
bout 3e Ton arbre vertical. La hauteur de cet arbre
eft telle qu’un homme puiffe paffer fous la branche
qui avance. Au bout de cette branche ,11 y a une
crémaillère ou une chaîne de fer qui fert à tranfporter
le faifceau de barres ou la verge, de la forge à l’enclume
, & de l’enclume à la forge.
Lorsqu’on porte le paquet des barres au feu pour
la première fois, on en place le milieu vers la tuyère.
On commence par le milieu, parce que le marteau,
en foudant les barres, les alonge , & qu’étant alon-
gées par le milieu, elles s’étendent vers l’un 6c l’autre
bout. La preuve que le marteau foude la verge juf-
qu’au centre, c’eft que les barres s’alongent, comme
on l’a déjà dit , toutes également ; ce qui n’arrive
point lorfqu’on les forge à bras.
Avant de commencer de forger l’ancre , on en
trace le gabari, c’eft-à-dire, que fur une planche bien
unie, on tire des lignes parallèles, dont les diftances
les unes aux autres donnent la largeur 8c l’épaiffeur
de chaque partie de l’ancre. Enfuite, avec un compas
à branches courbes, on mefure fi la partie de l’ancre
qu’on forge a les dimenfions que donne le gabari.
On chauffe 8c on forge de même le refte de la
verge ; on forme le carré ou la culajfe du petit bout ;
& en finiffant le gros bout, on l’amorce, c’eft-à-dire,
qu’on l’applatit afin de pouvoir y fouder un bras de
chaque côté.
Enfuite on foude fur deux des côtés du carré, les
deux mifes en faillies qui fervent à attacher le jas.
Enfin , on perce lê trou de l’organneau. Pour y
parvenir, on chauffe le carré, on le porte fur l’enclume
; on appuie perpendiculairement fur le carré
un mandrin ou cylindre de fer , de diamètre égal à
celui du trou qu’on veut percer alors on fait agir
le marteau qui contraint le mandrin à traverfer la
verge d’outre en outre.
Pour les groffes ancres, on emploie fucceftiveinent
trois poinçons ou mandrins, commençant par le plus
menu.
Quand on veut fabriquer l’organneau, on arrondit
à coups de marteau à bras, un morceau de fer com-
pofé de barres , on le fait paffer par le trou de la
verge y on le recourbe en anneau , dont on foude
enfemble les deux bouts.
Pour former les bras , on difpofe un paquet de
barres pyramidales , comme on l’a fait pour la fabrique
de la verge de l’ancre, on refferre de même
ces barres avec des liens de fer. On foude les barres
fous le gros marteau, on forme le rond &r le carré
du bras , on amorce l’extrémité du rond qui doit
être foudé 8c joint à la verge.
A chaque bout de ce bras, on fôude un ringard.
ou longue barre qui donne au forgeron la facilité de
le remuer dans la forge : on fe fert au même ufage,
quand le bras eft prefque forgé, d’un ringard volant.
C ’eft le nom qu’on donne à' une barre de fe r , dont
un bout eft percé par un trou dans lequel on fait
entrer une pièce de bois que le forgeron tient à deux
mains. A quelque diftance de l’autre bout, ce ringard
porte une efpèce de lien de fer j 6c de plu?, il
a à ce même bout un demi-lien , dont les extrémités
font percées d’un trou dans lequel entre une
cheville.
On engage le bout du bras dans le lien ; on le
faifit plus loin avec le demi-lien ,o n l’arrête avec la
cheville, 8c de cette manière, on ajufte au bras un
ringard qui n’eft pas foudé.
Quant aux pattes de l’ancre, on les fait même
dans les groffes forges avec des mifes de fêr bien
affiné & corroyé.
Lorfqu’on veut fouder enfemble ces différentes
parties d’une ancre, on chauffe les bouts des deux
pièces prefque fondantes qui doivent être appliquées
l’une contre l’autre. On les chauffe chacune dans
une forge particulière ; deux grues , placées convenablement,
portent fur une enclume commune les
deux pièces ; on applique l’un contre l’autre leurs
bouts amorcés, 8c à grands coups de marteau on
les contraint à ne faire plus qu’un feul corps.
11 faut apporter la plus grande attention pour bien
fouder enfemble les différentes parties d’une ancre,
fur-tout quand il s’agit de fouder un bras à la verge ;
ce qu’on nomme encoller.
Pour lier plus fermement le bras contre la verge,
on applique des mifes aux aiffelles, 8c on les foude
fur tous les joints avec des marteaux à bras.
Lorfque le bout de la verge excède les bras , on
rogne cet excédent, & tout ce qui fe rencontre
ailleurs de fuperflu, avec une tranche ; outil qui eft
une efpèce de coin d’acier bien trempé , engagé
dans une fente faite dans un long morceau de bois
qui lui fert de manche.
Le maître ancrier tient le manche, pendant que
des forgerons frappent fur la tranche pour enlever
le fer inutile.
On achève à coups de marteaux , qui ne pèfent
que quinze à dix-huit livres , d’applanir les endroits
raboteux ce qu’on appelle fouder les balèvres 8c
parer Vancre.
Le bon. effet de l’ancre dépend de la jufte courbure
de fes bras. On achève quelquefois de la lui
donner après que tout le refte eft fini. On affujettit
avec des cordes la verge de l’ancre contre une pièce
verticale. On allume le feu fous un des bras, fur-tout
vers le défaut de la patte , qui eft l’endroit qu’on
veut recourber. Ôn attache à cette patte une corde
que l’on fait paffer fur une poulie qu’on a eu foin
d’arrêter contre la verge. Deux ou trois hommes ,
en tirant cette corde , fuffifent pour recourber le
bras , tandis que le fer eft amolli par le feu.
La courbure qu’on tâche de donner aux bras' d’une
ancre , eft celle d’un arc de cercle de foixante degrés
ou environ. Pour s’affurer de la jufteffe de cette
courbure, le forgeron prend la longueur qu’il y a
depuis la eroifée jufqu’au bec. En commençant pareillement
par la eroifée, il porte cette longueur fur
la verge , 8c mefure fi la diftance depuis l’endroit de
1?l verge, où elle fe termine, eft égale à chacune des
longueurs précédentes. Si elle etc plus grande , il
continue à faire courber le bras ; il mefure ainfi la
nouvelle courbure, & il y fait le changement né-
ceffaire jufqu’à ce que les trois lignes en queftion
forment un triangle équilatéral.
La troifième queftion propofée par l’académie
des fciences étoit : Quelle efl la meilleure manière
£ éprouver les ancres ?
Elle ne fut pas entièrement fatisfaite d’aucune des
pièces qu’on lui envoya ; & elle partagea la troifième
partie du prix entre M, Daniel Bernoulli 8c M. le
marquis de Poléni.
Mais voici ce qu’il eft affez d’ufage de pratiquer
pour éprouver la bonté des ancres.
On eft dans l’habitude d’éprouver une ancre avant
de lui confier la fureté d’un navire. Il y a deux
manières de faire cette épreuve.
La première, qui n’eft pas la meilleure, 8c qui eft
pourtant employée quelquefois dans les ports de
France 8c dans d’autres pays , confifte à faire un
amas de vieux canons 8c d’autres gros morceaux de
fer arrangés les uns auprès des autres. On place à
côté de çet amas une grue qui élève à trente & quarante
pieds de hauteur l’ancre que l’on veut effayer,
& on la laiffe tomber tout-à-coup fur cette couche
de ferrailles. On juge l’ancre bonne , fi elle ne fe
caffe pas dans cette rude épreuve ; mais une mau-
vaife ancre peut réfifter , fi la pereuffion fe fait dans
fes parties les plus fortes ; 8c une bonne ancré peut
fe caffer ou fe fêler, fi toute la force du coup porte
contre une feule partie.
Ce n’eft point par pereuffion, mais par fecouffe
que le vaiffeau agit contre"fon ancre , & il faut
effayer fa force dans le fens qu’elle doit l’exercer.
C eft ce qu’on fait à peu près dans la manière fui-
vante , 8c c’eft ce qui rend cet effai préférable au
premier.
Dans cette fécondé épreuve, on enfonce un fort
pieu en terre ; on accroche le bras de l’ancre à ce
pîeu, & on met un cordage dans forganneau. Par le
moyen d’un cabeftan , on tire le cable jufqu’à le
cafter. Si l’ancre réfifte, elle a foutènu le plus grand
effort qu’elle puiffe éprouver à la mer.
Cependant cette épreuve ne met peut-être pas
1 ancre dans la pofition où certaines parties fatiguent
le plus lorfque les vents, les flots, le vaiffeau agiffent
contre elle. Il faudroit pour faire une épreuve encore
plus fûre , chercher la pofition que l’ancre a dans la
mer, 8c lui donner des appuis fixes en différens endroits
de fon bras, ce qui pourroit s’éprouver en
faifant entrer la patte de l’ancre en terre , en la
fixant par une forte poutre , & fe fervant enfuite
du cabeftan comme dans l’épreuve précédente.
Ces effais doivent fe faire fur les deux bras de
l’ancre : c’eft ordinairement aux bras que les ancres
fe caftent en mer j ce que les marins appellent
s’épatter.
Il y a pourtant un terme auquel il faut arrêter les
épreuves, car rien ne réfifte à des efforts trop multipliés
; 8c les meilleures ancres, celles reconnues
pour être du fer le plus liant, & de la fabrique la
plus parfaite, ont été caffées 6c comme déchirées
par des efforts portés au-delà de ceux que la mer
agitée peut faire. D’ailleurs, on doit confidérerque
dans les épreuves portées à leur extrême, les ancres
font entre deux points inflexibles, 6c que la puiffance
augmentant toujours fans rien céder, il faut qu’elle
brife à la fin ce qui lui fait réfiftance ; au lieu qu’à
la mer le vaiffeau, par fa mobilité, cède à la puiffance
qui agit plus impérieufement contre lui. L’ancre n’a
donc qu’à vaincre l’effort des eaux 6c des vents, qui
ne font, ni continus, ni inflexibles , ni infurmon-
tables dans leurs attaques les plus vives.
Nous allons placer ic i, d’après les mémoires de
l’académie royale des fciences , les dimenfions des
ancres affez généralement adoptées dans la marine.
T A B L E A U des Dimenfions les plus ujities pour la Fabrique des Ancres.
I Poids des Ancres.
S
I Longueur de la
1 Verge. ,
I GrolTeur de la Verge
1 au gros bout.
Grofleur de la Verge
auprès du carré.
Largeur d’une des
faces du carré.
tn
0s9 C
B Grofleur des bras va .
I la croifce.
1 Longueur des bras de
1 la eroifée 'a la patte. |
| Longueur de U partie des
11 pbarattse .recouverte par la
Grofleur des bras auprès
de la patte.
Largeur de la patte.
Longueur de la patte.
4?
04
Grofleur de l’organneau.
I Diamètre de l’orgah-
I neau.
6ooo.
pcrnc.
35- £ £ 7.11.
pôu. lû
3O.
pou. fi.
3Î-H- 3P2. 36. ' *3- 35- 36.
pouc.
18. 10. 30.
oOO M» 33- 22. 6. 2Ó. 33- 28. 31- 22. 33- 31- 17- 9- 24.
4000.
3000.
2000.
13. 6.
i j . 2.
i l . 9.
29.
28.
2 6.
20.
18.
17-
6.
S. 6.
5-
24.
22.
I9.IO.
I
28.
26.
27-
24.
22.
30.
27-
23-
20.
l8. 2.
l 7‘
29.
28., I .
26.
3,0.
27. 6.
25.
É |
16.
1(5.
9-
8. 6.
8.
23.
21.
IOOO. T9‘
50a.
9* 4-
6.10.
16.
12.
11.
6.
4. 9.
3. 8.
l8.
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20.
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10.
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3. 0. 9.
5. û.\ 8.
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3- 3-
1
10.
9-
8.
9 -
8.
8.
12.
1 1.
10-
I4.
*3*
12.
5-
4-
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8.
8.
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12*
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8.
3'
Êfc 6.
2. 6.
9- :
8. ;
7- 1