètent des tifferands.
Aiguille a presser; efpèce de groffe aiguille
de fer, longue de quelques pouces , ôc triangulaire
par fa pointe. Les ouvriers en tapifferie s’en fervent
pour arranger, féparer ou preffer leurs foies, laines
ou coton , après qu’ils les ont placées entre les fils
de la chaîne, afin de former plus parfaitement les
contours du deffin. Il eft évident que fa pointe triangulaire
ôc fes angles rendent cette aiguille beaucoup
plus propre à ces ufages, que fi elle étoit ronde.
Aiguilles de chasse aux loups. On fe fervoit
autrefois d’aiguilles pour détruire les loups : on en
avoit deux, pointues par les deux bouts ; on les
mettoit en croix, Ôc on les attachoit l’une fur l’autre
avec un crin de cheval qui tendoit à les féparèr. On
les replioit avec effort pour les enfoncer' dans un
morceau de viande. On expofoit aux loups cette
viande ainfi préparée ; les loups avaloient les aiguilles
ôc la viande goulûment ; ôc quand la viande étoit
digérée, les aiguilles, reprenant leur première ftation
en vertu de l’effort du crin de cheval, revenoient
en croix, piquoient les inteftins , ôc faifoient crever,
ces animaux.
Aiguilles pour la chasse au sanglier, font
aufli des fils de fer ou lardons que les valets de chiens
pour fanglier doivent porter, pour panfer ôc recoudre
les chiens que les défenfes du fanglier auront
bleffés.
Aiguilles a tricotter. Ce font des fils de fer,
de laiton ou d’argent , longs , menus , polis &
arrondis par les bouts, qui fervent à' tricotter des
bas , des gants Ôc autres ouvrages de cette nature ,
en foie, f il, laine ou coton.
Aiguille d’ensuble. Les aiguilles d’enfuble ne
font autre chofe que des pointes d’aiguilles ordinaires
qu’on caffe pour l’ufage qui fuit.
Dans les manufa&ures d’ouvrages en foie, fi vous
appuyez votre main fur l’enfuble de devant des
métiers à velours cifelés ôc à petits velours, vous
vous fentirez piqué d’une multitude de petites pointes.
Ce font des bouts d’aiguilles caffées, qui font fichés
dans l’enfuble, la partie aiguë en haut. Ils font placés
fur quatre bandes différentes, & il y en a trois ran-
géés fur chaque bande. Us débordent au deffus de la
lurface de l’enfuble, d’une ligne ou environ. Leut
ufage eft d’arrêter les velours cifelés ôc les petit*
Velours à mefure qu’on les fabrique , & de contribuer
en même temps à la tenfion qui convient à la
chaîne. Mais on conçoit facilement que ces petites
pointes, paffant à travers l’étoffe , la percent d’une
infinité de trous , ôc que l’étoffe étant tendue ôc
tirée, ces petits trous font encore grandis par cette
aftion. Aufli l’ouvrage regardé au jour, au deffus
de l’enfuble, en paroît-il criblé : on conçoit encore
que ce doit être un inconvénient confidérable pour
des fabriquans qui fe piquent de mettre dans leurs
ouvrages la dernière perfeâion.
Aiguille'À brodeur. Les brodeurs ont trois
fortes d’aiguilles au moins ; les aiguilles à paffer, les
aiguilles à foie, & les aiguilles à frifure.
i° . Aiguille à pajfer. L’aiguille à paffer l’or ÔC
l’argent diffère de l’aiguille à coudre, en ce qu’elle
a le trou oblong ; au lieu que celle du tailleur,
ou à coudre, l’a carré. Comme il faut effiler l’or
pour enfiler cette aiguille, ôc que, quand l’or eft
effilé , il ne refte plus qu’une foie plate, il étoit
néceffaire que l’aiguille à paffer eût l’oeil oblong.
2°. Aiguille à foie. L ’aiguille à foie eft plus
menue que l’aiguille à paffer , ÔC fon oeil eft aufli
très-oblong.
3°. Aiguille à frifure. U aiguille à frifure, s’enfilant
d’une foie extrêmement fine, eft encore plus
petite que l’aiguille à foie, & a l’oeil encore plus
oblong : fon oeil eft une petite fente imperceptible.
Aiguille dè brodeur au tambour. L’aiguille
propre pour la broderie au tambour , eft
d’une groffeur moyenne, ôc échancrée dans l’épaif-
feur de l’aiguille près de la pointe, enforte qu’elle
forme un petit crochet dans lequel entre le fil de
foie, de laine ou de coton, qui paffe, fans obftacle,
de deffous l’étoffe en deffus , pour y former un point
à chenette. Cette forte d’aiguille fe loge dans un
petit manche, ôc y eft retenue par une vis fur le
côté ; au moyen de quoi on peut changer d’aiguilles
en fe fervant du même fupport.
Aiguille a enlever. \J aiguille à enlever s?en-
file de ficelle ou de fil , ôc a l’oeil rond comme
celle du tailleur.
Outre les noms que l’on vient de donner à ces
aiguilles , celle à enlever s’appelle encore aiguille à
lijière , ôc celle à frifure , aiguille à bouillon.
Aiguilles a faire le point. Les aiguilles à
faire le point font comme les aiguilles à paffer,.
mais extrêmement menues.
ferie font groffes, fortes , ôc ont l’oeil extrêmement
large Ôc oblong, fur-tout quand elles font à tapifferie
en laine.
Aiguilles de métier a bas ou de bonnetier.
Ces aiguilles font plates par un bout, aiguës
ôc recourbées par l’autre. La partie recourbée
£c aiguë trouve , quand on la preffe, une petite
châffe pratiquée dans le corps de l’aiguille , où elle
peut fe cacher. (V o y e z , planche d’aiguillier-bon-
netier,fig. 7, ) 1 eft la queue de l’aiguille, 2 fa tête,
3 fon bec, 4 ôc 5 fa châffe.
Voici la manière dont on fabrique cette aiguille:
on a du fil d’acier fort élaftique ôc fort doux ;
comme le fil d’acier vient des tréfileries en paquets
roulés, il s’agit d’abord de le redreffer. Pour cet
effet on le fait'paffer, à plufieurs reprifes, entre
des clous d’épingles plantés perpendiculairement,
ôc à la diftance convenable, fur une planche où
on les voit par rangées. La fig. 1 de la vignette,
ÔC une autre plus développée de la planche de
Vaiguillier-bonnetier, fig. 1 (bis) , eft l’engin qui fert
à dreffer le fil dont les aiguilles font faites. La
planche eft percée de deux trous 1 ÔC 2 à fes
extrémités, pour pouvoir être fixées par des vis,
3 , 4 , 3 , 4 , font les clous d’épingles fichés fur
la planche. 5 , 6 , eft le fil d’acier paffé entre ces
clous d’épingles.
Quand le fil d’acier eft redreffé , on le coupe
par morceaux de la longueur que doit avoir l’aiguille
; on prend chacun de ces morceaux, ôc on
les aiguife en pointe avec une lime rude ; ce qui
s’appelle ébaucher. On n’a que faire de dire que
cette pointe formera le bec de l’aiguille : c’eft le
travail de la fig. 2 de la vignette, ouvrière qui
lime la partie des tronçons qui doit former le bec
de l’aiguille ; elfe tient l’aiguille avec les pinces à
bride, repréfentées fig. 9.
La fig. 2 {bis') de la même planche, eft un couteau
à canelle, denté comme une fcie ; il fert à l’ouvrière
pour pratiquer une petite rainure dans la
pièce de bois fur laquelle elle lime les aiguilles.
On voit cette rainure au fommet de la pièce de
bois qui eft fixée au billot du perceur , figr 3 de la
vignette.
On prend l’aiguille ébauchée ; on a une efpèce
de gaufrier chaud ; on infère dans ce gaufrier le
bec de l’aiguille : cette manoeuvre, qu’on appelle
donner le recuit, détrempe l’aiguille, ôc la rend
moins caffante.
Quand elle eft recuite, on la perce à l’étau.
Voyez fig. 3 de la vignette.
L’étau dont on fe fert pour percer l’aiguille ,,
eft une machine très-ingénieufe : fa queue A , en
forme de pyramide, fig. 3 {bis), s’enfonce comme
celle d’un tas ou petite enclume d’o rfèvre, dans
un billot de bois. Son corps B a un rebord a a a
qui empêche l’étau d’enfoncer dans le billot. Ses
deux mâchoires laiffent entre elles une ouverture
carrée F , dans laquelle on place une pièce carrée
G. On doit remarquer à cette pièce carrée G ,
qui s’appelle bille, une rainure 1, 2, affez profonde ;
c’eft dans- cette rainure qu’eft reçue l’aiguille dont
on veut faire la châffe , ou qu’on veut forer.
Imaginez la bille G placée dans le carré F , fa
rainure tournée vers l’ouverture n ; tournez la
vis E , l’extrémité de cette vis appuiera fur fa bille,
la preffera latéralement, Ôc l’empêchera de for tir
par le côté qu’elle eft entrée. La bille ne pourra
non plus fortir par le côté du carré F , oppofé à
fon entrée, parce qu’on l’a fait un peu plus étroit ;
enforte que cette bille G entre en façon d e . coin