
furer de cette perfe&ion, on le frappe avec une
petite malle fur du plomb ou fur du métal fervant à'
la fonte des caractères. Après avoir enlevé fur ce
métal, avec un canif bien tranchant, les rebords oc-
cafionnés par le refoulement qu’a fait la preflion ,
l ’on deffine la lettre à l’entour avec une pointe à
tracer ; puis deflus l’on préfente le calibre dans lequel
cette lettre doit entrer; on voit par-là fi elle
eft bien formée & de grandeur convenable. On
augmente ou diminue, & on retaille ce contre-
poinçon , jufqu’à ce qu’on le juge dans l’état ou il
doit être pour remplir le calibre dans la dimenfion
convenable à la figure de la lettre que l’on veut
faire.
Du Poinçon.
Le contre-poinçon fait*, il s’agit de faire le poinçon
: pour cela on prend de bon acier , on en drefle
un morceau de groffeur convenable, que l’on fait
rougir au feu pour le ramollir ; on le coupe par tronçons
de la longueur dont nous avons dit plus haut.
On arrondit un des bouts qui doit fervir de tête, &
l’on drefle bien à la lime l’autre bout, enforte que
la face foit bien perpendiculaire à l’axe du poinçon ;
ce dont on s’alfurera en le paffant dans l’équerre à
drefler fur la pierre à l’huile , ainfi qu’il fera expliqué
ci-après. On obferve encore de bien drefler deux
des longues faces latérales du poinçon , celles qui
doivent s’appliquer contre les parois internes de l’équerre
à drefler. On fait une marque de repaire fur
une de ces faces : cette marque fert à deux fins :
i ° . à faire connoîtte le haut ou le bas de la lettre,
félon le côté du poinçon fur lequel elle eft tracée ;
2°. à faire que les mêmes places du poinçon regardent
, à chaque fois qu’on le remet dans l’équerre ,
les faces de l’équerre contre lefquelles elles étoïent
appliquées la première fois. Oette précaution eft très-
eflentieUe ; fans elle on ne parviendroit jamais à
bien drefler la petite face du poinçon fur laquelle
la lettre doit être , pour ainfi dire , découpée.
Lorfqu’on a préparé le poinçon ,. comme nous
venons d'e le prefcrire , on le fait rougir au feu
quand if eft très-gros ; quand il ne l’eft point , il
fuffit que l’acier foit recuit pour recevoir l’empreinte
du contre-poinçon.
Recuit.de tacier-
Il y a une manière de faire recuire l’acier pour
le rendre doux & aifé à travailler, fur-tout pour les
objets d’ornemeut où il faut employer le burin, On
met lès morceaux d’acier dans un creufet,• & l’on
en remplit les interftices avec de la fuie de cheminée.
Le creufet fermé d’un couvercle & luté avec
de la terre grafle , eft mis au ..feu ; & lorfqu’il eft
bien, rouge , on lé laifle dans le même feu- où il fe
réfroidiî peu à peu. Ces opérations rendent l’acier
plus doux, plus malléable &- fait qu’il réfifte moins
à l’effort du contre-poinçon ou du burin.
Le contre-poinçon étant donc ainfi préparé , on
H ferre dans une tas dans lequel il y a une ouverture
propre à le recevoir. On l’y affermit par deux
vis , la face perpendiculaire à l’axe tournée en
haut ; on préfente à cette face le contre-poinçon
qu’on enfonce à coups de maffe dans le corps du
poinçon qui reçoit ainfi l’empreinte des parties creu«
les de la lettre.
Empreinte du cara£teret
Cette empreinte ou profondeur d’oeil peut être
d’un quart de ligne géométrique pour les petits caractères
, & toujours en augmentant de profondeur
à mefure que la figure des lettres eft plus grande.
C ’eft la mefure que les anciens maîtres ont fuivie
pour la profondeur de leurs caractères -, ôc elle a
été regardée comme fuffifante.
. Le graveur doit obferver de ne point donner trop
de talus aux lettres , foit dans l’intérieur par le contre
poinçon , foit à l’extérieur par la lime. Ce dé»-
faut procure au caractère , à mefure qu’il s’ufey urt
épaiffiffement défagréable.
On retire le contre-poinçon , on ôte le poinçon
du tas ; on le dégroflit à la lime , tant à la furface
perpendiculaire à l’axe , qu’à fa furface latérale ; on
le drefle fur la pierre à l’huile avec l’équerre. Il y
en a qui tracent quelquefois avec une pointe d’acier
bien aiguë , le contour extérieur des épaiffeurs
des parties faisantes de la^ lettre ;, mais quand le
contre-poinçon eft bien fait, le graveur n’a qu’à fe
laifler diriger par la forme. On enlève à la lime les
parties qui font fituées hors- du trait de la pointe
aiguë, quand on s’en- fe r t, ce qui arrive toujours
dans la gravure des vignettes : on obferve bien de
ne pas gâter les contours de la lettre en emportant
trop. On drefle la lettre fur la pierre à huile, pour
enlever les rebarbes que la lime a aceafionnées>;
on finit la lettre à la lime , & quelquefois au burin,
ne laiflant à cette extrémité que la lettre feule , telle
qu’on voit la lettré B. fig.. y de la» même planche ƒ;
Cette figure montre le poinçon de la lettre B achevée
, après que la lime a enlevé en talusles parties
qui- excédoient les contours de cette lettre.
S i l’on veut s’affurer de la qualité de la lettre-J
il faut prendre une empreinte du poinçon : pour cet
effet, on-le présente-à la flamme d’une bougie afin
de réchauffer , & de lui ôter , outre l’huile qui eft
dans l’oeil, un peu d’humidité-eaufée^par la fraîcheur
de l’acier; puis ©n feffuie avec un linge , enfuite
on le préfente à la fumée de la bougie : il en reçoit
alors une teinte d’un beau noir ; on l’appuie fur une
carte un peu mouillée ou humectée par f haleine-;
i l y laifle avec la plus grande propreté la*teinte de
noir dont il étoit chargé. La lettre étant pour lors
dans le fens où elle doit être vue , on juge de fa
perfection ou de fes défauts.
L’équerre à drefler qu’on voit planche I fig. 6-ÿ,
eft un morceau de bois ou- de- cuivre formé par
deux parallélépipèdes ABCD , ABEF, qui forment
un angle droit fur la ligne A B ; enforte que quand;
l’équerre eft pofée fur un plan , comme dans cette
même, figure numérotée cette ligne A B - fait;
toefpendlculaire au plan. La partie inférieure de l’é- |
querre, celle qui pofe.fur le plan, eft garnie d’une
femelle d’acier ou d’autre métal, bien dreffée fur
la pierre à huile qui doit être elle-même parfaitement
plane. On place le poinçon dans l’angle de l’équerre ;
on l’y aflujettit avec le pouce ôt avec le refte de
la main dont on tient l’équerre extérieurement ; on
promène le tout fur la pierre à huile , fur laquelle
on a foin de répandre un peu d’huile d’olive, La
pierre ufe à-la-fois & la femelle de l’équerre & la
partie du poinçon ; mais comme l’axe du poinçon
conferve toujours fon parallélifme avec l’arête angulaire
de l’équerre A B ; & que l’équerre, à caufe
de la grande étendue de fa bafe , ne perd point fa
direétion perpendiculaire au plan de la pierre ; il s’enfuit
qu’il en eft de même du poinçon, qu’il eft drefle,
& que le plan de la lettre eft bien perpendiculaire à
l’axe du poinçon.-
Quand le poinçon a reçu cette façon, on le trempe
pour le durcir. On le fait enfuite un peu revenir ou
recuire, afin qu’il ne s’égrène pas quand on s’en
fervira pour marquer les matrices ; c’eft de fa ferme
confiftançe que dépend fa dureté ôt fa bonté. Trop
dur, il fe brife facilement ; trop mou , les angles de
fa lettre s’émouffent, & il faut revenir à la taille ôt
à la lime.
Tous les poinçons des lettres d’un même corps
doivent avoir une hauteur égale , relativement à
leur figure. Les capitales doivent «être toutes de
même grandeur entre elles, & de la hauteur des
minufcules b , d , / , & c . ôt autres lettres à queue ;
il en eft de même de p ,-q, par en bas. Les minufeu-
‘ les font aufli égales entre elles, mais d’un calibre
plus petit, comme m , a , &c. On les égalife avec
un calibre ; ce calibre eft un morceau de laiton plat,
ou de tôle ou de fer-blanc carré , de l’épaiffeur
d’une carte, fur lequel on taille la hauteur que doit
avoir la figure des lettres. On fait dans ce calibre
trois entailles; la plus grande pour les lettres plei- ;
nés , telles que j long , Q capital, & c . j la fécondé
pour les lettres longues qui font les capitales , les •
minufcules longues , telles que d , b , p , q , &c ;
la troifième pour les minufcules , comme m, a ,
c , e. La lettre du poinçoff qu’on préfente à l’une
de ces entailles , doit la remplir exà&ement ; de
forte qu’après que les caratleres font fondus , leurs
Commets & leurs bafes fe trouvent précifément dans
la même ligne , ainfi qu’on voit dans l’exemple fui-
On emploie les mêmes moyens pour graver les
cara&ères- grecs , hébreux, fyriaques , arabes &
autres , à la- différence de la taille des calibres près ,
qui doivent être réglés par la nature des caraâères.
L ’hébreu, par exemple , qui n’a point de majuf-
cules , n’eft compofé que de lettres courantes, dont
quelques-unes feulement ont des queues , lefquelles-
excèdent peu la figure des. autres lettres qui font
groffes & mattes , ôt qui. laiflent peu d’intervalle
entre les lignes..
Les lettres courantes du grec , ait contraire, font
une fois plus petites que. les lettres hébraïques du
même corps, parce que le grec renferme , comme
le cara&ère romain , des majufcules , des lettres
courtes , des lettres longues, ôt des lettres pleines
en différens fens.
Il en eft de même des autres cara&ères orientaux
qui diffèrent autant par leurs figures que par leurs
dimenfions.
Quant à la plus belle figure qu’il eft poflible de
donner aux caractères , elle ne peut fe décrire : cela-
dépend du goût & de l’intelligence du graveur.
Les poinçons faits , ils paflent entre- les mains du
fondeur, qui doit veiller à ce que les poinçons qu’il
achète ou qu’il fait, aient l’oeil bien terminé , ÔC
d’une profondeur fuffifante, & que les bafes & fom-
mets des lettres fe renferment bien entre des parallèles.
On commence ordinairement par le poinçon
de la lettre M , ôt c’eft lui qui fert de règle pour les»'
autres.
Poinçons des gros caratteres»
Lorfque le caractère paffe la groffeur daparangon ,
il n’eft plus guère poffible.de le contre-poinçonner
à froid ; le poinçon oppofe une trop forte réfiftance.
Pour vaincre cette réfiftance, après avoir fait à froid
une légère empreinte du contre-poinçon fur le poinçon
, Ton fait rougir ce dernier dans le feu ; après
quoi on le met dans le creux d’un tas qui ne diffère
des autres, que parce qu’il a une queue en forme
d’enclume, qui fert à le retenir dans un pied ou
billot de bois. Le poinçon étant fortement ferré
entre les parois du tas par deux vis , on préfente
le poinçon que l’on tient avec une pince dans l’endroit
où il a déjà fait une légère empréinte , ôt là*
©n l’enfonce à coups redoublés d’une maffe.
Cette méthode a un inconvénierît ;. c’eft que l’a -'
cier fe refoule beaucoup , ce qui oblige à limer lai
furface , ôt à renforcer de nouveau le contre-poinçon.
On remédie à cet inconvénient par une autre-
manière plus longue , mais plus propre. Après qu’on
a fait une légère empreinte fur le poinçon , on
perce la maffe intérieure avec un foret- a u milieu
de Y.archet qui fert à le faire agir ; puis avec de petits
cifelefs bien trempés , on enlève à petits coups
de marteau les angles ou- parties* adhérentes à la;
lettre en dedans ; après quoi on préfente fur cette
ouverture le contre.-poinçon qui ,. étant enfoncé à
coups de maffe , y laifle fon empreinte..
Il y a des lettres.dont .la grandeur ne permetpas aufli:
, qu’on les contre^poinçonne., à caufe de la trop grande-
réfiftance qu’on éprouve, comme lès lettres quifsr-
. vent aux affiches, dit es grojfes de. fontemoyennes-
de. fonte , lettres de. deux points~ de gros canon , ÔC
autres. Lorfqu’on ne. trouve pas d’acier en barre
affez gros pour former ces lettres, on le fait refouler
par le bout, & le refte de la-tige devient plus menu,,
ce qui n’en vaut que mieux , ou bien l’on fait foudsr
de l’acier fur des bouts de fer. Cette foudure s’exécute:
en faifant chauffer à la forge l’acier ôc le- fer jufqu’à