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fupprimé de fa forme d’écarriffage, pour lui donner
celle d’une courbe droite ou rampante, ou à deffein
de former des boffages aux poinçons des corbeaux,
aux poteaux des membrures, &c.
Bois apparent, eft celui qui, étant mis en oeuvre
dans les planchers, cloifons ou pans de bois, n’eft
point recouvert de plâtre.
Du bois félon fes qualités.
On appelle bois fain 8c net, celui qui n’a aucuns
noeuds vicieux , malandres , gales , fiftules, &c.
Bois vif, celui dont les arêtes font bien vives 8c
fans flache, & où il ne refte ni écorce, ni aubier.
Du bois félon fes défauts.
On appelle bois blanc , celui qui , tenant de la
nature de l’aubier, fe corrompt facilement.
Bois flache , eft celui dont les arêtes ne font pas
vives , 8c qui ne peut être écarri fans beaucoup de
déchet : les ^ouvriers appellent cantibay celui qui
n’a du flache que d’un côté.
Bois gauche ou deverfè, eft celui qui rt’eft pas droit
par rapport à fes angles 8c à fes côtés»
Bois bouge ou bombé, eft celui qui a du bombement
, ou qui courbe en quelque endroit.
Bois qui fe tourmente, eft celui qui fa dé jette ou fe
cauffine, lorfqu’il sèche plus d’un côté que de l’autre,
dans un endroit que dans un autre, fur-tout lorfqu’il
eft expofé au foleil ou à la pluie.
Bois noueux om nouailleux, eft celui qui a beaucoup
de noeuds, qui quelquefois font cafter les pièces lorf-
qu’elles font chargées de quelque fardeau, ou lorf-
qu’on les débite.
Bois tranché, eft celui dont les noeuds vicieux ou
les fils font obliques , & qui traverfant la pièce » la
coupent & l’empêchent de réfifter à la charge.
Bois roulé, eft celui dont les cernes font feparées,
6c qui ne faifant pas corps n’eft pas propre à débiter :
ce défaut arrive ordinairement , lorfque dans le
temps de la fève il a été battu par les vents.
Bois gelif, eft celui qui ayant été expofé à la gelée
ou aux ardeurs du foleil, eft rempli de fentes
& de gerçures.
Bois carié ou vicié, eft celui qui a des malandres,
gales ou noeuds pourris.
Bois vermoulu , eft celui qui eft piqué de vers.
Bois rouge, eft celui qui s’échauffe 8c qui eft fujet
h fe pourrir : ce bois eft encore rempli d’une infinité
de petites taches blanches , rouffes & noires ; ce qui
lui fait donner le nom de pouilleux par les ouvriers
de quelques provinces.
Bois mort en pied, eft un bois qui eft fans fubftance,
& qui n’eft bon qu’à brûler.
De la manière £ ècarrir les bois.
Il y a déUx manières d’écarrir les arbres : l’une en
fupprimant les doffes Haches B , fig. 2 pl. I , en les débitant
à la fcie ; & l’autre,en les charpentant d’un bout
a l’autre avec la coignée. La première^ beaucoup plus
prompte & plus facile , eft celle dont on fe lert le
plus fouvent ; d’ailleurs, ces quatre doffes B 9 fig* ?
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qui rêftent font encore très-propres à faire des plateformes
, madriers 8c autres planches , qui, dans
le dernier cas, font réduites en copeaux.
Lorfque l’on veut"écarrir les bois , il eft abfolu.
ment néceffaire de les tracer avant, en tirant géométriquement
toutes les lignes qüi doivent fervir de
divifions droites & régulières, que l’on fuit après
avec la fcie ou la coignée.
Pour y parvenir, ainfi que pour toutes les opérations
quelconques que l’on a à y faire, il faut commencer
d’abord par les mettre en chantier , c’eft-à-
dire , placer , par exemple, la pièce de bois A,
fig. 4 , planche 1 , que l’on veut travailler , fur deux
calles B ou autres pièces de bois carrées ou méplates
que l’on appelle chantier de bois, ce qiu la faifant
mieux porter la rend beaucoup plus folide : la raifon
eft premièrement, qu’il eft peu de terrain parfaitement
uni ; fecondement, qu’il eft auffi très-peu de
pièces de bois parfaitement droites : raifons pour
lefquelles il ne peut ainfi porter folidement ; car fi
on la pofoit Amplement à terre, elle pirouetteroit
8c tourneroit ça 8c là.au gré des outils ou autres inf-
trumens avec lefquels on opéreroit : de plus , étant
un peu élevée, on eft plus à fon aife pour les différentes
opérations que l’on veut y faire.
Cette pièce dè bois A , fig. 4 , ƒ, 8c 6planche 7,
étant en chantier , on en ôte d’abord l’écorce ; en-
fuite les deux extrémités C 8c D étant fciées bien
carrément, on y trace par chaque bout un carré de
la groffeur que la pièce de bois peut porter, en ob-
fervant qu’ils fe regardent &foient tous deux placés
bien jufte fur le même plan. La géométrie-pratique
enfeigne plufieurs manières à cet effet ; mais la plus
courte & la plus sûre eft d’abord de tracer par un
bout C un carré ; enfuîte , pour faire que celui qui
doit être placé à l’autre extrémité D foit fur le même
plan du précédent, il fuffit d’en avoir un côté E
fur le même plan d’un des côtés de celui de l’extrémité
C de la pièce , une règle F parallèle à un des
côtés du carre C déjà tracé , 8c placer enfuite par
l’autre bout une fécondé règle G parallèle à la première,
8c d’après cette dernière tirer une ligne E
parallèle pour former le côté E que nous cherchons ;
ce côté ainfi trouvé, il eft bien facile maintenant
d’achever le carré: les deux carrés ainfi tracés , il
faut tirer d’un bout à l’autre de la pièce de bois,
fig. $, des lignes qui correfpondent à leurs-côtés A &
B ; cette opération fe fait de deux manières.
La première, beaucoup plus prompte, plus facile
8c plus jufte que toutes les autres, & celle
que l’on emploie le plus fouvent, fur-tout lorfque
les pièces de bois font longues 8c mal faites, fe fait
ainfi : on frotte d’abord de noir ou de blanc de craie
un cordeau A 8c B , même figure, que l’on pofe le
long de la pièce, ajuftant les deux bouts A & B
fur l’extrémité des lignes qui forment les carrés ;
enfuite , prenant le cordeau par fon milieu C ,, on
le tend en l’élevant de bas en haut , 8c on le lâche
aufli-tôt ; ce cordeau retombant avec rapidité fur
la pièce de bois fur laquelle il pofe , fe dépouille.
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«fune partie du noir ou du blanc dont il étoit revêtu
, pour le communiquer à l’endroit où il eft
retombé , ce qui forme une ligne parfaitement
droite ; ce, que l’on réitère fur les quatre faces.
La fécondé , dont on ne fe fert prefque jamais,
à moins que les pièces de bois ne foient fort courtes,
eft de placer au lieu de cordeau une règle un peu
plus longue que la pièce de bois, dont les deux bouts
font auffi pofés fur l’extrémité des lignes des carrés,
enfuite avec une pierre de craie , ou mieux une
pierre noire, qui, parce quelle s’efface moins facilement
que les autres , eft celle dont on fe fert le
plus fouvent dans la charpenterie , on tire une ligne
d’un bout à l’autre de la pièce ; ce que l’on réitère
auffi fur les quatre faces.
Ges quatre lignes tirées , on refend la pièce, de
laquelle on retire les deux doffes D 8c E oppofées
l’une à l’autre.
Ceci fait,./?#. 6 ’ , on tire avec le cordeau fur les
deux côtés fcié&,,. de nouvelles lignes AB & C D
qui aboutiffent aux deux autres côtés de chacun des
carrés, &.on refend lamièce comme auparavant,
de laquelle on retire aum les deux autres doffes E &
Fj ce qui rend la pièce de bois carrée, de ronde
qu’elle étoit.
De la manière de débiter les bois.
La manière de débiter les bois, telle qu’on le voit
en d dans la vignette de la première planche, eft fort
fimple ; elle ne confifte qu’à arrêter bien folidement
la pièce de bois que l’on veut refendre, fur deux
forts tréteaux de bois d’affemblage, & à la feier en-
fuite avec la fcie à refendre. Nous allons donner la
defeription d’une ingénieufe machine à l’eau pour
débiter les bois.
Defeription cCun moulin à débiter les bois.
La planche XXI repréfente le plan 8c l’élévation
intérieure prife fur la longueur ; la planche XX II, le
plan fouterrain 8c l’élévation intérieure prife fur la
largeur d’un moulin exécuté en Hollande , propre à
débiter des pièces de bois. Cette machine pratiquée
dans un bâtiment couvert, partie dans la terre , 8c
partie hors de terre, eft compofée d’une roue<z mue
par un ruiffeau, au milieu de laquelle eft un grand
arbre b porté fur deux tourillons appuyés d’un côté
fur un mur c , 8c de l’autre fur un fupport d foutenu
de fommiers & de liens portant un rouet denté e, engrenant
dans deux lanternes ƒ 8c g ., dont la première
porte avec foi un treuil h porté fur deux tourillons
appuyés fur des fupports i 8c k foutenus de fommiers
8c de liens ayant un cordage/fervant à amener
les pièces de bois m fur des rouleaux ou traîneaux n.
Lorfque ces pièces m font amenées affez près de la
machine, on lève l’arc-boutant 0 ; 8c le fupport k
a charnière par en bas n’étant plus retenu, s’éloigne
auffitôt de fa place, 8c entraîne avec foi la lanterne ƒ,
qui n’engrenant plus dans le rouet e , ceffe de faire
tourner (on treuil h , 8c d’amener la pièce m. L’autre
lanterne g porte une maniyelle coudée p } qui ayant
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fes tourillons appuyés fur des fupports q , fert en
tournant à manoeuvrer par un tirant r attaché à la
traverfe inférieure d’un.châffis ƒ ,mouvant de haut en
bas dans deux couliffes t arrêtées à demeure fur une
pièce u attachée au plancher 8c à une autre fupé-
rieure v , plufieurs feies x attachées haut 8c bas aux
deux traverfes du châfiis, 8c s’étendant plus ou moins
par le fecours des vis y. La pièce de bois a que l’on
veut feier, arrêtée par fes deux extrémités avec des
liens b fur des traverfeé c, pofées à demeure fur un
châffis compofé d’entretoifes d 8c de longrines e ,
gliffant d’un bout à l’autre fur un châffis à couliffe f ;
les dents pratiquées au deffous des longrines e,
s’engrenant dans deux lanternes g montées fur un
arbre h, à l’extrémité duquel eft une petite roue
dentée i , qu’un échappemment k fait tourner d’une
dent à chaque vibration montante des feies x , font
avancer à’mefure fe pièce- de bois a , 8c le châffis d
fur lequel elle eft portée.
Des affemblages.
On appelle affemblage de charpente , l’union de
plufieurs pièces de bois enfemble. Il en eft de deux
fortes : les uns , que l’on appelle affemblages à tenojis
& mortaifes ; les autres , affemblages à queue d ’arôn de .
Les premiers fe divifent auffi en deux espèces : l’une,
qu’on appelle affemblage à tenon & mortaife, carré ou
droit ; 8c l’autre , affemblage à tenon & mortaife en
about. Les premiers fe font de deux manières différentes
;,la première, fig. 7 , pl. I I » en fupprimant
les deux tiers de l’épaiffeur de la pièce de bois par
fon extrémité a , qu’on appelle alors tenon, que l’on
nourrit-quelquefois au collet d’une petite mafîe de
bois b, fig. 9 on fig. /b, qu’on y laiffe. La mortaife c
eft un trou toujours de la forme du tenon , fait dans
le milieu d’une autre pièce de bois à deffein de l’y
contenir , pour former de ces deux pièces ce qu’on
appelle un affemblage, que l’on perce d’un trou pour
y enfoncer une cheville de bois,fig. 8.
La deuxième, fig. 11, diffère de cette dernière ,
en ce que fon affemblage eft placé à l’extrémité de la
pièce, formant une efpèce d’équerre , raifon pour
laquelle on laiffe toujours au bout de la mortaife
une épaiffeur de bois que l’on fupprime au tenon >
8c cela pour donner plus de force 8c de folklité à ia
mortaife.
Il arrive quelquefois que pour rendre ces fortes
d’affemblages encore beaucoup plus forts, fur-tout
lorfque les pièces de bois qui portent les mortaifes
font affez fortes, qu’au lieu d’un feul tenon 8c d’une
feule mortaife on en fait deux ; ce qu’on appelle
alors affemblages doubles.
Les affemblages en about font ceux fig. t2,13 i
14 y / ƒ 8c 16, dont les tenons font coupés en onglet,
de manière qu’étant ajuftés dans leurs mortaifes , les
deux pièces forment un angle aigu : on les appelle
ainfi , parce que leur plus grand poids eft appuyé
fur le bout du tenon ; auffi entaille-t-qn quelquefois
pour cela le bout de la pièce a, fig. 14 8c /y, qui
porte le tenon dans celle c qui porte la mortaife >