
celui d’un bâtiment. L’ufage de la truite eft d’arrêter
l'aâion du feu , qui tend naturellement à monter
, de replier la flamme fur elle-même , de consumer
le peu de fumée qui ,fe fait dans le fourneau,
.de contraindre la flamme a s’échapper pure par les
carneaux formés par les, briques qui foutiennent le
châflis , & de diftribuer par ce moyen une chaleur
égale dans tout l’intérieur de la touraille , qui, fans
cette précaution , ne feroit bien échauffée que dans
le milieu ; d’ailleurs, elle empêche le germe qui
tombe dans l’intérieur de la touraille , de palier
dans le fourneau. C ’eft aufli par cette dernière rai-
fon qu’on lui a donné la figure d’un comble à quatre
arêtes.
La pouflière du grain & le germe , après avoir
traverfé la haire ou toile de grain dont le. plancher
de la touraille eft couvert, ne reftent point
fur la truite : ils defcendent toyr-à-tour, & fe rendent
au pourtour de la maçonnerie intérieure de
la partie du milieu du fourneau , oh l’on a pratiqué
des canaux appelés ventoufes, qui les reçoivent. Les
ventoufes , fig. / & 3 , Z , Z , forment comme un
petit folié d’environ fixa fept pouces de large tout
autour du fourneau , entre la maçonnerie intérieure
& la maçonnerie extérieure.
Le grain, au fortir du germoir , fe charge fur le
plancher de la touraille ; on l’y étend en forme de
couche d’environ cinq à fix pouces d’épaiffeur. On
fait du feu dans le fourneau jufqu’à ce qu’on s’apper-
çoive que la grande humidité que le grain a- prife
dans le mouillage , commence à fortir : il y a pour
cela un ligne certain. Alors on voit à la jùrface du
grain une grande rofée, & cette rofée. eft coupée
par- bandes ; ou plutôt toute la furface de la couche
eft divifée par bandes chargées & non chargées de
rôïée alternativement. Cette divifion eft caufée par
les tringles de bois qui font fous la haire , & qui
empêchent que tout le grain ne foit atteint également
par j e feu. Celui qui correfpond aux efpaces
yides , doit chauffer plus vite que celui qui correfpond
aux efpaces pleins.
Lorfqu’on apperçoit ces bandes, il eft temps de
remuer le grain. Pour cet effet on jette celui qui eft
fur une moitié du plancher, fur l’autre moitié ; puis
on rejette fur la partie, & le grain qui y étoit,
& celui qui n’y étoit pas, mais mêlé & retourné.
Cela fait, on étend le tout, &. l’on en reforme une
couche fur toute la fuperficie de la touraille. Dans
cet état, celui qui étoit à cîemi féché fe trouve placé
à côté de celui, qui' ne l’étoit point ; il fe fait une
répartition allez égale d’humidité * & un progrès
allez uniforme de déification. Cette première manoeuvre
s’appelle retourner la touraille pour la première
fois.
Après que la touraille a été retournée , on ranime
de nouveau le feu du fourneau * 6c. on le^ continue
jufqu’à ce qu’il foit temps de la retourner.pour la fécondé
fois: ce moment eft indiqué par la fuppref-
fion prefque entière de l’humidité, dans tout le grain.
Le plus yoifin de la haire en eft entièrement privé ;
on n’apperçoit plus de moiteur qu’à la fuperficie ;
' c’eft alors qu’il eft temps dz rebrouiller.
On appelle rebrouiller la \touraille , mettre deflous
le grain qui fe trouve à la fuperficie de là couche,
ôc deffus celui qui étoit deflous. Dans cette manoeuvre
on ne jette point le grain l’un fur l’autre \
comme quand on retourne ; on fe contente de le
prendre avec la pelle, & de le retourner fens deffus
défions , pelletée à pelletée.
On laiffera la touraille rebrouillée quelques heures
dans le même état & fans feu , pour donnera
la chaleur du fourneau le temps de difliper le refte
d’humidité qui pourroit fe trouver dans le grain ;
après quoi on ôtera le grain de deffus la touraille,
pour faire place à d’autre , & pour le cribler aü
crible de fer , afin d’en féparer la pouflière & les
touraillons. On appelle touraïllons le germe féché.
On laiffe repofer le grain pendant quelques jours ;
la méthode en eft meilleure que de le porter au
moulin tout au fortir de la touraille. Le moulin
repréfenté/j/tf/zcAe III, eft un moulin à double tournure
; il a deux rouets & deux lanternes , fans
compter le grand rouet. Les chevaux font attelés
par le moyen de pâtons aux queues ou leviers, ou
aifleliers A du moulin. Ces aifleliers font emmanchés
dans l’arbre debout B. Cet arbre fait tourner le
grand rouet C. Ce rouet eft armé de dents qui engrènent
dans les fufeaux de la grande lanterne D ,
dans laquelle paffe l’arbre de couche E. Cet arbre
porte à fon autre extrémité , & parallèlement à la
grande lanterne , le petit rouet F qui tourne verti-r
calement, & engrène dans la petite lanterne G fixée
fur l’arbre de fer qui traverfe la meule fupérieure H.
Cette meule s’appelle la meule : courante ; ' elle eft
pofée un peu au-deflùs d’une autre qu’on appelle la
meule giflante. Ces deux meules ëcrafent entre elles
le grain qui y eft introduit par le moyen de la trémie
K & de Tauget. Le. grain réduit en farine, fort
par Tanche & tombe dans le'Tac I. L’endroit où font
les chevaux s’appelle le manège. On voit à gauche de
la même figure les meules féparées , & à la diftance
qui convient pour la mouture, avec l’ouverture de
Tanche ; car le_ grand rouet C produit des deux
côtés le même effet , & fait marcher proprement
deux moulins. Mais ce n’eft pas tout : le même mé-
canifme poufroit fervir à deux moulins à eau : on
en voit un à droite. L’eau eft tirée du puits par une
pompe à chapelet. On a pratiqué dans l’étage fupé-
rieur à celui du manège, un trou au plancher , à
travers lequel paffe le grand arbre debout B. Cet
arbre porte à fa partie fupérièure , comme on voit
aufli à fon inférieure , un grand rouet . C C . Les
dents de ce rouet engrènent dans la lanterne K K
fixée fur l’arbre de couche L , au bout duquel eft
adaptée une étoile M , garnie de. fes cornichons $ 3
Taide defquels elle porte & tire la chaîne à chapelet
, qui, paffant dans un tuyau de bois N qu’elle
remplit éxaâement , monte l’eau, dans le petit réservoir
O qui eft au-deflùs du puits. De ce réferyoùr
bn là conduit par des tuyaux de plomb par-tout où
l’on en a befoin.
Il ne faut pas que la farine foit trop groffe ni
qu’elle foit trop fine ; l’un & l’autre excès a Ses in-
convéniens : trop grofle , le fuc ne s’en tire pas facilement
; trop fine , on court.rifque de perdre entièrement
le braflin : il s’en fait alors une liaifon ,
tin mortier que l’eau ne peut pénétrer lorfque la
farine eft dans la cuve.
Lorfque la farine eft faite , on la met dans la cuve
appelée communément cuve - matière § planche V.
Cette cuve A eft de bois ; fes douves ont environ
deux pouces ou deux pouces & demi d’épaiffeur ,
fur quatre à cinq pouces de largeur ; fa profondeur
eft d’environ quatre pieds & demi : elle eft à deux
fonds ; celui d’en-bas eft plein , comme le font ordinairement
tous les fonds de cuve; mais il eft fur-
monté d’un fécond que Ton appelle faux-fond. Ce
faux-fond eft compofé de planches percées d’une
multitude de petits trous faits en cône, ou plus ouverts
à la partie inférieure de la planche qu’à fa
partie fupérieure. La différence de diamètre dexes
ouvertures eft grande ; car, à la partie inférieure,
le trou peut avoir trois quarts de pouce ou environ,
& il fe trouve réduit à la partie fupérieure à une
ligne ou environ. Ces planches font foutenues au-
deflùs du premier fond par des patins qui font attachés
fur,elles-mêmes. Ces patins ont environ deux
pouces de hauteur, de façon qu’il fe trouve deux
pouces d’intervalle entre les deux fonds.
Le faux-fond eft arrêté en-deflùs par un cordon
de bois qui règne tout autour de la cuve. Ce cordon
a environ trois petits pouces de large , & fert
à retenir tous les bouts des planches du faux-fond ,
& à empêcher qu’elles ne fe lèvent avecTeau que
l’on envoie dans la cuve. Dans un endroit de la cuve
lè plus commode , on place debout une efpèce de
pompe ou tuyau de bois , qu’on appelle pompe à
jeter trempe. Ce tuyau paffe à travers le faux-fond,
& pofe fur l’autre fond , mais ne s’y applique pas.
On lui a pratiqué aux quatre angles , quatre efpè-
ces de pieds fur lefquels il eft appuyé : Tefpace
évidé qui eft entre ces quatre pieds , fuffit pour
donner paffage à Teau.s
Sous la cuve-matière il y en a une autre plus
petite , que Ton nomme reverdoir, & dans laquelle
eft équipée une pompe à chapelet , qu’on appelle
pompe à cabarer. Cette pompe fert à enlever ce qui
fort de la cuve-matière , & à- le nettoyer par le
moyen d’une gouttière qu’on lui applique dans les
chaudières , fur le bord defquellês cette gouttière
eft appuyée de l’autre bout. Voyeç la planche V , A ,
cuve-matière : B , autre cuve matière ; car on peut
en avoir plufieurs : G , C , pompes à cabarer , qui
fe rendent dans les cuves placées au-deflous des cuves
matières : F , E , gouttières : D , D , chaudières
: F , F,bacs. On verra plus bas Tufage de tous
les agrès , après que nous aurons expliqué ce qui
concerne les. chaudières.
Les chaudières dont on fe fert, font faites de
grandes tables de cuivre clouées enfemble avec des
. clous de même métal. Leur figure eft celle d’un
dëmi-globe* Elles font montées fur leurs fourneaux ,
qui doivent être conftruits de brique ou de tuileau.
On y emploie quelquefois la pierre ; mais la difficulté
de trouver des pierres qui réfiftent au feu, fait préférer
les deux autres efpèces de matériaux.
Pour bien conftruire un fourneau, il faut d’abord
faire un bon maflif de moilon , que Ton rèvêtira de
bons murs^Voyezfig2.f planche I I , A , A, A, A, &c.
Ces murs étant élevés à la hauteur de deux pieds ÔC
demi ou environ , fuivant la grandeur des chaudières,
on pavera le fond du fourneau B, B, B, B, & c.
avec du gros pavé de grès, - ou avec de la brique
de champ & debout ; puis on pofera l’embouchure
C , C , C, C, &c. L’embouchure doit être conftruite
de trois ou quatre barres de fer, fortes, & larges de
cinq à fix pouces, chacune affemblée avec des entre-
toifes de pareil fer. L’embouchure étant pofée ,
on conftruira le mur intérieur du fourneau, qu’on
voit même planche, fig. 9 , en D , D , D. Cette figure
eft une coupe verticale de la chaudière & du fourneau
, prife fur le milieu de l’embouchure qu’elle
partage en deux, félon fa longueur. Ce mur intérieur
doit être de brique ou de tuileau ; on Télevera environ
de 15 pouces à*plomb: fa forme, comme on
voit, eft concave; après quoi on le Continuera à
grand fruit. Quant à la forme qu’on lui donnera, ce
fera celle d’une calotte fphérique concave , capable
d’émbrafler la chaudière dans toute fa furface , excepté
à l’endroit qui correfpond au fourneau, où là
chaudière n’a aucune partie de conftruétion qui s y
applique; & que par-tout ailleurs, il y a entre la chaudière
& le mur en calotte fphérique concave, cinq à
fix pouces de diftance. Il n’y a rien qui correfponde
au fond de la chaudière E , comme on voit figure 9»
L’efpace du mur & de la chaudière F, F, plus grand
par en bas que par-tout ailleurs, va toujours en diminuant
à mefure qu’il s’élève vers les bords de la chaiî*
dière. Cette conftruélion eft très-raifonnable. Par ce
moyen, les parties de la chaudière font d’autant plus
découvertes , qu’elles font plus expofées à Taélion
du feu ; & la flamme refferrée à mefure qu’elle
monte, fe replie fur elle-même & enveloppe toute
la chaudière, s’élevant jufqu’aux ventoufes qui font
perpendiculairement au deffus de l’embouchure, environ
à cinq à fix pieds plus haut.
Il n’eft pas néceffaire d’avertir qu’il faut garnir ÔC
élever les murs de revêtiffement, à mefure que Ton.
élève ceux du fourneau qui doivent commander
aux autres. Lorfqu’on a pouffé la conftruétion juf-
qu’en G , G, à quatre à cinq pouces des agraffës de
la chaudière, qui doivent être faites de cuivre pour
. plus grande folidité, on fermera tout-à-coup le four-
* ne an, enforte que toutes les briques toucheront pour
lors la chaudière; & Ton continuera de conftruire
ainfi, lors même qu’on fera au deffus des agraffës ,
avec cette différence feulement , que les briques
depuis le pied du mur jufqu’aux agraffës, feront unies
avec de la terre à four; Ôc que depuis les agraires
O o ij